La robe de ses rêves – épisode 2

Elle en avait vu une, la plus fabuleuse de toutes, qui l’enivrait de joie plus encore que ce qu’elle avait déjà vécu. Sur le vêtement, elle semblait percevoir des bribes de ses plus beaux rêves défiler en continu.
Tout à coup, un élan l’emporta et la projeta sur cette œuvre. Marie s’en empara et rentra chez elle en courant avec son habit dérobé. Arrivée dans son petit appartement, elle jeta la robe sur son lit et resta dressée devant elle, essoufflée, rouge et secouée de frissons précipités. Elle scruta cette chose avec délice.

Son précieux butin volé sortait de l’ordinaire. Elle pouvait le voir comme elle voyait son lit, mais pourtant, il semblait tout droit échappé d’un songe étrange. Cette robe venait sûrement de l’au-delà, d’un monde parallèle qui n’existait que dans son imagination… Marie était totalement fascinée, émue et attirée. Le vêtement étincelait, déversant de multiples couleurs surprenantes. Il semblait vivant et dans son vivant apeuré, agité, voulant trouver refuge quelque part.
Alors, Marie ôta violemment ses vêtements, les déchirant à moitié. Elle attrapa la robe et, soudainement calmée, l’enfila lentement, avec douceur. Le tissu était changeant lui aussi, parfois doux, parfois rugueux, lisse ou piquant. La texture était même parfois indécise sur certaines parties du corps et elle sentait alors son bras droit caressé alors que son dos la tiraillait. Cela lui donna envie de danser, de sauter. C’est ce qu’elle fit, en une euphorie soudaine, riant des chatouillements de la robe ou simplement de plaisir.
Elle vivait habillée de rêve. Son corps et son âme étaient en contact avec l’extraordinaire, mais elle se situait bel et bien dans la réalité, dans le même monde que tous ses semblables. Comblée, trouvant enfin goût à la vie, elle
décida de se montrer, envahie de bonheur, et de vivre avec son rêve en seconde peau.
Elle sortit de son appartement, avec pour seul vêtement sa robe féerique, et une paire de chaussures noires.

Elle n’eut pas froid, réchauffée par le soleil brûlant du mois de juin. Au croisement, au bout de sa rue, elle vit une vieille dame qui peinait à porter à bout de bras son cabas rempli de provisions. Elle accourut alors pour l’aider. Mais en voyant Marie, la grand-mère tomba en arrière en s’exclamant : « Doux Jésus ! » Elle était évanouie.

Suite au prochain épisode

Elsa Malkoun

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