bivalence trivalence

Ici, la bivalence des profs est la norme. Lorsqu’on obtient son certificat, on est obligatoirement qualifié pour enseigner deux matières. Ainsi, la stagiaire en français chez nous est également stagiaire en histoire (donc en Société en Environnement). Une fois en poste, il est relativement rare de se retrouver à n’enseigner qu’une seule matière. Cela reste plutôt réservé aux profs à temps partiel, ou à ceux qui ont d’autres responsabilités (management, organisationnel, etc) comme par exemple le coordonnateur de la section français qui est également responsable de toute la section des langues étrangères, ainsi que des relations internationales (voyages, séjours linguistiques, échanges…).

 

Mais cette bivalence va plus loin encore : il est fréquent qu’un enseignant se retrouve à enseigner une matière qui lui est totalement étrangère. On lui demandera son avis bien sûr, mais dans un système où les affectations sont décidées au niveau de l’établissement, l’enseignant n’est guère en position de refuser, surtout s’il est en début de carrière, ou en poste sous contrat renouvelable (on peut aussi avoir une affectation permanente, ce qui donne tout de même un certain poids au prof). A l’enseignant de se débrouiller… Par exemple, la prof d’art dramatique de ma fille (qui fait par ailleurs un super travail selon celle-ci) n’a qu’une seule classe de cette matière, et n’avait jamais enseigné ni étudié le théâtre, étant qualifiée en SOSE.

 

De plus, n’oublions pas que les remplacements à court terme sont assurés par les enseignants de l’établissement, selon les heures libres (free lines) qu’ils ont. La procédure habituelle sera que l’enseignant absent aura envoyé un mèl ou laissé des instructions, et le remplaçant fera faire le travail demandé aux élèves. S’il comprend de quoi il s’agit, tant mieux, sinon, tant pis, le travail sera donné sans plus d’explications.

 

Mais en questionnant mes collègues, ils ne réagissent pas nécessairement de manière négative à ces contraintes. Tout d’abord, le fait d’enseigner deux matières est souvent perçu comme un enrichissement didactique, ou plus prosaïquement comme une façon de couper l’ennui d’enseigner toujours la même chose. Et puis, en parlant à une collègue qui assure une bonne partie des remplacements, elle me dit apprécier son poste, car ainsi elle découvre plein de choses sur les autres matières, se retrouve à donner du travail de toutes sortes, dans toutes les situations (de la cuisine à la technologie, des langues aux maths…), et a l’impression de décloisonner un peu son métier.

 

A méditer.