La France : la métropolisation et ses effets

Afin de préparer les cours en classe, vous devez acquérir les connaissances sur la séquence « La France : la métropolisation et ses effets ».

Vous allez donc regarder les vidéos suivantes qui parcourent le thème concerné, ainsi que les documents qui les suivent, puis prendre des notes sur votre feuille de cours. Vous prendrez soin de laisser de la place à droite de votre feuille pour compléter les notes prises (ces compléments se feront à partir du manuel ou lors du cours en classe).

Une première vidéo pour entrer dans le sujet.

Pour ceux qui ne pourraient pas lire la vidéo sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://youtu.be/4toYJN-rShM

Une seconde vidéo pour avancer les notions. Vous prendrez en notes toutes les informations de cette vidéo.

Pour ceux qui ne pourraient pas lire la vidéo sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://youtu.be/0ERFlBjSWkQ

Vérifiez, avec l’aide du manuel pages 66-67 et 76, que vous avez bien compris les termes et notions suivants : urbanisation, aire urbaine, pôle urbain, ville-centre, banlieue, couronne périurbaine, étalement urbain, périurbanisation, métropole, métropolisation, ville-monde (ou mondiale), ville primatiale, métropole régionale, métropole transfrontalière, centre/périphérie, réhabilitation urbaine, gentrification, ZUS, fractures socio-spatiales, petites et moyennes villes, « Action cœur de ville »

Complément : La France urbaine

Vous vous appuierez sur le schéma de l’aire urbaine (manuel p. 74) et la carte des réseaux urbains (manuel p. 63) pour compléter le croquis ci-dessous (feuille distribuée en cours).

Vous recopierez aussi le schéma 3 p. 75 du manuel pour compléter vos notes de cours sur les fractures socio-spatiales.

 

Les recompositions spatiales dans les métropoles

c) À l’inverse, des villes sont à l’écart de la mondialisation

Regardez la vidéo ci-dessous et répondez aux questions suivantes : où se trouve la métropole évoquée ? quelle est sa situation ? quelles en sont les causes ? quelles en sont les conséquences ?

Pour ceux qui ne pourraient pas lire la vidéo sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://youtu.be/EMMr50QeDoI

Detroit fait partie de ces « villes rétrécissantes » (shrinking cities) qui ont perdu une grande part de leur attractivité. Comme d’autres villes dont voici le tableau (à recopier sur votre feuille de cours).

Voici enfin deux images de Shanghai qui indiquent deux façons dont les métropoles se développent : quelles sont-elles ?

Recopie dans ton cours le texte suivant (abrège-le si nécessaire).

2. Des recompositions spatiales

a) Une métropolisation qui transforme les paysages urbains…

La croissance urbaine se lit dans les paysages et peut prendre deux formes distinctes.

  • Une croissance verticale (élévation de la hauteur des constructions), devenue un symbole de visibilité et de puissance dans un contexte de forte concurrence entre les métropoles, ce qui donne lieu à une course à la plus grande hauteur : le record actuel est détenu par Burj Khalifa de Dubaï, un gratte-ciel faisant 828 m, en attendant une tour kilométrique à Djeddah en Arabie Saoudite ! Cette verticalité favorise le développement d’un hypercentre avec des activités tertiaires à très forte valeur ajoutée, où la disproportion s’accuse entre le nombre de résidents et le nombre de navetteurs qui y convergent tous les matins (par ex, la City de Londres, où seules 270 000 personnes résident alors que 1,2 million y travaillent).
  • Une croissance horizontale (extension de la superficie occupée par la ville), visible en périphérie, là où il y a de la place. On parle alors d’étalement urbain car la ville occupe une superficie de plus en plus importante avec le temps qui passe : l’espace urbain mondial (seulement 0,5% des terres émergées en 2000) devrait être multiplié par 3 d’ici 2030 (= chaque jour la surface de Paris). Cette croissance favorise une très forte périurbanisation dans les pays développés, marquée par l’explosion en périphéries des zones pavillonnaires et des zones commerciales et/ou industrielles.

b) … et renforce les fragmentations socio-spatiales

  • La métropolisation suscite de nombreuses nuisances : saturation du trafic et pollution, défis sanitaires et environnementaux, insécurité. La pollution atmosphérique est particulièrement forte dans les grandes métropoles émergentes : Delhi, Mumbai, Pékin, Mexico…

À l’aide des documents sur les inégalités à Londres (que vous aviez à travailler à partir de cette page), montrez que Londres est une ville très inégalitaire à plusieurs échelles : échelle de la métropole, échelle du centre de Londres, échelle d’un quartier, voire d’un immeuble.

Recopie dans ton cours le texte suivant (abrège-le si nécessaire).

  • La métropolisation a aussi de nombreuses conséquences qui renforcent les fractures socio-spatiales.

Fracture socio-spatiale : Organisation d’un territoire marquée par une séparation accrue des espaces selon leurs fonctions, le niveau de vie des populations et leur origine.

Dans les centres des villes, le prix de l’immobilier augmente fortement : Londres (+ 400% en 30 ans) est devenue la ville la plus chère du monde. Conséquences : d’un côté, le mal-logement (l’explosion du nombre de Sans-Domicile-Fixes, des logements précaires ou temporaires) et le développement d’îlots de précarité et d’insalubrité (les « ghettos » communautaires aux États-Unis). De l’autre des quartiers gagnés par la gentrification (processus par lequel des populations plus aisées s’approprient un espace initialement occupé par des populations moins favorisés). Ainsi San Francisco est la ville américaine qui concentre à la fois le plus grand nombre de millionnaires et le plus grand nombre de SDF.

Que nous dit le dessin de presse suivant sur les fractures socio-spatiales dans les villes ?

Recopie dans ton cours le texte suivant (abrège-le si nécessaire).

– Dans les périphéries, les populations moins aisées sont repoussées dans des banlieues déshéritées. Le taux de pauvreté est deux fois plus important que dans les centres, car la privatisation des services de base (eau, énergie, transports) augmente les prix. Dans les pays du sud et émergents, mais aussi de plus en plus dans les pays développés, apparaissent des quartiers résidentiels fermés (ou gated communities, quartier homogène socialement, généralement habité par des populations aisées et protégées par un personnel privé), réponse à la hausse de l’insécurité.

Enfin, une dernière vidéo pour mesurer le degré important d’inégalités socio-spatiales dans une métropole du sud, Mumbai :

Pour ceux qui ne pourraient pas lire la vidéo sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://youtu.be/KaVL_6ugIJA

Recopie dans ton cours le texte suivant (abrège-le si nécessaire).

  • Dans les grandes métropoles des pays du Sud se développent des quartiers d’habitat informel (quartiers construits illégalement par les habitants avec des matériaux de récupération), sous les noms de bidonvilles, favelas, barrios ou slums. Ces espaces concentrent 1 milliard de personnes, soit un tiers de la population urbanisée des pays du Sud.

La séquence est désormais terminée.

L’Europe entre restauration et révolution (1814 -1848)

Afin de préparer les cours en classe, vous devez acquérir les connaissances sur la séquence « L’Europe entre restauration et révolution (1814 -1848) ».

Vous allez donc regarder les vidéos suivantes qui parcourent la période concernée, ainsi que les documents éventuels qui les suivent, puis prendre des notes sur votre feuille de cours. Vous prendrez soin de laisser de la place à droite de votre feuille pour compléter les notes prises (ces compléments se feront à partir du manuel ou lors du cours en classe).

Première vidéo

Pour ceux qui ne pourraient pas lire la vidéo sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://youtu.be/NBFTuu879cA

Vérifiez, avec l’aide du manuel pages 66-67 et 76, que vous avez bien compris les termes et notions suivants : Congrès de Vienne, Metternich, Talleyrand, « concert européen », légitimité des monarchies en place, aspirations libérales, aspirations nationales, nationalités, libertés publiques, massacres de Chios

Complément : L’Europe en 1815 : Après avoir étudié la carte de l’Europe en 1815 (manuel page 67), êtes-vous capable de distinguer sur la carte suivante : les quatre puissances qui ont vaincu Napoléon ? un État qui disparaît ? deux futurs États encore très morcelés ?

Deuxième vidéo

Pour ceux qui ne pourraient pas lire la vidéo sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://youtu.be/TO9ms_mt_nE

Vérifiez, avec l’aide du manuel pages 58-59, 62-63 et 64-65, que vous avez bien compris les termes et notions suivants : abdication, Louis XVIII, Restauration, charte constitutionnelle, suffrage censitaire, Charles X, « ultras », ordonnances, « Trois Glorieuses », Louis-Philippe Ier, Monarchie de Juillet, « campagne des banquets »

Complément : La Liberté guidant le peuple : Après avoir situé le tableau de Delacroix dans son contexte (pages 60-61 du manuel) et en vous aidant éventuellement de la page du blog consacrée au tableau, êtes-vous capable de le décrire et d’en faire une analyse en vous appuyant sur le dessin au trait ci-dessous ?

Troisième vidéo

Pour ceux qui ne pourraient pas lire la vidéo sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://youtu.be/lqaIcYSfTeM

Vérifiez, avec l’aide du manuel pages 58-59, 62-63 et 64-65, que vous avez bien compris les termes et notions suivants : révolution de 1848, barricades, idéaux révolutionnaires, « printemps des peuples », aspiration des peuples à disposer d’eux-mêmes

Complément : Deux textes sur le Printemps des peuples : Après avoir lu les textes 2 et 4 pages 74-75 du manuel, êtes-vous capable de les présenter, de dégager les arguments avancés dans chacun d’eux pour défendre leurs thèses, puis de les opposer ?

Le congrès de Vienne

En vous appuyant sur la fin du film Quand Napoléon déchaînait l’Europe (à partir de 32 min 20), prenez des notes au brouillon à l’intérieur d’un tableau comme celui-ci en les répartissant par thèmes :

La situation au début du Congrès de Vienne Les puissances présentes au Congrès
Les Cent-Jours (le retour de Napoléon) Les décisions du Congrès de Vienne

Puis complétez la carte de la FICHE 8 Le Congrès de Vienne, distribuée en cours.

Pour ceux qui ne pourraient pas lire les vidéos sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://www.youtube.com/watch?v=fw-w31KMt0Q

 

Napoléon et l’Europe

Regardez la vidéo Quand Napoléon déchaine l’Europe, jusqu’à 32 min 20, puis sur une copie, répondez aux questions qui suivent (en réinscrivant les questions sur la copie).

1. Dans sa gouvernance de l’Europe, quelles sont les sources d’inspiration de Napoléon Ier ?

2. Napoléon met en place un Empire fédératif. De quoi s’agit-il ?

3. Quelle est sa stratégie à l’égard de l’Angleterre (ou Royaume Uni) ?

4. Quelle est sa stratégie à l’égard des autres puissances européennes (Autriche, Prusse, Russie) ?

5. Qui est Talleyrand et quel son rôle dans l’Empire ?

6. Pourquoi dit-on que la guerre d’Espagne est un « tournant » dans la politique européenne de Napoléon ?

Pour ceux qui ne pourraient pas lire les vidéos sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://www.youtube.com/watch?v=fw-w31KMt0Q

Les événements de 1789

À propos des quatre événements dont vous verrez des extraits du film La Révolution française, indiquez brièvement dans un tableau comme celui qui suit les causes de l’événement, son déroulement et ses conséquences immédiates. Une recherche complémentaire sur Internet est possible pour préciser les réponses.

Les États généraux :

Pour ceux qui ne pourraient pas lire les vidéos sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://www.youtube.com/watch?v=QYZU-og2uTs

Le Serment du jeu de Paume :

Pour ceux qui ne pourraient pas lire les vidéos sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://www.youtube.com/watch?v=QKAtnfKNQME

La prise de la Bastille :

Pour ceux qui ne pourraient pas lire les vidéos sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://www.youtube.com/watch?v=v64ROuDke_U

La nuit du 4 août :

Pour ceux qui ne pourraient pas lire les vidéos sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://www.youtube.com/watch?v=DFhtJ34AO1g

Le tableau (à reproduire et compléter sur votre feuille de cours) :

La Troisième République : un empire colonial

B. Métropole et colonies

Commençons par regarder cette série de vignettes distribuées dans les tablettes de chocolat Poulain en 1900, puis l’image d’Epinal de 1885 qui suit. Que mettent-elles en valeur ? Où cela se déroule-t-il ? Comment sont représentés les personnages ?

Vignettes distribuées dans les tablettes de chocolat Poulain en 1900
La prise de Lang Son (Tonkin, actuel Vietnam) le 13 février 1885 par l’armée française, image d’Epinal, 1885

À partir des années 1880, les Républicains décident de lancer une nouvelle phase de conquêtes coloniales : de nouvelles colonies (territoires conquis, dominés et exploités par une puissance étrangère) sont conquises par la France, essentiellement en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est. Pour la métropole (pays à la tête d’un empire colonial, qui a conquis et qui domine des colonies), ces colonies sont l’occasion d’affirmer sa puissance internationale.

La France administre, aménage et exploite les territoires colonisés à son profit. Elle transforme en profondeur l’économie et la société des colonies : cette colonisation brutale provoque de vifs débats en métropole et des résistances farouches dans les colonies.

Problématique : De 1870 à 1914, comment la Troisième République tente-t-elle de concilier ses valeurs et les enjeux liés à la colonisation ?

1. La construction de l’empire colonial français

a) Un empire colonial vaste et peuplé

Comparez les deux cartes suivantes.

  • Au XIXe siècle, la France se lance dans une nouvelle expansion coloniale. Elle forme un second empire colonial (ensemble territorial composé d’une métropole et de ses colonies) : Charles X a conquis l’Algérie en 1830 et Napoléon III la Nouvelle-Calédonie en 1853. À partir des années 1880, la Troisième République relance la colonisation (processus par lequel un pays accapare le territoire, les ressources et la souveraineté d’un autre) pour placer la France au second rang des puissances coloniales mondiales, juste derrière après le Royaume Uni. En 1914, l’empire colonial français s’étend sur 11 millions de km2 et compte 50 millions d’habitants.
  • La « tache d’huile ». La politique coloniale française suit trois axes majeurs :

– la France veut renforcer sa présence sur le littoral nord-africain : la Tunisie devient un protectorat (confiscation de la souveraineté d’un État par un autre, en échange de sa protection militaire) en 1881 et l’Algérie est départementalisée en 1848 ;

– l’élargissement des possessions en Afrique subsaharienne s’opère à partir du Sénégal (conquis en 1854) par la signature de traités dans les années 1880-1890;

– en Asie du Sud-Est, la fondation de l’Union indochinoise en 1887 achève la prise de contrôle française sur l’ensemble de la péninsule.

Regardez cette vidéo sur la crise de Fachoda : résumez-en en dix ou douze lignes la teneur et les conséquences.

Pour ceux qui ne pourraient pas lire la vidéo sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://youtu.be/2hkW-QD4BwI

  • Rapidement, de fortes rivalités apparaissent. La « course aux colonies » s’engage avec d’autres puissances européennes, comme le Royaume Uni et l’Allemagne, pour lesquelles la possession d’un empire colonial est un instrument de puissance. La conférence de Berlin (1885) doit réduire les risques d’affrontement et aboutir à un partage colonial de l’Afrique. Cependant, des tensions épisodiques, comme à Fachoda en 1898 : cet événement constitue un choc entre impérialismes (action consistant à mettre des territoires sous domination militaire, politique, économique et culturelle). La France voulait construire un axe colonial Est-Ouest (du Congo à Djibouti) empêchant les Britanniques de créer un axe colonial Nord-Sud (de l’Égypte à l’Afrique du Sud). Afin d’éviter une guerre, la France retire ses troupes face à la pression britannique. Après Fachoda, les deux pays signent l’Entente cordiale en 1904 : elle définit leurs zones d’influence respectives et cherche à faire contrepoids à la puissance allemande. Le soutien du Royaume Uni permet à la France d’installer un protectorat au Maroc en 1912 malgré l’opposition allemande.

En bonus, je vous invite à regarder la vidéo suivante : Les Trois Couleurs de l’Empire sur le site suivant : https://youtu.be/qAZkp55c0nM

b) Les motivations de l’aventure coloniale

Lisez et analysez les deux textes suivants, puis regroupez dans u tableau les arguments en faveur de la colonisation et ceux en défaveur de la colonisation.

Document 1 : Jules Ferry explique les raisons de la colonisation

Jules Ferry, ancien président du Conseil (chef du gouvernement), donne les principales raisons de la relance de la colonisation en Indochine.

Messieurs, […] il y a, je crois, quelque intérêt à résumer […] sous forme d’arguments […] les intérêts divers qui justifient la politique d’expansion coloniale […]. Je disais qu’on pouvait rattacher la colonisation à trois ordres d’idées ; à des idées économiques, à des idées de civilisation […] et à des idées d’ordre politique […].

La forme première de la colonisation, c’est celle qui offre un asile et du travail au surcroît de population des pays pauvres ou de ceux qui renferment des populations exubérantes. Mais sur le terrain économique aussi […], ce qui manque à notre grande industrie, que les traités de 1860 ont irrévocablement dirigé dans la voie de l’exportation, ce qui lui manque de plus en plus, ce sont les débouchés. Pourquoi ? Parce qu’à côté, l’Allemagne se couvre de barrières, parce qu’au-delà de l’océan les États-Unis d’Amérique sont devenus protectionnistes à outrance. […]

Messieurs, il y a un second point […], c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question. […] Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai! il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures […]. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures.

Il est ensuite arrivé à un troisième [type d’idée], c’est le côté politique de la question. Il faut que notre pays se mette en mesure de faire ce que font tous les autres, et, puisque la politique d’expansion coloniale est le mobile général qui emporte à l’heure qu’il est toutes les puissances européennes, il faut qu’il en prenne son parti […]. À l’heure qu’il est, vous savez qu’un navire de guerre ne peut pas porter, si parfaite que soit son organisation, plus de quatorze jours de charbon, et qu’un navire qui n’a plus de charbon est une épave, sur la surface des mers, abandonnée au premier occupant. D’où la nécessité d’avoir sur les mers des rades d’approvisionnement, des abris, des ports de défense et de ravitaillement. […] Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, […] vivre de cette sorte, pour une grande nation, croyez-le bien, c’est abdiquer. »

Jules Ferry, discours à la Chambre des députés le 28 juillet 1885.

Document 2 : Georges Clémenceau critique le discours de Jules Ferry

Trois jours après le discours de Jules Ferry, Georges Clémenceau, député à l’Assemblée répond au discours de Jules Ferry.

Messieurs, à Tunis, au Tonkin, dans l’Annam, au Congo, à Obock, à Madagascar partout… et ailleurs, nous avons fait, nous faisons et nous ferons des expéditions coloniales ; nous avons dépensé beaucoup d’argent et nous en dépenserons plus encore ; nous avons fait verser beaucoup de sang français et nous en ferons verser encore. On vient de nous dire pourquoi. Il était temps ! […]

Comment ? On va pour ces placements de bon père de famille aventurer [risquer] au moins 500 millions, quand nous avons notre outillage industriel à compléter, quand nous manquons d’écoles, de chemins vicinaux ! La vérité c’est que les guerres coloniales couvrent des actions fructueuses pour la haute finance, ruineuses pour le public, détournent le peuple d’affaires intérieures et sous le prétexte d’ouvrir des débouchés au commerce, n’en ouvrent qu’aux fonctionnaires. […]

« Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu’elles exercent, et ce droit, par une transformation particulière, est en même temps un devoir de civilisation » Voilà en propres termes la thèse de Monsieur Jules Ferry […]. Races supérieures ! Races inférieures, c’est bientôt dit ! Pour ma part, j’en rabats singulièrement [je n’y crois pas] depuis que j’ai vu des savants allemands démontrant scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand. Depuis ce temps, je l’avoue, j’y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et une civilisation, et de prononcer : homme ou civilisations inférieurs […] La politique qu’il [Jules Ferry] nous a exposée, c’est une série d’expéditions guerrières en vertu desquelles on fera plus tard des actes commerciaux profitable à la nation conquérante […]. Mais nous dirons, nous, que lorsqu’une nation a éprouvé de graves revers en Europe, lorsque sa frontière a été entamée, il convient peut-être, avant de la lancer dans des conquêtes lointaines, fussent-elles utiles – et j’ai démontré le contraire – de bien s’assurer qu’on a le pied solide chez soi, et que le sol national ne tremble pas.

Georges Clemenceau, discours à la chambre des députés le 30 juillet 1885

  • La colonisation est avant tout un choix politique. Née lors de la défaite face à la Prusse en 1871, la Troisième République est menacée par les oppositions royalistes et bonapartistes. À partir de 1879, les Républicains au pouvoir font de la relance de la colonisation un moyen pour renforcer le régime. Pour Jules Ferry, elle doit permettre à la France de s’affirmer comme une grande puissance. En ce sens, il est partisan du colonialisme (idéologie qui se montre favorable à la colonisation). Une intense propagande est organisée pour convaincre l’opinion publique : les Expositions coloniales, comme celle de Marseille en 1906, en sont un parfait exemple.
  • Mais la colonisation s’explique aussi par des arguments économiques. Pour justifier la colonisation, les Républicains mettent en avant les avantages pour l’économie française : cette colonisation représente une aubaine pour relancer l’économie après la crise de 1873 (des ressources abondantes, de nouveaux marchés et des terres à cultiver).
  • La colonisation est aussi justifiée par des raisons humanitaires. S’inscrivant l’héritage des sciences du XVIIIème siècle définissant et classant des races humaines (Kant, Des différentes races humaines, 1775), les Républicains justifier la colonisation par de civiliser les peuples jugés inférieurs. Ces arguments visent à légitimer la mise en œuvre d’un projet colonialiste contraire aux valeurs de la République (« Liberté, Égalité, Fraternité ») : il s’agit, selon ses partisans, d’une « mission civilisatrice ».

c) Acteurs et adversaires de la colonisation

  • La colonisation est souvent improvisée : elle est souvent menée sur le terrain par des explorateurs, des militaires ou des missionnaires (religieux ayant pour mission d’évangéliser les populations non chrétiennes dans les colonies). En Afrique, l’action de Pierre Savorgnan de Brazza, qui signe des traités en 1880 autour du fleuve Congo, précède l’implantation officielle de la France, donnant naissance au Congo français en 1891.
  • La politique coloniale fait naître des contestations. En métropole, elle divise la classe politique : la contestation culmine en 1885 lors du vote à la Chambre des députés des crédits nécessaires pour une expédition à Madagascar. D’autres débats opposent Jules Ferry à Georges Clemenceau. Celui-ci dénonce une politique coûteuse, aventureuse, violente et défend l’idée que la France ferait mieux de se concentrer sur sa politique européenne contre l’Allemagne.
  • Des résistances à la colonisation apparaissent dans les colonies. Malgré leur infériorité, les chefs des grands empires de l’Afrique de l’Ouest s’allient et organisent la lutte contre les troupes françaises. Les résistances entraînent des interventions militaires : c’est le cas en Guinée, entre 1884 et 1898, contre Samory Touré. Les peuples des sociétés traditionnelles subissent l’introduction d’un modèle politique et social étranger à leur culture. En Indochine, des combattants comme Hoàng Hoa Thám mènent une guérilla contre les troupes françaises.

2. L’organisation de l’empire colonial français

a) L’administration et l’aménagement des colonies  

  • Il existe une grande diversité de statuts administratifs dans l’empire colonial français. L’Algérie constitue un cas à part : découpée en trois départements, elle dépend du Ministère de l’Intérieur. Les colonies conquises dans les années 1880-1890 (Madagascar) sont administrées par un Gouverneur dépendant du Ministère des Colonies (crée en 1894). Les protectorats (Tunisie, Maroc) sont sous contrôle d’un Résident général français. Enfin de vastes ensembles sont constitués : l’Afrique occidentale française et l’Afrique équatoriale française. Ce sont de vastes fédérations regroupant plusieurs colonies afin d’en faciliter l’administration.

Regardez ce film d’archives sur l’Indochine coloniale.

Pour ceux qui ne pourraient pas lire la vidéo sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://youtu.be/dg72Ei0Kck0

  • La colonisation s’accompagne de l’aménagement d’infrastructures. La construction de routes et de lignes de chemin de fer permet de circuler plus vite et plus sûrement. Entre 1879 et 1906, 2 035 km de voies ferrées sont bâtis en Algérie. Les infrastructures telles que les ponts, les gares, les bâtiments administratifs favorisent le développement économique mais aussi le contrôle plus étroit des autorités françaises. La colonisation transforme les villes comme Saigon en Indochine.
  • Mais la modernisation est inégale. Les arrière-pays restent encore largement enclavés et à l’écart de ces transformations. Les infrastructures permettant d’exporter vers la métropole sont privilégiées, comme le port d’Alger. Dans les villes, les quartiers indigènes (personnes soumis par les Européens à la colonisation) restent insalubres. Le contraste est fort avec les quartiers européens modernes, dans lesquels vivent les colons (personnes venues de métropole pour s’installer définitivement dans une colonie) et les coloniaux (personnes venues de métropole pour un temps limité dans une colonie).

Analysez la une du Petit Journal du 19 novembre 1911. Quelle est la nature, la date et le contexte du document ? Qu’est-ce qui montre que la femme représente la République française ? Quelle est son attitude ? Comment est-elle accueillie par les Marocains ? Qu’apporte la République française aux Marocains ? Quels autres éléments d’information observe-t-on à l’arrière-plan ? Le message vous paraît-il en rapport avec la réalité ?

b) L’exploitation économique des colonies 

  • La colonisation se caractérise par une économie de traite. Les ressources minières jusqu’alors inexploitées et de nouvelles cultures (vigne en Algérie, arachide au Sénégal) sont destinées à l’exportation en métropole. L’Algérie et l’Indochine sont, au sein de l’empire colonial français, les principaux territoires d’investissements et d’échanges. De très nombreuses richesses sont confisquées par les Français. Les populations indigènes, soumises au Code de l’indigénat en 1881, subissent à nouveau le travail forcé malgré l’abolition de l’esclavage en 1848. Le volume des cultures destinées à l’exportation progresse au détriment des cultures vivrières. L’industrie se développe peu, la métropole protégeant ses propres industries.
  • Le bilan économique de la colonisation est mitigé. La conquête coloniale a un coût : entre 1850 et 1913, les dépenses coloniales représentent 10% des dépenses publiques. L’empire colonial ne reçoit que 10% des investissements français en 1913, et n’est que le troisième partenaire commercial de la métropole après le Royaume Uni et l’Allemagne.

c) L’impact de la colonisation sur les sociétés

Avec l’aide du site ici, puis l’analyse (vidéo) qui suit, observez et analysez cette image : « La France et les cinq continents, Pierre Ducos de la Haille, 1931 ».

Pour ceux qui ne pourraient pas lire la vidéo sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://youtu.be/ZLylQ06Qf_w

  • Trois acteurs sont mis en avant par la propagande coloniale : le médecin, le missionnaire et l’instituteur. C’est sur eux que repose la politique d’acculturation (modifications au sein d’un groupe culturel à la suite d’un contact prolongé avec un autre groupe) de la République. Chacun représente les bienfaits de la civilisation que la France souhaite apporter aux populations indigènes. Les médecins doivent faire reculer les maladies (comme le paludisme), les missionnaires accompagnent l’évangélisation des colonies (la cathédrale Notre-Dame de Saigon est construite en 1877 et 1880), les instituteurs sont déployés pour instruire les enfants dans les colonies (entre 1884 et 1908, un programme de scolarisation est mis en place en Algérie).

Regardez cette vidéo :

Pour ceux qui ne pourraient pas lire la vidéo sur leur tablette, rendez-vous sur le site suivant : https://youtu.be/3dSnruMbAG4

  • Mais certains idéaux républicains sont oubliés. La société coloniale se caractérise surtout par ses inégalités et sa violence. La ségrégation est omniprésente entre Européens et indigènes. Après 1887, le Code de l’indigénat, jusque-là réservé à l’Algérie, est étendu à la totalité des colonies françaises : il définit des peines spéciales pour les indigènes, les laissant dans une position d’infériorité juridique. Ce Code de l’indigénat suscite de rares critiques en métropole comme dans les colonies : il est abandonné dans certaines colonies (Indochine en 1903). Dans les colonies, l’assimilation (situation dans laquelle la métropole veut faire rapprocher le statut des colonisés par rapport à celui des colonisateurs) est bien culturelle mais pas juridique.
  • L’empire colonial français est traversé par des révoltes permanentes. Le refus de reconnaître la culture indigène et les excès de la domination provoquent des soulèvements. À Madagascar, le général Gallieni instaure avec brutalité un protectorat français : la reine Ranavalona III, après une rébellion anti-française violemment réprimée, est exilée sur l’île de la Réunion en 1897

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