Comment accéder à Sciences Po Bordeaux ?

  • Entrer en cursus général

Comme beaucoup d’autres formations, Sciences Po Bordeaux est disponible sur Parcoursup. De ce fait, depuis que le portail est ouvert (20 janvier dernier), pour les élèves de terminale, il faut s’inscrire sur la plateforme et formuler le vœu d’accès à Sciences Po Bordeaux.

Une fois le vœu effectué, la procédure d’accès à Sciences Po Bordeaux se déroule en deux phases :

  • La phase d’admissibilité
  • La phase d’admission.

Premièrement, la phase d’admissibilité se base sur les bulletins (des deux semestres de première, du premier et du second trimestre de terminale), sur les notes des épreuves anticipées de français et sur celles des épreuves de spécialités du baccalauréat. L’algorithme de Sciences Po Bordeaux observe les matières suivantes :

  • Français,
  • Histoire géographie
  • LVA et LVB
  • Enseignements de spécialités

À savoir que l’écart entre la moyenne du candidat et celle de la classe est également pris en compte au-delà des notes obtenues par celui-ci. De plus, les frais de dossier pour candidater s’élèvent à 120 euros, mais ils sont réduits à 20 euros pour les candidats ayant suivi le programme JPPJV.

Une fois la première phase terminée, le candidat sait s’il est éligible pour la phase d’admission. Si tel est le cas, le candidat est convoqué pour un oral qui se déroule dans les locaux de Sciences Po Bordeaux entre fin avril et début mai. Cet oral dure 20 minutes et s’effectue en présence de deux professeurs de Sciences Po. Un document en lien avec l’actualité des six derniers mois est proposé au candidat qui doit s’appuyer sur sa culture générale pour analyser les enjeux liés au sujet et commenter le document dans le temps imparti. En suivant, le candidat s’entretient avec le jury et doit mettre en valeur ses qualités et son intérêt pour Sciences Po ainsi que ses centres d’intérêts.

En parallèle de cet oral, une étude attentive du dossier déposé par le candidat sur Parcousup est menée.

L’accent est mis sur :

  • Les bulletins disponibles sur Parcoursup
  • La fiche avenir
  • La « meilleure copie », une copie rédigée à la main dans le cadre d’un devoir sur table (français, histoire géographie, LVB ou LVB, Enseignements de spécialités, philosophie), permettant d’observer les compétences rédactionnelles
  • La rubrique « activités et centres d’intérêt »
  • Le projet de formation motivé.

À la suite de cela, le candidat obtient deux notes correspondant à l’oral et à l’étude du dossier, ce qui le classe parmi les autres candidats et lui permet d’intégrer ou non Sciences Po Bordeaux. Lors de la session 2020, 275 places étaient à pourvoir.

 

  • Entrer en filière intégrée binationale

Pour les filières binationales, la procédure est similaire à celle du cursus général. La « meilleure copie » doit cependant être rédigée dans la langue de la filière escomptée.

L’oral se fait également dans la langue de la filière d’où la nécessité d’avoir pratiqué la langue en LVA ou LVB au lycée.

Pour rappel, il existe 6 filières intégrées binationales à Sciences Po Bordeaux :

  • France – Allemagne (en allemand)
  • France – Caraïbes (en anglais)
  • France – Espagne (en espagnol)
  • France – Portugal (en portugais)
  • France – Hong-Kong (en anglais)
  • France – Italie (en anglais avec obligation de pratiquer l’italien en LVB)

Par Margaux Jocaille, élève en terminale 7

Biographie de Simone Veil !

SIMONE VEIL


Simone Veil née le 13 juillet 1927 et décédée le 30 juin 2017, est une politicienne qui a fait adopter, en 1974, la loi dépénalisant l’avortement. Simone Veil, née dans une famille juive, est déportée à Auschwitz à l’âge de 16 ans, durant la Shoah. Elle et ses deux sœurs sont les seules survivantes. De retour en France après la guerre, elle s’inscrit, en 1945, à l’Institut d’études politiques de Paris (IEP Science Po). En 1974, elle est nommée ministre de la Santé par le président Valéry Giscard d’Estaing, qui la charge de faire adopter la loi dépénalisant le recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), loi qui sera ensuite couramment désignée comme la « loi Veil ». Elle apparaît dès lors comme icône de la lutte contre la discrimination des femmes en France.

Ses ouvrages :
Une vie – 2007
Ce livre est une autobiographie de Simone Veil qui retrace sa vie depuis les années 30 jusqu’à la période précédant son élection à l’Académie française en 2008. Au moment de sa parution, le livre a un succès phénoménal en partie grâce à la notoriété de Simone Veil et par ses confessions dans des témoignages sur la déportation qu’elle a vécue. Cette autobiographie est un livre rempli de force et d’espoir. On y découvre au fil des pages le courage d’une jeune fille devenue femme qui permettra de faire avancées les droits de la femme.
Les hommes aussi s’en souviennent – 2004
Le 26 novembre 1974, Simone Veil présente son projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse devant l’Assemblée nationale. Les débats qui suivent révèlent à la France entière une personnalité courageuse et déterminée, défendant à la fois la dignité de la femme et l’intérêt de la nation. Ce discours, publié dans cet ouvrage, est accompagné d’un entretien avec Annick Cojean,
journaliste au Monde, qui éclaire le contexte de l’époque et mesure l’évolution des mentalités.

FIFH : Où est Anne Frank !, Ari Folman

Un voyage de tolérance entre passé et présent

Par Emilie Mistrot, élève de terminale 7 et membre de l’atelier critique du Festival international du film d’histoire de Pessac

Avec Où est Anne Frank !, Ari Folman s’adresse à la jeune génération sur la question de la tolérance.

Par des allées et venues dans le passé d’Anne Frank, Ari Folman met en scène la Seconde Guerre Mondiale, dans unr Amsterdam occupér par les nazis, figurés en grands méchants de films enfantins. Seuls personnages masqués, et rappelant le Sans-visage (Kaonashi) dans Le Voyage de Chihiro, on comprend alors que le choix de représentation de ces derniers n’est pas anodin. Le Sans-visage de Miyazaki semblait être dévoué à la jeune fille, prêt à réaliser les pires folies, masquant en réalité un réel besoin de solitude. Son masque de nô symbolisant par ailleurs la dissimulation de soi et la confusion des identités, que l’on pourrait voir dans la représentation des nazis par Ari Folman, formés et endoctrinés dès leur plus jeune âge à servir aveuglement leur führer. En les déshumanisant ainsi, tous représentés de la même manière, Ari Folman lance un message politique antifasciste.

L’esthétique animée du film, permet à la fois d’atténuer la violence et la terreur des événements mais aussi d’utiliser l’imaginaire. C’est alors par des graphismes doux et chaleureux
(hormis lors des scènes représentant les nazis) que Ari Folman peut inventer et créer l’imaginaire. En effet, les couleurs sont harmonieuses et ne sont jamais trop vives, les traits des visages expressifs et les yeux d’Anne Frank pétillants. Les dessins sont par ailleurs accompagnés de musiques mélodieuses et lumineuses lorsque les scènes portent un message de paix. À l’inverse, les scènes représentant les nazis donnent une impression d’enfermement, le ciel est nuageux et sombre, et seul le bruit des pas lourds des soldats se fait entendre. L’imaginaire du réalisateur et surtout de la jeune Anne Frank en adoucissent alors les contours lors des affrontements, par l’intervention des créatures mythologiques et du mythe grec des enfers qui fascinent tant Anne Frank et de nombreux autres enfants.

Par-delà une démarche historique, le réalisateur expose son opinion politique, critiquant la marchandisation moderne des figures du passé. « Anne est partout », tout autour de cet appartement les bâtiments modernes et des ponts ont repris son nom, des pièces de théâtre lui sont dédiées, les centaines d’éditions de son journal sont vendues dans le monde entier et ses mots en deviennent déformés. Le propriétaire du musée qu’est devenu l’immeuble nous apparaît d’ailleurs caricaturé, semblant détaché de l’histoire de la jeune fille et vivant pourtant sur le dos de celle-ci. La façon dont Ari Folman représente ce musée et les touristes qui le visitent semble également faire le rapprochement avec toute l’économie développée sur les souffrances des autres. Notamment, les visites des camps de concentration et d’extermination où les employés sont décrits avec le même détachement que l’homme enrobé.

On remarque par ailleurs tout au long du film l’affichage de sortes d’avis de recherches du fameux journal, en l’échange d’une somme importante en récompense, comme si l’on pouvait donner un prix journal… Ces affiches peuvent alors être vues comme la satire de la propagande, de la publicité, et des préoccupations parfois futiles des sociétés contemporaines. Le rôle central de la mémoire et de la réelle portée des messages de ces anciennes figures est alors présenté comme une responsabilité collective par le réalisateur, mettant en scène la jeune Kitty défendant Anne Frank et critiquant la pièce qui lui est dédiée : « Elle n’a jamais dit ça ! ». Ari Folman veut ainsi faire de ses spectateurs, et notamment de la jeune génération, des héritiers du passés et acteurs du présent. Le parallèle fait avec la situation actuelle des réfugiés et des enfants de réfugiés, longuement décrite et illustrée, s’inscrit alors également dans sa démarche politique. En effet ces derniers sont finalement sauvés par le message d’Anne Frank rappelé par la jeune Kitty : « Faites tout votre possible pour préserver une seule âme. Une seule âme ! ». On peut alors voir un slogan dans le titre du film, dont le point d’exclamation apporte une dimension politique.

Les scènes de flashback finissent toutefois par être lassantes, donnant l’impression que Ari Folman aborde des passages obligatoires de la vie d’Anne Frank, et se prive de raconter l’histoire du présent pour faire retourner Kitty dans le passé. En effet, lorsque Kitty plonge dans le passé de Anne au travers de la lecture du journal, l’encre qui s’évapore donne lieu à des scènes qui deviennent répétitives au point d’avoir le sentiment d’observer un générique de dessin animé à maintes reprises. Elles donnent ainsi lieu à une scène qui paraît indispensable pour le réalisateur, au théâtre Anne Frank, dans laquelle Kitty s’installe parmi les spectateurs, non pour observer le spectacle mais pour plonger dans le journal, demandant à son voisin de la lumière pour lire dans la salle plongée dans le noir. Le sentiment que le réalisateur avait une scène à placer, dans le but d’aborder tous les moments clés de la vie d’Anne Frank mais sans réellement savoir où est alors déplaisant. On se sent par ailleurs soulagé lorsque celles-ci n’apparaissent plus, comme s’il en était de même pour lui, ayant rempli ses obligations. Il est également dommage que certaines répliques et scènes semblent parfois trop enfantines et idéalistes bien que cet aspect pourrait être lié à la jeunesse d’Anne Frank (décédée à 15 ans seulement) et de Kitty. Par ailleurs, la relation que Kitty développe tout au long du film avec un jeune garçon (Peter, apparemment orphelin), alors décrite comme une relation amoureuse dès la première rencontre s’inscrit également dans une démarche plutôt naïve. Si elle peut être vue comme un parallèle avec l’histoire d’Anne Frank et de Peter dans l’appartement d’Amsterdam, elle n’apporte
rien au film. Kitty a été envoyée dans le présent pour faire perdurer le réel message d’Anne Frank et le faire entendre dans le monde entier. La relation amoureuse développée, entre une personne réelle et imaginaire, paraît dès lors superflue, en plus d’être un peu gênante.

Reste que l’appel d’Ari Folman à ses spectateurs retentit avec force, amplifié par un mégaphone. Au travers d’un message de tolérance et d’espoir, le cinéaste apporte son soutien aux familles et enfants réfugiés, victimes d’une histoire en perpétuelle répétition.

Où est Anne Frank !

Belgique, France, Israël, Pays-Bas, Luxembourg, 2021

Titre original : Where Is Anne Frank
Réalisation : Ari Folman
Scénario : Ari Folman, d’après Le Journal
d’Anne Frank
Musique : Ben Goldwasser et Karen O
Genre : animation, historique, fantastique
Durée : 99 minutes
Date de sortie en France : 8 décembre 2021

FIFH : Le Diable n’existe pas, Mohammad Rasoulof

Le lien exécutif

Par Emilie Mistrot, élève de terminale 7 et membre de l’atelier critique du Festival international du film d’histoire de Pessac

Dans un Iran totalitaire et répressif, Mohammad Rasoulof met brillamment en scène quatre récits liés par l’extrême violence d’une loi toujours en vigueur dans le pays : la peine de mort.

C’est dans une dimension politique que Mohammad Rasoulof fait de son film un plaidoyer contre la peine de mort, nous entrainant dans la vie quotidienne de personnages sans cesse tourmentés. Les quatre récits indépendants s’imbriquent ainsi les uns les autres comme s’il s’agissait de courts-métrages, séparés par des écrans noirs. Le premier est particulièrement perturbant : la responsabilité individuelle et la liberté de conscience rongent les personnages, magnifiquement interprétés. Les interprétations d’Heshmat (Ehsan Mirhosseini), le père de famille hanté par son travail, de Pouya (Kaveh Ahangar), jeune homme conscrit réticent à tuer, de Javad (Mohammad Valizadegan), prisonnier d’un dilemme cornélien ou encore de Bharam (Mohammad Seddighimehr), prenant une décision cruciale pour sa fille, sont toutes d’une justesse et d’un réalisme impressionnants. Si certains personnages répondent alors avecobéissance au régime, d’autres affirment leur refus catégorique et se rebellent, chacun à leur manière.

Tourné en clandestinité, toute la puissance du film réside dans des scènes clés, parfois choquantes. La toute première scène nous induit d’ailleurs en erreur, montrant Heshmat aidé par un autre homme en train de porter un grand sac lourd dans le coffre de sa voiture. On pense alors à un meurtre avec Heshmat dans le rôle de l’assassin , possiblement sous les ordres du régime. Puis vient
le contrôle du véhicule. Un garde ouvre le coffre et lui demande ce dont il s’agit. Un simple sac de riz, la provision annuelle du père de famille. Bienvenue en Iran, un pays où l’on cache son
approvisionnement de riz comme on dissimulerait un cadavre. Bienvenue dans la dictature. Par ailleurs, la dernière scène de ce premier récit ébranle : la découverte du métier complétement
inhumain de Heshmat, appuyant sur un simple bouton qui met fin à toute une vie, plongeant la caméra et notre regard dans la pièce d’en face, où le dernier jugement des prisonniers est rendu. Heshmat, le jeune Pouya du deuxième récit et Javad, du troisième sont en réalité des bourreaux, forcés sous la pression du régime, sous peine de passer de l’autre côté de cette pièce. La scène dure, et nous force à regarder uniquement les pieds et les jambes tendues des prisonniers impuissants, pendus, pour lesquels nous savons que l’acte qu’ils subissent n’est pas justifié. Dans un contexte aussi oppressif, la magnifique esthétique de l’œuvre impressionne. La voie des hurlements et de la rébellion violente n’est pas la bonne, et Mohammad Rasoulof l’a compris. Il nous transporte alors
avec délicatesse vers le régime totalitaire, au travers de paysages splendides et d’une photographie attentionnée. Le réalisateur n’hésite pas à prendre son temps afin de capter tous les moments de la vie de ses personnages. Pour autant, au fil des scènes, une colère profonde se fait ressentir. La ferme volonté de la paix et de la libération de son pays. Pour cela, Rasoulof n’hésite pas à filmer le quotidien des hommes et des femmes vivant en Iran. Il s’amuse d’ailleurs à accompagner cette esthétique des plans par des musiques parfois entrainantes, comme « Bella Ciao », qu’il utilise à deux reprises afin de nous faire comprendre le lien qui unit le deuxième et le dernier récit, dans le cadre d’une insurrection du peuple, d’une rébellion, au cœur d’un soulèvement révolutionnaire. Pour autant, le réalisateur sait aussi poser un silence lorsqu’il le faut. Certains plans fixes nous plongent alors dans des sons naturels et un calme plat : Heshmat en voiture, très tôt le matin alors qu’il fait encore nuit, laissant le feu passer au vert plusieurs fois avant de démarrer, comme s’il prenait le temps de devenir quelqu’un d’autre, d’être absent, hors de lui-même, afin d’aller vers l’horreur quotidienne qu’il est forcé de réaliser ; Javad et la femme qu’il souhaite épouser, appuyés chacun sur le côté d’un arbre, le regard perdu vers la rivière, faisant face à une affreuse nouvelle, comme surveillés par l’uniforme du militaire disposé de façon humaine sur les branches d’un arbre à leur droite, tel un spectre de la terreur du régime qui les observe. La représentation des femmes est d’ailleurs une facette importante du film tout au long des quatre récits. En effet, si les personnages principaux semblent toujours être des hommes, ils sont tous accompagnés par des rôles féminins, les guidant à travers le régime despotique. Elles aussi voguent entre intégrité et révolte, avec force et fragilité, poussant parfois les hommes à l’acte de rébellion : Elle m’a dit « Tu peux le faire », titre du deuxième récit s’opposant aux ordres du régime : « C’est ton devoir. Tu n’as pas le choix ».

La portée philosophique du film rappelle alors le concept de la « banalité du mal » théorisé par Hannah Arendt. Lorsqu’elle est acceptée par les populations, elle leur permet de vivre aisément, mais sous peine d’une force mentale incorruptible (Heshmat). Elle apporte également le mensonge et la souffrance, et pousse à créer une opposition : « À quoi bon dire une vérité qui détruit la vie de l’autre ? ».

Mohammed Rasoulof blâme alors avec brio et poésie la situation alarmante de son pays, condamné par son régime à vivre dans l’oppression, la peur et la révolte. Film humaniste, poignant et lumineux, Le Diable n’existe pas s’inscrit ainsi parmi les nombreux chef-d’œuvre, cherchant à prouver toute la beauté que l’Iran peut nous offrir.

Le Diable n’existe pas

Allemagne, Iran, République Tchèque, 2021

Réalisateur : Mohammad Rasoulof
Acteurs : Ehsan Mirhosseini, Kaveh Ahangar, Alireza Zareparast, Salar Khamseh
Genre : Drame
Distributeur : Pyramide Distribution
Durée : 2h32mn
Titre original : Sheytan vojud nadarad
Date de sortie : 1er décembre 2021