Rencontre avec “Paroles d’exil” le 2 février 2022

Les élèves de la prépa JPPJV ont rencontré le 02 février 2022 l’association de Sciences Po Bordeaux, “Paroles d’exil”. Celle-ci a pour but de sensibiliser la population à la question de la migration en effectuant notamment des interventions dans les lycées.

Ce fut le cas à cette date, puisque trois membres de l’association ont donné la parole à Shadi Mattar, réfugié syrien de 30 ans. Ce dernier a traversé la guerre civile qui a commencé en 2011 sous Bachar Al-Assad et qui a pour contexte la révolution du Printemps Arabe qui débute en 2010 et qui touche de nombreux pays du Moyen-Orient. Après avoir rappelé le régime politique en place dans le pays et l’arrivée du parti Baas en mars 1963, Shadi Mattar a raconté son histoire et celle de sa ville qui s’est vue ensevelie sous les bombes et soumise à la terreur.

En effet, il est originaire de Daraya, ville située à une dizaine de kilomètres de Damas. En raison de sa proximité avec la capitale, Daraya a été particulièrement touchée et peu de temps après le début du siège effectué par l’armée en 2012, une grande partie de sa population a fui principalement en direction de la frontière turque. Shadi Mattar a de ce fait été une victime directe de ce conflit armé. Alors que près de 90% de la ville est détruite, Shadi Mattar et une partie de ses proches font le choix de rester, et de se battre jusqu’au bout.

Ainsi, M. Mattar qui a suivi une formation de reporter nous a expliqué que sa caméra l’a véritablement sauvé et est devenue pour lui une arme, symbole de son opposition à Bachar Al-Assad. Effectivement, pour lui, filmer les atrocités commises par le régime dictatorial permet de sensibiliser et de constituer une preuve directe des violences faites à l’encontre de milliers de civils. Il nous a dans cette optique projeté certaines de ses séquences qui illustrent l’état de crise de la ville et la grande précarité qui en découlait.

Il précise en plus de cela avoir été contacté en 2012 par la journaliste franco-iranienne, Delphine Minoui à la suite d’un post sur son compte Facebook, celui de la mystérieuse photo d’une bibliothèque souterraine en plein cœur de la guerre civile. Effectivement, M. Mattar et des amis à lui ont eu pour projet de récupérer les ouvrages abandonnés dans les bâtiments bombardés et de les rassembler dans un sous-sol, destiné à tous. Cet acte de résistance exceptionnel a intrigué Delphine Minoui et a marqué le début de longues années d’échanges ayant abouti au livre Les passeurs de livres de Daraya, publié en 2017 ainsi qu’au film documentaire “Daraya, la bibliothèque sous les bombes” sorti en 2018.

Ces deux œuvres ont connu un important succès et ont permis de faire connaître l’histoire incroyable de Shadi Mattar. Lors de cette rencontre, il nous a expliqué que les livres représentaient pour de nombreux habitants de la ville une lueur d’espoir et une ouverture sur le monde à l’heure d’un siège qui les coupaient de tout. Ils lisaient ainsi L’alchimiste de Paulo Coelho mais aussi des ouvrages de développement personnel à l’américaine, et ces lectures leur donnaient du courage, de la force et surtout du rêve.

Cette rencontre a été hautement enrichissante, et les mots de Shadi Mattar étaient particulièrement émouvants. Son histoire et son projet de recueillir les livres dans les ruines, évoqués dans les œuvres de Delphine Minoui sont inspirants. Il nous a par ailleurs raconté son parcours héroïque avec une grande humilité et a mis l’accent sur l’importance de l’amitié et de l’amour en temps de crise. En réponse à nos interrogations respectives, il nous a expliqué travailler aujourd’hui en tant que reporter en France et qu’il s’apprêtait à suivre une formation à Paris.

Ainsi, “Paroles d’exil” qui est né en tant que projet de 3ème année de plusieurs étudiants de l’IEP de Sciences Po Bordeaux donne la voix à des hommes, des femmes aux destins particuliers et qui ont dû fuir leur pays pour diverses raisons. Ce projet est remarquable et permet d’éveiller les consciences et de rappeler que l’immigration n’est jamais un véritable choix et qu’il nous faut avant tout se mettre à la place des migrants afin de mieux les comprendre.

Julie Colliou, TG07, cheffe de la rubrique “on a lu”

 

Témoignage de Martin Chaumont, ancien élève de Daguin, en dernière année de master à Sciences Po Bordeaux !

Le 30 novembre 2021, nous avons eu l’opportunité de rencontrer la délégation de Sciences Po Bordeaux dont faisait partie Martin Chaumon,t un ancien élève de notre Lycée Fernand Daguin ayant fait partie de la prépa JPPJV et étant aujourd’hui en cinquième année dans le master Carrière Administrative de l’IEP de Bordeaux. Suite à cette rencontre, j’ai décidé de lui envoyer un mail pour lui demander un témoignage de son parcours qui pourrait être source d’inspiration pour les élèves ayant la volonté d’intégrer l’institut d’études politiques de Bordeaux. Pour guider son témoignage je lui ai envoyé une série de question telle que :

Pourquoi as-tu participé à la prépa JPPJV ?

Qu’est-ce qu’elle t’as apporté ?

Comment s’est passé ton intégration ?

Est-ce que Sciences po a finalement répondu à tes attentes ?

Au niveau des horaires et de la vie étudiante notamment.

Et voici sa réponse :

« Je m’appelle Martin Chaumont, j’ai 23 ans et j’ai intégré Sciences Po Bordeaux en 2016 après avoir suivi la prépa JPPJV à Daguin pendant ma Terminale.

J’étais dans ce qui s’appelait à l’époque la filière Scientifique, en section européenne. Je n’avais pas réellement d’idée précise quant à mon projet professionnel. La seule intuition que j’avais était que le droit m’attirait, alors que je ne l’avais jamais pratiqué. Je ressentais vraiment l’inconfort de cette période où on a l’impression que chacun de nos choix sont décisifs et définitifs et qu’on n’a pas encore assez vécu pour les faire sereinement. Quoi qu’il en soit, j’ai décidé par imitation de camarades en filières Economique et Sociale d’intégrer la prépa JPPJV « au moins pour voir », sans savoir précisément ce qu’était un IEP.

A partir de là, j’ai pu bénéficier des cours bien spécifiques dispensés par la prépa, et de la motivation supplémentaire qui va avec pour être plus performant dans la scolarité à court terme, le Bac bien en tête. Pour la petite anecdote, le sujet d’Histoire qui est tombé le jour du concours était quasiment au mot près un sujet que l’on avait travaillé un mercredi après-midi. Même si ce ne sont aujourd’hui plus les mêmes procédures, les prépas JPPJV (et celle de Daguin en particulier) sont pour moi avant tout l’opportunité de s’entourer de professeurs qui ont à cœur que l’on réussisse.

Les courts instants passés les mercredi après-midi sont de réels courts particuliers qui donnent des avantages considérables par rapport à ceux qui ne les suivent pas, que ce soit pour le concours de Sciences Po Bordeaux ou pour toute autre filière que vous suivrez à la suite de votre Bac. C’est encore plus vrai maintenant grâce au Centre de Ressources Numériques.

Lorsque j’ai été admis, j’avais déjà mis de côté mes ambitions de droit à la suite de discussions concernant mon orientation avec un professeur d’Histoire du dispositif.

Le soulagement a vite cédé la place à de nombreux doutes : est-ce que j’aurai le niveau nécessaire ? Saurai-je m’intégrer dans la vie étudiante ? Trouverai-je ma place à Sciences Po Bordeaux ?

Rétrospectivement, force est de constater que ces doutes n’avaient pas réellement lieu d’être. Dès les premiers jours de la première année, l’intégration s’est faite sereinement et facilement. Tout est mis en place du côté de l’IEP, étudiants comme administration, pour qu’elle se passe sans encombre et créer un véritable corps de promo.

J’ai dû m’adapter à ces disciplines nouvelles qu’étaient l’économie, la sociologie, le droit, tout en composant avec les modalités bien spécifiques des IEP : les conférences de méthode et les cours magistraux. Les cours d’introduction couplés aux travaux de groupe m’ont permis de rattraper le retard que je pensais infini dans les sciences sociales et j’ai pu rapidement m’impliquer dans des associations comme le Bureau des Elèves, ou de nombreuses associations sportives. L’autonomie que permet le volume horaire de cours (entre 20 et 25 heures de cours par semaine, le gros du travail se faisant à la BU ou chez soi) autorise une vie étudiante riche et stimulante, au-delà du scolaire.

Pour la faire brève, j’ai pu par le biais de l’école rencontrer des camarades que je n’aurais jamais croisés ailleurs, dans des conditions de travail que l’université nous envie littéralement. J’ai pu réaliser une année d’étude à Istanbul, accompagné d’anciens étudiants et de l’administration qui a fait en sorte que nous ne soyons pas lâchés dans la nature. J’ai pu affiner mon projet durant ma troisième année, et m’orienter vers une année de césure dans l’armée avant ma quatrième année.

Aujourd’hui en cinquième année dans le master Carrière Administrative, je sais que je suis outillé pour réussir les concours qui m’attirent, et que mon profil, dont le diplôme de Sciences Po Bordeaux est l’illustration mais dont mes compétences acquises sont le fond, ouvre un nombre faramineux de portes et d’opportunités.

Si j’avais un conseil à donner à des lycéens, ce serait d’oser se donner les moyens. Le Baccalauréat et son contrôle continu rend la période du lycée certainement plus stressante que jamais. Il ne faut pour autant pas perdre en tête qu’il ne s’agit que d’un point de passage vers d’autres perspectives plus personnelles. Profitez de l’environnement que vous avez autour de vous, notamment des professeurs volontaires, pour vous questionner et saisir les opportunités. Les seules opportunités qu’on rate sont celles qu’on ne saisit pas. »

 

Merci à Martin Chaumont pour ce témoignage très enrichissant se terminant sur une magnifique phrase philosophique emplie d’espoir.

Si vous avez certaines questions à lui soumettre vous pouvez le contacter à l’adresse suivante : martin.chaumont33@gmail.com

 

Maëna Lican,

Rédactrice en chef du site JPPJV