Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Blog 12 bis EASy’R

Il n’y a pas de « blog 12 bis » dans Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Mais cette partie-là n’est pas inintéressante.

1.     EASy’R ; un processus d’apprentissage ”idéal”

 

Dans son ouvrage Evaluer des compétences, guide pratique[1], François-Marie Gérard présente un processus d’apprentissage idéal[2] que l’auteure résume dans un jeu de mots E.A.Sy’R. Il s’agit de séquencer les apprentissages en quatre moments successifs : l’exploration, l’analyse, la synthèse et le réinvestissement. Attention, ces trois derniers termes n’ont pas la hiérarchie évaluative de la taxonomie des objectifs de Bloom, on est là plus proche de la valeur sémantique de ces verbes.

La phase d’exploration a pour objectif de faire découvrir ce qui va être étudié. On parlait naguère de « document d’accroche » en didactique de l’histoire-géographie. Mais ce peut être plus large que cela. Nous le verrons un peu plus loin. La phase d’analyse correspond à une étude approfondie, par exemple de documents qui permettent de « faire un tour » de la question. La phase de synthèse peut être la trace écrite, le résumé de ce que les élèves devront garder en mémoire, une fiche-méthode réutilisable. Enfin, la phase de réinvestissement est un moment de réutilisation des connaissances qui viennent d’être travaillées. Il ne s’agit pas là du fameux contrôle ou bilan ou évaluation. Quel que soit le nom qu’on lui donne, il n’est pas question ici de sommatif mais d’ancrage des connaissances.

Donnons quelques exemples. En géographie, en histoire et en mathématiques. Commençons par la géographie, en 6e pour le chapitre « Habiter un espace à forte contrainte ».

 

EASy’R en géographie, en 6e

Explorer

On pourrait commencer par le visionnage d’un court documentaire sur la vie d’une communauté humaine dans les Andes. Le professeur alors par quelque moyen que ce soit, magistral, cours dialogué ou autre, mais, attention, il s’agit d’une phase assez rapide, amène la classe à se demander ce qui va être étudié ? Quel type d’espace sera au programme ? Comment les hommes y vivent ? Ont-ils aménagé quelque chose de particulier ? Pourquoi constate-on tel fait ici et pas ailleurs ?

 

Analyser

Cette deuxième phase plus longue consiste à faire une « étude de cas », en fait l’étude d’un lieu. Par exemple, le Mato Grosso au Brésil. Localisons, situons puis essayons de caractériser ce lieu en utilisant, tout ou partie, au choix, une carte de la répartition de la population au Brésil, une photographie (mécanisation, défrichement, habitat de fortune, manifestations…), un graphique (production de lait, de soja, croissance de la population, superficies des défrichements…), un texte. La classe étudie les trois ou quatre documents sélectionnés par le professeur « à fond » sans perdre de vue les questions posées dans la phase d’exploration. Il ne s’agit pas d’étudier ce lieu pour lui-même. On pourrait même commencer à chercher des ressemblances avec les Andes et des différences.

L’idéal serait de pouvoir faire, d’avoir le temps, une seconde étude de cas peut-être plus rapide, sur une station de ski dans les Alpes ou dans les Rocheuses. Là encore chercher tout d’abord des caractéristiques, après avoir localisé et situé bien entendu puis des ressemblances et des différences avec les deux premiers lieux étudiés.

 

Synthétiser

Cette phase pourrait commencer par le rassemblement de tout ce qui a été collecté dans les deux premières sur un planisphère, dans un tableau à double entrée. Localiser certes mais aussi placer les informations type « pays riche/pays émergent/ pays en voie de développement », données bioclimatiques, répartition de la population.

Dans cette phase, en géographie, on change d’échelle. On passe de l’échelle locale à l’échelle mondiale. On se demande si tous les espaces à fortes contraintes ont les mêmes caractéristiques ? S’ils sont situés aux mêmes endroits ? Comment les Hommes y valorisent ou pas leurs contraintes ?

Une trace écrite élaborée avec les élèves ou par le professeur à partir de leurs idées permet de conclure par la définition d’un espace à forte contrainte, la typologie de ces espaces avec quelques exemples d’aménagements. Là encore, cette trace écrite peut être un texte, un tableau, une fiche-méthode, une liste des questions à se poser pour caractériser un espace.

Ici, le professeur de géographie devrait faire son contrôle-bilan, son évaluation finale, corriger, noter et apprécier si l’élève a appris/compris/travaillé et hop, il pourrait alors le sentiment du devoir accompli passer à un autre chapitre, d’une autre matière.

Et c’est ici que François-Marie Gérard préconise de différer encore le temps de l’évaluation (enfin, il ne le dit pas, c’est l’auteure qui le fait), FMG n’évoque même pas l’évaluation dans cette partie, en tout cas, pas la sommative.

 

Réinvestir

L’objectif de ce moment est la manipulation des connaissances acquises précédemment par les élèves afin qu’ils se les approprient. La question n’est pas de savoir s’ils ont appris leurs leçons mais plutôt de leur proposer d’utiliser celles-ci pour mieux les apprendre. Ce moment se passe encore en classe. Le professeur est donc là pour observer chacun, guider, relancer, étayer et désétayer. Avec ce chapitre on arrive à la fin de l’année, il va être temps que les élèves deviennent un peu plus autonomes dans leurs apprentissages et dans leur travail personnel en classe. Ceci-dit, mieux vaut étayer que regarder dormir.

Cette phase de réinvestissement est aussi une phase de mobilisation des ressources, à très court terme certes. Les savoirs engrangés dans la séquence sont utilisés, vivants et non lettres mortes.

Une troisième étude de cas est donc possible. Soit la même pour tout le monde, pourquoi pas en zone arctique ? Soit au choix des élèves, on ne reviendra pas sur l’efficacité de l’auto-détermination dans la motivation des élèves, soit au choix du professeur parmi un panel représentatif. On peut mixer les deux propositions.

 

Les collègues qui ont enseigné la géographie avant la réforme du collège ont reconnu ici la démarche inductive imposée par les programmes de 2008, sauf que ces programmes n’imposaient pas la phase de réinvestissement qui en fait toute l’efficacité pour les apprentissages. Les programmes de 2016 nous ont « délivré » de la démarche inductive. Pourquoi délivrer ? Dans le chapitre précédent[3] , nous nous sommes penchés sur la différenciation et la diversification pédagogiques.  Diversifier c’est aussi cela, ne pas se cantonner dans une procédure intellectuelle. L’inductif c’est bien. Le déductif aussi. L’hypothético- déductif c’est encore mieux.

 

 

EASy’R en histoire en 3ème

Cette séquence trouve sa place après l’étude de l’URSS de Staline qui a déjà permis, d’une manière ou d’une autre, de caractériser un régime totalitaire.  Elle a donc un double objectif : la réactivation des connaissances du précédent chapitre, de découvrir une autre dictature, et même un troisième puisqu’il s’agit d’apprendre à réfléchir et organiser des informations.

 

Pendant la phase d’exploration, les élèves reçoivent une vingtaine de petits textes numérotés sur une feuille recto-verso, à lire en travail personnel hors de la classe et ils doivent à réfléchir à un premier classement de ces textes. Les textes proposés sont la plupart du temps extraits de manuels, parfois très anciens, par exemple un article de l’Humanité du 4 novembre 1922 « Et Valenti fut tué » ou encore un extrait du règlement de Dachau ou bien une chronologie du Japon de 1927 à 1936[4]. Mais aussi « Pour rendre à notre peuple sa grandeur, il faut exalter la personnalité du chef et donner à celui-ci tous les droits »[5].

En classe, les idées de classement sont listées au tableau et les élèves les justifient. La plupart repère des origines géographiques et propose un classement en colonne, une par pays. Rare sont ceux qui vont au-delà. Une année, quelqu’un proposa un tri par nature des textes : témoignage, article de journaux, mémoires, chronologie, texte législatif. Aucun n’alla jusqu’à croiser ces deux idées pour élaborer un tableau à double entrée.

Pendant la phase d’analyse, les petits extraits sont étudiés un par un, en commençant par ceux illustrant le stalinisme (réitérer les connaissances par un apprentissage multi épisodique), en continuant par ceux issus du nazisme. On cherche à retrouver toutes les caractéristiques (les attributs, dans la démarche de Britt-Mari Barth[6]) avec les textes soviétiques puis à chercher quel texte de l’Allemagne nazie correspond à cette caractéristique.

S’il reste du temps, si la classe percute, on peut approfondir avec le fascisme et le Japon de Hiro-Hito[7] ou encore proposer un travail facultatif pour les plus curieux, continuer à classer les textes selon les attributs des dictatures.

La phase de synthèse est collective et consiste à créer un tableau comparatif des dictatures.

Le réinvestissement peut consister à fournir aux élèves un petit corpus pour répondre à la question suivante, « La France de Vichy est-elle un régime totalitaire ? ». Avant d’avoir étudié ce chapitre, bien sûr.

 

EASy’R en mathématiques

Un autre exemple concerne ici les mathématiques et plus précisément l’apprentissage de la programmation. La toute première séance se passe en salle multimédia, les élèves sont en binôme sur un ordinateur et se connectent au site « Une heure de code »[8]. Les élèves ont à écrire un programme, sous forme d’ordres en blocs, pour que leur personnage atteigne le but proposé avec plus ou moins de contraintes.  Ils peuvent faire autant d’essais qu’ils en ont besoin, sachant qu’un thème terminé leur permet d’en faire un autre dont le chalenge sera plus intéressant. Après la présentation de la progression à suivre, les quatre temps d’EASy’R se font au rythme de chacun, pratiquement sans intervention du professeur. Les élèves doivent proposer des agencements des blocs de consigne pour faire bouger leur personnage. Ils commencent donc par explorer les différentes commandes et ensuite analysent les effets de celles-ci. Les contraintes imposées, le nombre maximal de blocs à utiliser par exemple, les obligent à pousser leur analyse, à en discuter la pertinence et à adopter la procédure qui va permettre d’atteindre l’objectif.

A chaque fin de partie, le professeur demande aux binômes un retour sur les commandes utilisées et ce qu’elles ont permis de faire, on est dans la phase synthèse. Le réinvestissement est immédiat et se fait à plusieurs reprises car les parties suivantes intègrent les commandes qui viennent d’être découvertes. Il sera temps ensuite de passer au logiciel qui permet de travailler plus spécifiquement les points de programmes attendus. Mais les bases de la programmation sont atteintes pour chacun.

 

EASy’R pour permettre aux élèves de développer leurs compétences

La même démarche est utilisable pour le travail autour des compétences que le socle et les nouveaux programmes nous demandent de développer chez les élèves. Nous ne pouvons pas développer les compétences des élèves à leur place mais nous pouvons faire en sorte d’organiser notre enseignement en proposant des situations dans lesquelles les élèves vont pouvoir s’entraîner, conscientiser, auto évaluer et développer eux-mêmes leurs compétences.

Regardons ce que cela donnerait pour une compétence de plus en plus demandée par l’institution qui reste un sujet d’interrogation pour de nombreux collègues, l’oral en classe. Depuis l’année scolaire 2016-2017, l’oral fait même l’objet d’une épreuve du brevet. Comment pourrait-on utiliser EASy’R pour permettre aux élèves de monter en compétences et d’arriver sereins à l’examen ?

  1. Explorer : quelques élèves volontaires prennent la parole, par exemple pour un petit exposé, sans conséquence c’est-à-dire pas de notes.
  2. Analyser : qu’est-ce qu’une prestation orale réussie ? Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire ? Laisser la parole aux élèves. Noter ce qu’ils disent. En commentant le moins possible si on veut qu’ils s’approprient ces informations, ni même reformuler.
  3. Synthétiser : organiser les informations dégagées par les élèves dans une petite fiche, un tableau, un petit outil consultable A CHAQUE FOIS QU’IL Y A UN ORAL A FAIRE. Jusqu’à ce que l’élève n’en ait plus besoin. Il est plus efficace que ce soit le professeur qui fasse cette fiche à condition de rester très près des formulations des élèves. Il n’est pas impensable qu’un élève s’en charge.
  4. Réinvestir : s’essayer à la prise de parole en public, par exemple pour rendre compte d’un texte lu. Si possible, là encore, sans notation, avec une évaluation orale, collective, bienveillante, c’est-à-dire à la recherche de tout ce qui a été réussi, appuyée sur la fiche élaborée en phase de synthèse.

 

Quatre exemples de cette démarche d’apprentissage conçus par des collègues en stage interdisciplinaire sont consultables sur un des blogs de l’auteure[9].

Une proposition de l’auteure :

Pour la phase d’exploration, il est possible de visionner de « vrais » élèves de 3ème lors d’une prestation orale en classe[10].

Regardez Ziyad entre 2’59 et 3’25, Pauline (5’40-6’12) et Gwénaëlle (5’09- 5’27). N’oubliez de dire à vos élèves de ne pas se moquer car il a fallu beaucoup de courage pour prendre la parole devant une caméra, tous n’ont pas accepté de le faire.

 

En 2012-2013, cette démarche a été essayée, la classe de 3e qui a visionné les extraits a proposé comme critères d’un oral réussi « la langue (phrases correctes, langage soutenu), la voix (être audible, articuler, ton vivant, rythme adapté), la durée (5 minutes), le contenu (qui ait du sens, complet, intéressant, du vocabulaire, dans le sujet (pertinent, exact), et l’attitude (aucun geste parasite, on regarde le public, on connaît son texte sans réciter, sans lire, être convaincant). Ce sont ces critères qui ont été réutilisés tout au long de l’année en histoire-géo, en français, avec la professeure documentaliste lors de chaque moment d’histoire des arts. Lors de l’épreuve en mai 2013, selon les collègues, les prestations ont été plutôt meilleures que d’habitude. Pour qu’elles soient encore meilleures, il faudrait réfléchir à « élaborer un diaporama qui ne fera mourir d’ennui votre public ». Grâce à François-Marie Gérard, it could be easyer !

 

Les trois « R »

La lecture de ce qui précède montre des exemples des années antérieures. Depuis 2016-2017, l’auteure a modifié en EASY’RRR. En effet, développer une compétence, progresser, c’est long et difficile. Il faut à certains élèves plusieurs essais. C’est donc au(x) professeur(s)[11] là encore de faire en sorte d’organiser leur enseignement pour que les élèves y parviennent. En histoire-géographie-EMC, il est souhaitable que chaque chapitre soit l’occasion non seulement d’apprendre les ressources du programme, la prise de la Bastille mais aussi de développer les compétences au programme. L’auteure propose donc aux collègues en stage d’associer « un chapitre, une compétence », toute l’année. Grosso modo, à la trente-sixième semaine, chaque élève aura eu l’occasion de s’entraîner au moins trois fois (les trois R de EASY’RRR) pour chaque compétence. Il n’y aura plus qu’à évaluer les progrès et en prendre note. Nous y reviendrons dans la quatrième partie de cet ouvrage.

 

[1] François-Marie Gérard,  2008, Evaluer des compétences, guide pratique[1], De Boeck, 1ère édition

[2] page 25. Ceci est une invitation à lire ou relire ce chapitre de François-Marie Gérard, avec des exemples et des définitions, un exercice d’application et un de mise en œuvre personnelle.

[3] Partie 1, chapitre2, différencier/différencier

[4] L’auteure est au courant que ces dictatures ne sont pas au programme de 2016 ni même de celui d’avant.

[5] Ecrit dans la forteresse de Landsberg en 1923. L’auteur y fut détenu neuf mois.

[6] cf. dans ce chapitre, le texte précédent

[7] Qui ne sont pas au programme de 3ème.

[8] https://hourofcode.com/fr

[9] http://lewebpedagogique.com/anniedimartino/2012/11/22/permettre-a-nos-eleves-de-devenir-plus-competents-a-loral/

[10] Un film tourné par Thierry Foulques, « Compétences in vivo 2 », http://www.youtube.com/watch?v=d_9mDQ9qtuU

Séquence détaillée : http://lewebpedagogique.com/anniedimartino/2011/11/30/752/, « différenciation pédagogique en classe entière ». (Ce film a été tourné à d’autres fins, il n’a pas d’intérêt d’être visionné en entier avec votre classe).

[11] cf. partie 2, chapitre 2, Enseigner les tâches complexes : Piano à plusieurs mains

posted by anniedim in Non classé and have No Comments

Blog 22

Ceci est un complément à la page 56 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan. (Le 1er « blog 22 »!)

Quand on surveille un Gr.App., on peut être surpris par les remarques des élèves. Afin de les aider, le professeur écrit au tableau les matières au programme du jour ou affiche l’emploi du temps numérisé. En même temps, il demande : « qu’avez-vous appris ? » Souvent, les réponses sont sidérantes mais pas inattendues :

– Rien, on a fait des exercices

– On n’a rien appris car on a passé l’heure à faire une compréhension orale.

– On a corrigé la dictée/les exercices/ un travail/etc.

– on était sur les ordinateurs.

Sans soupir de désespoir, le professeur commente qu’un exercice sert à apprendre ou réviser une notion ; qu’en corrigeant tel ou tel travail, on peut avoir personnellement tout à coup réalisé quelque chose et donc appris ; qu’à propos de la compréhension orale, on pourrait au moins expliquer quel en était le sujet, quelques termes retenus. Pour l’instant, cela relève de l’incantation humaniste sans portée pédagogique. Pour faire bref, les élèves en écrivent à peine plus sur le cahier d’apprentissages.

Et pourtant, en classe, quand le professeur, d’histoire par exemple, demande en début de cours d’ouvrir le cahier des apprentissages et de résumer ce qu’on sait déjà sur tel chapitre, les élèves écrivent assez longuement. Voilà un paradoxe qui mériterait d’être étudié de manière plus approfondie.

Lors d’une séance de Gr.App. encadrée par l’auteure le 4 décembre 2015, avec des élèves de 4e, certains dans Neo Alta pour la deuxième, une « bonne » question a (enfin) été posée.

« Est-ce qu’on doit écrire ce qu’on a fait ou bien ce qu’on a appris ? »

Un petit débat « sauvage » s’est engagé entre quelques élèves duquel il ressort que travailler ou apprendre c’est pareil. Mais pas pour la même raison. Pour les uns il semble qu’ils ne font pas la différence entre les deux activités ; et pour les autres, en faisant, on apprend. L’heure avançant, le professeur a demandé d’écrire « ce qu’on ne savait pas avant ou dont on n’était pas sûr et que maintenant on sait, on en est plus certain. »

Si on se reporte aux extraits des cahiers d’apprentissage de Camille et Arthur, élèves de 5e, donc première année dans Neo Alta, on peut constater une évolution assez nette au cours de l’année entre « j’ai fait » et « j’ai appris ».      Cf les cahiers de Camille et d’Arthur dans le blog 21.

En Septembre, Camille n’a manifestement pas compris à quoi sert ce cahier. Elle l’oublie souvent probablement puisqu’on peut lire bien peu de dates dans la marge alors que la classe dispose d’un Gr.App hebdomadaire. En octobre, elle commence à raconter ce qu’elle a fait dans la journée. C’est en novembre qu’on voit apparaître quelque chose qu’elle a appris mais qui n’a rien de scolaire: sa camarade lui a montré comment dessiner un chien. A partir de fin novembre, enfin, elle commence l’inventaire de ce qu’elle a « retenu » des cours: des éléments de grammaire, le calme indispensable dans les vestiaires[1], le partage de l’empire de Charlemagne.

Arthur, après la même démarche que Camille lors de la première séance, dès la semaine suivante peut commencer à écrire ce qu’il sait. Dès la fin septembre, il repère ses difficultés « je ne sais pas nager avec la planche ». Une page de la deuxième moitié de l’année montre une très forte évolution. le garçon fait la liste des ressources qu’il a mémorisées du cours d’histoire. Pour la géométrie, il reproduit ou réinvente le schéma des angles d’un triangle rectangle.

Dans les deux cas, on constate que le cahier d’apprentissage est devenu un outil, un objet personnel: chaque élève y a mis des dessins, parfois des couleurs. Camille comme Arthur expriment leurs émotions. Ils écrivent avec des abréviations, aucun des deux ne tient vraiment son cahier avec soin. Ce cahier des apprentissages n’est pas destiné à être ramassé, lu, évalué. ainsi, ce que signifie le grand point d’interrogation rouge en regard des nombreuses ressources écrites par Arthur concernant l’art roman ? N’est-il pas certain d’avoir tout retrouvé ? Ne voit-il aucun intérêt à apprendre cette leçon ?

 

A la fin de l’année 2015, les 5e et 4e Neo Alta ont répondu à un sondage sur leurs méthodes de travail, notamment pour apprendre leurs leçons. Hélas, seuls deux élèves de 5e et une seule en 4e font référence au cahier d’apprentissage ! Faut-il en déduire que c’est un outil inefficace ? L’auteure fait deux autres hypothèses. Un Gr.App hebdomadaire, c’est trop peu pour que les élèves se saisissent d’une nouvelle manière de travailler. D’autre part, trop peu de collègues de la structure utilisent ce cahier en début de cours pour réactiver le cours précédent ou pour répondre à la « question du jour » ou encore pour faire relire un petit résumé que chacun aurait écrit en fin de l’heure d’avant. On voudrait faire passer le message qu’un cahier d’apprentissage ne sert à rien qu’on ne s’y prendrait pas autrement. A la décharge des collègues, faisons une troisième hypothèse. L’enquête menée auprès des élèves montre que pour apprendre les leçons ils s’accrochent à cette bonne vieille méthode du « je la lis » y compris les 4e dont la plupart ont déjà une année dans Neo Alta. Si la seule lecture suffisait pour apprendre, cela se saurait. Malgré les efforts en classe et en Gr.App de quelques collègues, il est très difficile apparemment de faire changer les pratiques des élèves. Cela se vérifie également des pratiques pédagogiques. Les collègues de Neo Alta sont volontaires, attentifs à leurs élèves, prêts à travailler en équipe ; cependant tous ne parviennent pas à transformer leurs pratiquer, à essayer autre chose, malgré les trois stages de formation continue qui ont accompagné la mise en place de cette expérimentation.

Est-ce pour autant qu’il faille abandonner les cahiers d’apprentissage ? Non. Voilà un outil peu coûteux, un ancien cahier auquel il reste des pages fait l’affaire, simple à utiliser pour les élèves, peu chronophage pour les enseignants. L’auteure a la certitude d’une réelle plus-value pédagogique, constatée dans ses cours. Pour que les élèves s’en emparent, il faut plus de temps. Sans doute également pour les collègues.

[1] Longue discussion des professeurs avec les classes. Ensuite il n’y avait plus le temps d’aller dans l’eau.

 

posted by anniedim in Non classé and have No Comments

Blog 21

Ceci est un complément à la page 55 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Des cahiers d’apprentissage pour apprendre les ressources

 

La structure Neo Alta existe depuis Septembre 2013. Dès l’origine, il a été prévu un temps de travail personnel, le Gr.App (Groupes d’apprentissages) en fin de journée, autant de fois que possible dans la semaine. Ce temps d’étude est au volontariat des élèves.

Deux exemples de cahiers d’apprentissage:    cahiers Camille Arthur

Très vite, il a semblé indispensable de cadrer ce temps de travail personnel face à la difficulté pour les élèves de rendre ce temps efficace. D’autre part, quelques membres de l’équipe souhaitaient mettre en œuvre l’idée suivante[1] : les leçons découvertes dans la journée pendant les cours doivent être réactivées le soir-même pour éviter un oubli trop important et donc un trop grand effort de mémorisation la semaine suivante.

Il a donc été mis en place un rituel de travail et un cahier dédié nommé « cahier d’apprentissages »[2]. Celui-ci est sensé servir en classe, par exemple en début de cours pour se remémorer ce qui a été travaillé au cours précédent et/ou ce qui était à apprendre ; ou bien en fin de séance pour prendre le temps de la réactivation immédiate, et non de la synthèse, plus difficile, à faire collectivement avec le professeur. Ou encore pour pratiquer des « Que sais-je ?[3] » Ce n’est pas actuellement fait régulièrement ; ce n’est pas devenu une pratique pédagogique généralisée à l’ensemble des enseignants dans Neo Alta.

Ce cahier d’apprentissages sert également le soir en Gr.App. puisque le rituel prévoit que les premières minutes sont consacrées à la remémoration de ce qui a été appris dans la journée. Individuellement dans un premier temps, très court ; puis en binôme pour enrichir, compléter ce qui a été retrouvé.

Ce qui est écrit pendant les premières minutes est bien souvent très court et ressemble à une petite liste au pire, à un catalogue au mieux.  (pour une suite, cf blog 22)

[1] Tony Buzzan, Une tête bien faite, Editions d’organisation, 2004, page 79.

[2] cf. les travaux de Jacques Crinon, relayés par les articles d’Anthony Lozac’h sur Ecole de demain,  https://ecolededemain.wordpress.com/2013/01/30/le-cahier-des-apprentissages-pour-remplacer-les-devoirs/ et https://ecolededemain.wordpress.com/2013/02/24/le-cahier-des-apprentissages-de-la-theorie-a-la-pratique-dans-les-classes/

[3] cf. Socle commun et compétences, pratiques pour le collège, ESF, 2011 (Di Martino et Sanchez), voir un exemple dans la Partie 3, chapitre 1 : les échelles d’évaluation

posted by anniedim in Non classé and have No Comments

Blog 19

Ceci est un complément à la page 53 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Un dispositif de classe : apprendre par un enseignement mutuel , un exemple en mathématiques

En mathématiques aussi, on peut aller plus loin en proposant aux élèves de faire le cours. Pour un chapitre qui peut être découpé en plusieurs parties, on demande aux élèves de choisir celle qui les intéresse le plus. Ils sont alors répartis en petits groupes qui ont pour mission de préparer puis de présenter le cours à la classe. Par exemple, un chapitre de 5e de géométrie sera découpé en : unités de longueurs, médiatrices, hauteurs, inégalité triangulaire, construction de triangles connaissant les trois longueurs des côtés. Des ressources sont mises à disposition : différents manuels, accès internet, possibilité de se rendre au CDI. Le professeur est lui-même une ressource bien sûr. Selon leur degré d’avancée et l‘ordre des parties de la leçon, les groupes présentent les résultats de leur recherche. La mise au propre de leurs notes est alors photocopiée et distribuée pour devenir la référence du cours. Parallèlement, chaque élève s’entraine aux exercices du plan de travail individuel dans le même groupe. Si une partie n’est choisie par personne, c’est le professeur qui la présente. Dans cette classe de 5e, dans laquelle la moitié des élèves était en résignation apprise mâtinée de perturbation du cours, la proposition de ce type de travail a permis à un grand nombre de se prendre au jeu, de s’apercevoir qu’ils étaient capables d’apprendre et de faire apprendre leurs camarades. De la résignation apprise, la plupart est passée à une implication qui a nettement amélioré le climat de la classe. Les élèves s’encourageaient et se félicitaient. Ayant repris confiance en eux, en leur classe et sans doute aussi dans leur professeur, la suite des cours de maths a été apaisée et plus efficace pour chacun.

posted by anniedim in Non classé and have No Comments

Blog 18

Ceci est un complément à la page 53 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Un dispositif de classe: apprendre par un enseignement mutuel, un exemple  en histoire

Et pour nos élèves ? Sans mettre les élèves dans le même dispositif, les auteures utilisent également une méthode qui s’en approche : « Apprendre par un enseignement mutuel ».

Voici un premier exemple en histoire. 2016- 2017, en 3e, la classe est rebelle, tour à tour apathique et agitée. Elle réclame du cours magistral ; celui-ci se déroule très bien ; le calme est impressionnant, on n’entend que les plumes glisser sur les cahiers d’écolier. L’auteure pense qu’une classe qui ne fait pas de bruit, à moins qu’elle soit en contrôle, est une classe dont les élèves ne travaillent pas. Le silence est alors le signe de l’électroencéphalogramme plat momentané. Donc, le magistral c’est bien mais on ne peut pas y passer l’année. Il va bien falloir que ces enfants se mettent en activité intellectuelle, s’impliquent, travaillent, apprennent. Ce qui suit se réfère à une très ancienne forme d’enseignement, l’enseignement mutuel[1]. Le maître faisait la leçon à quelques élèves plus avancés en âge ou en savoirs. Ceux-ci ensuite allaient la donner aux autres élèves, par petits groupes. L’auteure s’est demandé si cette manière de faire pouvait trouver sa place en cours de nos jours, comment cela allait se dérouler et avec quelle efficacité.

L’expérience a commencé en fait en 4e Neo Alta : les élèves sont prêts à tout et toujours partant. La professeure s’est fait la main puis a rectifié certains tirs. Nous étions dans la révolution française et l’enseignante voulait continuer le chapitre avec l’étude de deux acteurs Robespierre et Napoléon Bonaparte. La classe a été divisée en deux, chaque moitié travaillant sur l’un des deux personnages historiques. Ce travail a duré deux ou trois heures. La professeure a annoncé l’objectif : « Vous devrez préparer un cours d’un quart d’heure sur votre personnage historique.  Vous serez tour à tour professeur et élève ». Dans un premier temps, les robespierristes se sont rassemblés avec la prof pour une étude très, très guidée, de documents ; les élèves ayant pour mission de suivre, comprendre, poser des questions, prendre des notes s’ils voulaient. Les autres travaillaient seuls ou en duos pour compléter la fiche biographique de Bonaparte. Ensuite, les groupes se sont échangés. A la maison, à partir de leurs notes, de la fiche biographique et du travail avec la professeure, à la maison, chacun devrait préparer son cours. Dans un deuxième temps, le professeur a annoncé les duos et les cours ont commencé, par Robespierre. Au bout d’un quart d’heure, les élèves ont changé de rôle. La professeure a observé ce qui se passait. Chacun a pris son rôle au sérieux. Tous avaient préparé un cours. C’est d’ailleurs amusant de voir les élèves professer : ils reproduisent les représentations qu’ils ont (qu’ils voient, qu’ils vivent ?) de l’acte d’enseignement. Ils ont prévu des lectures, des questions, des études de documents, un résumé. Chacun a été engagé dans la tâche ; les « professeurs » ont accompli leur mission avec conscience ; les « élèves » ont suivi les indications et ont fait sérieusement ce qui leur a été demandé, l’auteure n’a pas eu à utiliser le « bras armé de la république ». L’expérience s’est arrêtée là, c’est sans doute un tort et c’est probablement pourquoi l’auteure a souhaité recommencer avec les 3e, avec quelques infléchissements dans le déroulement.

 

Le chapitre porte sur « Résistances et collaboration pendant la seconde guerre mondiale ». Une nouvelle fois la classe est séparée en deux cependant il n’y a pas d’apport fait par la professeure qui veut sortir d’une longue série de cours magistraux, cf. chapitre 2 sur l’autonomie ; les élèves prennent leurs informations à partir des leçons du manuel et d’un dossier documentaire ; ils peuvent également utiliser les manuels des autres éditeurs ou plus anciens à disposition dans la salle. Evidemment, la professeure est à leur disposition. Les élèves peuvent pour cette phase travailler à deux. En travail personnel hors de la classe, ils doivent à leur tour préparer un cours d’un quart d’heure en prévoyant à l’avance une trace écrite. L’heure suivante, les « cours commencent » avec Pétain et la collaboration. Première modification, à la suite de ce temps, la professeure a repris la main et invité les élèves à poser des questions. Il y en eut quelques-unes, des demandes d’éclaircissement essentiellement. Deuxième modification, chacun sur une demi-feuille a dû écrire ce qu’il avait compris sur la collaboration (en précisant s’il était élève ou professeur). Ensuite, les élèves ont changé de rôle. Et se sont succédés le « cours », les questions et le petit résumé sur ce qui a été compris de la résistance. Enfin, troisième modification, les 3e devaient conclure en écrivant s’ils estimaient avoir plus appris en étant « élève » ou en étant « professeur ». Les résultats de ce petit sondage sont sans appel : quatorze élèves ont déclaré avoir plus appris quand ils étaient professeurs. L’un d’eux le justifie en écrivant : « J’ai dû préparer sérieusement car je voulais être capable de répondre aux questions qui risquaient de m’être posées. » Une autre explique qu’elle a davantage appris car elle a tout d’abord fait les activités préparatoires puis elle a révisé en préparant son « cours » et enfin elle l’a revu quand elle a travaillé avec son binôme. Au final, elle a bien appris car elle a fait le travail trois fois. Sept élèves restent campés sur le fait qu’on apprend mieux en étant élève. Persistance des représentations ?

[1] Philippe Meirieu, Des lieux communs aux concepts-clés, ESF, 2013 et Claude Lelièvre, sur son blog, « Par-delà le dérapage » d’Antoine Prost, 7 mai 2016,  https://blogs.mediapart.fr/claude-lelievre/blog/070516/par-dela-le-derapage-dantoine-prost   

posted by anniedim in Non classé and have No Comments

Blog 3

Ceci est un complément à la page 19 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan .

Des registres comme grille d’analyse

A partir de ces recherches, E. Bautier, A. Boulin et P. Rayou proposent une analyse[1] mettant en jeu des dimensions différentes et complémentaires qu’ils nomment les registres de l’apprentissage scolaire. Ils permettent d’en comprendre les enjeux, en particulier pour les élèves en difficultés scolaires.

Le registre cognitif relève des fonctions intellectuelles qui permettent d’apprendre, de réfléchir, d’élaborer, de construire.

Le deuxième registre est dit culturel, il est constitué de savoirs académiques et de connaissances générales sur le monde non réductibles à la sphère scolaire, mais donnant lieu tout autant à des classements et à des hiérarchisations.

Le troisième registre relève des composantes identitaires et symboliques en jeu, volontairement convoquées ou non par l’élève, liées à ce que l’accès à un savoir requiert et construit un certain type d’identité personnelle et relie à une communauté pour laquelle il vaut et à laquelle justement l’élève veut adhérer ou non, consciemment ou non

L’enquête montre une grande diversité de répartition de ces trois registres parmi les élèves. Il semble que lorsque ces registres sont bien équilibrés entre eux, l’apprentissage se fasse de manière fluide, en mode sans échec comme dit l’ordinateur. Les difficultés sont perçues comme inhérentes à l’apprentissage et l’élève, en faisant preuve de persévérance, va s’en sortir peu ou prou.

Ce qui pose problème, ce sont les individualités d’élèves pour lesquels ces registres sont déséquilibrés. Cette grille d’analyse peut permettre de comprendre en quoi certains dispositifs d’aide ne fonctionnent pas avec eux. C’est le cas notamment lorsqu’ils jouent sur un registre inapproprié par rapport aux problématiques que rencontre l’élève. Par exemple quand le dispositif relève du registre culturel, par exemple un atelier théâtre, mais que l’élève n’y voit qu’un moment agréable passé avec ses camarades sans faire le lien avec des textes étudiés en classe. Pour d’autres, le troisième registre soutenu cette année-là par une équipe pédagogique à l’écoute et congruente, va permettre la réussite du jeune dans le registre cognitif.

 

Un exemple d’expérimentation : 3e de remotivation

Cette expérimentation[2] a été proposée à la suite d’un constat : l’année précédente avait été marquée par un fort pourcentage d’élève de 3e désinvestis du travail scolaire et une vingtaine d’élèves du même profil était signalée par les équipes de professeurs des classes de 4e. S’y ajoutait la suppression de la classe de 3e d’insertion, ce qui permettait de disposer d’une équipe de professeurs volontaires, habitués à travailler en collaboration et face à des élèves en grande difficulté. L’équipe administrative et pédagogique a décidé de monter un projet de classe pour ces élèves. Les efforts ont porté sur la prévention du décrochage et le travail scolaire des élèves de manière à ce qu’ils puissent obtenir une orientation choisie. La maîtrise du socle commun et le Diplôme national du brevet étant visés également à ce titre.

Cette classe était une 3e générale dans laquelle les horaires étaient le mêmes que les autres 3e. Elle a concerné une vingtaine d’élèves chaque année.

Les causes de démobilisation étant multiples, l’idée était de proposer des projets d’ordres variés de manière à toucher le plus d’élèves possibles. L’auteure dirait maintenant travailler sur les trois registres.

–          Cinq journées de découverte des métiers et d’entreprises au premier trimestre.

Elles ont été construites avec l’association de bénévoles retraités AGIRabcd[3], qui fait partie de la Réussite Educative de la ville de Trappes. L’objectif était, en plus des découvertes, de donner la possibilité de faire des stages dans des entreprises qui auraient été difficilement accessibles et d’essayer de se projeter dans d’autres métiers que le commerce.

Les bénévoles de l’association proposaient des possibilités de visites d’entreprises grâce à leurs réseaux personnels. Ils se sont mis à disposition avec leur voiture pour emmener des petits groupes de 3 ou 4 élèves (jusqu’à six pour la SNCF) et pour les cinq journées.

–          Stage de deux semaines au deuxième trimestre

–          Présentation orale du stage

Elle avait lieu devant un jury comprenant un membre de l’association AGIRabcd, et était également prise en compte pour l’évaluation d’items du socle.

–          Stage facultatif d’une semaine au troisième trimestre

–          Présence des élèves au conseil de classe du 2e trimestre

Chaque élève était présent au moment concernant leur cas.

Le conseil de classe était précédé d’un entretien[4] individuel de préparation avec le professeur principal et un membre de l’association AGIRabcd.

–          Travail autour de la connaissance et de la présentation de soi

–          Le mur de la fierté[5] 

Chaque élève avait une pochette plastique à son prénom sur l’un des murs de la salle de classe du professeur principal et y glissait les objets scolaires de fierté et selon son choix.

–          Projet en atelier arts-plastiques

–          Des ateliers pour travailler autrement[6]

Proposés par trois professeurs, en tiers de classe, choisis sur des compétences à améliorer ou des thèmes qui les intéressent.

–          Un atelier de mobilité

En mini-groupes, chacun devait se rendre, dans une demi-journée en début d’année, sur un lieu de formation (lycée ou CFA) avec déplacement en train, bus et à pied. Chaque groupe était encadré par un professeur et/ou un membre de l’association AGIRabcd.

–          Sortie de début d’année

–          Projet de sortie organisée par les élèves

Les élèves se renseignaient par petits groupes sur des sorties possibles (contraintes de coût et de date) et présentaient le résultat de leurs recherches à la classe. Celle-ci votait et le projet choisi était organisé avec le soutien du professeur principal.

–          Formation aux premiers secours (PSC1)

Titre : les différents projets proposés en 3e de Remotivation

Une concertation était prévue environ une fois par mois pour un bilan et l’avancée des projets. Suivant l’ordre du jour et la disponibilité de chacun, elle était ouverte aux professeurs, au CPE, au chef d’établissement, à tout membre de la communauté éducative et bien sûr aux bénévoles de l’association.

Un bilan a été proposé à la MAE (Mission d’appui à l’expérimentation, devenue CARDIE) chaque année avec les indicateurs choisis, tant quantitatifs que qualitatifs comme des questionnaires aux élèves, familles, professeurs.

Au bout de trois années de fonctionnement, il a été décidé de proposer plusieurs de ces de dispositifs à toutes les classes de 3e. Certains perdurent encore dans l’établissement.

 

Ce n’est bien sûr pas un modèle mais un exemple de ce qui peut être fait, à relativement bas coût. Cela a donné aux élèves concernés la possibilité de ne pas décrocher, d’obtenir une orientation moins imposée. Et pour ceux qui sont revenus voir leurs anciens professeurs au collège, une poursuite d’étude pour certains inespérée. En témoigne cet élève se présentant devant son ancien professeur principal en lui disant « Vous ne devinerez jamais ce que je fais maintenant … : comme vous ! je viens d’être engagé comme professeur ». Après une classe de BEP, il a obtenu un Bac professionnel suivi d’une licence professionnelle. On ne saura jamais l’impact réel de cette classe sur son parcours, mais ce qui est observable, c’est qu’effectivement, il n’a pas décroché en 3e, et que son orientation lui convenait.

[1] Dans Qu’est-ce qui soutient les élèves, Dispositifs et mobilisation dans divers établissements scolaires ; Coordination AM Benhayoun IFé ; Les registres de l’apprentissage scolaire E. Bautier, A. Boulin, P. Rayou

[2] Collège Le village, Trappes (78) de la rentrée 2011 pendant trois ans, expérimentation suivie par la Misson d’appui aux expérimentations de l’académie de versailles

 

[3] http://www.agirabcd.org/

[4] Dispositif décrit dans la partie 3, chapitre 5.

[5] Dispositif décrit dans la partie 3, chapitre 2.

[6] Dispositif décrit dans la partie 2, chapitre 4.

posted by anniedim in Non classé and have No Comments

buy windows 11 pro test ediyorum