Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Blog 22

Ceci est un complément à la page 56 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan. (Le 1er « blog 22 »!)

Quand on surveille un Gr.App., on peut être surpris par les remarques des élèves. Afin de les aider, le professeur écrit au tableau les matières au programme du jour ou affiche l’emploi du temps numérisé. En même temps, il demande : « qu’avez-vous appris ? » Souvent, les réponses sont sidérantes mais pas inattendues :

– Rien, on a fait des exercices

– On n’a rien appris car on a passé l’heure à faire une compréhension orale.

– On a corrigé la dictée/les exercices/ un travail/etc.

– on était sur les ordinateurs.

Sans soupir de désespoir, le professeur commente qu’un exercice sert à apprendre ou réviser une notion ; qu’en corrigeant tel ou tel travail, on peut avoir personnellement tout à coup réalisé quelque chose et donc appris ; qu’à propos de la compréhension orale, on pourrait au moins expliquer quel en était le sujet, quelques termes retenus. Pour l’instant, cela relève de l’incantation humaniste sans portée pédagogique. Pour faire bref, les élèves en écrivent à peine plus sur le cahier d’apprentissages.

Et pourtant, en classe, quand le professeur, d’histoire par exemple, demande en début de cours d’ouvrir le cahier des apprentissages et de résumer ce qu’on sait déjà sur tel chapitre, les élèves écrivent assez longuement. Voilà un paradoxe qui mériterait d’être étudié de manière plus approfondie.

Lors d’une séance de Gr.App. encadrée par l’auteure le 4 décembre 2015, avec des élèves de 4e, certains dans Neo Alta pour la deuxième, une « bonne » question a (enfin) été posée.

« Est-ce qu’on doit écrire ce qu’on a fait ou bien ce qu’on a appris ? »

Un petit débat « sauvage » s’est engagé entre quelques élèves duquel il ressort que travailler ou apprendre c’est pareil. Mais pas pour la même raison. Pour les uns il semble qu’ils ne font pas la différence entre les deux activités ; et pour les autres, en faisant, on apprend. L’heure avançant, le professeur a demandé d’écrire « ce qu’on ne savait pas avant ou dont on n’était pas sûr et que maintenant on sait, on en est plus certain. »

Si on se reporte aux extraits des cahiers d’apprentissage de Camille et Arthur, élèves de 5e, donc première année dans Neo Alta, on peut constater une évolution assez nette au cours de l’année entre « j’ai fait » et « j’ai appris ».      Cf les cahiers de Camille et d’Arthur dans le blog 21.

En Septembre, Camille n’a manifestement pas compris à quoi sert ce cahier. Elle l’oublie souvent probablement puisqu’on peut lire bien peu de dates dans la marge alors que la classe dispose d’un Gr.App hebdomadaire. En octobre, elle commence à raconter ce qu’elle a fait dans la journée. C’est en novembre qu’on voit apparaître quelque chose qu’elle a appris mais qui n’a rien de scolaire: sa camarade lui a montré comment dessiner un chien. A partir de fin novembre, enfin, elle commence l’inventaire de ce qu’elle a « retenu » des cours: des éléments de grammaire, le calme indispensable dans les vestiaires[1], le partage de l’empire de Charlemagne.

Arthur, après la même démarche que Camille lors de la première séance, dès la semaine suivante peut commencer à écrire ce qu’il sait. Dès la fin septembre, il repère ses difficultés « je ne sais pas nager avec la planche ». Une page de la deuxième moitié de l’année montre une très forte évolution. le garçon fait la liste des ressources qu’il a mémorisées du cours d’histoire. Pour la géométrie, il reproduit ou réinvente le schéma des angles d’un triangle rectangle.

Dans les deux cas, on constate que le cahier d’apprentissage est devenu un outil, un objet personnel: chaque élève y a mis des dessins, parfois des couleurs. Camille comme Arthur expriment leurs émotions. Ils écrivent avec des abréviations, aucun des deux ne tient vraiment son cahier avec soin. Ce cahier des apprentissages n’est pas destiné à être ramassé, lu, évalué. ainsi, ce que signifie le grand point d’interrogation rouge en regard des nombreuses ressources écrites par Arthur concernant l’art roman ? N’est-il pas certain d’avoir tout retrouvé ? Ne voit-il aucun intérêt à apprendre cette leçon ?

 

A la fin de l’année 2015, les 5e et 4e Neo Alta ont répondu à un sondage sur leurs méthodes de travail, notamment pour apprendre leurs leçons. Hélas, seuls deux élèves de 5e et une seule en 4e font référence au cahier d’apprentissage ! Faut-il en déduire que c’est un outil inefficace ? L’auteure fait deux autres hypothèses. Un Gr.App hebdomadaire, c’est trop peu pour que les élèves se saisissent d’une nouvelle manière de travailler. D’autre part, trop peu de collègues de la structure utilisent ce cahier en début de cours pour réactiver le cours précédent ou pour répondre à la « question du jour » ou encore pour faire relire un petit résumé que chacun aurait écrit en fin de l’heure d’avant. On voudrait faire passer le message qu’un cahier d’apprentissage ne sert à rien qu’on ne s’y prendrait pas autrement. A la décharge des collègues, faisons une troisième hypothèse. L’enquête menée auprès des élèves montre que pour apprendre les leçons ils s’accrochent à cette bonne vieille méthode du « je la lis » y compris les 4e dont la plupart ont déjà une année dans Neo Alta. Si la seule lecture suffisait pour apprendre, cela se saurait. Malgré les efforts en classe et en Gr.App de quelques collègues, il est très difficile apparemment de faire changer les pratiques des élèves. Cela se vérifie également des pratiques pédagogiques. Les collègues de Neo Alta sont volontaires, attentifs à leurs élèves, prêts à travailler en équipe ; cependant tous ne parviennent pas à transformer leurs pratiquer, à essayer autre chose, malgré les trois stages de formation continue qui ont accompagné la mise en place de cette expérimentation.

Est-ce pour autant qu’il faille abandonner les cahiers d’apprentissage ? Non. Voilà un outil peu coûteux, un ancien cahier auquel il reste des pages fait l’affaire, simple à utiliser pour les élèves, peu chronophage pour les enseignants. L’auteure a la certitude d’une réelle plus-value pédagogique, constatée dans ses cours. Pour que les élèves s’en emparent, il faut plus de temps. Sans doute également pour les collègues.

[1] Longue discussion des professeurs avec les classes. Ensuite il n’y avait plus le temps d’aller dans l’eau.

 

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Blog 21

Ceci est un complément à la page 55 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Des cahiers d’apprentissage pour apprendre les ressources

 

La structure Neo Alta existe depuis Septembre 2013. Dès l’origine, il a été prévu un temps de travail personnel, le Gr.App (Groupes d’apprentissages) en fin de journée, autant de fois que possible dans la semaine. Ce temps d’étude est au volontariat des élèves.

Deux exemples de cahiers d’apprentissage:    cahiers Camille Arthur

Très vite, il a semblé indispensable de cadrer ce temps de travail personnel face à la difficulté pour les élèves de rendre ce temps efficace. D’autre part, quelques membres de l’équipe souhaitaient mettre en œuvre l’idée suivante[1] : les leçons découvertes dans la journée pendant les cours doivent être réactivées le soir-même pour éviter un oubli trop important et donc un trop grand effort de mémorisation la semaine suivante.

Il a donc été mis en place un rituel de travail et un cahier dédié nommé « cahier d’apprentissages »[2]. Celui-ci est sensé servir en classe, par exemple en début de cours pour se remémorer ce qui a été travaillé au cours précédent et/ou ce qui était à apprendre ; ou bien en fin de séance pour prendre le temps de la réactivation immédiate, et non de la synthèse, plus difficile, à faire collectivement avec le professeur. Ou encore pour pratiquer des « Que sais-je ?[3] » Ce n’est pas actuellement fait régulièrement ; ce n’est pas devenu une pratique pédagogique généralisée à l’ensemble des enseignants dans Neo Alta.

Ce cahier d’apprentissages sert également le soir en Gr.App. puisque le rituel prévoit que les premières minutes sont consacrées à la remémoration de ce qui a été appris dans la journée. Individuellement dans un premier temps, très court ; puis en binôme pour enrichir, compléter ce qui a été retrouvé.

Ce qui est écrit pendant les premières minutes est bien souvent très court et ressemble à une petite liste au pire, à un catalogue au mieux.  (pour une suite, cf blog 22)

[1] Tony Buzzan, Une tête bien faite, Editions d’organisation, 2004, page 79.

[2] cf. les travaux de Jacques Crinon, relayés par les articles d’Anthony Lozac’h sur Ecole de demain,  https://ecolededemain.wordpress.com/2013/01/30/le-cahier-des-apprentissages-pour-remplacer-les-devoirs/ et https://ecolededemain.wordpress.com/2013/02/24/le-cahier-des-apprentissages-de-la-theorie-a-la-pratique-dans-les-classes/

[3] cf. Socle commun et compétences, pratiques pour le collège, ESF, 2011 (Di Martino et Sanchez), voir un exemple dans la Partie 3, chapitre 1 : les échelles d’évaluation

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Blog 19

Ceci est un complément à la page 53 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Un dispositif de classe : apprendre par un enseignement mutuel , un exemple en mathématiques

En mathématiques aussi, on peut aller plus loin en proposant aux élèves de faire le cours. Pour un chapitre qui peut être découpé en plusieurs parties, on demande aux élèves de choisir celle qui les intéresse le plus. Ils sont alors répartis en petits groupes qui ont pour mission de préparer puis de présenter le cours à la classe. Par exemple, un chapitre de 5e de géométrie sera découpé en : unités de longueurs, médiatrices, hauteurs, inégalité triangulaire, construction de triangles connaissant les trois longueurs des côtés. Des ressources sont mises à disposition : différents manuels, accès internet, possibilité de se rendre au CDI. Le professeur est lui-même une ressource bien sûr. Selon leur degré d’avancée et l‘ordre des parties de la leçon, les groupes présentent les résultats de leur recherche. La mise au propre de leurs notes est alors photocopiée et distribuée pour devenir la référence du cours. Parallèlement, chaque élève s’entraine aux exercices du plan de travail individuel dans le même groupe. Si une partie n’est choisie par personne, c’est le professeur qui la présente. Dans cette classe de 5e, dans laquelle la moitié des élèves était en résignation apprise mâtinée de perturbation du cours, la proposition de ce type de travail a permis à un grand nombre de se prendre au jeu, de s’apercevoir qu’ils étaient capables d’apprendre et de faire apprendre leurs camarades. De la résignation apprise, la plupart est passée à une implication qui a nettement amélioré le climat de la classe. Les élèves s’encourageaient et se félicitaient. Ayant repris confiance en eux, en leur classe et sans doute aussi dans leur professeur, la suite des cours de maths a été apaisée et plus efficace pour chacun.

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Blog 18

Ceci est un complément à la page 53 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Un dispositif de classe: apprendre par un enseignement mutuel, un exemple  en histoire

Et pour nos élèves ? Sans mettre les élèves dans le même dispositif, les auteures utilisent également une méthode qui s’en approche : « Apprendre par un enseignement mutuel ».

Voici un premier exemple en histoire. 2016- 2017, en 3e, la classe est rebelle, tour à tour apathique et agitée. Elle réclame du cours magistral ; celui-ci se déroule très bien ; le calme est impressionnant, on n’entend que les plumes glisser sur les cahiers d’écolier. L’auteure pense qu’une classe qui ne fait pas de bruit, à moins qu’elle soit en contrôle, est une classe dont les élèves ne travaillent pas. Le silence est alors le signe de l’électroencéphalogramme plat momentané. Donc, le magistral c’est bien mais on ne peut pas y passer l’année. Il va bien falloir que ces enfants se mettent en activité intellectuelle, s’impliquent, travaillent, apprennent. Ce qui suit se réfère à une très ancienne forme d’enseignement, l’enseignement mutuel[1]. Le maître faisait la leçon à quelques élèves plus avancés en âge ou en savoirs. Ceux-ci ensuite allaient la donner aux autres élèves, par petits groupes. L’auteure s’est demandé si cette manière de faire pouvait trouver sa place en cours de nos jours, comment cela allait se dérouler et avec quelle efficacité.

L’expérience a commencé en fait en 4e Neo Alta : les élèves sont prêts à tout et toujours partant. La professeure s’est fait la main puis a rectifié certains tirs. Nous étions dans la révolution française et l’enseignante voulait continuer le chapitre avec l’étude de deux acteurs Robespierre et Napoléon Bonaparte. La classe a été divisée en deux, chaque moitié travaillant sur l’un des deux personnages historiques. Ce travail a duré deux ou trois heures. La professeure a annoncé l’objectif : « Vous devrez préparer un cours d’un quart d’heure sur votre personnage historique.  Vous serez tour à tour professeur et élève ». Dans un premier temps, les robespierristes se sont rassemblés avec la prof pour une étude très, très guidée, de documents ; les élèves ayant pour mission de suivre, comprendre, poser des questions, prendre des notes s’ils voulaient. Les autres travaillaient seuls ou en duos pour compléter la fiche biographique de Bonaparte. Ensuite, les groupes se sont échangés. A la maison, à partir de leurs notes, de la fiche biographique et du travail avec la professeure, à la maison, chacun devrait préparer son cours. Dans un deuxième temps, le professeur a annoncé les duos et les cours ont commencé, par Robespierre. Au bout d’un quart d’heure, les élèves ont changé de rôle. La professeure a observé ce qui se passait. Chacun a pris son rôle au sérieux. Tous avaient préparé un cours. C’est d’ailleurs amusant de voir les élèves professer : ils reproduisent les représentations qu’ils ont (qu’ils voient, qu’ils vivent ?) de l’acte d’enseignement. Ils ont prévu des lectures, des questions, des études de documents, un résumé. Chacun a été engagé dans la tâche ; les « professeurs » ont accompli leur mission avec conscience ; les « élèves » ont suivi les indications et ont fait sérieusement ce qui leur a été demandé, l’auteure n’a pas eu à utiliser le « bras armé de la république ». L’expérience s’est arrêtée là, c’est sans doute un tort et c’est probablement pourquoi l’auteure a souhaité recommencer avec les 3e, avec quelques infléchissements dans le déroulement.

 

Le chapitre porte sur « Résistances et collaboration pendant la seconde guerre mondiale ». Une nouvelle fois la classe est séparée en deux cependant il n’y a pas d’apport fait par la professeure qui veut sortir d’une longue série de cours magistraux, cf. chapitre 2 sur l’autonomie ; les élèves prennent leurs informations à partir des leçons du manuel et d’un dossier documentaire ; ils peuvent également utiliser les manuels des autres éditeurs ou plus anciens à disposition dans la salle. Evidemment, la professeure est à leur disposition. Les élèves peuvent pour cette phase travailler à deux. En travail personnel hors de la classe, ils doivent à leur tour préparer un cours d’un quart d’heure en prévoyant à l’avance une trace écrite. L’heure suivante, les « cours commencent » avec Pétain et la collaboration. Première modification, à la suite de ce temps, la professeure a repris la main et invité les élèves à poser des questions. Il y en eut quelques-unes, des demandes d’éclaircissement essentiellement. Deuxième modification, chacun sur une demi-feuille a dû écrire ce qu’il avait compris sur la collaboration (en précisant s’il était élève ou professeur). Ensuite, les élèves ont changé de rôle. Et se sont succédés le « cours », les questions et le petit résumé sur ce qui a été compris de la résistance. Enfin, troisième modification, les 3e devaient conclure en écrivant s’ils estimaient avoir plus appris en étant « élève » ou en étant « professeur ». Les résultats de ce petit sondage sont sans appel : quatorze élèves ont déclaré avoir plus appris quand ils étaient professeurs. L’un d’eux le justifie en écrivant : « J’ai dû préparer sérieusement car je voulais être capable de répondre aux questions qui risquaient de m’être posées. » Une autre explique qu’elle a davantage appris car elle a tout d’abord fait les activités préparatoires puis elle a révisé en préparant son « cours » et enfin elle l’a revu quand elle a travaillé avec son binôme. Au final, elle a bien appris car elle a fait le travail trois fois. Sept élèves restent campés sur le fait qu’on apprend mieux en étant élève. Persistance des représentations ?

[1] Philippe Meirieu, Des lieux communs aux concepts-clés, ESF, 2013 et Claude Lelièvre, sur son blog, « Par-delà le dérapage » d’Antoine Prost, 7 mai 2016,  https://blogs.mediapart.fr/claude-lelievre/blog/070516/par-dela-le-derapage-dantoine-prost   

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Blog 13

Ceci est un complément aux pages 38 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Autonome dans le travail à la maison ?

Il n’a été question jusqu’ici que de pratiques en classe. Est-ce que l’on pourrait envisager que l’autonomie se construit également, non pas en-dehors de l’école mais aussi en-dehors de l’établissement ? C’est ce que l’auteure a voulu savoir en tentant l’expérience suivante. En 2015- 2016, il a été proposé à trois classes de faire leur travail personnel en choisissant un degré d’autonomie. Cette expérience s’inscrit dans le droit fil des conférences de l’IFE sur le travail personnel de l’élève[1]. Chaque classe s’est vue proposer de faire ses devoirs non pas de manière classique (le professeur donne les devoirs et les élèves en font tout … ou partie) mais selon un degré d’autonomie choisi par l’élève lui-même. Les devoirs sont indiqués grosso modo pour un chapitre entier et non pas d’un cours pour l’autre. En début de chapitre, l’expérience est expliquée à la classe, chaque élève détermine son degré d’autonomie. Le professeur met alors en ligne sur l’ENT les documents nécessaires, un document par degré d’autonomie. Le cours se déroule normalement selon ce qu’a prévu le professeur. Cependant, les élèves sont invités à montrer au fur et à mesure ce qu’ils ont appris. En fin de chapitre, chacun doit remplir un petit bilan de son travail personnel, qui est ramassé. A quoi ressemblent les consignes, cf un autre article sur un autre blog. [2] ?

En 6e, nous commençons « les débuts du judaïsme », pour le degré 1 (le plus bas), « je fais ce que le professeur demande », lire § C p 50 (de la leçon dans le manuel), mémoriser les définitions de « Les Juifs » et « La diaspora », noter le repère « début de l’écriture de la Bible : VIIIème siècle A.C. » dans le cahier et en faire une phrase, apprendre la leçon dans le cahier.

En 4e, en Géographie sur le chapitre des « pays les moins avancés », en degré 2, « je choisis ce que je veux faire pour apprendre parmi les activités proposées dans le tableau ». Ces activités sont organisées autour de quatre entrées : lire, écrire, apprendre et autre. En lecture, en sus de leçons dans le manuel est proposée la consultation d’un ouvrage documentaire sur le Mali à choisir grâce à e_sidoc. En rédaction, le professeur demande d’établir une liste d’informations sur le Bengladesh à partir des documents du manuel ou encore d’analyser un graphique ou bien d’inventer un quizz. Pour ce qui est d’apprendre les propositions vont du vocabulaire à l’apprentissage d’une carte ou d’un résumé. Enfin, dans la colonne « autre », les élèves peuvent choisir de regarder une vidéo du site.tv ou d’aller au CDI établir une biographie sur un PMA.

En 3e, nous commençons le chapitre « effondrement et refondation de la république ». Il s’agit d’étudier les réactions des français pendant la seconde guerre mondiale. Pour le degré 3, la consigne est simplement « je me débrouille. A moi de jouer ou plutôt de faire ce qu’il faut pour apprendre ».

Quelles sont les résultats de cette expérience ? Ce qui suit n’a aucune valeur scientifique, il ne s’agit pas d’une enquête menée avec la rigueur sociologique nécessaire. Ce sont seulement quelques constats. Tout d’abord, quel degré d’autonomie les élèves ont-ils choisi ? Dans les trois classes c’est le degré 2 qui a recueilli le plus de suffrages. En 6e, quatre élèves ont choisi le degré 1 et aucun le degré 3. En 4e et en 3e, un seul a voulu faire ce que préconisait le professeur et un seul également a souhaité se débrouiller seul pour apprendre. Le nombre d’activités choisies et prévues montre les « appétits » différents des élèves et 2 à 8 sur 15 en 6e, de 4 à 11 sur 12 en 4e et de 3 à 8 sur 14 en 3e. En 6e, on a choisi plutôt dans la colonne « lire » et « apprendre » est la moins cochée. En 3e, est-ce parce qu’il s’agit d’une classe d’examen pour l’histoire-géographie, presque tous les élèves ont sélectionné des activés dans le « apprendre » et tous au moins une leçon du manuel à travailler.

Mais les élèves ont-ils fait ce qu’ils avaient prévu ? En fait, non. Ils sont très peu nombreux à avoir fait plus ou autant que prévu. L’écrasante majorité en a fait moins. Mais, souvent, on n’est pas loin du compte (4 sur 5 ou 6 sur 8). En 3e, plusieurs font le constat qu’ils n’ont effectivement pas ENCORE fait ce qu’ils avaient prévu mais qu’ils n’avaient pas terminé. Ce qui est surprenant est que certains ont sélectionné des activités puis en définitive en ont fait d’autres. En 3e, T. reconnait qu’il a tout fait, mais « pas très sérieusement la mémorisation des deux dernières définitions ». En 3e toujours, L. a choisi le degré 3 et s’est établi un programme de travail incroyable avec quatre eurécartes[3] de synthèse des leçons du manuel puis trois activités sur dossier pour approfondir la défaite de la France, le rôle de de Gaulle et un mouvement de résistance ; enfin, elle a travaillé sept notions-clés. Et elle a fait tout ce qu’elle avait prévu. Evidemment il s’agit d’une exception. Cependant, tous les élèves se sont prêté au jeu, ont fourni un travail de qualité, plus abondant dans l’ensemble que ce que le professeur aurait donné comme devoir. Au fil des cours, les élèves étaient invités à montrer leurs connaissances, à expliquer ce qu’ils avaient fait pour les acquérir. C’était très intéressant et riche. Parfois, cela a été une bonne surprise : S. dont l’activité principale cette année-là était de profiter du temps qui passe s’est montré, enfin, un élève intéressé tenant des propos intéressants qui faisaient réellement avancer le travail de la classe.

L’auteure pensait prendre des risques en lançant cette expérience, les résultats ont montré que non. Au final, les élèves se sont investis. Les 6e ont produit des questionnaires et des quizz réutilisables pour d’autres classes par exemple.

Qu’en disent les élèves ?

Enfin, cette expérience s’est conclue par un travail en petits groupes avec la classe de 4e [4]. Ce chapitre finit donc comme il commencé puisqu’il s’agissait pour eux de réfléchir à ce qu’est un élève de 4e autonome. Qu’en disent-ils ?

« Un élève qui n’est pas autonome n’est pas capable de travailler sans obligation ni aide quelconque. Il est également incapable de prendre des décisions seul » (pour trois élèves).

« Un 4e qui n’est pas autonome ne prend pas de responsabilité et demande toujours ce qu’il faut faire. Il ne rend pas ses devoirs à temps, il ne peut pas travailler seul. Il ne s’avance pas dans ses devoirs, les fait la veille. Il ne fait pas ses devoirs jusqu’au bout ou alors rapidement » (pour quatre élèves).

« Un élève qui n’est pas encore assez autonome a besoin d’aide mais lorsqu’il a compris, il peut se débrouiller seul » » (pour quatre élèves).

« Un élève un peu autonome travaille mais n’aime pas trop le faire en autonomie. Il ne sait pas vraiment le faire avec les conseils du professeur » (pour trois élèves).

« Un élève de 4e autonome s’avance dans ses devoirs sans qu’on le pousse à le faire. Il prend des initiatives et ne sollicite pas les professeurs. Il sait faire ses devoirs tout seul et fait parfois plus que ce qu’on lui demande » (pour quatre élèves).

« Un élève autonome peut se débrouiller seul, est capable de se donner du travail et de s’y tenir, sait s’organiser sur ce qu’il doit apprendre. Il peut distinguer ce qui est le plus important à apprendre, ce dont il a impérativement besoin. Il choisit pour quand et quand il doit faire son travail » (pour quatre élèves).

 

L‘analyse un peu plus haut de cette expérience montre que ces élèves n’ont pas toujours fait ce qu’ils avaient prévu. Cependant, l’autonomie, ils savent ce que c’est, ils savent la décrire et nul doute qu’ils atteignent assez rapidement un très haut niveau de maîtrise de cette compétence. Si on considère qu’apprendre c’est tout d’abord comprendre puis mémoriser puis transférer alors on peut penser que ces élèves ont compris ce qu’est l’autonomie ; qu’ils vont progresser petit à petit par le biais de mise en situation de la développer et de s’autoévaluer ; et qu’ils vont tôt ou tard transférer cette maîtrise de leur liberté individuelle vers d’autres situations. A l’école et dans la « vraie » vie.

[1] Cf. une conférence de Patrick Rayou au printemps 2016 (http://formations.inrp.fr/2016-05-03%20p-rayou.mp3  et https://www.youtube.com/watch?v=Z_1nBdUAaBM ) et les ressources très nombreuses mises en ligne depuis (https://www.reseau-canope.fr/education-prioritaire/agir/item/ressources/laccompagnement-du-travail-personnel-des-eleves-organise-et-adapte-a-leurs-besoins.html ).

[2] Pour les documents entiers, voir sur le blog https://lewebpedagogique.com/anniedimartino/2018/11/04/travail-personnel-developper-lautonomie-des-eleves/

[3] Appellation « maison » des cartes heuristiques, parfois écrites eurékartes d’ailleurs.

[4] Il s’agit de la 4ème Neo Alta, une expérimentation menée dans le collège de l’auteure dont un des axes est précisément le développement de l’autonomie chez les élèves. Cf un petit film tourné par Thierry Foulques « Neo Alta un dispositif innovant », https://www.youtube.com/watch?v=XGlNDa0JrrA

 

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