Comment fonctionnent concrètement les pratiques d’organisation démocratiques libertaires ?

  • Souveraineté des collectifs locaux:

Généralement, les organisations libertaires reposent sur des collectifs locaux qui fonctionnent comme de petites assemblées générales souveraines. Le secrétaire de ces groupes n’a qu’un rôle administratif et pas de pouvoir particulier. Il convoque les réunions et propose un ordre du jour qui peut être complété par tout un chacun.

  • L’organisation du débat:

Les décisions sont prises à l’issue de discussions. Un militant est généralement chargé de veiller, par exemple en prenant les tours de parole, à une qualité de débat qui permette à chacun de s’exprimer. La liste québecoise permet par exemple de donner la priorité aux personnes qui n’ont pas encore parlé ou aux femmes, qui généralement parlent peu.

  • Articuler consensus et vote à la majorité: 

Les décisions sont généralement prises au consensus et ce n’est qu’exceptionnellement que l’on vote, en cas d’échec du consensus. C’est d’ailleurs par son caractère construit et progressif que la recherche du consensus se distingue de l’unanimité.

  • Droit des minorités et des individus:

Lorsqu’une décision est prise par la majorité, les minoritaires ne perdent pas leur droit à exprimer publiquement leur désaccord avec cette décision. De même les individus sont libres ou non de l’appliquer. La réalisation de celle-ci ne repose pas sur une “discipline de parti”, mais sur le consentement des membres de l’organisation aux décisions liées aux pratiques démocratiques auxquelles ils ont participé.

  • Mandat semi-impératif: 

Les collectifs locaux élisent des délégués qui sont tenus à un mandat impératif ou semi-impératif. Dans ce dernier cas, les délégués, lorsqu’ils délibèrent avec les autres délégués au cours d’une réunion de la fédération, peuvent ne pas respecter le mandat pour lequel ils ont été élus si cela leur parait pertinent au vu d’un nouvel élément. Néanmoins, les groupes locaux disposent d’un temps limité durant lequel ils peuvent remettre en cause la décision de leur délégué.

  • Contrôle et révocabilité des élus, limitation des mandats: 
Afin d’assurer la continuité des affaires courantes, des secrétariats dûment mandatés sont élus. Ceux-ci doivent appliquer les orientations prises lors des réunions fédérales. L’existence de secrétaires élus évite la formation d’un groupe informel qui gère de fait ce genre de tâches, sans statut officiel. Dans les organisations libertaires, les élus sont contrôlables et révocables à tout moment.
Si la démocratie libertaire suppose une importance accordée aux procédures, il ne s’agit pas pour autant de sombrer dans le “procéduralisme”. Une décision peut-être valide même s’il elle n’a pas été prise exactement selon les procédures si néanmoins sa légitimité n’est pas contestée.