La particularité des personnes socialement privilégiées, c’est qu’elles ne sont pas conscientes de l’expérience sociale des personnes socialement minorisées, par exemple des personnes qui subissent des discriminations.

Nous sommes tous et toutes sous un certain rapport privilégié : personne ne cumule tous les critères de discriminations, ne subi toutes les oppressions sociales.

Pour pouvoir lutter collectivement pour une société plus juste, il est nécessaire que les uns et les autres nous prenions conscience de nos privilèges sociaux et que reconnaissions les oppressions que vivent les autres personnes.

La première étape de conscientisation pour une personne qui est en situation de privilège social relativement à une oppression, c’est donc de prendre conscience de l’expérience vécue des personnes directement concernées.

Il est donc nécessaire de mettre en œuvre des activités qui permettent aux personnes en situation de privilèges de prendre connaissance de l’expérience vécue ou de la vivre eux-mêmes d’une manière qui reste toujours approximative (dans la mesure où cette expérience est nécessairement limitée dans le temps).

Pour cela, les éducateurs/trices peuvent s’appuyer par exemples sur des activités comme :

– des témoignages video, audio ou écrit des personnes directement concernées par une oppression

– des mises en situation expériencielles (pour comprendre par exemple les problèmes d’accessibilité des personnes en situation de handicap).

Il faut être vigilant néanmoins aux expériences de conscientisation. Elles donnent souvent une expérience marquante de conscientisation. Mais, cette conscientisation reste limitée et superficielle si elle n’est pas complétée par une analyse théorique critique de la réalité sociale.

Une erreur commise par certain et certaine éducatrice populaire est de penser que les activités expérientielles suffisent à la conscientisation. Or il peut arriver qu’une expérience puisse donner lieu à une mauvaise interprétation par manque de connaissance sociale critique.

Il ne faut donc jamais proposer des activités expérientielles en elles-mêmes sans un approfondissement par une analyse sociale critique.