L’éducation populaire doit être distinguée de l’animation.

L’animation s’appuie souvent sur un ensemble de techniques dont le but est d’occuper le temps de loisir et de divertir les participants. L’éducation populaire ne vise pas à faire de l’animation.

On voit par exemple bien souvent des pratiques de « brise glace » qui sont de simples techniques d’animation. Cela pourrait être anodin, mais souvent ces pratiques reposent sur des principes de psychologie sociale. On joue sur la soumission à l’autorité de l’animateur/trice et sur le conformisme de groupe.

On s’appuie en réalité sur des ressorts qui ne sont pas ceux que visent à développer l’éducation populaire qui au contraire cherche à développer la conscience sociale critique. Sauf si on utilise ces techniques, justement pour ensuite faire un travail de déconstruction de ces mécanismes de psychologie sociale. Ce n’est pas pour rien, si les formations en entreprise reprennent volontiers ce type de techniques d’animation.

Certes les pratiques d’éducation populaire peuvent recourir à des pratiques de brises glaces qui permettent aux personnes de faire connaissance, de favoriser la prise de parole et la coopération.

Mais, il s’agit en réalité à travers ces pratiques, qui sont pensées comme des mini-enquêtes visant à faire connaissance (par exemple groupe d’entretiens mutuels) de commencer à produire une connaissance collective qui aide le groupe à avancer sur ses objectifs de conscientisation et d’action.

Il est possible de poser des questions du type: quelles activités vous aimez ? quelles activités vous n’aimez pas ? quels problèmes souhaiteriez-vous changez-vous dans votre vie ?

Les questions sur les goûts et les dégoûts permettent d’avancer une réflexion sociologique visant la prise de conscience que nos goûts que nous pensons personnels sont construits sociologiquement. Mais également que ces goûts sont souvent, puisqu’ils sont sociaux, collectifs. Cela veut dire que contrairement à l’approche psychothérapeutique, il ne s’agit pas d’une démarche individualisante et psychologisante, mais collective et sociale, qui va être proposée.

Interroger sur les problèmes, cela permet de commencer à identifier les « causes » autour desquelles les participant-e-s seraient prêt-e-s à se mobiliser et à agir.