Poshli ! (=allons-y !)

Je vais aujourd’hui vous parler du roman Les cosmonautes ne font que passer d’Elitza Gueorguieva. Avant de commencer, j’ai une question à vous poser :

Fun-fact : Connaissez-vous la différence entre « cosmonaute », « astronaute », « spationaute » ou encore « taïkonaute »? La réponse à la fin de cette critique 😉

Iouri (ou Youri) Gagarine, 1er homme à être allé dans l’espace et figure importante de la conquête spatiale soviétique. Source : https://www.europe1.fr/international/Gagarine-le-1er-homme-dans-l-espace-312202

Ce roman nous fait vivre l’histoire d’une jeune bulgare née dans les années 80 sous le régime communiste. Elle apprend  les valeurs de « la mère patrie » dès son plus jeune âge. Le récit nous met dans la peau de la protagoniste, ce qui a pour effet de nous donner directement accès à son ressenti et de nous immerger encore plus dans l’univers de cette fiction, son époque, celle du régime communiste. On peut donc très facilement, et d’une façon déstabilisante, réaliser à quel point l’endoctrinement communiste atteint les enfants de façon prématurée : cela commence dès leur arrivée à l’école (oui, la maternelle !). On leur fait alors l’éloge de la camaraderie, de la conquête spatiale et de ses acteurs : Iouri Gagarine et Valentina Terechkova. Notre héroïne est une enfant parmi beaucoup d’autres qui rêvent de contribuer à la conquête spatiale soviétique. Assez rapidement on arrive à comprendre qu’il y a très sûrement une part d’autobiographie d’Elitza Gueorguieva.

A travers l’histoire de cette enfant dont le nom n’est jamais cité tout au long du récit, on peut différencier deux parties : une enfance rêveuse sous le régime communiste suivie d’une entrée difficile dans la démocratie à partir de la chute du mur de Berlin en 1989, lorsqu’elle avait 8 ans. Puis une adolescence troublée par cette nouvelle situation politique.

Dans la première partie du livre, nous remarquons une enfant innocente, naïve, qui ne rêve que d’une chose : Accomplir la même mission que Iouri Gagarine et aller dans l’espace ! S’ensuit alors un enchaînement de péripéties dont le but est de conquérir l’espace. Il faut alors s’entraîner sportivement, s’habituer à l’apesanteur, construire une fusée et obtenir tout le matériel nécessaire. Bien entendu, ces intentions étant celles d’une enfant, vous imaginez qu’elles ne sont pas sérieuses, et qu’elles nous mènent à des situations encore plus drôles qu’inattendues !

Cependant, « sa mission » est stoppée net par la chute du mur de Berlin et et celle du régime communiste. C’est le début d’une émigration de masse des Bulgares en direction de l’Europe de l’Ouest avec l’espoir d’avoir de meilleures conditions de vie. C’est à cet instant que notre protagoniste réalise, à ses dépens, que tout ce à quoi elle croyait dur comme fer depuis toujours n’est qu’une invention du régime communiste conçue pour former des soldats prêts à tout pour leur patrie. Ce changement brutal a été un bouleversement dans la vie de beaucoup de Bulgares et beaucoup de gens vivant en Europe de l’Est. De plus, le pays qui, aux yeux de notre héroïne était le meilleur pays au monde, le plus grand, le plus riche, n’est en fait qu’un petit pays parmi tant d’autres, relativement pauvre, surtout depuis que sa monnaie (le lev) est confrontée au dollar. Ce qui ne tarde pas à créer une crise économique en Bulgarie, maintenant ouverte au monde entier. La chute du mur de Berlin ayant entraîné une circulation beaucoup moins restreinte des personnes, des biens et des informations, la jeune fille ne tarde pas à découvrir la culture occidentale de l’époque et principalement les groupes de rock ! Son objectif précédemment brisé de devenir une actrice de la conquête spatiale est remplacé par un nouveau rêve : Créer son propre groupe de rock…

Valentina Terechkova, première femme à être allée dans l’espace. De plus, elle est présente sur la 1ère de couverture du livre. Source : https://www.astronomie-nova.fr/2019/06/13/valentina-terechkova-premiere-femme-dans-lespace/

Elle sera cependant confrontée à la corruption d’un gouvernement ne sachant pas comment gérer une transition du pouvoir et aux prises avec le banditisme. Deux choix s’offrent alors à elle : Intégrer la mafia par l’intermédiaire de son cousin qui en fait déjà partie et mener une vie agréable, ou lutter contre celle-ci tout en menant une vie beaucoup plus entravée par les problèmes économiques et les menaces de cette mafia qui contrôle le système. Je vous laisse lire le livre par vous-même pour découvrir son choix, qui entraîne de nombreuses conséquences… 😉

Et vous, à sa place, qu’auriez-vous fait ? Comment auriez-vous réagi ?

J’ai beaucoup aimé ce livre qui nous plonge dans une époque que l’on croit connaître. Il parvient à nous faire comprendre la gravité de ces évènements : une propagande menée auprès des plus jeunes enfants, leurs rêves brisés par la réalité… Le tout en abordant des solutions trouvées pour espérer pouvoir s’en sortir dans un monde soudainement devenu si dur.

Le moment le plus marquant du livre est à mes yeux celui-ci : « époustouflée, haletante, émerveillée, rouge, dépassée, luisante, effrayante, ta mère est au milieu de ta chambre et sautille sur un pied, émet des sons et des cris saccadés, t’embrasse et te secoue, souffle de la fumée de cigarette dans ta figure et t’adresse des paroles incohérentes. […] Le mur de Berlin est tombé, te semble dire ta mère ». On peut ici ressentir le soulagement que la chute du mur a représenté pour beaucoup de gens à l’époque, avant que ceux-ci ne se rendent compte des conséquences, bonnes ou mauvaises que cela pourrait avoir.

En voyant à quel point le livre insiste sur le communisme et son idéologie, je pourrai presque aller jusqu’à dire qu’il m’a fait penser au Manifeste du parti communiste de Karl Marx considéré comme le fondement de l’idéologie communiste.

J’ai été étonné d’apprendre que ce livre n’a pas reçu de prix littéraire tellement je l’ai trouvé abouti ! Je ne peux donc que vous en conseiller la lecture !

Réponse du fun-fact :

Astronaute : Nationalité américaine

Cosmonaute : Nationalité russe

Spationaute : Nationalité européenne

Taïkonaute : Nationalité chinoise

Pour moi, c’est 5 étoiles !

Gueorguieva, Elitza. Les cosmonautes ne font que passer. Gallimard, 04/2018. 183p. Folio. ISBN 978-2-07-276502-5

Vous pouvez retrouver ce livre sur : https://0620056z.esidoc.fr/recherche/Les%20cosmonautes%20ne%20font%20que%20passer

Ps : je voulais mettre le titre de cette critique en alphabet cyrillique mais ce blog ne les reconnait pas : (

Le terme que j’utilise pour le titre de ma critique est une citation de Iouri Gagarine dans un film (dont le titre n’est pas précisé) évoqué dans ce roman.

Samuel COURTIN, 1ère1

Une œuvre brillante !

La parure est l’histoire courte, mais intense, de Mathilde Loisel. Cette histoire se déroule au XIXème siècle.

Mathilde est issue d’une famille d’employés et est mariée à un petit commis de l’Instruction publique. Ils ne vivent pas dans le besoin, mais n’ont pas non plus la possibilité de faire dans le luxe. Alors Mathilde est victime d’un malaise quotidien : elle ne se sent pas faite pour la modeste vie qu’elle mène, mais pour le grand luxe, les mets raffinés, les grands diners pour lesquels elle n’a malheureusement pas les fonds nécessaires. Elle est obligée de se contenter d’une humble demeure aux mûrs défraichis, aux sièges usés et aux vieux draps, le tout accompagné d’un mari à qui tout cela convient parfaitement et qui perçoit son mal-être, sans vraiment pouvoir y faire grand chose. Tout bascule lorsque ce dernier, songeant à faire plaisir à sa femme, arrive à se procurer une invitation au bal du ministère. Mathilde est alors effarée quant à l’idée de paraitre pauvre à côté des autres femmes de ce bal. Elle refuse donc d’y aller si elle ne peut s’y rendre habillée convenablement. M . Loisel lui donne alors quatre cents francs pour s’acheter une belle robe. Mathilde achète alors la robe, mais reste insatisfaite : Elle n’a pas de bijoux pour aller avec sa toilette ! Son mari a alors une idée  : Aller voir Mme Forestier – une riche amie de Mathilde – dans le but de lui demander un bijoux pour la soirée. Mathilde va donc la voir et lui emprunte une magnifique rivière de diamants. Dès lors elle peut se rendre au bal du ministère où elle se fait remarquer de part sa grâce, sa beauté et son élégance hors du commun. Elle est comblée de bonheur ! Cependant, une fois rentrée chez elle, elle réalise que la rivière a disparu de son cou, voici ses paroles (un des passages les plus emblématiques de la nouvelle) : « J’ai… j’ai… je n’ai plus la rivière de madame Forestier ! ». S’en suit alors une débâcle d’endettements pour rembourser ce fameux collier à son amie. Elle découvrira à ses dépends les erreurs qu’elle a commise et qu’elle aurait pu éviter d’une façon très simple… mais je vous laisse lire la nouvelle afin de comprendre de quoi je parle !

Mme Forestier présentant une rivière de diamants à Mathilde dans le film « La Parure » (2007) de Claude Chabrol d’après Guy de Maupassant. (https://nique76.skyrock.com/2946335641-La-Parure-2007-de-Claude-Chabrol-d-apres-Guy-de-Maupassant-Cruelle.html)

Rivière de diamants. (http://litteraturealliancefrancaise.blogspot.com/ 2009 /09/la-parure-de-guy-de-maupassant.html)

Le dénouement de l’histoire nous fait comprendre qu’il ne faut pas se fier aux apparences, tant elles peuvent être trompeuses et avoir des conséquences dramatiques.

J’ai personnellement apprécié cette nouvelle, de par la façon particulièrement dynamique dont s’enchaînent les évènements. On perçoit que cette femme se sent faite pour un autre niveau de vie que le sien, et que cela contribue fortement à son mal-être.

Je trouve que cette histoire correspond parfaitement au thème « Richesse et pauvreté » notamment à travers les moyens financiers du couple Loisel qui restent insuffisants aux yeux de Mathilde qui aimerait dépasser cette condition de petite bourgeoise. On peut remarquer un contraste plutôt marquant dans la nouvelle : La richesse (relative) du couple Loisel, et celle (comme la souhaiterait Mathilde) que son amie possède.

Dans La Parure, Maupassant souhaite dénoncer un défaut du comportement humain : la vanité, qui s’exprime ici à travers une femme qui ne veut pas prévenir son amie qu’elle ne peut la rembourser, préférant s’endetter lourdement plutôt que de paraître pauvre. On pourrait cependant se dire, si l’on souhaitait rester positif, que Mathilde est prête à sacrifier plus de 10 ans de sa vie, passés dans la misère, pour ne pas perdre et décevoir une très bonne amie, à vous de voir… Ainsi, la nouvelle soulève une question importante : Préférez-vous avouer ce que vous êtes, admettre votre condition, ou la cacher mais en payer le prix fort pendant longtemps ? Soulignons que le rythme de la nouvelle est plutôt soutenu et entrainant, on avance très vite sans jamais avoir l’occasion de se lasser un instant. J’étais cependant presque déçu de la courte taille de cette nouvelle tellement elle m’a plu. Je vous invite à la lire !

Cette nouvelle a été adaptée à plusieurs reprises au cinéma et à la télévision : 11 fois au total, de 1909, à plus récemment, en 2006. Cela montre que cette œuvre a suscité un attrait particulier bien qu’elle ait été écrite en 1884 (il y a 136 ans !)

Maupassant, Guy de. La parure et autres nouvelles à chute. Hatier, 09/2012. 95p. classiques & cie. ISBN 978-2-218-94879-4.

Samuel Courtin, 1ère1