Une enquête minutieuse

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dora_Bruder

Dora Bruder est un roman à la fois biographique et autobiographique de Patrick Modiano. Ce dernier en est l’auteur mais également le narrateur. Cette œuvre est présentée comme une enquête où l’écrivain va s’impliquer pour retrouver les traces de Dora Bruder, une parisienne de confession juive disparue pendant l’hiver 1941. Pourquoi fait-il ce travail d’investigation? Tout simplement car il se reconnait dans  l’histoire de cette jeune femme ! 

Dora Bruder raconte ainsi l’histoire de Patrick Modiano qui, un peu plus de 20 ans après la disparition d’une jeune fille de 15 ans, lit dans Paris-Soir, un ancien journal de 1941, l’avis de recherche concernant cette dernière : « ON RECHERCHE une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1 m. 55, visage ovale, yeux gris marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport marron. Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder. 41, boulevard Orano, Paris. ». Suite à cette découverte

L’avis de recherche de 1941 qui a déclenché l’enquête de Modiano Source: https://lereseaumodiano.blogspot.com/2015/06/une-promenade-dora-bruder-inauguree.html

Modiano essaie de trouver des informations sur l’adolescente en cherchant dans les archives, en visitant le quartier où elle habitait au 41,boulevard Orano près de la porte de Clignancourt ou encore en parlant avec des témoins. Tout au long de ce récit le narrateur retrace minutieusement l’histoire de Dora,  détails après détails. Il finit par retrouver les traces de de ses parents, Ernest et Cécile Bruder, tous deux morts à Auschwitz. Cependant l’auteur n’a pas encore les réponses à toutes les questions qu’il se pose mais grâce à son histoire personnelle il va en déduire les réponses manquantes. Et si Dora Bruder était également morte à Auschwitz comme ses parents ?

Un mélange qui vire au flou

Je n’ai pas apprécié ce roman car je trouve qu’il est ennuyant et difficile à comprendre. En effet, on a du mal à se repérer dans l’espace et dans le temps. Prenons l’exemple du début du roman. Dès les premières pages Patrick Modiano nous « bombarde » en quelque sorte de dates, de lieux et d’événements « Clignancourt » , « hiver 1965 » , « Ornano 49-20 » , « rue Championnet », «41 boulevard Ornano » ce qui va directement nous donner du mal à assimiler autant d’informations en si peu de temps et va impacter la compréhension du récit.
Ensuite je n’ai pas apprécié le lien entre l’auteur et Dora Bruder car, selon moi, ce récit n’aurait dû être consacré qu’à l’histoire de Dora et non pas à celle de l’auteur. Tout au long de ce roman le narrateur se reconnait à travers l’histoire de cette jeune fille et cherche minutieusement des indices pour trouver ce qui lui est arrivé. Comme Patrick Modiano ne parvient pas à retracer totalement l’histoire de Dora pendant l’Occupation, il va mélanger son histoire à la sienne ce qui va créer le doute et le flou. En fin de compte, on ne sait toujours pas exactement ce qui est arrivé à Dora, même si on suppose que certaines hypothèses évoquées par l’écrivain soient probables. Je ne vous conseille donc pas ce récit trop complexe et trop flou à mon goût car vous ne connaitrez jamais réellement la vérité et je pense qu’il aurait été mieux si Modiano s’était concentré uniquement sur l’histoire de cette jeune fille.

Bonne lecture à vous !

Modiano, Patrick. Dora bruder. Belin / Gallimard, 05/2020. 207 p. Classicolycée, 169. ISBN 979-10-358-1018-4

Laly PRESSE 1ST2S2Spécial Alsace | Petite Pincée de Sucre

Une vengeance brutale qui fait froid dans le dos !

J’irai cracher sur vos tombes a été écrit par Boris Vian et publié en novembre 1946 sous le pseudonyme de Vernon Sullivan. Il utilise ce pseudonyme lorsqu’il écrit des romans noirs dont les histoires sont souvent provocantes. En effet, ce roman a fait un véritable scandale à sa sortie à cause du caractère sexuel trop explicite de certaines scènes qui ont pu choquer à l’époque, et peuvent encore choquer actuellement …

Photographie de Boris Vian. Source : http://e-sushi.fr/actualites/boris-vian

J’irai cracher sur vos tombes raconte l’histoire de Lee Anderson, un métis à la peau blanche qui quitte sa ville natale pour se rendre à Buckton venger la mort de son frère noir, lynché car il était amoureux d’une femme blanche. Arrivé à Buckton où règne la ségrégation raciale, Lee se revendique blanc aux yeux de tous et obtient un poste d’employé dans une librairie. Le jeune homme s’intègre très rapidement et devient ami avec une bande de jeunes qui ne vivent que par le sexe, l’alcool et la violence. Par la suite, Lee se rapproche des sœurs Asquith, deux jeunes femmes blanches racistes qui vivent dans un milieu aisé. L’une s’appelle Lou et l’autre Jean. Lee a des rapports sexuels avec les deux sœurs et met enceinte Jean. Heureux événement, me diriez-vous ! Eh bien non ! N’oublions pas que Lee veut venger la mort de son frère et pour cela il va commencer par avouer aux deux sœurs qu’il n’est pas blanc ! Dès lors, que fera-t-il pour venger la mort de son frère ?

Le récit attractif et surprenant  d’un antihéros !

         J’ai apprécié ce récit de Boris Vian car il n’a pas peur de dire les choses telles qu’elles sont, il n’essaie pas d’atténuer les actes de Lee, lesquels peuvent être assez choquants, voire même très choquants. Prenons l’exemple du passage dans lequel Lee et Dexter, l’héritier d’une famille riche, violent deux jeunes filles effrayées qui crient au secours tellement elles souffrent. J’ai également beaucoup aimé le fait que, tout au long de son roman, Boris Vian crée une montée d’adrénaline en répétant à plusieurs reprises « je me rappelais tout de même le gosse » sans qu’on sache qu’il parle de la mort du frère de Lee. Le fait de toujours répéter cette phrase installe le suspense ce qui va créer chez le lecteur un sentiment d’attente et d’impatience pour découvrir de qui et de quoi il s’agit.

Source : https://www.decitre.fr/livres/j-irai-cracher-sur-vos-tombes-9782253141433.html

On peut utiliser le terme « d’antihéros » pour qualifier le personnage principal de Lee Anderson. En effet ce dernier ne présente pas les caractéristiques d’un héros traditionnel, ce qui rend ce récit, pour moi, encore plus intéressant. Au diable les bons sentiments ! Nous avons un personnage principal qui ne respecte pas les femmes et va même jusqu’à les violer pour venger son frère ce qui, à mon sens, n’est pas tout de même pas une excuse valable. Cependant, les femmes qui subissent ces actes sont elles-mêmes méprisables tant elles font preuve d’inhumanité quand s’exprime leur racisme. Personne n’est tout blanc ou tout noir en fin de compte !

Malgré cela ce n’est pas un récit que je recommande à tout le monde parce qu’il peut choquer les âmes sensibles et, après l’avoir lu, je comprends pourquoi il a fait scandale à sa parution. Si ce roman était publié à l’heure actuelle, il ne ferait sans doute pas autant scandale, voire pas du tout, car parler de rapports sexuels n’est plus un sujet tabou si ce n’est peut-être encore dans certains milieux. Notre société a évolué depuis l’époque de Boris Vian. Attention cependant, certaines personnes peuvent toujours être en désaccord avec ce récit car il dénigre beaucoup la femme qui passe avant tout pour un objet sexuel.  Prenons pour exemple cette phrase : « Tais toi, je te donnerai cinq dollars de plus«  lorsqu’une jeune fille d’environ 12 ans refuse d’avoir des rapports sexuels avec Lee qui ne lui laisse pas le choix et pense qu’en la payant plus elle va accepter.

J’irai cracher sur vos tombes est un roman très violent dans lequel certains protagonistes connaissent une mort brutale. Il ne faut pas oublier que ce roman a été écrit pour dénoncer le racisme envers les personnes de couleur aux Etats-Unis mais sous une forme peu conventionnelle. Habituellement pour défendre ce genre de cause les gens font des manifestations. Ici Boris Vian utilise le viol et le meurtre à travers le personnage de Lee  pour dénoncer le racisme et se faire entendre.

Pour moi la vengeance de Lee fait froid dans le dos mais est proportionnelle à l’acte qu’à subit son frère. C’est choquant mais au moins le message est bien passé, et peut-être que par ces actes Vian désirait interpeller ses lecteurs et faire en sorte que certaines choses concernant le racisme changent. Malheureusement aux Etats-Unis le racisme envers les personnes de couleur est toujours présent actuellement. Prenons un fait d’actualité qui s’est passé il y a  deux ans : George Floyd a été tué par un policier blanc car il était noir ce qui montre que, même de nos jours, le racisme est toujours bien présent. Faut-il écrire à nouveau un roman qui fasse scandale pour changer véritablement les choses ?

Bonne lecture à vous 🙂

Boris Vian. J’irai cracher sur vos tombes. Livre de poche. 220 p.

PRESSE Laly, 1ST2S2