Bienvenue à Vienna!

Le 20 octobre dernier, les élèves de 2nde 9 et les élèves de 2nde Histoire des Arts se sont rendus à Vienne en Isère. Après une visite du théâtre antique, du temple d’Auguste et Livie et des ruelles de la vieille ville, ils ont pu déambuler dans le Musée archéologique de Saint Romain en Gal.

On leur laisse la parole !

D’après le texte de Mélysse P

Au cours de l’histoire la ville de Vienne a connu de nombreux changements qui peuvent brouiller la lecture du paysage urbain mais le travail des archéologues et des historiens a permis de mieux comprendre ces évolutions. Insistons sur le rôle des Romains qui ont conquis le territoire de ce qui allait devenir Vienna avant de l’agrandir et de l’embellir en y construisant de nombreux bâtiments. En effet, dans l’Antiquité, on trouvait à Vienne les équipements caractéristiques d’une cité romaine : un théâtre (que nous avons visité !) édifié pour rendre hommage à Dionysos le dieu de la vigne et du vin, un odéon, un forum, des temples, mais aussi des infrastructures portuaires qui témoigne de la place que Vienne occupait dans le commerce gallo-romain.

Revenons peut-être sur le théâtre dont les vestiges impressionnent encore aujourd’hui ! Il pouvait accueillir 18000 spectateurs (7000 aujourd’hui), soit l’essentiel de la population de la ville qui rassemblait régulièrement selon une organisation bien précise : Les plus riches et les puissants étaient au premier rang, les esclaves au dernier… Rappelons peut-être que les spectacles qui y étaient donnés étaient gratuits.

Les spectacles, justement… Il s’agissait de tragédies dans lesquelles les dieux romains avaient toute leur place ; leur portée didactique a souvent été soulignée. Les acteurs étaient des esclaves appartenant à de riches citoyens qui finançaient donc la vie du théâtre.

Avec la christianisation de l’empire et la fin du polythéisme, le théâtre a été interdit car il n’était plus licite d’honorer les dieux romains. L’édifice a donc été abandonné et a servi de carrière pour la construction d’autres bâtiments (églises, cathédrale de la ville…) ; les blocs de calcaire et de marbre qui servaient au parement du théâtre se retrouvent un peu partout dans la Vienne moderne. Le site lui-même évolue et les Viennois construisent des habitations dans le théâtre pour héberger une population en augmentation.

De nos jours, le théâtre n’a plus son fond de scène et il manque les décorations et une partie importante des gradins. Mais il n’a pas manqué de nous impressionner… malgré la pluie et la grisaille de cette fin octobre !

D’après le texte de Manel A.

Après le théâtre, nous avons pu découvrir le Temple d’Auguste et de Livie, situé dans l’actuel centre-ville de Vienne. Ce temple romain construit au début du Ier siècle était dédié au culte impérial et permettait d’honorer l’empereur Auguste et son épouse Livie ; et cela jusqu’à la christianisation de l’Empire romain. En effet, le temple devient alors une église chrétienne.

Le temple a été construit entre 27 et 10 avant JC ; il est en calcaire et en marbre. Il connaît de nombreuses modifications par la suite. Il mesure 24 mètres de hauteur et 14,25 de largeur ; il présente 12 colonnes sur la façade et les côtés ainsi qu’une frise. Sur les chapiteaux des colonnes, il y a des feuilles d’acanthe qui le rattachent au style corinthien. À l’intérieur se trouvait, à l’origine, une statue d’Auguste qui a depuis disparu.

Avec la christianisation et le déclin de l’empire, de nombreux temples ont été détruits mais celui de Vienne a, lui, était converti en église au début du VIème siècle et prendre le nom de de Sainte-Marie-la-Vieille, Notre-Dame-de-la-Vieille et Notre-Dame-de-la-Vie.

Aujourd’hui il est classé au titre des monuments historiques et figure sur la liste de 1840. Il est considéré comme l’un des plus beaux monuments de la Vienne antique. 

J’ai pour ma part trouvé l’histoire de ce bâtiment très intéressante ; en le regardant on s’imagine mieux Vienne à cette époque.

D’après le texte de Camille M

Dès le XVIe siècle, érudits et chercheurs se passionnent pour les antiquités qui apparaissent partout sur le territoire de l’ancienne cité. Sur la rive droite, les vestiges des grands thermes publics restés en élévation, et connus sous le nom de Palais du Miroir, attestent de la splendeur passée de la ville romaine. Depuis son ouverture en 1996, le musée livre au sein d’une architecture résolument contemporaine un panorama complet de la vie quotidienne au cours des premiers siècles de notre ère. Portant l’appellation « musée de France », le musée appartient à la catégorie des rares musées de sites français.

La collection est issue de découvertes faites sur place, puis issues de campagnes de fouilles programmées conduites régulièrement depuis 1981.

La visite que nous avons suivie a débuté à l’intérieur du musée ; la médiatrice nous a présenté une plan-relief de Saint-Romain en Gal pour mieux nous situer. Ensuite, elle nous a montré des objets fabriqués et/ou utilisés à l’époque romain pour nous plonger dans l’univers des Viennois. Elle a insisté sur les nombreuses mosaïques présentes dans les maisons. Enfin nous nous sommes rendus à l’extérieur pour découvrir le site archéologique et voir comment s’organisait le quartier : thermes, maisons, échoppes, rues pavées…

J’ai trouvé les explications de notre médiatrice claires et détaillées ; la visite (quoiqu’un peu longue à mon goût !) du site a facilité l’immersion dans l’Antiquité.

D’après le texte de Fantine B.

Au terme de nos visites, nous avons eu la chance d’échanger avec un archéologue su site de Saint Romain. Il s’agit de Jérôme Fage qui nous a expliqué en quoi consistait son métier et quel était son parcours. Retour sur ce temps de partage.

L’archéologie correspond à l’étude de ce qui est ancien ; c’est l’analyse des sources du passé. Une fois cela posé, il convient de préciser que les archéologues peuvent se spécialiser, soit sur une période, soit sur un domaine ; il y a ainsi des archéologues spécialisés dans les fouilles sous-marines, des archéologues spécialistes de la botanique, des animaux, du métal… Certains sont spécialisés dans la reconstitution de paysages en s’appuyant sur la topographie actuelle. D’autres en revanche sont « généralistes ». Il y en a pour tous les goûts !

Pour devenir archéologue, il faut suivre un certain parcours, l’archéologue que nous avons rencontré a passé un bac littéraire avec l’option histoire des arts avant de faire une Licence puis un Master et un Doctorat.

 En France, il n’y a que 3000 archéologues ; c’est peu, surtout si l’on compare avec le nombre de professeurs (850 000 !). Peut-être le salaire assez faible explique-t-il cela ? En effet, il est assez proche du SMIC. Et puis, les conditions de travail ne sont pas toujours très bonnes : dans la boue ou sous un soleil de plomb… et la découverte de trésor est rare !

Pourtant, ce travail peu être très enrichissant ; il permet de se pencher sur les vestiges du passé humain… et pas seulement du passé ancien ! Au jour d’aujourd’hui, beaucoup d’archéologues se penchent en effet sur des vestiges plus récents, comme les tranchées de la Première Guerre mondiale, les bâtiments ou vivaient les esclaves…

Le métier d’archéologue permet aussi de voyager si l’on sait saisir les opportunités. Ainsi, Jérôme Fage est allé sur un site de fouilles en Egypte où il a pu aborder un nouveau terrain sur lequel les conditions de conservation des vestiges diffèrent. Dans le désert, le sol, plus sableux et instable laisse affleurer les vestiges de manière plus évidentes. Lors de ses fouilles en Egypte, Jérôme Fage et ses collègues ont découvert une sorte de grotte qui servait de carrière de pierres pour la construction des pyramides dont la construction durait entre 9 à 10 ans.

Beaucoup d’archéologues disent qu’il faut « faire pour comprendre » (c’est le principe de l’archéologie expérimentale). Par exemple, certains archéologues ont fait une expérience avec une statue moaï afin de mieux comprendre comment ces énormes blocs ont pu être transportés aussi loin des carrières d’où la pierre était extraite. Ils ont pris en compte la forme arrondie de la base de la statue et ont émis l’hypothèse qu’elle pouvait avancer seule si on lui donnait une impulsion. Ils l’ont donc fait se balancer de droite à gauche puis d’avant en arrière et la statue s’est mise à « marcher ». Leur hypothèse semblait donc confirmée !

Tout le monde peut retrouver des vestiges, si quelqu’un trouve un vestige chez lui, il doit le signaler après coup, si cette découverte est fortuite, la personne qui l’a découverte gagne la moitié de la valeur de l’objet ; dans certains cas, elle peut même la conserver. En cas de travaux sur un terrain, des « fouilles préventives » peuvent être réalisées. Dans certains cas, le propriétaire peut obtenir des compensations financières si les vestiges découverts nécessitent une mise en protection.

Jérôme Fage nous a rappelé que le commerce illégal de vestiges archéologiques est sévèrement puni par la loi car l’on considère qu’il nuit à l’intérêt public.

D’après le texte d’Eponine R.

Pour ma part, j’ai été particulièrement intéressée par les mosaïques présentées dans le musée. Notre médiatrice nous a rappelé que les Romains voyaient dans les mosaïques qui décoraient leurs maisons le moyen d’impressionner leurs invités, de leur offrir une sorte de spectacle visuel. Ces mosaïques, situées au sol des salles de réception, dialoguaient avec les fresques murales. Il y avait généralement un thème qui pouvait servir de base à la discussion avec les invités. La finesse et la richesse de ces décorations en disaient long sur le statut social de l’hôte.

La mosaïque est un art assez technique puisqu’il s’agit d’un assemblage de tessons de céramiques ou en pâte de verre. Ces tessons sont colorés grâce à l’ajout de pigments plus ou moins éclatants permettant de composer de véritables puzzles. Leur fragilité explique que beaucoup aient disparu et que les ensembles présentés à Saint Romain soient conservés avec le plus grand soin après avoir été extraits des sites où ils ont été découverts.

D’après le texte de Charles B.

Après notre petite balade à l’intérieur du musée, nous avons visité le site archéologique du musée. Il s’étend sur 7 hectares. Dans cette petite ville, on trouve des rues qui organisent l’espace. Elles sont pavées de granite et ponctuées de bouches d’égout qui permettent d’évaluer les eaux de pluies et les eaux usées.

Parmi les édifices dont on a retrouvé les fondations, il y a les thermesdont notre guide nous a rappelé l’importance en terme d’hygiène et de sociabilité avant de nous préciser l’organisation en trois parties distinctes :  

?  Caldarium (salle chaude)

?  Tepidarium (salle tiède)

?  Frigidarium (salle froide)

Qui dit Caldarium, dit chauffage ! Les Romains avaient conçu tout un système ingénieux de chauffage au sol. Les esclaves alimentaient le feu pour chauffer l’eau des bassins mais aussi celle des douches. La chaleur était véhiculée grâce à un système de piliers en briques creuses dont nous avons pu observer les vestiges. Cette méthode est vraiment très ingénieuse pour l’époque.

À proximité, nous avons pu voir les latrines (toilettes) dont le fonctionnement témoigne là encore de l’ingéniosité des Romains. Les eaux usées étaient évacuées vers les égouts qui se déversaient dans le Rhône, l’eau potable venant, elle, des montagnes alentours via des aqueducs. Si ces latrines étaient collectives et étaient un lieu de sociabilité de premier ordre, rappelons tout de même que les femmes et les hommes étaient toujours séparés !

Tout autour des thermes où nous avons passé un bon moment, il y a des maisons romaines dont certaines étaient luxueuses. On retrouve le péristyle entouré de colonnes au milieu de la maison avec un bassin. Certaines disposaient d’une salle de bain privée, à proximité de la chambre se nommant cubiculum en latin.

Le triclinium était la salle à manger, une pièce conviviale organisée pour accueillir les hôtes de la famille pour un banquet que l’on prenait allongés sur des banquettes. On nous a rappelé que les Romains mangeaient de la main droite, la gauche (sinistra) portant malheur. Nous pouvons faire le lien avec les mosaïques présentées par Eponine qui servaient de décor à ces banquets pris le soir et où on dégustait le garum importé grâce aux navires qui sillonnaient le Rhône…

Pour terminer, rappelons que le site de Saint Romain n’a pas encore livré tous ses secrets et qu’il devrait être de nouveau fouillé dans les années à venir…

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