En passant par… la Bourgogne!

L’an passé, nos élèves de 2nde option Histoire des Arts ont travaillé sur la notion de patrimoine. Ils ont ainsi réfléchi à ce qui « fait patrimoine », à la manière dont on le restaure et le valorise. Ici et ailleurs. Ils ont ainsi pu échanger avec Mésopotamia qui s’occupe du patrimoine irakien ; avec Ville d’Art et d’Histoire, qui, ici, à Saint-Étienne, s’attelle à la tâche difficile de mettre en avant les traces de la ville d’antan ; avec les élèves du lycée Pierre Coton de Néronde dont la spécialité est la restauration du patrimoine bâti.

Pour conclure ce projet, nous sommes partis trois jours en Bourgogne, à Vézelay, à Guédelon et à Auxerre… Retour sur ce voyage inter-établissement financé par le dispositif « Les Cordées de la réussite ».

Louise, Margot, Ninon et Pauline ont accepté de rendre compte de ces trois jours… Merci à elles ! Bonne lecture !

Premier jour de notre voyage. Après de longues heures de car, nous voilà arrivés à Vézelay, une ville fortifiée datant du Moyen Âge. Vézelay, rappelons-le, est une des quatre portes des chemins de Saint-Jacques et, à ce titre, accueille énormément de monde chaque année… et cela depuis des siècles !

A peine arrivés, nous sommes accueillis par des médiateurs de la Maison du Visiteur qui nous font découvrir le village, mais aussi (et surtout !) la Basilique Sainte Marie-Madeleine qui tire son nom d’une femme particulièrement honorée dans la religion catholique. Une femme connue pour avoir aidé Jésus sur son chemin de croix et pour avoir été la première à découvrir sa résurrection après la Passion…

A la Maison du Visiteur donc, nous commençons par descendre dans une pièce voutée située dans le sous-sol. La pièce était sombre… elle était parfaite pour parler des jeux de lumières qui opèrent dans la basilique représentée ici par une petite maquette en bois. Mais nous prenons pleinement conscience de ce « chemin de lumière » qui apparaît sur le sol et irradie les chapiteaux historiés lorsque nous visitons le monument quelques minutes plus tard.

A cette symbolique lumineuse s’ajoute celle des formes. Et dans cette basilique, la forme que nous percevons très vite est la spirale dont les interprétations sont multiples ; certains y voient une évocation de l’espace et des constellation, d’autres y voient une référence à la nature (coquille d’escargot)… cette spirale, nous avons pu la voir sur le vêtement du Christ qui se situait sur le tympan de l’entrée encadré des signes astrologiques et présidant au Jugement Dernier.

Puisque nous parlons de formes… Comme toute église occidentale, celle de Vézelay aurait dû reprendre la forme d’une croix latine avec sa nef et son transept. Mais en raison de la topographie et de la présence d’une abbaye, elle est amputée d’un bras !

Enfin, sous le sol, une crypte a été aménagée pour accueillir les reliques supposées de Marie-Madeleine…

En visitant cette abbatiale, nous sommes donc littéralement plongés dans l’univers des pèlerins qui, depuis le Moyen-Âge, partent de Vézelay pour Saint Jacques de Compostelle.

C’était très surprenant car rares sont les fois où j’ai pu voir des reliques.

D’après le texte de Margot G

Le jeudi 28 septembre, soit le deuxième jour de notre voyage d’étude en Bourgogne, nous avons eu l’occasion de visiter Guédelon.

Guédelon est un chantier-école situé à Treigny-Perreuse-Sainte-Colombe ; débuté en 1997, ce chantier a la particularité d’être réalisé uniquement avec des techniques médiévales. Il s’agit de comprendre et de réinvestir les savoir-faire de l’époque de Philippe-Auguste en recourant à l’archéologie expérimentale. Il devrait être terminé aux alentours de 2029.

Le site a été choisi pour sa capacité à fournir les ressources nécessaires au chantier : argile, eau, bois, etc. Comme au Moyen-Âge !

Ce chantier mobilise de nombreux artisans, dont les productions (outils, tuiles, etc) sont utilisées pour la création du château et du village qui l’entoure.

Une centaine de personnes travaillent à Guédelon avec, parmi eux, une cinquantaine d’ouvriers dont les métiers sont nombreux et, pour certains, peu connus (car ils datent du Moyen-Âge). On trouve notamment les métiers suivants : vanneur, menuisier, charpentier, tavaillonneur, tuilier, tailleur de pierres, herboriste, cordier, chartrier et tant d’autres. 

La principale qualité de ce chantier est qu’il est collaboratif. En effet, il est possible, pour des étudiants par exemple, de venir travailler à la construction du château, pendant une certaine période, et en compagnie de professionnels. Un de ses objectifs principaux est donc l’apprentissage, entraînant le partage de connaissances et la transmission des savoir-faire du Moyen-Âge, permettant que ceux-ci ne meurent pas avec le temps.

C’est grâce aux élèves du Lycée de Néronde que nous avons pu visiter ce lieu. Le lycée Pierre Coton de Néronde est un lycée professionnel formant ses élèves à la restauration du patrimoine bâti, à la maçonnerie… Nous avions travaillé avec eux l’année précédant ce voyage, alors que nous étions en classe de seconde option Histoire des Arts, dans le cadre d’un projet partenarial entre nos deux lycées. Ce projet étant axé sur le patrimoine et sa restauration, ce lycée était le partenaire parfait. Chaque année, les élèves nérondois de terminale se rendent, pendant deux semaines, à Guédelon pour y mettre en œuvre leurs techniques.

Leur professeur, M. Lachize, connaît très bien ce lieu et nous en fait une visite détaillée, avec l’enthousiasme et l’amour qu’il a pour Guédelon. Il nous a montré les différentes pièces du château : chambre du seigneur, cuisine, salle de tir…, et nous a décrit les différents matériaux, la pierre notamment, dont trois types sont prélevés dans la carrière : les boutisses, les moellons et les pierres de remplissage.

Dans la seconde partie de la journée, nous avons vu le moulin hydraulique de Guédelon et son prieuré (habituellement fermé au public, mais pas à nous ? ). Le moulin hydraulique s’inspire d’un modèle du XIIème siècle sont certaines des pièces ont été retrouvées à Thervay, dans le Jura, en 2007-2008. Il a donc été reconstruit à Guédelon. Il se marie parfaitement au projet et sa proximité avec le château est représentative du Moyen-Âge car, à cette époque, les moulins ne se situaient jamais loin du château, servant à l’économie du fief. L’eau qui l’alimente lors de son fonctionnement provient de l’étang de Guédelon. La farine qu’il produit sert à faire du pain.

Le prieuré, quant à lui, a été construit en 2012 avec les techniques des des moines bâtisseurs du Moyen-Âge. N’étant pas des professionnels de la maçonnerie, on remarque bien que la technique n’est pas du tout similaire à celle du château. Là encore, il s’agit de faire comme si… pour retrouver les gestes ! Pari réussi ! Car on s’y croirait ! Au Moyen-Âge !

Enfin, nous avons été amenés à interviewer différents artisans. Cet échange nous a permis de prendre conscience de l’ampleur de leur investissement et de leur passion mais aussi des difficultés qui les accompagnent.

Cette journée à Guédelon était hors du temps, tout y est pensé pour que les visiteurs et les ouvriers aient l’impression d’être au Moyen-Âge, ce qui est réussi !

Louise M.

Le dernier jour, nous sommes allés à Auxerre où nous avons été divisés en différents groupes. Certains ont fait une visite de la ville ancienne quand d’autres se sont concentrés sur l’abbaye Saint-Germain, aujourd’hui convertie en musée.

Commençons par la ville d’Auxerre ! C’est une ville à l’architecture assez ancienne ; la plupart des bâtiments en centre-ville sont à colombages (ou à pans de bois) et avec des devantures que l’on ne trouve plus beaucoup de nos jours. Ils témoignent de l’importance de la ville au Moyen-Âge et de l’importance à préserver/restaurer ce patrimoine historique.

Par la suite nous sommes allés visiter la cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre. Nous avons d’abord admiré l’extérieur avec son imposante façade gothique ornée de sculptures avant de pénétrer à l’intérieur de l’édifice. Nous avons été subjugués par la beauté de l’architecture et la grandeur du lieu. Là encore les contrastes entre l’ombre et la lumière sont flagrants. Les grandes verrières aux couleurs éclatantes font forte impression. Ce fut une très belle visite malgré notre guide quelque peu . . . spéciale !

L’autre groupe visitait donc en parallèle l’abbaye Saint-Germain construite au XIIème siècle à l’emplacement d’une église plus ancienne datant du IXème siècle. Cette abbaye est consacrée à Saint-Germain dont les reliques ont longtemps été conservées dans la crypte que nous avons eu la chance de visiter.

Cette abbaye a donc été édifiée pour accueillir des moines dont nous avons pu reconstituer la vie quotidienne en parcourant les lieux, passant du cellier où ils stockaient la nourriture au réfectoire où ils se restauraient… en silence ! Car, oui, tous les moines faisaient vœu de silence ; ils ne parlaient qu’une heure par jour (dans la salle dite du chapitre) pour discuter de religion et de la vie communautaire au sein du monastère. Ils ont aussi fait vœu de pauvreté ; on conséquence, ils n’avaient que deux tenues pour l’année, une Bible et un crucifix. Ils étaient aussi tenus à l’isolement (vœu de clôture) et n’avaient donc pas le droit de sortir du monastère.

Mais reprenons notre parcours… Nous avons vu le scriptorium, la pièce où les moines, qui savaient lire et écrire, recopiaient les textes sacrés qu’ils enluminaient. C’était la seule pièce chauffée du monastère car il ne fallait pas que l’encre gèle et que les doigts s’engourdissent ! Rappelons ici que  les moines étaient des lettrés qui se chargeaient de l’instruction des nouvelles recrues données au monastères par des familles nobles ou bourgeoises (ce sont les oblats).

Les lieux ont connu de nombreuses transformations au cours des siècles. Après un temps d’apogée, le monastère connaît le déclin et est réformé par la communauté de Saint-Maur qui entend revenir à la rigueur originelle de la Règle. Dans les années 1970, lors de restaurations et de fouilles, on a ainsi pu retrouver d’anciennes colonnes romanes richement sculptées qui avaient été recouvertes au XVIIème siècle car jugées trop ostentatoires. Par la suite, cette abbaye a été transformée en hôpital pour soldats et civils pendant la Révolution, ce qui a permis d’éviter sa destruction mais au prix de lourdes amputations, dont celle d’une partie de la nef.

L’église abbatiale justement… nous la visitons à la fin du parcours. Les moines y passaient en moyenne six heures par jour. C’était le cœur de leur activité. De style gothique pour l’essentiel, elle a subi de nombreuses transformations comme en témoignent les vestiges archéologiques découverts sous la place, près du beffroi.

Ninon A. & Pauline B-V

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