Un individu endormi en un endroit encaissé
En un endroit intime où une eau aisée erre,
Accrochant aux andains, ivre, un échantillon
Ardent; où Apollon, assez atrabilaire,
Arde: un îlot étroit où on entre en action.
Un artilleur ado, ahuri, éperdu,
Affalé, assorti aux engrais ennuyeux,
En écrase. Il y est, en équilibre ardu,
Incolore, endormi, éclair aqueux aux yeux.
Orteils en éventail, appuyé aux arums,
Aux abonnés absents, en infirme optimum:
Échauffante Aphrodite, arrive avec effroi!
Il a un air inerte. Inspire! Expire! Opine!
Il est inanimé, infarctus ou angine
Atroce. Il a été atteint à un endroit.
JT
C’est un trou qui perdure, une rente pépère
Augmentant follement. Superbes picaillons,
L’argent ! Où va l’oseille que l’on gagne, frère,
Il fuit : vers un canal en douce par millions.
On frauda. Gêne ? Louche perte, dette tue
Et ça truque en geignant « Tant de frais, mon neveu ! »
L’or ? On l’a bien vendu à terme, plus-value,
Sale rançon, transfert, coup de rentière, hors-jeu.
Banquier grande gueule y mord. Spoliant gnome !
Une ivraie étouffante, il brade. Ah ! plaie de l’Homme
Ordure, cesse ce blanchiment si sournois.
L’aigrefin ne fait pas ce qu’il prône en vitrine
Coffre-fort au soleil, plus rien ne le chagrine.
Tranquille. Il est un transfuge à l’état de droit.
Françoise Guichard
C’est un cou à morsure où pend une rivière
De diamants africains, superbe création
D’argent et de vermeil, et de titane austère,
Lui, c’est un petit mâle, à la douce attention…
Candidat jeune, couche offerte, fête en vue
C’est un grand-duc feignant qui a des frais au jeu
Forts ; il a tout vendu et cherche une ingénue
Pâle, belle héritière et la misère : adieu.
Chéquier plein, riche aïeul, hors-bord géant et home,
Roseraie, buvant sa tirade, elle est la pomme :
Nature. Il gère l’enlacement, son émoi.
À la fin, elle fond au bord de la piscine
En plus simple appareil. Le butin s’achemine,
Tranquille. Son vieux voit rouge mais y a droit.
Françoise Guichard
C’est une bosse de cailloux où hurle un désert,
Lançant sagement aux pierres des soieries
D’or ; Où s’éteint honteuse la lune de la mer,
C’est un immense pic que lisse les nuits.
Un vieux paysan, lèvres closes, crane sombre,
Et la gorge asséchée sous les chauds rocs noirs,
S’éveille; il est debout sur l’éboulis dans le soir,
Rubicond dans son rouge pierrier assailli par l’ombre.
La main sur le rocher, il veille. Triste au contraire
D’un valide vieillard, il s’agite, s’affaire :
Civilisation, secoue-le froidement : il a chaud.
Ses cris anéantissent ses tympans;
Il s’éveille sous la lune, les pieds dans l’origan,
Tourmenté. Il a une bosse blême sur le dos.
Sylvie Caummaut
Le marmiton courbé encaisse la colère
Du chef, qui l’a surpris pissant dans le bouillon.
« On te paie ta semaine ! Et va voir la caissière !
Mais lave-toi les mains, car tu pues le graillon. »
En revenant d’auprès la caissière ventrue,
Tenant dans la main droite un billet pustuleux,
Il s’étale soudain sur l’huile répandue
Et quitte le restau sous les lazzis fielleux,
Rentre dans sa mansarde au beau linoléum,
Regarde son miroir, soigne son hématome.
Et puis les douze coups ont sonné au beffroi.
Il a mis son smoking, invité la voisine,
Et craqué son bifton contre une langoustine.
Il n’a jamais aimé ce boui-boui pékinois.