La morale : l’expérience, l’autonomie, la responsabilité, l’éthique

 


Le philosophe en méditation

par Rembrandt (1632)

 

 

« On conviendra aisément qu’il importe au  plus haut point de savoir si l’on n’est pas dupe de la morale. »

E.Lévinas Totalité et infini, p. 5

Questionner la morale, c’est d’abord chercher à apprécier le soupçon qui lui est adressé par les moralistes de n’être qu’un discours vide fait de maximes ineffectives et donc vaines:

« Un moraliste est le contraire d’un prédicateur de morale (…) Il est un penseur qui considère la morale comme digne d’être questionnée (…) comme un problème (…) et qui fait de lui-même un des êtres qui doivent être mis en question » 

(Nietzsche Fragments posthumes 11, 35, p.239)

Philosopher sur la morale en moraliste n’est donc surtout pas prêcher dogmatiquement une doctrine morale en prétendant indiquer le (bon) sens de la conduite qui permettrait d’observer le Bien et de se détourner du mal, c’est-à-dire dire en adoptant une attitude moralisatrice, distribuant les bons et les mauvais points, les blâmes et les éloges. Le moraliste veut plutôt montrer que la morale n’est pas simplement l’objet d’une réflexion, « faite de jugements extérieurs et abstraits sur les grands idéaux, les vertus, les valeurs » (Blondel Le problème moral, p. 53), mais qu’elle est bien une expérience singulière, qui ne peut que s’enrichir à se voir investie par un questionnement  lucide sur le sens du rapport à soi et de l’autonomie, la genèse de la responsabilité, ou le pouvoir de l’éthique. Devenir moraliste est peut-être alors le moyen d’éviter de réduire la morale à l’expérience d’une conscience alternativement tourmentée par la honte et par la mauvaise foi.

On se demandera ainsi quel sens donné à l’expérience morale; à quelles conditions la morale peut signifier l’accomplissement d’un sujet autonome, capable de s’obliger personnellement à des règles raisonnables d’action; qu’est-ce que nous apprend  la genèse de la responsabilité sur la morale, et en quoi  la critique impitoyable de l’amour propre, est  à même de libérer la conscience des passions de l’Ego: ce « moi » narcissiquement fasciné par sa propre image et incapable de s’ouvrir au monde. On tentera enfin d’appréhender la morale comme une énigme à l’essence aussi incompréhensible que le concept de « Liberté », en se demandant si elle n’est pas comme lui in fine rebelle à tout discours.

Auteur/autrice : JFC

Professeur de philosophie au lycée du Loquidy

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