Savoir vaut-il mieux que voir ?

« Il faut voir pour savoir et savoir pour mieux voir » René Huyghes

Marina Abramovic, 1974, Rhythm 0, Tate Modern, Londres

 

La performance

Marina Abramovic est une artiste serbe qui s’inscrit dans le courant artistique de l’art corporel. Elle a réalisé de nombreuses performances dans lesquelles elle repousse les limites du corps et du mental.

Dans sa performance Rhythm 0, réalisée en 1974, elle met à disposition son corps au public, comme un objet. Les gens sont alors libres de faire ce qu’ils souhaitent de son corps. Ils ont la possibilité d’utiliser différents objets disposés sur une table comme de la peinture, du rouge à lèvres, un couteau, des fleurs de la nourriture et même un pistolet chargé d’une balle. La performance a duré 6 heures et à la fin de celle-ci, les gens se sont enfuis sans même la regarder.

Le but

Dans les années 1970, la performance artistique était vue par la plupart des gens comme quelque chose d’exhibitionniste et de masochiste réalisé par les artistes pour se mettre en avant. Marina Abramovic a voulu prouver le contraire en mettant à disposition son corps, en restant totalement inactive, et observer comment le public est capable de réagir. Dans cette performance, le public est créateur et acteur de l’œuvre. Elle décrit cette performance comme l’une des expériences les plus dures de sa vie.

Marina Abramovic a dit : « Il faut envisager la performance comme un miroir offert aux spectateurs : je mets en scène des moments douloureux et je me nourris de l’énergie du public pour dépasser ma peur. C’est une manière de dire aux gens qu’ils peuvent y parvenir tout autant que moi. »

Notre point de vue sur la performance

Une performance étant une œuvre temporaire, Marina Abramovic a choisi d’exposer au musée Tate Modern à Londres la table avec tous les objets utilisés lors de sa performance.

Lorsque l’on voit pour la première fois cette table, sans en connaître le but ni l’histoire, on se demande assez naïvement à quoi ont pu servir de tels objets, si différents les uns des autres. Il y avait de tout, des escarpins aux chaînes. Et puis, quand on comprend, quand on sait, on frissonne d’effroi.

Au-dessus de cette table, on peut voir des diapositives  en noir et blanc défiler, montrant des photos de l’artiste durant la performance. Nous avons eu l’occasion de voir cette exposition lors d’un voyage pédagogique. Cette table est située dans une pièce un petit peu en retrait du musée, dans un coin peu visible. Avant d’entrer dans cette salle, on peut voir une inscription sur la porte indiquant de garder le silence, surement pour vivre de façon plus intense l’œuvre. Ainsi, on ne peut pas tomber dessus par hasard, il faut vouloir la voir et aller la trouver. Ce choix a peut-être était fait pour ne pas imposer cette exposition plutôt émouvante au public qui ne souhaite pas la voir.

De plus, tout le monde ne peut pas comprendre cette exposition. En effet, quelqu’un qui ne connaît pas le principe et le but de la performance n’en comprendra pas l’intérêt. Ainsi, “il faut voir pour savoir et savoir pour mieux voir” a dit René Huyghe, puisque lorsque l’on sait ce qui s’est passé durant la performance et jusqu’à quel point les gens sont allés , on ressent davantage d’émotions, comme si on avait vécu la scène.

De la même manière, Christian Boltanski a dit « il y a deux manières de transmettre, une par l’objet et une autre par la connaissance ». Cet artiste explique en effet que l’on peut faire autant de copies que l’on veut d’une peinture Van Gogh, tout le monde ira voir l’original car les gens savent que l’œuvre a été peinte par Van Gogh qui est un grand artiste. Nous sommes ainsi autant intéressés par l’artiste que par la peinture, le fait de savoir est donc mieux que de voir. De plus, Christian Boltanski a réalisé de nombreuses installations, par exemple sur une île au Japon où il collectionne des battements de cœurs. Pour lui, on n’a pas besoin de se rendre dans ce lieu, il faut seulement savoir qu’il existe puisque qu’il dit que « l’histoire compte plus que l’objet même ».

 

Installations de Christian Boltanski en Patagonie (à gauche) et au Japon (à droite)

Ainsi, d‘un commun accord, nous pensons que cette performance est troublante et déstabilisante pour le regardeur.  À première vue, on se penche sur la table et on se demande à quoi ont pu servir ces objets et puis on comprend, on SAIT, et on frissonne d’effroi.

En effet, lorsque l’on s’est retrouvé devant cette oeuvre, lorsque la représentation que l’on s’était imaginée a enfin pris forme et est devenu matérielle à nos yeux,  nous nous sommes sentis très mal à l’aise et des frissons nous ont parcourus en imaginant ce qui s’est passé. En pensant à ce que les gens ont pu faire à Marina Abramovic, nous sommes effrayés et nous ressentons de la peur à l’égard des humains eux-mêmes qui lui ont fait ça, des humains capables de telles cruautés.

 

Savoir c’est mieux que voir
Un regard ne signifie rien sans la pensée qui l’accompagne
Une pensée est comparable à un précieux bijou
Regarder lorsque l’on sait
C’est cette pensée qui traverse mon esprit
Ce frisson dans mon dos
Cette étrange sensation de vide et d’effroi
Au simple regard d’objets ordinaires
Lorsque l’on sait on imagine
On comprend ce que d’autres ignorent
On ressent ce que d’autres méprisent
On vit la scène sans y être
Par l’esprit et la pensée
Par l’imagination et la création
Il est préférable de savoir plutôt que de voir
L’émotion est plus intense, plus réelle, plus puissante

 


Ce que nous ressentons


Durant la première heure, personne n’a osé s’approcher de Marina Abramovic, mis à part les photographes. Petit à petit, les gens sont venus près d’elle, l’ont embrassée et lui ont offert des fleurs.

A partir de la troisième heure, les gens vont plus loin et commence à devenir cruels et violents. Ils l’attachent à une table, déchirent ses vêtements et boivent son sang. Un homme a même pointé le pistolet chargé sur elle. Elle a également été victime d’agressions sexuelles.

On peut alors se demander pourquoi ces gens ont fait ça.
Durant toute la durée de la performance, Marina Abramovic n’était plus une personne mais un corps à disposition de tous. Les gens ont alors profité d’elle puis se sont enfuis à la fin de la performance lorsqu’elle est redevenue une personne à part entière. Ainsi, on peut voir la cruauté dont peut être capable l’homme lorsqu’il perd ses principes.

« Ce travail révèle ce qu’il y a de plus horrible chez les gens. Cela montre à quelle vitesse quelqu’un peut se décider à te blesser lorsqu’il y est autorisé. Cela montre à quel point il est facile de déshumaniser quelqu’un qui ne se défend pas. Cela montre que la majorité des gens « normaux » peuvent devenir très violents en public si on leur en donne la possibilité. »               Marina Abramovic


Dans Un roi sans divertissement de Jean Giono, on comprend que l’humain, par nature, est cruel et violent. En effet, Langlois aime contempler le sang sur la neige et cherche à tout prix à se divertir pour ne pas succomber à cette envie de tuer. On peut ainsi faire un lien entre la performance de Marina Abramovic et ce roman. En effet, ces deux œuvres révèlent la cruauté et la violence de l’être humain.

Plus largement, on peut donc se demander ce que l’on aurait fait si on avait participé à cette performance de Marina Abramovic. On peut imaginer qu’en voyant cette femme n’étant plus qu’un objet, peut-être que l’on aurait été cruel de la même façon en suivant l’effet de groupe et notre nature profonde.

Clotilde, Jade, Dayane, Julie-Mary, Carla, Laura, Marie, Sam

Graffiti ou street art ?

copyright : Lucie

Le graffiti est une technique d’art tirée de l’Antiquité romaine. Cette forme d’art consiste, en quelques mots brefs, à représenter toutes sortes de pictogrammes sur des murs dans des buts divers. Si dans le passé le graffiti n’était pas un art de polémique, aujourd’hui c’est un art catalogué comme destructeur ou relevant du vandalisme.   Eh oui, le graffiti – ou street art pour être plus général – a évolué dans le temps afin de pouvoir correspondre à la société actuelle.

 

?Le graffiti et le street art, leur différences :

 

Il y a bien une différence notable entre le graffiti et le street art. Le graffiti est un art de rue, associé le plus souvent au vandalisme. C’est un art, pour notre part, qui ne pourrait être dissocié de son étiquette d’art illégal. En effet, l’art de rue est lourdement sanctionné par les lois. Le fait même de produire des oeuvres dans des lieux publics est reconnu comme un acte illégal. Néanmoins, comment font les artistes pour être reconnu par leur pairs ? Comment peuvent-ils exprimer leur sentiments ou leur désapprobation sur un fait quand la liberté d’expression ne leur est pas accordée ? Comment marquer une société quand elle ne peut se rendre dans des lieux dédiés à l’art ?

Tant de questions restent en suspens et ne peuvent être résolues puisque l’opinion publique diverge. Quand une partie de la population approuve le graffiti et le reconnaît comme oeuvre d’art à part entière, une autre partie de la population le désapprouve et refuse d’intégrer le graffiti dans le monde sélectif qu’est l’art. Malgré cela, les graffeurs continuent d’exercer leur art, quel que soit le pays, quel que soit le gouvernement et le régime en place et quelles que soient les sanctions encourues.

Le graffiti n’est pas un art dangereux mais dérangeant. C’est un art anti-conformiste, sans règles ni lois. En bref,  c’est un art qui effraie autant qu’il fascine. Pour nous, l’un des artistes les plus dérangeants de cette décennie est probablement Banksy. Il s’est par exemple rendu à la frontière Israélo-palestinienne en 2005 afin de produire des oeuvres engagées poussant la population à voir au delà du mur érigé par le gouvernement  et à envisager une vie plus libre. En soi, Banksy, en plus d’être l’artiste le plus connu de son milieu, est également le 01/plus engagé.

 

Une de ses oeuvres produites sur le mur :

Le droit d’expression est un droit précieux pour chaque individu. S’exprimer, c’est pouvoir participer chacun à sa manière à la vie et à l’évolution de la société. Le droit d’expression une force que le peuple a acquise et qui doit être préservée. Lorsque le peuple est mécontent, et ce depuis toujours, il écrit, peint, ou manifeste. L’art est le reflet de notre société: c’est lorsque tout va mal dans la société que l’art est le plus fructifiant et offre le plus de chef d’oeuvre. Prenons Guernica de Picasso, ou encore Tres de Mayo de Francisco de Goya. L’art a donc pour moteur le peuple, et le peuple s’inspire de l’art.

Le graffiti d’aujourd’hui est un moyen de s’exprimer. Pour notre part, c’est une  réponse, un mécontentement, un cri de la population adressé au gouvernement. Lorsque le peuple échoue et que la population sombre, elle se relève et créée afin de montrer dans un langage universel ce contre quoi elle se révolte. La politique est en effet à l’origine de chaque révolte du peuple mais elle parallèlement à l’origine de l’art. C’est pourquoi en rendant illégal un moyen d’expression tel que le graffiti, c’est en fin de compte lui apporter plus d’importance que voulu. C’est également enlever le droit d’expression de la population. De fait, le graffiti est né afin de contrer la politique restrictive mise en place. C’est un art né POUR scandaliser et qui se doit de choquer et d’être désapprouvé. De notre point de vue, le graffiti n’est un art que s’il reste un art sanctionné et non repris par des galeristes ou encore par des institutions. Le restreindre et le congestionné ne reviendrait qu’à restreindre la société. Or une société enfermé n’est pas une société fructifiante. De fait, un art emprisonné est un art stagnant, bâclé, de mauvaise qualitée.   

 

Au contraire, le street art est un art légal et reconnu par les professionnels du milieu. C’est un art qui est aujourd’hui à l’apogée de sa réussite puisque plus une seule vente aux enchères d’oeuvres d’art ne se déroule sans la vente d’au moins une oeuvre de street art. Cette reprise commerciale d’un art libre le dénature. Le graffiti perd de son sens en devenant un art contrôlé. D’où la distinction frappante entre le street art et le graffiti.

Néanmoins un problème se pose à nous : l’artiste graffe pour se faire connaître et être connu, or s’il devient connu, il sera exposé et vendu ; il faut donc poser les limites du graffiti et les limites du street art. L’art, ne l’oublions pas est un métier méritant salaire et reconnaissance. L’artiste ne peut créer sans financement ni approbation du public. Pouvons-nous réellement blâmer le street art si son seul but est de faire vivre des hommes et des femmes en exerçant leur passion ? Les points de vue à ce sujet divergent encore une fois. Il n’y a pas de juste réponse à cette question, mais nous pensons qu’un artiste doit nécessairement commercialiser son art pour pouvoir en vivre. L’artiste ne devrait pas être contraint de choisir entre tenter de vivre de sa passion de manière pure ou vivre de manière confortable de sa passion mais de manière souillée. Car en effet l’artiste qui crée sous la contrainte ne fait pas son véritable art, mais plutôt un art commercial qui a pour but de plaire aux gens et d’être acheté.

La population a également un rôle à jouer dans la dénaturation du graffiti. En effet, l’homme voyage et découvre le monde et sa culture, c’est un être curieux de nature. Néanmoins, le graffiti comme nous avons déjà pu l’aborder est un art anti-conformiste. Il se différencie des autres arts par sa nature illégale mais également par le public visé. Ce n’est pas un public de musée ou d’institution qui est visé mais bel et bien le gouvernement, des acteurs influents de notre société ou encore la société elle-même. Cet art n’est donc pas un art fait pour le tourisme. Mais certaines agences touristiques n’hésitent pas à organiser des visites autour de ce phénomène de rue. Le tourisme culturel exploitant les graffitis est beaucoup contesté par les street artists qui rejettent le détournement commercial de leur oeuvre. En effet, le détournement d’une oeuvre vers un but commercial enlève un certain charme à celle-ci. Elle se trouve amochie, vidée de sens. Néanmoins, une partie plus ou moins grande de la population n’a pas accès à l’art. Le graffiti est pour elle le seul contact possible avec celui-ci. Devons-nous condamner la population d’avoir envie de se cultiver? Après réflexion, nous pensons que l’utilisation des graffitis à des fins commerciales faite par les agences de tourisme par exemple est à condamner, mais que l’enrichissement culturel de la population par la visite du graffiti à travers les villes n’est absolument pas une attitude révoltante mais encourageante pour les artistes.

Nous avons une dernière opposition au street art. L’oeuvre d’art, dans sa généralité, est faite pour créer de l’émotion chez le regardeur. Cette émotion est possible lorsque l’artiste lui-même a créé cette oeuvre avec sensibilité et sentiments. Un certain lien se crée alors entre l’artiste et le regardeur. De fait, produire une oeuvre à des fins commerciales sans l’envie ni le besoin de la créer reviendrait à réduire l’artiste au simple rang de machine. Or l’art est un métier qui nécessite de la sensibilité, de l’envie, de la passion afin que l’oeuvre soit réussie. Le street art, bien que ce soit un art reconnu et admiré, n’est pas disposé à être compté en tant qu’art -sous ce point de vue- au contraire du graffiti.

 

En résumé, le graffiti et le street art ne sont pas à assimiler. Le graffiti et le street art,  – même s’ils se retrouvent sur le plan technique – ne sont absolument pas un seul et même “mouvement”. Il serait certainement plus juste de nommer le graffiti comme un art de rue illégal, non commercial et à visée révolutionnaire et le street art comme un art d’institution légal à visée économique.

 

?Les techniques de production, en quelques mots:

 

Dans les années 90, des artistes tels que Space Invader ou Zevs font renaître le graffiti. C’est alors qu’un nombre important d’artistes de rue vont se joindre à ce nouveau mouvement. À chaque artiste sa technique : Space Invader produit des mosaïques, Zevs joue avec les ombres des objets et la peinture, Shepard Fairey utilise de la colle et des images imprimées ou encore Banksy conçoit ses productions grâce à des pochoirs et des bombes de peinture.

Par les différentes techniques de production d’un graffiti, on reconnaît sa diversité. En effet, la nature du graffiti reflète l’identité du graffeur. Elle reflète également son état d’âme et ses opinions. Chaque graffeur a son propre style, sa propre vision. Le style de l’artiste est primordiale. C’est par elle qu’il va se présenter au monde, se faire découvrir mais également se différencier des autres artistes. A chaque graffeur sa propre alphabet, ses propres couleurs et ses propres techniques.

 

?Le graffiti et les évolutions dans le temps

 

Au cours de la seconde guerre mondiale, les résistants n’avaient aucun moyen financier de faire imprimer des tracts militants contre le parti en place,  ils décidèrent de marquer sur les murs de chaque ville leur message. Ce message de révolte peut bel et bien être nommé graffiti. Selon nous, l’art sert avant tout à l’expression, qu’importe le lieu ou le type d’art utilisé. Que ce soit dans des lieux publics ou dans des lieux faits pour recueillir l’art, l’art ne doit pas avoir de frontière. Néanmoins il faut faire preuve d’un savoir-vivre en société et savoir distinguer les lieux saints ou des lieux faisant déjà office d’oeuvre d’art tels que la tour Eiffel, d’autres lieux qui seraient plus à même de recevoir cet art.

 

Malgré les sanctions encourues par les graffeurs, le graffiti s’est très largement développé. L’état a donc eu l’idée de faire de ce mouvement artistique libre un mouvement contrôlé. Il a donc fait naître des lieux prévus pour le graffiti afin que les graffeurs ne dégradent plus la ville.Tout comme la reprise par les institutions de ce phénomène, nous trouvons que le contrôle exercé par l’état dénature le graffiti.

 

Le graffiti a su se faire une place dans le monde de la rue comme dans le monde plus strict qu’incarne la politique. La politique se veut plus conservatrice et moins en proie à la nouveauté. Au contraire la rue est le foyer de la nouveauté et la mère qui donne naissance aux futurs artistes. Durant le dernier discours politique du Président de la République Emmanuel Macron, on a pu constater la présence de la Marianne. C’est en effet un graffiti de Shepard Fairey. Ce choix de décoration contraste avec l’ambiance stricte et conventionnelle  de l’Elysée. Ce graffiti exposé ici est la définition même du street art. En effet, le graffiti sert à critiquer la société de nos jours, notamment la politique et un graffiti se retrouve dans l’endroit où on l’attend le moins : le bureau du Président de la République. C’est une preuve que le street art n’a pas de limite car il est non seulement racheté par des institutions publiques mais aussi affiché dans des lieux totalement inappropriés à cet art qui est un art de rue à l’origine.

 

Un célèbre scénographe a dit:

«S’il fut un temps où les artistes proposaient des images que le pouvoir ne souhaitait pas voir, aujourd’hui il les suscite, les désire, les consomme, et paradoxalement représente sa liberté à travers elles.» Neïl Beloufa

Par cette parole, il est bien question aujourd’hui d’une politique plus laxiste et plus en proie à se rapprocher du peuple.

Neil Beloufa, Palais de Tokyo, 2018

 

Lucie, Camille, Maëlys

 

 

 

La Danse de Babel

Un,

Deux,

Et trois,

Tu danses,

Ô pendule argent,

Ô infinie oscillation.

—–

Monument de la confusion,

Ondes embrasées,

Beaux discours,

Babel,

Vis,

Meurs.

—–

Un monument de la confusion,

Deux ondes embrasées,

Et trois beaux discours,

Tu danses Babel,

Ô pendule argent vis,

Ô infinie oscillation meurs.

Pour faire ce poème, j’ai d’abord écrit deux poèmes séparément. Le premier fait référence à  l’oeuvre One, Two, Three, Swing  créée par le collectif Superflex. Le second fait référence à Babel de Cildo Meireles. Les deux poèmes ont été écrits de manière à ce qu’on puisse les lire séparément et qu’on puisse les combiner pour créer un nouveau texte.

Célian

Sur l’image

Leçon inaugurale de Victor Stoichita au Collège de France « Textes, textures, images »

https://www.college-de-france.fr/site/victor-stoichita/p975430345338783_content.htm

Selon une étymologie purement grecque, « Eurôpè » (??????) proviendrait de deux mots grecs : eurýs et ?ps. Le premier, eurýs, signifie soit large, qui s’étend en largeur, soit vaste, qui s’étend au loin ; le second, en grec ancien ?ps, signifie soit regarder en face, soit œil. Eurôpè, « [celle qui a] de grands yeux », devint un prénom féminin donné à plusieurs personnages mythologiques grecs, et notamment à la fameuse fille d’Agénor enlevée par Zeus déguisé en taureau.

Cette étymologie, qui n’est pas la seule possible, a une indubitable valeur symbolique. Elle interroge la place du regard, de l’image, voire de l’art dans la constitution de l’identité et de la différence européennes. Brûlante aujourd’hui, cette question n’est pas nouvelle. Les premiers historiens de l’art opéraient par des emboîtements successifs. Ainsi, pour Giorgio Vasari, l’art renaît après les siècles de survie souterraine en Italie, ou pour être plus précis en Toscane, ou pour être plus précis encore à Florence. La quête d’un centre hantera les esprits jusqu’à l’époque des Lumières avec pour résultat l’utopie du « Museum », dont le Louvre est l’héritier direct. L’Atlas « Mnémosyne » imaginé beaucoup plus tard par Aby Warburg proposa en revanche la virtualité d’un réseau d’images s’enchaîne idéalement à perte de vue.

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