Créer/communiquer

 I Qu’est-ce que le design ?

Quatre périodes du design du XXème siècle (50, 60-70, 80, 90-2000).

1  Les débuts de la modernité et du fonctionnalisme

Au début du XXème  siècle, lorsque l’architecte américain Louis Sullivan énonce «Form follows fonction», la forme suit la fonction il induit que l’esthétique d’une architecture doit découler de sa fonction. Lorsque l’architecte autrichien Adolf Loos publie «Ornament und Verbrechen», (l’ornement est crime), livre dans lequel il s’oppose à l’architecture éclectique et académique de la fin du XIXème siècle, il va dans le même sens. En 1919,  Walter Gropius crée une école d’art et de design qui pourrait changer le monde. Il écrit en parlant de cette première école d’arts appliqués qu’il a fondée à Weimar : «Le Bauhaus veut servir au développement d’un habitat conforme aux besoins de l’époque, du simple ustensile ménager à la maison préfabriquée… Pour concevoir un récipient, une chaise, un bâtiment, de manière à ce qu’il fonctionne correctement, on doit d’abord étudier leur nature. Car ils doivent atteindre leur but, c’est-à-dire remplir pratiquement leur fonction, être durable, bon marché et beau.». Au milieu du siècle, l’architecte Mies Van der Rohe qui sera le dernier directeur du Bauhaus résumera cette attention à une esthétique fonctionnelle par «Less is more», le moins est plus.

2 De la naissance du design industriel à la société de consommation des années 60

Déjà dans les années 30, Raymond Loewy définit son travail de désigner par les principes : «Ce qui est inutile est laid. Ce qui est laid se vend mal» et «La beauté par la fonction et la simplification» . Dans les années 50-60, le design va tendre vers l’unité de la forme grâce aux nouveaux matériaux issus de l’effort de guerre et en particulier les matières plastiques. Les sièges DAR de Ray et Charles Eames fondent déjà le nouveau langage du mobilier, une attention à l’ergonomie et au nouveaux matériaux dans une forme faite pour recevoir le corps , une assise, un dossier et des accoudoirs d’un seul tenant en polyester et des piétements légers en fil métallique. La Chaise «Tulip d’Eero Saarinen va faire un pas de plus vers l’unification de la forme. Mais le piétement s’il est dans la continuité de la forme de la coque plastique de l’assise est encore en métal. Il faudra la chaise de Verner Panton tout en matière plastique, pour que se réalise l’idéal rationnel d’une conception bien pensée dans un rapport fonction-matériau-système de production.

Dans les années 70, Dieter Rams énonce les 10 principes du bon design :

  1. Le bon design est innovant.
  2. Le bon design rend un produit utile
  3. Le bon design est esthétique
  4. Le bon design rend un produit compréhensible
  5. Le bon design est discret
  6. Le bon design est honnête
  7. Le bon design est durable
  8. Le bon design se cache dans les détails
  9. Le bon design est respectueux de l’environnement
  10. Le bon design est minimaliste.

 

3 De la critique de la société de consommation des années 60 à la postmodernité des années 80

En 1968, un contestataire écrit sur un mur de la Sorbonne «Objet, cache-toi !» En 1976, avec la création du studio Alchimia émerge un nouveau design qui s’exerce dans des productions expérimentales de petites séries. Une nouvelle façon d’habiter l’espace, la proclamation de l’imagination au pouvoir inaugure la tendance du design des années 80. Ettore Sottsass re-définit le rôle du designer qui au lieu d’aliéner l’homme à l’objet (séduction), doit au contraire «instaurer une méthodologie du doute, de la souplesse, de la construction-destruction, de la gravité-ironie, de l’optimisme-pessimisme, de la forme-non forme, etc…».Il crée le groupe Memphis en 1981, bouleversant la fonction de l’objet qui n’est plus seulement d’usage.  «Le design est une façon de débattre de la vie».

4 90′ et maintenant

En 2015, l’exposition «Oracle du design» qui s’est tenue à la Gaîté lyrique à Paris répertorie les rites et mythes de la seconde moitié du XXème siècle. En dix étiquettes (gonflé, humble, curieux, etc…), Lidewij Edelkoort dévoile la dimension utopique, généreuse, et introspective du design. Par un travail de classement ethnologique, elle rend intelligible l’esprit de la civilisation qui l’a produit. Loin d’être des phénomènes de mode, les objets deviennent des oracles. Ils représentent «un petit fragment de culture, un segment d’une époque». Ils nous renseignent sur notre société. Gonflé, humble, curieux, etc…ne sont pas des formules de catalogues. Ils sont les réponses, les choix et l’attention portée à des besoins particuliers d’êtres humains. Comprendre comment le design est en perpétuelle évolution grâce à la rencontre des progrès technologiques et des aspirations d’une société ouvrent des possibles pour l’avenir d’étonnement et de capacité à se questionner.

II La démarche créative

Le design comme les métiers d’arts sont des pratiques généreuses car les designers comme les artisans d’art créent des objets qui donnent sa couleur et sa forme au monde qui nous entoure.

S’approprier une thématique

La démarche créative débute par une phase exploratoire ouverte et inspirante pour :

  • apprendre à connaître ses moteurs de réflexion et connaître ses sources d’intérêt propre
  • enrichir sa culture personnelle
  • enrichir sa pratique personnelle
  • et finalement investir une démarche créative et répondre à une demande de manière singulière et pertinente.

Elle se poursuit dans une deuxième phase de recherches convergentes pour aboutir le projet et pouvoir le communiquer.

1 L’investigation

C’est dans cette phase exploratoire que le projet puise sa singularité. C’est un moment ou l’on doit resté curieux et ouvert et enfin attentif pour déduire des axes personnels en lien avec la thématique.

 Les impulsions pour la recherche

La recherche sémantique, recherche de définitions à partir d’un mot-clé de la thématique ou brainstorming n’est pas la seule  manière possible d’entrer en projet.

On peut investir une première recherche dans une impulsion qui nous est plus familière ou qui se prête mieux au sujet auquel on doit répondre :

  • dessiner un objet  : recherche appliquée
  • manipuler de la matière, peindre, sculpter, dessiner, photographier, filmer…  : recherche plastique,
  • ouvrir un livre, surfer sur internet, récolter des images  : recherche documentaire.

L’analyse pour fonder sa réflexion

Cependant pour être opérationnelle cette première recherche qu’elle quelle soit, doit être observée – analysée /classée pour déduire de nouveaux axes qui vont fonder la recherche suivante. L’investigation pour une démarche créative est « rhizomatique ».

C’est dans l’aller-retour de l’investigation à l’analyse et à la synthèse que le projet se construit, la réflexion s’approfondit, se singularise et qu’une problématique personnelle peut naître.

Enfin pour effectuer des choix il est nécessaire de s’interroger sur le contexte dans lequel le projet doit être développé, la demande à laquelle il doit répondre. Un cahier des charges doit-être rédigé.

2 La recherche convergente

Un projet peut être alors choisi. Il est analysé en tenant compte des dimensions pragmatiques, syntactiques et sémantiques (les fameuses Forme/Fonction/fiction), pour vérifier que la demande et le cahier des charges sont respectés. De nouvelles recherches convergentes, appliquées, sémantiques, documentaires, plastiques sont menées lorqu’elles sont  nécessaires pour enrichir le projet, le finaliser et le porter jusqu’à la réalisation. Enfin opérer une synthèse va permettre de mieux le communiquer.

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