Dans ce livre posthume sont rassemblés des textes qui décryptent le quotidien par le menu : tout ce à quoi nous ne ferions pas attention, mais qui constitue une étude sociologique riche d’observations en particulier pour les designers que nous voulons être (attentifs !)
Les textes de Georges Perec sont souvent des inventaires. L’inventaire est un genre particulier qui sous des dehors d’objectivité recèle une poésie, celle du « rassembleur » que l’ont peu tracée, comme celle du spectateur qui opère des connexions avec ces propres souvenirs, intérêts, questionnements.
L’inventaire se voudrait exhaustif, mais le peut-il ?
Quel message délivre t’il de notre regard sur le monde, et du monde que nous regardons ?
Les inventaires de Berndt et Hilla Becher
Les Becher sont un couple de photographes allemands qui depuis les années 50 photographient des bâtiments industriels comme des puits de mine, des châteaux d’eau, des usines ou des silos à grains.
On retrouve dans leurs photographies cette attention objective qui met en valeur les détails du réel.
Les invariants inhérents à l’inventaire : même lumière ( ciel couvert ), même cadrage ( frontal et centré ), pas de présence humaine, même technique ( chambre 20×25, téléobjectif pour éviter les déformations ), temps de pose long pour un rendu très précis des détails du réel, créent une typologie de ces constructions qui mettent en valeur à la fois leurs points communs et leurs différences.
La présentation sous forme de panneaux de 9 ( ou plus ) photographies de petits formats renforce l’aspect de catalogue scientifique de leur travail.
Leur discours est à la fois celui de recenser des témoins d’une activité que dont on peine/commence à reconnaître la valeur ethnologique, et d’interroger/re-donner à la photographie une place particulière d’outils scientifique (voir Duchenne de Boulogne, Etienne Jules Marey, Muybridge), pertinente et résonante/raisonnante, dans le contexte industriel de la société depuis les années 50.
