Jean Onimus

Jean ONIMUS

(… – avril 2004)

De P. Barré et Jean Omimus, nous ne savons que peu de choses. (On ne confondra Jean Onimus, professeur de mathématiques, avec Jean Onimus, son contemporain homonyme, professeur de lettres)

Jean Omimus, agrégé de mathématiques, professeur de mathématiques, enseignait au Lycée Jacques Amyot d’Auxerre, en 1962. Il a « tenu » longtemps un des deux classes de Maths-élem du lycée. Excellent géomètre, d’une intégrité exemplaire, son autorité morale était reconnue et respectée de tous y compris des chefs d’établissement. S’il faisait des mathématiques pour son plaisir, il n’était pas connu pour avoir publié ; les deux ouvrages ci-dessous sont peut-être les seuls qu’il ait signés.

Il a co-signé avec P. Barré : Mathématiques et dessin géométrique, classe de 4e, fascicule de 132 pages, édité par l’imprimerie moderne à Auxerre.

Dans la même collection, on trouve des mêmes auteurs : Mathématiques et dessin géométrique, classes de 3e, brevet ; 2e A-B, édité par l’imprimerie moderne à Auxerre.

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Pierre Barré

Pierre BARRÉ

Pierre Barré, licencié ès sciences mathématiques et physiques, professeur de mathématiques, est nommé professeur de mathématiques au lycée Jacques-Amyot à Auxerre, en 1945. Pierre Barré anime les ‘cours Jacques-Amyot’ qui aident les élèves pendant les vacances scolaires ; ces cours mis en place à Auxerre d’abord essaimeront dans plusieurs lycées. L’impression du texte imprimé des cours est alors assurée par le fils de Pierre Barré sur machine offset, ce qui est la pointe du modernisme à l’époque.

Pierre Barré rédige et fait imprimer à l’Imprimerie moderne à Auxerre une série de manuels destinés aux élèves du collège.

Nommé en 1949 au lycée de Sens (Yonne), Pierre Barré utilisera ses manuels jusqu’à son départ à la retraite en 1965.

Bibliographie :

Il a co-signé avec Jean Onimus qu’il côtoie entre 1945 et 1949 au Lycée Jacques-Amyot d’Auxerre :

Mathématiques et dessin géométrique, classe de 4e, fascicule de 132 pages, édité par l’imprimerie moderne à Auxerre.

Mathématiques 3, brevet,  imprimerie moderne à Auxerre.

Mathématiques et dessin géométrique, classes de 3e; 2e A-B

Outre ces deux ouvrages, Pierre Barré a signé sous son seul nom, dans la même collection :  Arithmétique & géométrie, Classe de 5e.


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Manuels anciens

Manuels anciens

Au Musée du livre scolaire d’Auxerre, nous conservons tous les manuels qui nous sont proposés par les uns ou les autres. Ces volumes sont mis à disposition des chercheurs, des curieux, des nostalgiques, des étudiants. Ainsi, le fonds est exploité pour  illustrer diverses expositions dont il est rendu compte sur le site spécifique du Musée du livre scolaire d’Auxerre.

Absorbés par le travail de classement considérable de cet ensemble d’ouvrages et peut-être aussi, avouons-le, écrasé par l’ampleur de la tâche, nous ne présentons sur ce blog que la mince fraction des ouvrages d’auteurs ayant un rapport avec le département de l’Yonne… et encore, le plus souvent n’en mentionnons-nous que la seule couverture.

Nous conseillons à ceux qui s’intéressent aux manuels scolaires (anciens) de faire un détour par le blog des Manuels anciens qui propose de larges extraits de manuels et quelquefois des manuels complets.

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Bruno Hennoque

Bruno HENNOQUE

Bruno Hennoque est né en 1969 à Auxerre. Après un baccalauréat scientifique, obtenu en 1987 au lycée des Chaumes à Avallon, et une maîtrise de biologie, en 1991, à la Faculté des Sciences de Dijon, il devient professeur des écoles en 1993 en étant tout d’abord affecté au secrétariat pédagogique du centre d’Auxerre l’IUFM de Bourgogne, avant de devenir Personne ressources en sciences à l’Inspection académique de l’Yonne en 1999, puis, dans la mouvance du Plan de Rénovation de l’Enseignement des Sciences et de la Technologie à l’Ecole (PRESTE), il est devenu Conseiller pédagogique en Sciences à la Direction des Services Départementaux de l’Yonne (DSDEN) depuis 2007.

Parallèlement, il est Délégué régional pour l’opération « A l’école de la forêt » et a participé comme formateur, pendant 3 ans à Tunis, pour des enseignants tunisiens, au cours d’écoles d’été à l’opération « La Main à la pâte ».

Il a publié au Centre Régional de Documentation Pédagogique de Bourgogne, de 2004 à 2006, trois ouvrages destinés aux élèves de cycle III, consacrés à des thèmes scientifiques.

Bruno Hennoque cosigne, pour les éditions Hatier., avec Francette Edet, deux ouvrages de sciences pour le cycle 3 (CE2-CM) dans la collection Les petits Archimède. Il a plus particulièrement dirigé la conception de La Matière, pendant que madame Edet concevait Le Vivant. Ces ouvrages, destinés au cycle III de l’école élémentaire se déclinent en une version papier et une version numérique (premier exemple par un auteur icaunais d’une tentative de publication adaptée aux nouvelles technologies). Extrait de la présentation de l’éditeur :

« La licence élève est proposée à – 50%, soit 1.50 €, pour tout achat de 15 manuels papier minimum. Un manuel interactif assorti : – d’outils de navigation (sommaire, liens hypertextes, recherche…Smilie: ;) – d’un mode d’affichage en plein écran des doubles pages et un outil « zoom » pour agrandir une zone de la page – d’une palette graphique (cache, surlignage, annotations…Smilie: ;) .

Les bénéfices pour l’enseignant et l’élève :? Toute la richesse pédagogique Hatier en version vidéoprojetable ? Une attention plus facilement captée, en phase avec l’appétence numérique de leur génération

Disponible :  – en ligne avec téléchargement et version tablette inclus »

 1/ La Matière, Hatier, parution mars 2014, manuel, 64 pages, 22 cm x 28 cm, ISBN : 978-2-218-97961-3

manuel numérique, ISBN : 978-2-218-98237-8edet_matiere

 

2/ Le Vivant, Hatier, parution juin 1964, manuel, 64 pages, 22 cm x 28 cm, ISBN : 978-2-218-97962-0

manuel numérique, ISBN : 978-2-218-98240-8edet_vivant

 

Il est encore à la recherche d’un éditeur pour une bande dessinée présentant le programme de sciences du cycle 3 (dessins de Francis Keller, Strasbourg).

  

Électricité, cycle 3, sciences au quotidien, Hennoque, Bruno, SCEREN-CRDP Bourgogne 2006, Au quotidien (Dijon), livre, 80 pages.

L’air : cycle 3, Hennoque, Bruno, SCEREN-CRDP Bourgogne 2004, Au quotidien. Sciences au quotidien.

Mélanges et solutions, cycle 3, Hennoque, Bruno ; SCEREN-CRDP Bourgogne 2004, ISBN : 978-2-86621-346-6 ; Au quotidien. Sciences au quotidien ; livre.

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Manuel non publié

Un manuel non publié

La rumeur nous était parvenue qu’Anthelme Garioux, outre la méthode de lecture qu’il a co-signée avec Raymond Coquille était aussi l’auteur de manuels de mathématiques. Nous n’en avons pas trouvé traces, ni parmi les manuels que nous amassons, ni au catalogue des bibliothèques spécialisées. Nous n’en avons donc pas fait mention. Le récit qui suit nous donne l’explication de l’origine de la rumeur et apporte un éclairage sur le travail préparatoire à l’édition d’un manuel scolaire. 

Bernard Furet fut instituteur, puis conseiller pédagogique à Sens; il a écrit des mémoires et les a auto-publiées : Les Points de croix. Nous en extrayons cette page où il raconte l’histoire d’une édition inaboutie d’un manuel scolaire. Monsieur Furet co-signera plus tard un ouvrage de lecture avec Roger Beaumont.

           Pendant ce temps, ma vie à Piffonds continuait, bien remplie. Mon inspecteur (M. Garioux Anthelme) intéressé par ma nouvelle pédagogie du calcul, on ne disait pas encore Mathématiques dans l’enseignement primaire, me chargea d’élaborer des fiches très complètes qui après examen de sa part, auraient constitué l’armature d’un livre destiné au CM1-CM2. Chaque leçon commençait par dix minutes de calcul mental. En 2006/2007, un ministre de l’Education nationale rendit obligatoire l’enseignement du calcul mental alors qu’il n’avait jamais été supprimé. Il est possible qu’avec le règne des calculettes, ces séquences deviennent rares à l’Ecole élémentaire. Après l’exposé des procédés pour faciliter l’exécution rapide des quatre opérations, les tables de multiplication étant connues par cœur, à la fin de l’année, ces enfants auraient stupéfié bien des adultes par la vitesse de leurs calculs et l’exactitude des résultats. Après l’étude de la numération, intervenait la géométrie. Je partais de la notion des bandes parallèles représentées par des lames de papier de couleurs différentes. Quand elles étaient d’égale largeur leur intersection perpendiculaire faisait apparaître sur une vitre en plus foncé un carré, en oblique un losange. Avec des largeurs inégales on obtenait de la même façon un rectangle ou un parallélogramme. Toutes ces leçons se terminaient par des exercices de travail manuel sur cahier spécial. En système métrique, par le biais d’expériences réalisées en physique sur la pesanteur, j’essayais de montrer que la masse et le poids sont deux choses différentes : la masse caractérisant la quantité d’un corps le poids, la force que la Terre exerce sur lui. Suivaient quantité d’exercices de pesées diverses où d’un coup d’œil on devait calculer la totalité des poids sur le plateau d’une balance. Même chose avec les mesures de longueur où le décamètre (chaîne d’arpenteur) servait pour établir les dimensions des petits champs qui entouraient l’école.

             Mais la véritable révolution résidait dans la volonté de transcrire les lignes de solution en phrases complètes et correctes. D’autres exercices consistaient à partir d’un énoncé exposant une situation, à demander à l’élève de rédiger les questions ou inversement donner entièrement les lignes de solution sans mentionner le résultat des opérations et imaginer le libellé du problème. Tout cela procédait d’une idée fondamentale : ne pas cloisonner étroitement chaque discipline. Toute leçon doit contribuer à l’enrichissement du capital lexical, syntaxique et orthographique de l’enfant. Les exercices d’application nombreux et variés, exigèrent beaucoup de travail et de temps. Monsieur Garioux, de son côté, avait apporté quelques rajouts et se montrait enchanté du produit. Ayant déjà fait publier un manuel de lecture aux éditions Hachette, c’est là qu’il me conduisit un jeudi. L’éditeur qui possédait depuis un mois le manuscrit sembla en apprécier I’originalité. Plusieurs voyages à Paris furent nécessaires pour contacter les gens du comité de lecture, puis les maquettistes puis les graphistes, puis… qui nous incitèrent à apporter quelques modifications. Jamais je n’aurais pu penser que l’impression d’un livre puisse faire appel à autant de compétences différentes ! A la dernière visite, la tête désolée de notre correspondant nous fit craindre encore des rectifications… Ce fut bien pire ! Le comité directeur venait d’apprendre par une fuite du ministère qu’un vaste plan de rénovation des « mathématiques » à l’école élémentaire s’élaborait. La maison devait donc se consacrer à la réalisation de nouveaux manuels et abandonner tout ce qui était prévu dans ce domaine. On nous rendit notre manuscrit. Nous revînmes de Paris bien déçus, mon inspecteur encore plus que moi. Pourquoi ? Pourtant en ce qui me concernait, cela représentait plusieurs années de travail mais je me consolai en pensant que mes élèves en avaient profité.

         Il fallut attendre deux ans pour prendre connaissance de ce modernisme basé sur la théorie des ensembles. A mon avis, les conséquences en furent désastreuses pendant plusieurs années car les enfants perdirent le sens de la numération et la connaissance des mécanismes.

 Bernard Furet (1925-…), Les Points de croix, 264 pages, biographie auto-éditée (vers 2009), p. 211

 

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A propos de Lectureuil

Lectureuil, le point de vue de Bernard Furet

Au détour de son livre de mémoires, Bernard Furet nous livre son point de vue sur sa collaboration avec Roger Beaumont et les conditions de l’élaboration de l’ouvrage qu’ils ont cosigné.

Le texte ci-dessous est extrait de : Bernard Furet (1925-2015), Les Points de croix, 264 pages, biographie auto-éditée (vers 2010).

Les intertitres sont de la rédaction.

En 1970, /…./ Je restai donc au service d’un seul Inspecteur : M. Garioux, celui qui m’avait mis le pied à l’étrier. Plus pour très longtemps, car nommé à Paris, rue de Grenelle au ministère, il laissa la place à un débutant dans la carrière : Roger Beaumont. Les adieux de M. Garioux se déroulèrent en grande pompe dans les salons de l’Hôtel de Ville devant tout un parterre de notabilités car il était très connu dans l’arrondissement où il y avait tissé de nombreux liens d’amitié : sous-préfet, députés, maires, conseillers généraux-côtoyaient presque tous les enseignants de l’Arrondissement du primaire au secondaire. A la fin de son speech, il présenta son remplaçant. Impossible de trouver plus grande dissemblance entre deux hommes. M. Garioux, grand et fort effaçait par sa masse M. Beaumont petit et maigre ; l’un possédait une large face colorée surmontée d’une brosse grisonnante, l’autre un visage maigre et blanchâtre encadré de longs cheveux tombant sur son col ; le partant faisait preuve d’une volubilité qui n’avait d’égale que son habituelle agitation gestuelle ; le nouveau restait muet et immobile dans son coin comme une statue. Manifestement, ce genre de cérémonie l’indisposait et il ne prononça que quelques mots à peine audibles accompagnés d’une légère inclinaison du buste au moment de sa présentation.

 Roger Beaumont, un idéaliste

Il m’intriguait fort et j’avais hâte de faire plus ample connaissance. Il me donna rendez-vous huit jours avant la rentrée pour s’informer des problèmes de la circonscription. Il éprouva alors le besoin de me faire savoir qu’il exerçait deux ans au préalable comme instituteur dans une commune de la région parisienne : Champigny où il avait souffert de vexations et de malentendus l’opposant à sa hiérarchie. Ces heurts l’avaient décidé à tenter le concours de l’Inspection. Dans cette optique, il se promettait d’ailleurs de révolutionner la nature de ses contacts avec les instituteurs. Entre autres, il ne me cacha pas qu’étant marxiste par tempérament bien que n’ayant jamais pris carte au PC, il n’avait pas l’intention de jouer les gendarmes ou les gardes-chiourmes vis-à-vis des enseignants. Il me présenta sa jeune épouse accompagnée d’un enfant de trois ans. Elle était sa seconde femme ; avec la première, il avait eu deux garçons qui vivaient avec leur mère, institutrice elle aussi. Sans manifester une grande inquiétude, je m’interrogeai sur la façon de construire et de vivre nos rapports futurs. Au fil des jours, les choses se clarifièrent. Très supérieur sur la plan de la linguistique, il m’avoua une très grande déficience en mathématiques d’autant plus qu’il n’avait jamais suivi de cours de recyclage. Ainsi, pendant ses inspections en ce domaine, il se contentait de prendre des notes que je résumais de façon plus valable et plus concrète. Ainsi s’instaura une véritable coopération. Ses méthodes interloquèrent mes collègues. Il les prévenait de sa visite trois ou quatre semaines à l’avance afin de ne pas les surprendre. Il pensait que tout le monde possédait sa rectitude d’esprit. J’étais navré de voir une telle naïveté. Mais moi qui me trouvais chaque jour dans les écoles, je pouvais remarquer que certains instits (pas tous heureusement !) faisaient répéter, parfois près de dix fois à leurs élèves, la séquence qu’ils développeraient devant leur supérieur le jour choisi. Pareillement, il ne demandait jamais à voir les cahiers. Comme je lui faisais remarquer que ces instruments permettaient de juger quantité de choses : la fréquence, la progression des différents exercices ou la façon dont les erreurs se trouvaient corrigées. Il explosait : « Mais c’est une forme d’indiscrétion, c’est fourrer son nez dans des actions très personnelles ! Un véritable travail d’inquisiteur que je ne me permettrai pas !

– Pourtant, ton rôle réside en grande part dans la vérification de la qualité du travail qui se déroule quand tu n’es pas là; et l’examen des cahiers le permet. Il ne faut surtout pas oublier que les carences ou la paresse de l’instit se répercutent sur l’enfant qui en subit des dommages parfois irrémédiables.

– Tu ne me feras pas changer d’avis et je suis capable de porter un jugement cohérent sans utiliser de tels procédés. »

Je n’insistai plus, le laissant à ses illusions. L’avenir prouvera que je ne m’étais pas trompé, je connaissais trop bien la mentalité humaine. Quelques uns, dont les mérites étaient minces ou inexistants, en profitèrent alors que d’autres qui fournissaient un travail sérieux ne s’en trouvèrent pas récompensés.

 Roger Beaumont, un érudit

Roger possédait un esprit brillant fourmillant d’idées originales. Infiniment plus pragmatique, je lui démontrai souvent I’inapplication chronique de ses théories. Mais opiniâtre au possible, il obtint des réussites que je jugeai au départ irréalisables. Il réussit à créer dans une grande salle à côté de son bureau situé au-dessus d’une importante école maternelle, un centre de documentation pédagogique flanqué d’une bibliothèque spécialisée très importante. Il est vrai que tous les éditeurs, à notre demande, se faisaient un devoir de l’alimenter abondamment. Pour gérer l’ensemble, il y fit détacher avec un statut particulier, un instituteur en congé de longue maladie qui s’y assuma pleinement en accomplissant une tâche remarquable. Il imprimait mensuellement un livret assez volumineux dans lequel chacun pouvait développer des thèmes pédagogiques évidemment ou des travaux d’élèves. Roger et moi en plus d’un éditorial, fournissions une bonne ration d’articles. Il m’ouvrit d’autres horizons en me prêtant des ouvrages traitant de sujets que j’ignorais jusqu’alors touchant à la linguistique, à la grammaire structurale ou à la phonétique : Bernstein, A. Martinet, F. Richaudeau, H. Wallon, J.P. Tetard, Jakobson, Beneviste, Peytard…Je restai dubitatif quant à leur application dans nos classes primaires, en reconnaissant cependant le bien fondé des analyses proposées. La phonétique surtout me passionna. La langue française présente dans chaque mot des lettres qu’on n’entend pas, contrairement à I’italien ou chaque signe graphique est prononcé ; d’où la difficulté de notre orthographe. J’avais lu en 1966 un livre humoristique d’Hervé Bazin: « Plumons l’oiseau », dans lequel, en décortiquant ce nom, il s’amusait à démontrer que l’on ne prononçait aucune des lettres qui composent: o, i, s, e, a, u. Je découvris que si, comme chacun sait, notre alphabet compte vingt-six lettres, on se sert par contre de trente-six phonèmes (ou sons) : 16 voyelles dans lesquelles on marque la différence entre le « o » ouvert (bol) et le « o » fermé (pot), le « é » fermé (école) et le « è » ouvert (être), même chose avec les 17 sons consonnes où I’on oppose des sons voisins comme « f » et « v », « p » et « b »… Et trois phonèmes dits semi-voyelles ou semi-consonnes le « ieu » de œil ou fille, le « ui » de fuir et le « oueu » de oui ou de foi. Tous possèdent une graphie spécifique qu’on retrouve dans certains dictionnaires comme le Robert par exemple et dont l’ensemble constitue l’alphabet phonétique.

Lectureuil, une méthode exigeante, patiemment élaborée

Nous incitâmes les maîtres qui le désiraient à suspendre dans leurs classes des panneaux où les enfants écrivaient les nouvelles graphies d’un son quand ils en découvraient d’autres. Par exemple, pour le « o » : eau dans seau, « ot » dans pot, « au » dans saule. Ces recherches les amusaient et apportaient à la longue une amélioration de l’orthographe. Considérant déjà à l’époque la faiblesse des résultats de l’apprentissage de la lecture, nous vint à l’esprit de composer, non pas une méthode, mais tout un appareil destiné à la fois aux enfants, aux maîtres et aux parents. Ce travail de titan nous prit sept ans car nous voulions le construire à partir d’expérimentations dans les classes où nous allions l’un ou l’autre plusieurs fois par semaine.

 Une autre innovation consistait à partir de ce que les enfants possèdent, c’est-à-dire leur langage. Nous avions conscience qu’ils ne disposaient pas en ce domaine d’un langage uniforme, mais empreint de variantes, de différences. Leur expérience se diversifiait considérablement selon la couche ou la classe sociale où se définissait leur famille. Il n’est pas besoin de démontrer comment ces inégalités déterminaient le plus souvent le cheminement scolaire de l’enfant. C’est pourquoi la première tâche consistait à leur faire pratiquer chaque matin une séquence langagière en graduant les difficultés, en pratiquant une pédagogie de groupes et en insistant auprès des plus faibles. Il ne faut pas oublier que malgré les efforts réalisés en maternelle, bien des enfants surtout issus des banlieues des villes percevaient le parler de l’école comme une langue étrangère. Nous nous cantonnâmes aux listes de grande fréquence propres aux différents âges. Par exemple, pour un enfant de 6/7 ans, on peut se contenter de mille à mille deux cents mots et formes verbales. En les pratiquant chaque jour dans des énoncés simples, on amenait peu à peu la plupart des élèves d’un cours préparatoire à un niveau normal. Ils pouvaient alors aborder les difficultés du décodage de l’écrit.

 Parallèlement, nous leur faisions pratiquer une analyse orale des mots en leur demandant de préciser le positionnement de tel phonème: début ? milieu ? ou fin ? Et inversement de proposer des termes contenant le phonème étudié aux différentes places. Ce qui se révéla un profitable exercice pour lutter contre les dysorthographies futures. Nous encourageâmes également les maîtres à poursuivre les exercices corporels de psychomotricité et le développement des perceptions et leur affinement. Non seulement vue et audition, les principales, mais aussi I’odorat, le toucher voire le goût, toutes concourant à la formation de l’intelligence. Enfin, le développement de la fonction symbolique « qui a le pouvoir de trouver à un objet, sa représentation et à cette représentation, un signe simple » (Henri Wallon). Ce qui est le propre même de la lecture: un ensemble de signes formant un mot qu’on peut prononcer et savoir ce qu’il représente ou sans passer par le support de l’appareil phonatoire, directement de la vision à la compréhension, ce qui est la caractéristique de la lecture dite visuelle. Je m’arrête là, n’ayant pas f intention de résumer en quelques lignes, les deux gros ouvrages (trois cents pages chacun) qui ont couvert cette expérience.

Lectureuil, un échec éditorial

Le tout fut édité chez Magnard en 1978. L’éditeur, très conscient des risques qu’il prenait nous dit : « Cette méthode est remarquable, elle sera peut être appliquée au 21ème siècle quand les instituteurs recevront une formation supérieure. » Et encore ! Plus conscient des difficultés proposées, j’avais réussi à simplifier nombre de séquences au cours de mes multiples visites dans les Cours Préparatoires expérimentaux de la circonscription.

 /…/

(p. 230)  J’entamai donc ma dernière année dans l’enseignement. Depuis quelque temps, je m’étais lancé dans l’élaboration de fiches de lecture pour les cours moyens en partant d’articles de journaux que je modifiais parfois afin de rester au niveau d’enfants de cet âge. Elles présentaient de nombreux intérêts. Le texte du recto devait être lu des yeux plusieurs fois avant de répondre aux questions du verso. Celles-ci exigeaient une réponse écrite correctement rédigée. Je m’étais aperçu que des fichiers du même genre ne demandaient pour vérifier la compréhension que de tracer une croix face à la réponse exacte proposée avec une autre, fausse. En dehors du fait qu’il n’y avait qu’une chance sur deux de réussite, le travail de l’enfant se trouvait bâclé en un clin d’œil. De plus, on négligeait l’importance de la mémoire visuelle et gestuelle qui entre en jeu dans l’écrit et qui influe dans l’acquisition de l’orthographe. Enfin, pour répondre à chaque opération, l’élève devait retourner la feuille et lire rapidement des yeux le paragraphe concerné pour retrouver les éléments de sa réponse. Les résultats obtenus dans les classes où j’avais déposé mes échantillons donnaient grande satisfaction aux maîtres tout en intéressant leurs élèves. J’ai regretté plus tard de ne pas avoir poussé plus avant en les proposant aux Editions Magnard. J’aurais gagné plus qu’avec notre méthode de lecture qui s’avérait difficile à appliquer dans les écoles malgré des débuts prometteurs en… Italie dans la province francophone d’Aoste où les villages portent des noms français : Châtillon, St Vincent…

Bernard Furet (1925-…), Les Points de croix, 264 pages, biographie auto-éditée (vers 2009)

Chapitre 8 (p. 225 et suivantes)

 

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Léon Dubreuil

Léon Dubreuil

(1880-1967)

            Léon Dubreuil, comme nombre d’inspecteurs d’académie eut une carrière itinérante. Fidèle à ses origines vendéennes, la majorité de ses publications a trait à la Chouannerie et l’histoire de la Révolution dans l’Ouest de la France, cependant au cours de son bref passage dans l’Yonne, il a cosigné, avec Jeanne Séguin, un Département de l’Yonne. C’est sans doute à cette occasion qu’il a approfondi ses connaissances de Paul Bert dont il a écrit une biographie.

Nous remercions monsieur Chiron qui nous a révélé cet auteur et à qui nous devons la plupart des renseignements ci-dessous.

                   Léon Dubreuil est né à La Verrie (Vendée) le 26 novembre 1880 au carrefour du Poitou, de l’Anjou et de la Bretagne où son père, Firmin, est directeur d’école. Ce dernier ne fréquente l’église que pour le dimanche de Pâques. Dans ses ancêtres, il compte certaines personnes de sensibilité contre-révolutionnaire et cite l’un d’entre eux qui participa au soulèvement mené en 1832 par la duchesse de Berry. Il passe son enfance en Vendée à Bouin dans le Marais breton (en face de l’île de Noirmoutier) où son père est nommé, il s’agit alors d’un village de plus de 2 500 habitants. Bouin appartenait avant la Révolution aux marches communes de la Bretagne et du Poitou, il a été marqué par un massacre de républicains captifs et un assassinat de royalistes prisonniers durant les guerres de Vendée.

              Il fait sa scolarité secondaire au lycée de Nantes de 1891 à 1900 (soit quarante après le passage de Clemenceau dans cet établissement), il relate les souvenirs de sa scolarité dans l’enseignement secondaire dans un numéro de la revue Les Annales de la Société académique de Nantes. Il y dépeint entre autre son professeur d’allemand Maurice Potel, qui revenant de la cour de Russie où il avait été lecteur, arborait une épingle de cravate avec trois diamants que lui avait offerte l’impératrice. Il passe l’ensemble de sa scolarité dans ce lycée en compagnie du futur peintre Jacques Patissou, qui deviendra par ailleurs professeur de peinture à l’École polytechnique.

                        Professeur d’histoire-géographie dans divers lycées de province, il devient inspecteur d’académie de la Lozère puis de l’Yonne dans les années vingt et inspecteur d’académie de l’Eure puis de la Côte d’Or dans les années trente. Afin de ne pas rentrer en conflit ouvert avec le président du Conseil général, son intervention publique est soit lente et timide, soit inexistante, pour défendre un inspecteur de circonscription (qu’il avait d’ailleurs connu auparavant dans l’Yonne puisque Victor Voiron a été inspecteur primaire à Auxerre de 1923 à 192Smilie: 8) très actif militant de la Ligue de l’enseignement attaqué par les conseillers généraux adversaires de l’école publique sur le prétexte que par la route et non par un chemin de terre il y a une distance entre deux écoles qui justifie selon l’usage que les enfants ne soient pas regroupés dans une seule. Une belle bataille commence à front renversé, les partisans de l’école privée en ville accusent l’inspecteur primaire connu pour sa laïcité intransigeante de sacrifier l’école publique dans un village bourguignon où l’enseignement catholique n’a jamais existé. L’attitude de Léon Dubreuil le fait dénoncer par les élus et journaux du parti socialiste et du parti communiste comme complice des réactionnaires, le syndicat des instituteurs de la Côte d’Or emboîte le pas, l’amicale des inspecteurs primaires en prenant partie pour un de ses adhérents met en cause la gestion (ou la non-gestion) du problème qui a été faite par Léon Dubreuil. L’inspection générale se rend sur place en la personne d’Ab Der Halden, elle juge qu’il n’est plus possible que Léon Dubreuil reste le supérieur hiérarchique de cet inspecteur vue la détérioration extrême de leurs relations en raison de cette affaire. Dans l’atmosphère de préparation aux élections législatives de 1936, l’inspecteur de circonscription est déplacé à Trévoux dans l’Ain où lui sont offertes des conditions assez particulières d’exercice et à son arrivée au ministère Jean Zay le nomme à Vienne dans le Rhône sur un poste attrayant. Des proches du gouvernement de Vichy sauront rappeler cette histoire et il se verra déplacer à Embrun, ceci l’amènera à demander immédiatement sa retraite. La carrière de Léon Dubreuil souffre de ces évènements, ils arrivent au moment où son ambition de devenir inspecteur général pouvait se réaliser. Il est toujours inspecteur d’académie à Dijon lorsqu’il prend sa retraite au cours de la Seconde Guerre mondiale.

                 Léon Dubreuil décède le 6 mars 1967 à Bain-de-Bretagne après avoir fourni régulièrement durant sa vie active des études historiques et géographiques autour de la Bretagne et particulièrement sur les personnages de cette région ayant pris la tête des partisans de la Révolution, une monographie avec un livre de souvenirs (imprimé à Auxerre en 1930) et des articles sur certains habitants et le village aujourd’hui vendéen de Bouin des marches poitevines et bretonnes, un ouvrage sur la vie de Renan, un copieux volume sur Paul Bert en 1935. À la mort de Léon Duringer en 1919, il donne un article dans La Gerbe sur ce chansonnier, connu sous le nom de Léon Durocher, co-fondateur de l’association « Les Bretons de Paris » et son aîné au lycée de Nantes. Ses ouvrages historiques sont le fruit d’un travail s’appuyant exceptionnellement sur des pièces d’archives, il y adopte des thèses favorables aux idées révolutionnaires sans nier l’existence d’exactions dans la répression des Vendéens et Chouans.

                   En matière de manuels scolaires, outre sa collaboration avec Jeanne Séguin (alors professeur à l’École normale de filles d’Auxerre) pour une histoire et géographie intitulée Département de l’Yonne parue en 1928, on lui doit en compagnie de C. Charlot Mon livre unique de géographie pour les classes primaires élémentaires de niveau cours moyen et cours supérieur pour 1938 et La Question écrite d’histoire au brevet élémentaire en 1939 avec Ch. Galubet. Le livre de géographie de Léon Dubreuil est vaut pour ses idées claires, ses intertitres qui servent de résumé, ses cartes très schématiques, des lectures (elles n’apparaissent pas à l’image mise sur le site) qui pour chaque chapitre apportent de la vie ; il constitue un ensemble dégraissé et efficace.

Outre son dossier professionnel et celui de l’inspecteur primaire Voiron déposés aux archives nationales, nous avons consulté divers ouvrages de sa plume et sa très courte biographie dans l’ouvrage Un Grand Lycée de province : le lycée Clemenceau de Nantes.

[Alain Chiron]

 

Extrait de la bibliographie de Léon Dubreuil :

a) Ouvrages à caractère pédagogique :

L. Dubreuil & J. Séguin, Département de l’Yonne, 1928, Impr. André Lesot, 8 pages

Ch. Galubet. & L. Dubreuil, La Question écrite d’histoire au brevet élémentaire, 1939

C. Charlot & L. Dubreuil, Mon livre unique de géographie, CM & CS, 1938, Aubier [surchargé: Nathan], 252 pages

b) Ouvrages suscités par le séjour de L. Dubreuil dans l’Yonne :

L. Dubreuil,  Paul Bert et l’enseignement secondaire féminin, 1931, Paris, Marcel Rivière

L. Dubreuil,  Un Artisan des lois laïques : Hippolyte Ribière, 1933, Paris, Marcel Rivière

L. Dubreuil,  Paul Bert, 1935, 288 pages, chez Félix Alcan, Bernigaud & Privat  imp. à Dijon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Etat civil : naissance, La Verrie (85)

« L’an 1880, le 26 novembre à 4 heures du soir /…/ a comparu DUBREUIL Firmin[1], 28 ans, instituteur, demeurant au chef-lieu de cette commune lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin né ce jour sur les 4 heures du matin de lui et de NEAUX Céline, son épouse, 23 ans, propriétaire /…/ a donné les prénoms de Léon Aristide Firmin. Témoins COUTAN Victor, 24 ans, instituteur adjoint, ami ; CHAMBIRON Henri, tisserand, 40 ans, ami.

Mentions marginales :

Marié le 5 août 1907 à Guingamp avec Marie Yvonne LOUBAUD

Décédé à Bain-de-Bretagne, le 6 mars 1967


[1] Directeur d’école publique à Bouin (Vendée) est officier des Palmes académiques en 1904. [Source INRP]

 

 

 

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Jeanne Séguin

Jeanne SÉGUIN

(1895- † après 1959)

 Jeanne SÉGUIN a enseigné français et histoire-géographie dans l’Yonne de 1921 à 1926, à l’École normale d’institutrice d’Auxerre, établissement qu’elle dirige ensuite de 1936 à 1939.

Nous remercions monsieur Chiron qui nous a révélé cette auteure et à qui nous devons la plupart des renseignements ci-dessous.

« L’an 1895, le 4 novembre à 5 heures du soir /…./ A comparu Théophile Virgile Léon SÉGUIN, 26 ans, instituteur, domicilié à La Ferté-sur-Aube (52) /…./ a présenté un enfant de sexe féminin, né à 3 heures, de lui déclarant et de Marie Célénie Appoline GUINOT, institutrice, âgée de 23 ans, son épouse /…./ a donné les prénoms de Jeanne Augusta Emilie./…/Témoins Léon WEIRICH, instituteur, 37 ans, Auguste GILBERT, 32 ans, épicier…. » [Pas de mention marginale.]                                                      [Archives départementales de Haute-Marne]

 

Jeanne Séguin est née le 4 novembre 1895 à La Ferté-sur-Aube, en Haute-Marne, aux limites de la province de Bourgogne ; fille d’un couple d’instituteurs, elle resta célibataire.

Elle fréquente l’École primaire supérieure soit de Chaumont, soit de Wassy ; elle suit les cours de l’École normale de 1911 à 1914. Après une année d’enseignement dans la Haute-Marne, elle fait une année supplémentaire d’École normale à Melun pour devenir professeur d’École primaire supérieure.

De 1919 à 1921 elle enseigne dans l’Ecole Primaire Supérieure d’Illiers (aujourd’hui Illiers-Combray par hommage à Proust) en Eure-et-Loir. Elle est professeure à l’École normale d’Auxerre où elle enseigne dans « un enthousiasme communicatif » le français avec l’histoire-géographie durant l’ensemble des années scolaires allant de la rentrée 1921 à l’été 1926.

Elle part en formation à Saint-Cloud d’octobre 1926 à juillet 1927 (afin de pouvoir ultérieurement postuler pour une direction d’école normale). Elle reprend pour deux ans son poste à Auxerre, puis part pour l’École normale de filles de Tulle où elle reste quatre années scolaires. Sur la proposition d’un inspecteur général, elle prépare les normaliennes à faire face à leur sortie à des classes uniques mixtes devenues alors nombreuses dans ce département.

De 1936 à 1939 elle a la direction de l’École normale de filles d’Auxerre où elle se charge de cours de pédagogie et sociologie. Madame Fraysse (épouse d’Antonin Fraysse, natif de la Côte d’Or à qui on doit de nombreux manuels de français et de géographie) étant nommée inspectrice générale à la rentrée 1936 par le nouveau ministre Jean Zay, Jeanne Séguin prend sa suite à l’École normale de filles de Beauvais. Elle rentre ainsi dans l’académie de Paris, ce qui est un atout capital pour pouvoir un jour être nommé inspecteur primaire de la Seine, dont le traitement est nettement supérieur aux directeurs d’école normale et encore plus largement à celui d’un inspecteur primaire de province. Pour cela, elle aura encore deux marches à franchir la direction de l’École normale de Rouen (alors connue sous un autre nom) entre 1941 et 1945 et l’inspection primaire d’Argenteuil dans la Seine-et-Oise entre 1945 et 1948.

Elle reste inspectrice primaire de la Seine pendant onze ans, prenant sa retraite le 30 septembre 1959. Durant de très nombreuses années scolaires elle passe ses vacances à  Bourbonne-les-Bains en Haute-Marne (au carrefour de la Haute-Saône et des Vosges) puis après la fin de la Seconde Guerre mondiale à Chaumont.

Sa production en matière d’outils didactiques est composée d’une histoire et géographie intitulée Département de l’Yonne fruit d’une collaboration avec Léon Dubreuil alors inspecteur d’académie de l’Yonne (puis de la Côte d’Or) parue en 1928, Ma première encyclopédie abondamment illustrée par Hélène Poirié[1] éditée en 1957 chez Larousse et un livre de lectures choisies Pour nos filles cours moyen, fin d’études (la mixité dans les écoles primaires n’est définitivement installée qu’en 1969).

Dans ce dernier ouvrage de 348 pages, son avant-propos pointent que les femmes jouent un rôle de plus en plus important dans la société et qu’il s’agit dans cet ouvrage de  « [permettre] aux filles une première prise de conscience de leurs tâches et de leurs responsabilités futures, car un champ toujours plus vaste s’ouvre à l’activité féminine sans que celui des obligations familiales cesse de lui appartenir en propre ». Elle annonce que les textes proposés sont empruntés aux meilleurs auteurs classiques et modernes. Les titres des chapitres sont : héroïsme féminin, grands-mères et tantes, exploratrices, mères, épouses… Parmi les auteurs on note : Saint-Exupéry, Ramuz, Duhamel, Régine Pernoud, Colette, Séverine, Sainte Soline, Colmont, Marguerite Audoux, Eve Curie, Pearl Buck, Colette Yver, Anna de Noailles, Alexandra David-Neel, Tcheng Cheng (avec deux textes dont un sur une enfant chinoise qui se fait régulièrement bander les pieds), Charles Ab Der Halden (pour Les Propos de M. Boneuil).

 [La plupart des informations avancées ici sont tirées du dossier professionnel de Jeanne Séguin déposé aux archives nationales et côté F 17/27156.]

 

 

Bibliographie :

Jeanne Séguin, Pauline Millet, Pour nos filles, recueil de lectures, illustrations Hélène Guignebert, Larousse, 1957, 348 pages

 

  Jeanne Séguin, Ma première encyclopédie, ?Larousse, 1957 grand in-4 (24,5 x 29,5 cm), plats illustrés en couleur, 81 pages, abondamment illustrée en couleur par Hélène Poirié ?

Jeanne Séguin, Pauline Millet, Pour nos filles. Recueil de lectures. Cours moyen, Classe de 7e, Classes terminales du 1er degré. Larousse Librairie Paris1956, 348 pages couleur, 13 x 19. (Matières : lecture, vocabulaire, expression orale et écrite.)

Léon Dubreuil, Jeanne Séguin, Le Département de l’Yonne, 1928


[1] « Hélène Poirié s’est éteinte discrètement le 25 décembre 2009 à l’age de 95 ans. Elle pratiqua le métier d’illustratrice en parallèle de son métier de professeur de dessin à l’éducation nationale. Elle vivait dans la région parisienne et habita toute sa vie dans la maison familiale où elle était née. Amoureuse de l’Italie et de sa peinture, de la Toscane et des Baux-de-Provence, elle laisse à ceux qui l’ont connue, le souvenir d’une dame déterminée et de grand caractère. Il ne reste que peu de traces de son œuvre, quelques affiches, des encyclopédies illustrées, et rien que des bons souvenirs pour les écoliers des années 50 et 60 qui ont pu rêver devant ses images. Elle n’a pas eu d’enfants et pourtant nombreux sont ceux qui se sentiront orphelins de cette grand-mère aux doigts de fée. » [oncle Michel]

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Anthelme Garioud, je veux lire

                     Raymond COQUILLE, Anthelme GARIOUD

                     Anthelme GARIOUD, Serge THEVENET, Nicole PITOT

 

 

La méthode de lecture « Je veux lire »  nous a mis sur la piste d’une série d’auteurs dont nous savons encore peu de choses.

Anthelme GARIOUD (1921 – 2010)

Anthelme GARIOUD a d’abord été instituteur à Crémieu, avant de devenir inspecteur primaire à Avallon (89), son premier poste, puis à Sens, dans les années 1960. Son nom apparaît dans deux équipes qui travaillent à la réalisation de manuels scolaire dans des matières distinctes. En ce sens, Anthelme GARIOUD est un auteur prolifique et éclectique. Dans l’état actuel de nos connaissances, nous sommes incapables de décrire le mode de fonctionnement des équipes rédactionnelles, ni de préciser les attributions de chacun des signataires.

Dans les années 1970 Anthelme GARIOUD quitta l’Yonne pour travailler au Ministère de l’Éducation nationale, à Paris. Il conserva des attaches dans l’Yonne puisqu’il eut un fils qui fut professeur de dessin à l’École normale d’Auxerre et qui a résidé près de Sens.

Époux de Marie-Louise CHEVALLIER, chevalier de la Légion d’honneur, commandeur des Palmes académiques, Anthelme GARIOUD a été inhumé le 21 mai 2010, à Peyrieu, dans le département de l’Ain.

Un bref témoignage le concernant nous est fourni par Bernard Furet : « En 1970, /…./ Je restai donc au service d’un seul Inspecteur : M. Garioux, celui qui m’avait mis le pied à l’étrier. Plus pour très longtemps, car nommé à Paris, rue de Grenelle au ministère, il laissa la place à un débutant dans la carrière : Roger Beaumont. Les adieux de M. Garioux se déroulèrent en grande pompe dans les salons de l’Hôtel de Ville devant tout un parterre de notabilités car il était très connu dans l’arrondissement où il y avait tissé de nombreux liens d’amitié : sous-préfet, députés, maires, conseillers généraux-côtoyaient presque tous les enseignants de l’Arrondissement du primaire au secondaire. A la fin de son speech, il présenta son remplaçant. Impossible de trouver plus grande dissemblance entre deux hommes. M. Garioux, grand et fort effaçait par sa masse M. Beaumont petit et maigre ; l’un possédait une large face colorée surmontée d’une brosse grisonnante, l’autre un visage maigre et blanchâtre encadré de longs cheveux tombant sur son col ; le partant faisait preuve d’une volubilité qui n’avait d’égale que son habituelle agitation gestuelle ; le nouveau restait muet et immobile dans son coin comme une statue. Manifestement, ce genre de cérémonie l’indisposait et il ne prononça que quelques mots à peine audibles accompagnés d’une légère inclinaison du buste au moment de sa présentation. » [Bernard Furet (1925-…), Les Points de croix, 264 pages, biographie auto-éditée (vers 2009)]

 Raymond COQUILLE (né le 02/01/1914 – décès, avant 2010), instituteur, titulaire du brevet supérieur, il exerce en 1962 à Sens (rue de Lyon, classe de perfectionnement), il cosigne, la méthode de lecture : Je veux lire. Les époux Coquille habitaient à Myremy, hameau de Pont-sur-Yonne (89) et Mme  Coquille  intervenait à Chéroy dans le cadre de la médecine scolaire.

 Serge THEVENET (…-…) Il cosigne avec Anthelme GARIOUD et Nicole PITOT, à partir de 1982, chez Bordas,  une série de manuels scolaires consacrés à l’enseignement des mathématiques.

Il apparaît encore à l’organigramme du Ministère de l’Éducation nationale en 2006 comme, inspecteur général de l’éducation nationale, chargé de la sous-direction des personnels d’encadrement à la direction des personnels administratifs, techniques et d’encadrement.

 Nicole PITOT (… – …) Elle cosigne avec Anthelme GARIOUD et Serge THEVENET, à partir de 1982, chez Bordas,  une série de manuels scolaires consacrés à l’enseignement des mathématiques.

 A / Manuels de lecture :

La série « Je veux lire », signée Raymond COQUILLE, Anthelme GARIOUD est parue chez Hachette en 1966. Elle se reposait, comme beaucoup de méthodes de lecture, sur deux livrets. Le premier, au choix du maître, est à départ global ou synthétique, le deuxième propose pour la suite de l’année scolaire, à travers textes et exercices une étude systématique des sons de la langue.

« Les 160 sons de l’abbé Bertaud ne doivent pas nous étonner, il en existe encore une centaine dans Je veux lire » (Laurence Lentin, Du parler au lire)

 

On trouve quelques images extraites de ces manuels sur le Net.

Manuel scolaire, Coquille (Raymond), Garioud (A.), Je veux lire. Premier livret. Méthode synthétique, Hachette, 1966

Manuel scolaire, Coquille (Raymond), Garioud (A.), Je veux lire. Premier livret. Méthode à départ global, Hachette, 1966

Manuel scolaire, Coquille (Raymond), Garioud (A.), Je veux lire. Deuxième livret, Hachette, 1969

Outre ces livrets, tout un matériel, soit individuel, soit collectif, est proposé aux maîtres pour faciliter son enseignement :

des cahiers individuels :

Je veux lire. Éducation de la perception. Écoles maternelles 1.,  1968, Hachette

Je veux lire. Éducation de la perception. Écoles maternelles II.,  1968, Hachette

Je veux lire. Éducation de la perception. Cours préparatoire.,  1967, Hachette

Je veux lire. Cahier d’organisation linéaire. Cours préparatoire.,  1966, Hachette

Je veux lire. Cahier d’organisation linéaire. Écoles maternelles 2.,  1967, Hachette

un livret de lecture courante :

Je veux lire. Lecture courante. Premier livre. 3e livret.,  1971, Hachette

– du matériel didactique :

des affichettes :

Coéditées par Hachette et Rossignol, ces affichettes permettaient aux instituteurs de mettre en pratique la technique des « mots-supports » pour l’apprentissage de la lecture.

 pour le maître :

Je veux lire. Présentation de la méthode, CP, 1966, Hachette

Je veux lire. Fichier pédagogique. Méthodes à départs synthétique et global.,  1967, Hachette

Coquille (Raymond), Martinez (V.), Muneret (G.), Bergère (J.),  Perception. Logique. Ensembles. Mathématiques. Fichier d’utilisation.,  1969, Hachette

Coquille (Raymond) / Garioud (A.),  Tableaux muraux. A la chasse, chasseur tirant sur le gibier. Départ en vacances…., Hachette, (vers 1967)

B / Manuels de mathématiques :

Garioud (A.) / Thévenet (Serge) / Pitot (Nicole),  Math CP., Bordas,

Garioud (A.) / Thévenet (Serge) / Pitot (Nicole),  Math CP. Guide du maître., Bordas, 1982

Garioud (A.) / Thévenet (Serge) / Pitot (Nicole),  Mathématiques. CE1., Bordas, 1983

Garioud (A.) / Thévenet (Serge) / Pitot (Nicole),  Math CE1. Guide du maître., Bordas, 1983

Garioud (A.) / Thévenet (Serge) / Pitot (Nicole),  Mathématiques. Livre du maître. CE1., Bordas, 1986

Garioud (A.) / Thévenet (Serge) / Pitot (Nicole),  Mathématiques. CE2., Bordas, 1986,

Garioud (A.) / Thévenet (Serge) / Pitot (Nicole),  Math CE2. Guide du maître., Bordas

Garioud (A.) / Thévenet (Serge) / Pitot (Nicole),  Mathématiques. Livre du maître. CM1., Bordas, 1987,

Thévenet (Serge) / Pitot (Nicole),  Mathématiques. Cahier d’exercices. CM1., Bordas, 1990

Garioud (A.) / Thévenet (Serge) / Pitot (Nicole),  Mathématiques. CM2., Bordas, 1986,

Garioud (A.) / Thévenet (Serge) / Pitot (Nicole),  Mathématiques. Livre du maître. CM2., Bordas, 1989,

La collection fut reprise par l’éditeur, en 1995, puis en 2008, avec d’autres équipes rédactionnelles.

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Alain Valtat, céramiste

Alain VALTAT

(1947 – …)

 Le mode de transmission des savoirs en arts plastiques ne passe pas prioritairement par l’édition de manuels scolaires. Nous avons déjà noté cette difficulté lors de la présentation de la fiche consacrée à Daniel Carré. En arts plastiques comme en éducation physique, faute sans doute d’une rentabilité suffisante et peut-être d’imagination, l’édition scolaire reste assez indigente. 

Alain Valtat, d’abord instituteur à Treigny (89) en 1968-1969, s’est intéressé à la poterie et à la céramique en fréquentant les artisans et artistes locaux de Saint-Amand (5Smilie: 8) et Ratilly (89). Poursuivant des études de physique à l’Université de Bourgogne (1969-1974), enseignant ensuit en sciences physique, il a continué s’adonner à la céramique et développé ses propres créations, d’abord dans le style « Grès de Puisaye » avant d’expérimenter et d’élargir sa, palette technique. Il devient ensuite professeur à l’IUFM de Bourgogne où autour des années 2000, soucieux de partager les savoirs accumulés, il a conduit l’atelier de l’IUFM et animé des journées culturelles sur le thème de la céramique.

Dans le même esprit, Alain Valtat a auto-édité plusieurs ouvrages traitant des recherches techniques qu’il a menées, diffusés par la librairie Imagine-Céramique.

Aussi, bien qu’on ne trouve pas, stricto sensu, de manuel scolaire signé Alain Valtat, il fait montre d’un souci d’éducation et d’éducation populaire qui le placent parmi les auteurs de l’Yonne et il convient de lui ménager ici une place ici.

Ouvrages d’Alain Valtat, dont on peut voir la couverture sur son site personnel :

Introduction à une pratique expérimentale des glaçures 1250 – 1320°C généralités (2001- imp. Jouve à Mayenne, ISBN 2-9517488-0-9)

L’élément fer dans les glaçures 1250 – 1320°C (2003- imp. Jouve à Mayenne, ISBN 2-9517488-2-5)

L’élément cuivre dans les glaçures 1280 – 1320°C  (2004- imp. Jouve à Mayenne, ISBN 2-9517488-3-3)

Glaçures de cendres (2007- ISBN imp. Jouve à Mayenne, 2-9517488-4-1)

Terres cuites à revêtements argileux (2010- imp. Jouve à Mayenne, ISBN 2-9517488-5-X)
 

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