Pierre Larousse

Pierre LAROUSSE

(1817-1875)

Pierre Larousse est universellement connu pour son œuvre de lexicographe et de pédagogue. Il est, avec Augustin BOYER – natif de Villiers-Saint-Benoit- fondateur de la maison LAROUSSE et BOYER qui deviendra la maison LAROUSSE. Avant de concevoir son Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, il se consacre à la rédaction de manuels scolaires.

(Note : Pierre Larousse n’a rédigé que deux dictionnaires : le Nouveau dictionnaire de langue française et le GDU…les autres lui sont postérieurs !)

BIBLIOGRAPHIE : Si, de nos jours, les élèves le fréquentent par le truchement du dictionnaire, du larousse, on doit bien d’autres ouvrages à Pierre Larousse :

La Lexicologie des écoles

Lexicologique des écoles primaires (1849)

qui devient en 1851 : Grammaire élémentaire lexicologique.

Cours lexicologique de style (1851)

Traité élémentaire d’analyse grammaticale (1851)

Petite grammaire lexicologique du premier âge (1852)

   

  Traité complet d’analyse et de synthèse logique (1853)

Méthode lexicologique de lecture (1856)

Nouveau dictionnaire de la Langue française (1856)  qui est un ouvrage scolaire. Pierre Larousse l’a voulu petit et bon marché pour tous les élèves puissent l’emporter dans leur cartable.

Jardin des racines grecques (185Smilie: 8)

L’Ecole Normale (185Smilie: 8) C’est la première revue pédagogique à l’usage des Maîtres. Elle contient des exercices avec les corrigés dans toutes les disciplines.

Jardin des racines latines (1860)

ABC du style et de la composition (1862)

Le livre des permutations (1862)  C’est un ouvrage fondamental car il est à l’origine de la grammaire moderne telle qu’on l’a apprise et qu’on l’apprend encore à l’école.

Nouveau traité de versification (1862)  La rhétorique était une matière importante à l’époque.

Petite Flore latine (1862) Livre de citations des auteurs latins aussi important que le suivant.

Miettes lexicologiques (1863)

Traité complet d’analyse grammaticale (1865)

Grammaire littéraire (1867)

Grammaire supérieure (186Smilie: 8)

Grammaire complète (186Smilie: 8)

Exercices d’orthographe et de syntaxe appliqués (1869)

Gymnastique intellectuelle : les boutons (1870)

Gymnastique intellectuelle : les bourgeons (1871)

Gymnastique intellectuelle : les fleurs et les fruits (1873)

 La famille de Pierre LAROUSSE, aussi loin qu’on puisse remonter, est implantée dans le département de l’Yonne. Il est honoré à Toucy, sa ville natale où son buste orne la place qui porte son nom et où une active association pérennise sa mémoire et dont on pourra voir les activités en suivant le lien.

[Nous remercions l’association Pierre-Larousse pour la biographie de Pierre Larousse et la relecture de cet article.]

BIOGRAPHIE : LAROUSSE Pierre Athanase

Pierre Larousse est un Icaunais et même plus précisément un « poyaudin » de pure souche. Il naît à Toucy Le 23 octobre 1817. Edme-Athanase LAROUSSE, son père, est né le 9 septembre 1793 à Courson-les-Carrieres. Louise GUILLEMOT, sa mère, est née le 27 mars 1795, elle appartient à une très ancienne famille de tisserands-drapiers dont on trouve la trace à Toucy dès le début du XVIIe siècle.

En 1820, naît une petite sœur : Sophie-Marie-Louise. Elle aura son importance puisqu’elle est à l’origine de la « dynastie Larousse », Pierre n’ayant eu qu’un seul « enfant » son Grand Dictionnaire Universel (GDU) !

En 1823, l’enfant va à l’école. Pierre est un très bon élève et Edme PLAIT a vite remarqué l’intelligence et l’intérêt sans cesse en éveil de l’enfant si bien qu’il lui donne des leçons particulières après la classe. Ce qui lui permet d’obtenir à 17 ans, en 1834, une bourse que le Conseil Général de l’Yonne – faute d’Ecole Normale à Auxerre – attribue chaque année aux quatre meilleurs élèves du département.

Après 3 années d’études, le 17 avril 1837, Pierre Larousse obtient son brevet d’enseignement du second degré et le 9 février 1838, celui du premier degré ; il a 21 ans, le 7 mai 1838, il est nommé instituteur à Toucy où une place vient de se libérer après la démission de Joseph Barthélémy. Le voilà devant une classe d’une centaine d’élèves de 6 à 17 ans. Conformément à la loi Guizot, Larousse doit donner la première place dans son enseignement à la morale et à la religion. Mais Pierre LAROUSSE est vite déçu par cet enseignement qui ne laisse aucune place ni à l’initiative personnelle, ni à la réflexion, et qui manque cruellement de manuels scolaires. Lui qui a été libre de choisir ses lectures, qui a tout écouté à l’auberge des parents, ne tarde pas à constater la déficience de l’enseignement qu’on lui demande de dispenser. Convaincu qu’une réforme s’impose, il démissionne de son poste en mai 1840 et repart à Paris où il reprend ses études.

Commence alors une période d’une dizaine d’années difficiles au cours desquelles il va falloir vivre sans grandes ressources. Il suit tous les cours gratuits qu’il peut au Collège de France, à la Sorbonne… Certes les parents ne l’oublient pas et lui envoient périodiquement des colis contenant quelques victuailles d’autant plus appréciées qu’elles rappellent la campagne toucycoise et qu’elles améliorent considérablement les repas pour quelque temps.

Pour subvenir à ses besoins, Pierre Larousse devient répétiteur à l’Institut JAUFFRET, dans le Marais. Il y rencontre Suzanne Pauline CAUBEL ; nous sommes en 1845, il ne l’épousera qu’en 1872 mais l’appellera toujours « ma femme » ou « madame LAROUSSE » ! Entre 1848 et 1851 il devient maître d’étude, toujours à l’Institut JAUFFRET, ce qui va lui permettre de tester ses ouvrages pédagogiques dont les premiers paraissent (à Paris chez Vve Maire-Nyon) en 1849 et 1850, il s’agit de la Lexicologie des écoles primaires.

Pour faire connaître sa méthode, Larousse n’a que deux solutions : ou bien il vend son ouvrage à un éditeur qui devient le propriétaire de cette première partie mais aussi le propriétaire des suivantes – ce qui aurait assuré la fortune et la célébrité de l’éditeur mais pas celle de Larousse ! Ou bien il édite « à compte d’auteur » …mais dans ce cas, il lui faut de l’argent, or ni lui, ni sa famille n’en possèdent…En fait, la solution trouvée sera de fonder en 1852 sa propre maison d’édition en compagnie d’un ancien élève de l’école Normale de Versailles : Augustin BOYER, la maison « Larousse et Boyer » ouvre ses portes au 2 rue Pierre Sarrazin. Et plus tard, au 49 rue Saint-André-des-Arts à Paris. La maison n’emploie qu’un seul commis : Emile MOREAU, petit-neveu de Boyer.

Les deux hommes ont beaucoup d’affinités communes :

•          Tous deux sont natifs de la même région et sont même compatriotes puisque Boyer est né à Villiers-Saint-Benoît, à 10 km de Toucy.

•          Tous deux ont la même formation (Ecole Normale de Versailles)

•          Tous deux sont républicains !

•          Tous deux sont fils d’aubergiste !

LAROUSSE se tue à la tâche, le mot n’est pas trop fort, il travaille 15 à 16 h par jour et les premiers symptômes de la congestion cérébrale qui l’emportera le 3 janvier 1875, apparaissent. Depuis 1872, c’est Jules qui dirige l’imprimerie et assure la continuité du GDU. A la mort de Pierre, le neveu et Mme LAROUSSE s’associent et continuent la publication du GDU sous le nom de « Veuve Larousse et Cie ». En 1878, la maison déménage au 19 de la rue du Montparnasse où elle se trouve toujours.

Posted in biographie, éditeurs, éducation populaire

Jules Isaac

Jules ISAAC

(1877-1963)

Jules Isaac n’a fait dans l’Yonne qu’un rapide passage à Sens au gré des nominations. Nous espérons pouvoir bientôt consulter les Annuaires de l’Yonne du début du XXe siècle pour préciser la durée de son passage à Sens (Yonne). Jules Isaac est essentiellement connu des enseignants comme coauteur d’une collection de manuels d’histoire qui furent parmi les plus utilisés. Notons à ce sujet que c’est sur la recommandation de Lavisse qu’il entra chez Hachette ; nous constatons ainsi, une fois de plus, que c’est par recommandation et cooptation que les maisons d’édition recrutent leurs nouveaux auteurs.

Cette notice est la compilation de plusieurs articles de Dominique Borne, de Wikipedia, du site du judaïsme en Alsace-Lorraine, des Amitiés Judéo-chrétiennes de France, du quotidien l’Yonne républicaine,  que nous remercions.

Jules Isaac, historien, né le 18 novembre 1877 à Rennes et décédé le 5 septembre 1963 à Aix-en-Provence, est l’auteur, à la suite d’Albert Malet, de célèbres manuels d’histoire, usuellement appelés « Malet et Isaac ».

Son père, militaire de carrière, juif alsacien qui a opté pour la France en 1871, est issu d’une famille de juifs patriotes : son grand-père paternel Élias Isaac était trompette-major dans un régiment d’artillerie, son père Marx Isaac (1829-1891) accomplit une belle carrière d’officier sorti du rang qui lui permit de devenir lieutenant-colonel d’artillerie et officier de la Légion d’honneur, et son oncle Victor-Marx Isaac (1834-1891), sous-officier d’artillerie décoré de la Médaille militaire, obtint lui aussi la Légion d’honneur en tant que capitaine de l’armée territoriale.

À treize ans, il perd ses deux parents à quelques mois d’intervalle, et devient interne au lycée Lakanal à Sceaux. À l’âge de vingt ans, il fait la connaissance de Charles Péguy ; c’est le début d’une longue amitié, marquée en particulier par la création des Cahiers de la Quinzaine. Avec Péguy, Isaac s’engage dans le camp dreyfusard. Reçu à l’agrégation d’histoire, en 1902, année de son mariage avec Laure Ettinghausen, il enseigne aux lycées de Nice, Sens, Saint Etienne et Lyon. Il est introduit par Ernest Lavisse chez Hachette, qui publie la collection de manuels d’histoire d’Albert Malet. Isaac est d’abord chargé de rédiger des aide-mémoire pour le baccalauréat. Nommé professeur au lycée Louis-le-Grand, puis au lycée Saint-Louis à Paris, il étend sa collaboration à des manuels pour l’enseignement primaire supérieur également issus de la collection Malet. C’est donc comme directeur de la collection fameuse des manuels « Mallet et Isaac » qu’il demeure présent dans la mémoire collective. Or, Mallet et Isaac n’ont jamais collaboré. Mallet rédigeait des manuels scolaires à grande diffusion dès avant la guerre. Il fut tué au combat en 1915. Au lendemain du conflit, Lavisse recommanda Isaac à Hachette qui cherchait un nouveau directeur de collection. Isaac était déjà un auteur de la maison à laquelle il avait donné des chronologies et des aide-mémoire. L’éditeur accepta mais, prudent autant que soucieux de rendre hommage au défunt, il souhaita faire figurer les deux noms sur la couverture. Les différents manuels de la collection connurent de nombreux remaniements au gré des changements de programmes…

Membre de la Ligue des droits de l’homme et du citoyen, puis du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, Jules Isaac s’engage en faveur d’une meilleure compréhension entre Français et Allemands, et milite en particulier pour une révision des manuels scolaires. En 1936, il est nommé inspecteur général de l’Instruction publique.

Agé de 63 ans, en 1940, il est révoqué en vertu du statut discriminatoire des Juifs pris par le gouvernement de Vichy. « Il n’était pas admissible, déclare le ministre de l’éducation et académicien Abel Bonnard le 13 novembre 1942 dans le journal Gringoire, que l’histoire de France soit enseignée aux jeunes Français par un Isaac. » Il se réfugia en zone libre d’abord à Aix-en-Provence, puis lorsque les Allemands envahirent le Midi en 1942, il s’établit au Chambon-sur-Lignon chez son fils aîné Daniel, professeur au Collège Cévenol, et qui ne tarda pas à partir pour l’Espagne. Il s’installa alors à Riom, près de sa fille et de son gendre qui travaillait au Central de l’Agence Havas à Vichy. Impliqués dans un réseau de résistance, ces derniers furent arrêtés, ainsi que sa femme et son fils cadet Jean-Claude, par la Gestapo à Riom le 7 octobre 1943, puis déportés par les Allemands à Drancy puis à Auschwitz où ils furent tous tués, excepté son fils qui réussit à s’échapper d’un camp en Allemagne. En 1945, Jules Isaac est rétabli dans ses droits comme inspecteur général honoraire.

Jules Isaac consacre alors une grande partie de ses efforts à la recherche des causes de l’antisémitisme. Il publie Jésus et Israël, rédigé pendant la guerre, puis inspire la Charte de Seelisberg. Cofondateur, avec entre autres Edmond Fleg, et actif animateur des Amitiés judéo-chrétiennes en 1947, il s’emploie à combattre en particulier les racines chrétiennes du mal qui, si elles ne sont pas les seules, lui paraissent les plus profondes et encore vivaces dans la seconde moitié du xxe siècle. Son idée essentielle est de mettre en valeur la nature profondément juive du christianisme primitif. Il participe à la conférence judéo-chrétienne de Seelisberg où il propose avec le grand rabbin Kaplan dix-huit points de redressement de l’enseignement chrétien concernant Israël.

Jules Isaac ne cesse de lutter contre ce qu’il appelle : l’enseignement du mépris. Il dénonce les siècles de catéchèse qui ont persuadé les chrétiens de la perfidie juive et de son caractère satanique, soulignant le lien entre les pratiques de l’antisémitisme chrétien et le système hitlérien. En 1949, il intervient auprès du pape Pie XII pour que l’on révise la prière du Vendredi saint, pro perfidis judaeis, mentions offensantes pour les Juifs. Ce sera fait en 1959 par Jean XXIII, avant même que le concile Vatican II ne soit convoqué. Ce geste fut le point de départ d’une amitié avec Jean XXIII qui eut de l’influence dans la rédaction de la déclaration sur les religions non-chrétiennes Nostra Ætate, approuvée en 1965 par le concile Vatican II.

« Le 6 janvier 1956, à l’hôtel Lutetia, là où quelques années auparavant les survivants des camps d’extermination achevaient leur sinistre voyage, où les familles guettaient la moindre nouvelle des déportés, le Mouvement contre l’antisémitisme, le racisme et pour la paix (MRAP) décerne à Jules Isaac le prix de la fraternité. […] Le MRAP reconnaît ainsi le grand retentissement de Jésus et Israël et de Genèse de l’antisémitisme. »

Il s’éteint à Aix-en-Provence en 1963.

-:-:-:-

Malet et Isaac est une célèbre collection de manuels historiques français de la première moitié du XXe siècle, dont les auteurs étaient Albert Malet et Jules Isaac.

Voici ce que dit la couverture des manuels Malet & Isaac édités par Hachette : « Un manuel classique, qui a formé des générations successives de lycéens: le Malet-Isaac occupe une place de choix dans la mémoire scolaire française. Son succès fut aussi la confirmation de ses qualités: un récit chronologique bien construit, écrit dans une langue claire, qui constitue un aide-mémoire de choix pour tous les publics. Pour les historiens, c’est aussi le témoignage de ce que fut la vulgarisation historique à l’intention des classes secondaires pendant près d’un demi-siècle. On sera alors étonné de voir à quel point cette entreprise a su s’ouvrir aux dimensions sociale et culturelle, à une vision qui dépasse le cadre national, loin des clichés d’une histoire trop exclusivement politique, nationaliste et attentive aux seules élites. »

Posted in biographie

Charles Louis Étienne Bachelier

Charles Louis Étienne BACHELIER (1)

Nota: L’essentiel du contenu de cet article est extrait des informations mises en ligne par monsieur Norbert Verdier.

Il semble que dans le département de l’Yonne, le souvenir de Charles Louis Étienne Bachelier se soit perdu. Des zones d’ombre subsistent dans le tableau de la famille BACHELIER que l’on trouve installée à Chablis dès le XVIIe siècle. Ces zones d’ombre interdisent pour l’instant d’établir un lien avec les Bachelier qui vivent encore (en 2012) à Chablis.

-:-:-:-:-

Au XIXe siècle, il y a deux traditions dans le monde éditorial : une nouvelle génération d’hommes découvre et bâtit le marché éditorial ; une autre, héritière des grandes familles d’éditeurs du XVIIIe siècle conforte ses positions, les développant ou les spécialisant (2).

Charles Louis Étienne Bachelier illustre ces deux tendances de la profession. Né en 1776 à Chablis d’un père Étienne, tonnelier, et de Marie Victoire Boisseau, il s’installe à Paris vers 1800 et entre au service du libraire Denis Simon Magimel, qui se consacre presque exclusivement au domaine militaire. Par son intermédiaire, il rencontre la fille de Jean Courcier, un éditeur tourné vers les mathématiques dans la continuation de Duprat, son prédécesseur. En épousant mademoiselle Courcier, en 1804, Bachelier inscrit son parcours dans une tradition familiale portée par les mathématiques. Entre 1800 et 1811, année de la mort de Courcier, la maison édite environ deux cents ouvrages dont la moitié environ relève directement des mathématiques. Elle édite également la Correspondance sur l’École royale polytechnique lancée par Jean Nicolas Hachette, en 1804. Plus tard, en 1812, Magimel aide Bachelier à s’installer en tant que libraire, au 55 quai des Augustins, à Paris.

Bachelier devient libraire par un brevet datant du premier octobre 1812. Le 30 mai 1832, il est breveté imprimeur (en lettres) et remplace Auguste Alfred Courcier (né le 4 septembre 1809), son beau-frère et successeur de Démophile Huzard. Par ce brevet de 1832, Bachelier associe ainsi à sa librairie du 55 quai des Augustins l’imprimerie du 12 rue du Jardinet, fief de la maison Huzard-Courcier.

Devenu officiellement libraire et imprimeur, éditeur comme le précisent certaines pages de couverture des ouvrages qu’il publie, Bachelier développe la stratégie éditoriale de la maison familiale. Entre 1832 et 1852, il publie environ quatre cent soixante-dix-sept ouvrages, ce qui constitue une publication annuelle d’un peu plus de vingt ouvrages. Il est ainsi l’éditeur des deux principaux journaux de mathématiques que sont le Journal de mathématiques pures et appliquées, ou Journal de Liouville (3) et les Nouvelles annales de mathématiques (4). Le premier est destiné à publier des articles de recherche, tandis que le second s’intéresse à l’enseignement et aux concours d’entrée aux Écoles polytechnique et normale (ENS). Ces deux publications façonnent l’espace éditorial des mathématiques de cette époque.

Bachelier exerce une vingtaine d’années avant de décéder en 1853. Olry Terquem lui rend un hommage appuyé en 1854 dans « ses » Nouvelles annales de mathématiques qu’il a co-fondées avec Camille Gérono, en 1842 : « Bachelier trouva le repos et sans doute la palme du juste, vers la fin de 1852, léguant à ses enfants un nom respecté, une maison de haute réputation et un digne successeur. »(5).  Bachelier, dont le fils est mort en 1832 (6), transmet son entreprise à son gendre Louis Alexandre Joseph Mallet qui lui succède par un brevet daté du 14 mai 1853.

La maison Bachelier devient Mallet-Bachelier. Elle est accueillie avec enthousiasme si nous considérons les propos de Terquem qui veut être « l’organe de tous les géomètres » : « M. Mallet-Bachelier, son gendre, quitte une position honorable dans la magistrature pour assumer une grave responsabilité commerciale, soutenir, continuer et améliorer encore un établissement dont la célébrité est un patrimoine de famille. Puisse le succès couronner un dévouement filial si rare ! »(7).

Le gendre fait prendre une extension considérable à la librairie et à l’imprimerie. Sur la période 1854-1863, Mallet-Bachelier publie environ quatre cent vingt-trois ouvrages soit environ une quarantaine par an. La production a donc été approximativement doublée par rapport à l’ère Bachelier. Toutefois, Mallet ne donne pas à la maison d’édition son seul nom : le nom Bachelier reste invariablement associé au sien. Dans les catalogues insérés à la fin des ouvrages, il se présente comme « gendre et successeur de Bachelier » et, dans la continuité de Bachelier, comme « imprimeur-libraire du Bureau des longitudes – de l’École impériale polytechnique – de l’École centrale des arts et manufactures – du Dépôt central de l’artillerie ». Mallet n’est pas qu’un successeur de son beau-père au sens où il aurait été reconduit dans les diverses responsabilités éditoriales octroyées à Bachelier. Il met aussi en place de nouvelles stratégies éditoriales. La « cible » visée par la maison s’élargit ; elle est désormais libraire « pour les mathématiques, la physique, la chimie, les arts mécaniques, les Ponts et chaussées, la marine et l’industrie » comme en attestent les extraits de catalogue insérés presque systématiquement dans les ouvrages et constitués le plus souvent d’une dizaine de pages, au moins.

De la rue de Seine à l’Institut

Les mathématiques figurent systématiquement en tête mais la maison vise nommément tout ce qui concerne le secteur scientifique, technique (génie mécanique, civil, maritime) et industriel. À noter également l’intrusion dans les catalogues de la vente d’instruments de calcul (règles à calcul) ou de globes. La montée en puissance de Mallet-Bachelier est également inscrite géographiquement. En août 1860, l’imprimerie passe d’une petite cour obscure (le 12, rue du jardinet) au 10, rue de Seine, aux portes de l’Académie. Désormais, librairie et imprimerie sont voisines, au 55 quai des Augustins pour la première et au 10 rue de Seine, pour la seconde. La maison Mallet-Bachelier est désormais sise au cœur de la vie scientifique parisienne, éditorialement et géographiquement.

Les réalisations de Bachelier sont sans cesse louées et récompensées lors des expositions universelles. Les récompenses s’adressent, au-delà de l’éditeur, à son directeur de l’imprimerie, Théodore Bailleul. C’est lui qui, tout au long du siècle, a fait progresser significativement la typographie des mathématiques. « [L]es calculs sont présentés avec tant de discernement, les lettres si bien alignées et nivelées, les divers symboles si expressifs, la justification si agréable à l’œil, qu’on est tenté de croire que M. le directeur Bailleul, par une seconde vue, a l’intelligence des formules gigantesques qu’il peint sur le papier. » souligne Terquem dans son Bulletin de bibliographie, d’histoire et de biographie mathématiques, annexé aux Nouvelles annales.

[…]

Le géomètre Joseph Alfred Serret émet un jugement plus général, lorsqu’à la suite de la parution de son célèbre cours d’algèbre, en 1849, il écrit : « J’ai comparé les formules du spécimen de l’imprimerie Bachelier que j’ai entre les mains, avec les formules analogues d’ouvrages publiés par M. Bachelier il y a une dizaine d’années, puis avec les formules d’ouvrages publiés par d’autres éditeurs français, anglais, allemands et italiens. Cette comparaison me permet d’affirmer que l’imprimerie typographique de M. Bachelier répond de la manière la plus complète à tous les besoins de l’Analyse Mathématique actuelle, et que les ouvrages publiés par cet éditeur, depuis six ans, l’emporte, d’une manière incontestable (au point de vue des formules) sur tous les ouvrages de Mathématiques que j’ai entre les mains. »

Un texte de Galois dans les Annales de Gergonne, en 1828-1829 :

Un texte de Galois dans les Annales de Gergonne, en 1828-1829.

Un texte de Galois dans les Annales de Gergonne, en 1828-1829.


… et dans le Journal de Liouville, en 1846 :

... et dans le Journal de Liouville, en 1846.


En 1864, le fonds Bachelier est racheté par un certain Gauthier-Villars. Il écrit à « ses » auteurs : « J’ai l’honneur de vous informer que je me suis rendu acquéreur de l’Imprimerie et de la Librairie de M. Mallet-Bachelier. Je ne négligerai rien pour conserver les bons rapports que mon prédécesseur a toujours eu avec ses Correspondants, et pour maintenir la réputation que la maison s’est acquise par ses travaux typographiques. ». La maison Bachelier entre ainsi dans une autre succession, celle de l’empire éditorial Gauthier-Villars.

D’après Norbert Verdier


(1) D’après : http://images.math.cnrs.fr/Le-libraire-imprimeur-es.html

(2) Parinet, Élisabeth Une histoire de l’édition à l’époque contemporaine XIXe-XXe siècle, Éditions du Seuil, 2004, 151-152.

(3) Le Journal de Liouville est encore aujourd’hui un des journaux de références de la communauté mathématique. Il est édité par Elsevier.

(4) Initialement publiées par Carilian-Goery, les Nouvelles annales sont reprises par Bachelier, fin 1848.

(5) Terquem, Olry Bachelier (Charles-Louis Étienne) , Nouvelles annales de mathématiques, I, 13 (1854), 223-227.

(6) Victor Bachelier a été condisciple de Liouville à l’École polytechnique. Il est mort très jeune en 1832 dans des circonstances que nous ignorons.

(7) Terquem, Olry Bachelier (Charles-Louis Étienne) , Nouvelles annales de mathématiques, I, 13 (1854), 223-227.

Posted in biographie, éditeurs

Daniel Carré

Daniel CARRÉ (1946-…)

Henri Denise évoquait récemment deux ouvrages : « Daniel [Carré], un de mes anciens élèves, est l’auteur de deux inoubliables catalogues d’objets introuvables intitulés : « A Pédagogie nouvelle, outils nouveaux » et « Les Zoutils du maît’d’école » (Bulletin trimestriel n°2, année 2012, de l’ARENY)

 Suivons donc Henri Denise qui nous invite à présenter Daniel Carré, né le 13 mai 1946, élève de l’école normale d’Auxerre de 1961 à 1965, il fut instituteur à Mézilles (Yonne), avant de devenir conseiller en arts plastiques dans le département de l’Yonne où il a pris sa retraite.

Dès 1973, Daniel Carré proposait dans l’Éducateur n° 6, décembre 1973, une approche de la bande dessinée.

Il revenait en 1976 sur le sujet dans l’Éducateur n°9, dossier 105 et dans l’Educateur n°12, dossier n° 106 de pratiquer la bande dessinée en classe : La Bande dessinée telle que nous la pratiquons.

A la même époque, il apparaît au Comité de rédaction de la revue Art enfantin

Il a participé à la création de plusieurs brochures de l’ICEM dont les travaux coopératifs, le plus souvent anonymes, sont très rarement au format des ouvrages proposés par l’édition traditionnelle. Mentionnons tout de même, en 1975, le BTJ 112, sur la peintre, M’an Jeanne, sujet qui est aussi abordé dans Art enfantin n° 76,  le BTJ 130 Allons faire les commissions, le BT 903 Dans l’atelier d’un peintre, la BT-son  894 Vivre à la campagne ; il est aussi coauteur de  la BT-son 899 La Vache une usine à lait. Aux éditions Odilon, il publie, en 2003 « Et si on parlait vrai. L ‘oral à l ‘école »  collection Odidoc.

Hors champs scolaire, il publie, aux Editions du foyer rural de Mézilles « En Puisaye au début du siècle« , recueil de cartes postales et témoignages. « Au village » recueil de photos noir & blanc accompagnées  de poèmes de Fernand Rolland. Un. Deux.. Trois, recueil de photos et de textes publié en 2014, 21 feuillets de 4 pages comportant chacun en vis à vis un texte et une photo couleur format paysage 30x 20 cm ; présentation à l’italienne au format 35cm x 25 cm.

Lors de son activité de conseiller en arts plastiques, il participa avec le CRAC au développement des valises pédagogiques qui permettaient de faire entrer les œuvres d’art dans les classes.

   

D. Carré, A Pédagogie nouvelle, outils nouveaux

 

D. Carré, Les Zoutils du Maît’d’école

Posted in généralités Tagged

De Fourier à Marijon

De Fourier à Marijon,
la transmission des idées

Les auteurs de manuels connaissent les éditions en usage dans leur domaine ; ils peuvent les suivre ou les renier ; les éditeurs incitent leurs auteurs à regarder les manuels en vogue et à s’en inspirer pour obtenir le succès commercial qu’ils escomptent. Il est donc tentant, par delà les changements de programmes, de rechercher des filiations entre les divers auteurs et de rechercher ce que l’un emprunte à l’autre pour le plus grand profit des élèves.

La cote XIX des écrits de Fourier mis en ligne sur le site Gallica, propose 104 vues de manuscrits de Fourier. Parmi ces vues, on trouve plusieurs états de ce qui semble être le début d’un traité de géométrie ; sans que l’on sache ni l’origine, ni la destination de ces écrits, on constate que Fourier est revenu dessus à plusieurs reprises avec pour chaque reprise des ratures, signe manifeste d’intérêt. Voici ainsi transcrit un extrait de l’un des états les plus abouti (vues 27 à 30), les autres états présentant sous une écritures plus rapides de nombreuses corrections ou ratures :
La géométrie considère les propriétés des figures tracées dans l’espace.
Le volume est une partie de l’espace. Lorsqu’un volume est divisé en deux parties, ce qui est commun à ces deux parties est une surface ; les surfaces terminent les volumes.
Si une surface est divisée en deux parties, ce qui est commun à ces deux parties est une ligne ; les lignes terminent les surfaces.
Lorsque qu’une ligne est divisée en deux parties, ce qui est commun aux deux parties est un point.
Lorsque les deux extrémités d’une ligne a b peuvent coïncider par superposition avec les deux extrémités a’ et b’ d’une autre ligne ; a sur a’, b sur b’ on exprime cette relation en disant que la distance ab des points a et b est égale à la distance a’b’ des points a’ et b’ (cette notion de l’équidistance ne dépend aucunement de la nature des lignes qui joignent l’une les points a et b, l’autre les points a’ et b’, elle exprime uniquement la possibilité de superposer en même temps les deux points a et a’ et les deux points b et b’.
Si l’on marque dans l’espace un point fixe A et si l’on considère tous les points m m’ m’’ etc tels que les distances Am, Am’, Am’’, Am’’’ sont égales entre elles la suite de tous ces points m m’ m’’ m’’’ etc forme la surface sphérique. Cette surface termine la sphère. Le point fixe A est le centre de la sphère.
Si l’on marque dans l’espace deux points A et B et si l’on considère tous les points m m’ m’’ m’’’ etc tels que la distance Am est égale à la distance Bm, la distance Am’ est la même que la distance Bm’, la distance Am’’ la même que la distance Bm’’, ainsi de suite pour tous les autres points m m’ m’’ m’’’ etc la sutie de tous ces points dont chacun est aussi éloigné de A que de B forme la surface plane ou le plan.
Si ayant marqué sur un plan deux points A et B, on considère tous les points m m’ m’’ m’’’ etc dont chacun est aussi éloigné de A que de B, la suite m m’ m’’ m’’’ etc forme une ligne droite.
Si ayant marqué sur un plan, un point A, on considère tous les points m m’ m’’ m’’’ etc tels que toutes les distances Am, Am’, Am’’, Am’’’ etc soient égales entre elles, la suite de tous ces points m m’ m’’ m’’’ etc est la circonférence du cercle. Elle termine le cercle dont A est le centre. La distance commune Am est le rayon.

Fourier est décédé en 1830, son introduction à la géométrie (où une autre similaire de lui-même ou d’un autre auteur) a sans doute été diffusée, puisqu’on trouve dans un manuel d’enseignement du début du XXe siècle destiné aux élèves préparant le brevet élémentaire (A. Marijon, Géométrie du brevet élémentaire, ouvrage conforme aux programmes de 1920, Hatier, 1923) une présentation qui s’en inspire manifestement, même si Marijon, qui s’adresse à de jeunes élèves est contraint de revenir à des considérations moins théoriques que celles qui animent Fourier dès qu’il lui faut définir la ligne droite.

A. Marijon, Géométrie du brevet élémentaire, Hatier, 1923, p.9 à 12

La filiation entre J. Fourier et A. Marijon étant constatée, reste à établir comment les idées du géomètre, théoricien de la chaleur, ont été transmises, un siècle plus tard, à l’auteur de manuels scolaires.

Posted in analyse, généralités

Georges Rémond

Georges RÉMOND

(1934-…

Né en 1934 à Précy-sous-Thil (Côte d’Or), il est instituteur à Semur-en-Auxois (Côte d’Or), en 1955.

Très tôt initié à la pédagogie Freinet qui inspira le plus souvent son action, Georges Rémond, a exercé, en qualité d’instituteur et de directeur d’école à tous les niveaux de l’enseignement élémentaire.

Professeur de collège, il s’est ensuite spécialisé, durant sept années dans les classes dites de transition accueillant les enfants en difficulté scolaire, notamment en lecture. Il devient inspecteur de l’Éducation nationale à Avallon (Yonne) en 1976, là il fut chargé de mission auprès du Recteur de l’académie de Dijon pour les problèmes touchant la maîtrise de la langue.

En collaboration avec François Richaudeau, fondateur des éditions Retz, il publie, « Je deviens un vrai lecteur » en 1978.

Retraité en 1992, il publie entre 1998 et 2002,  « Gafi le fantôme », méthode d’apprentissage pour le CP, qu’il cosigne avec Jean Paul Rousseau.

Avec l’aide de son épouse, il développe ensuite « Ma semaine de français », manuel destiné aux pays francophones d’Afrique (Centrafique et Cameroun).

Il est ainsi auteur d’une quinzaine d’ouvrages, il a notamment rédigé plusieurs manuels à destination des pays francophones d’Afrique noire et du Maghreb. Il est, depuis 1992, auteur et directeur de collection aux Éditions Nathan et Nathan International.

 Bibliographie :

  • Je deviens un vrai lecteur, en collaboration avec F.Richaudeau, RETZ, 1978.
  • Nous devenons de vrais lecteurs, en collaboration avec J.P. Rousseau, Retz, 1983.

Dans la collection « Le moniteur de lecture » (NATHAN, 1989)

  • A.R.T.H.U.R.II (CE2- NATHAN, 1989)
  • A.R.T.H.U.R.III (CM1- NATHAN, 1990), en collaboration avec .M. Descouens et E. Souchier
  • A.R.T.H.U.R.IV (CM2- NATHAN, 1990), en collaboration avec .M.Descouens, E. Souchier et J.P. Rousseau

Dans la collection « GAFI le fantôme » dont il est le co-directeur avec A. Bentolila

  • « GAFI le Fantôme » (CP- NATHAN, 1992) en collaboration avec Jean Paul Rousseau
  • LECTURES (CE1, NATHAN, janvier 94).
  • LECTURES (CP/CE1, NATHAN, janvier 97) en collaboration avec Martine Descouens, Christian Lamblin, et Nadine Robert

Dans la collection « L’atelier de lecture »

  • L’ATELIER DE LECTURE/ CE2 – NATHAN, 1997), en collaboration avec O. Rémond.
  • L’ATELIER DE LECTURE /CM1 – NATHAN, 1997), en collaboration avec .M.Descouens et E. Souchier.
  • L’ATELIER DE LECTURE /CM2 – NATHAN, 1997), en collaboration avec .M.Descouens, E. Souchier et J.P. Rousseau.

Dans la collection « Super GAFI » dont il est le co-directeur avec A. Bentolila

  • « Super GAFI » (CP- NATHAN, 2002) en collaboration avec Jean Paul Rousseau et Martine Descouens
  • Les comptines de GAFI CD (Guide pédagogique Super GAFI -NATHAN ,2002) – « LECTURES CE1 ( NATHAN, janvier 2003) en collaboration avec Jean Paul Rousseau et Martine Descouens

Dans la collection « Gafi raconte », il est l’auteur des jeux qui clôturent chaque album.

Dans la collection « Le Jardin des mots » (Méthode d’apprentissage de la langue française et de la lecture à destination des publics arabophones )

  • FRANCAIS 1ère année (NATHAN International, 2000) en collaboration avec .M.Descouens, J.P. Rousseau
  • FRANCAIS 2ème année (NATHAN International, 2000) en collaboration avec .M.Descouens, O. Rémond et J.P. Rousseau

Dans la collection « Ma semaine de français » ( Méthode d’apprentissage du langage et de la lecture à destination des enfants francophones d’Afrique Noire )

  • Ma semaine de français niveau 1 (2006) en collaboration avec Odile RÉMOND
  • Ma semaine de français niveau 2 (2006) en collaboration avec Odile RÉMOND.

Citons encore :

L’apprentissage de la lecture chez l’enfant ( Bibliothèque Nationale de France 2002), in cédérom « L’aventure des écritures »

Anthologie de la littérature en Bourgogne (1990) – réalisation de l’Université pour Tous de Bourgogne)

Aux éditions « A coeur joie » (chansons pour chœur) :

En Morvan (Paroles: G.Rémond, musique: R.Touati, harmonisation: Y.Audard) (1982)

Au gré du vent (Paroles: G.Rémond, musique: R.Touati, harmonisation: J.Chailley) (1983)

Pauvre Madeleine (Paroles: G.Rémond, musique: R.Touati, harmonisation: B.Lallement) (1984)

Où va l’eau qui s’en va (Paroles: G.Rémond, musique: R.Touati, harmonisation: E.Daniel) (1985)

Mon pays (Paroles: G.Rémond, musique: R.Touati, ) (1985)

La complainte de la petite marchande (Paroles: G.Rémond, musique: R.Touati) (1999)

Ici vente et morvante [Texte imprimé] : promenade en poésie / Georges Rémond ; photos, Patrick Garde. – [Avallon] : G. Rémond, impr. 2006. – 1 vol. (70 p.) ; 21 cm.

_________________________

Questions à Jean-Paul Rousseau

1/ Genèse du projet : Comment est venue l’idée de se lancer dans la réalisation d’un manuel scolaire ? Quelle sont les grandes idées sous-jacentes au projet ? En quelle façon cette collection se démarque-t-elle des autres collections en usage au moment de la création ?

         Pour commencer et toujours en collaboration avec Georges Rémond I.E.N. d’Avallon dans les années 80 et 90 j’ai rédigé divers ouvrages. À chaque fois et sauf indication contraire, il y a un manuel, un ou des cahiers d’exercices et un livre du maître. En règle générale nous nous sommes partagés le travail pour les manuels, Georges était le principal rédacteur du livre du maître et je me chargeais du ou des cahiers d’exercices. Avant d’arriver à la version finale et sans préjudice des interventions de l’éditeur (sur lesquelles je reviendrai) il y avait toujours plusieurs lectures croisées avant d’arriver à la version finale.

  1. Premier manuel : Nous de venons de vrais lecteurs CE CM1

      Au tout début des années 80, Georges Rémond a produit un premier ouvrage : Je deviens un vrai lecteur, aux éditions de Retz dont le patron était François Richaudeau qui avait écrit et diffusé pendant les années 70 des ouvrages sur la lisibilité et la lecture rapide. Il y soulignait entre autres le rôle physiologique de l’œil. J’avais lu ces livres et je m’en étais inspiré pour changer la façon dont j’enseignais la lecture. Georges et moi, nous avons été mis en contact par M. Rivière son conseiller pédagogique et mon ancien collègue quand j’étais instituteur à Saint-Romain-le-Preux avec lequel j’avais beaucoup échangé sur cette question. Retz était une petite maison d’édition plutôt axée sur l’Ésotérisme et l’Histoire dans sa version événementielle. Or, Je deviens un vrai lecteur qui s’adressait aux CM et aux classes de transition de l’époque, a connu un très grand succès et Richaudeau a voulu lui donner un complément pour les CE1&2 niveaux que Georges, ancien instituteur ayant surtout enseigné en classe de transition connaissait mal. Nous nous sommes rencontrés et nous avons très vite conclu que nous partagions une même approche. Richaudeau nous a donc passé commande et nous nous sommes mis au travail.

Les « grandes idées » sous-jacentes au projet étaient les suivantes :

  • Amener les élèves à devenir des lecteurs efficaces capable d’adapter leur stratégie de lecture aux différents supports et aux diverses situation de lecture, lecture mentale, lecture à haute voix, lecture analytique…, et pour cela :

  • Travailler systématiquement l’aspect physiologique ou si l’on préfère matériel de la lecture en proposant des exercices destinés à entraîner l’agilité de l’œil du lecteur (empan visuel, survol de la page, anticipation…)

  • Travailler le niveau de vocabulaire et de syntaxe en proposant des textes dont la complexité lexicale et grammaticale était progressivement dosée avec le plus de soin possible.

  • Proposer des textes de nature variée (fiction, document, dictionnaire…)

  • Proposer pour le même texte deux niveaux de lecture

  • La présentation des textes devait permettre des exercices d’agilité oculaire et/ou d’anticipation

  • Enfin nous voulions que, sans l’éviter totalement, dans les exercices qui accompagnaient les textes la place de l’écrit soit réduite pour privilégier la lecture. Il fallait aussi une méthode de correction aisément lisible par le maître.

Comme son prédécesseur dont la notoriété lui a profité, ce manuel paru en 1982 ne ressemblait à rien de ce qui se faisait à l’époque (même si un certain nombre d’exercices étaient repris de production antérieures mais adaptés en fonction du projet global).

        2. second manuel : Gafi le fantôme CP puis CE1

      acheté à la toute fin des années 80, Retz est passé sous le pavillon Nathan. Entre 88 ou 89 Hatier avait sorti Ratus et ses amis un nouveau manuel de lecture pour CP qui tranchait avec la production habituelle en particulier par son iconographie ce qui lui avait valu un succès certain. Pour réagir Nathan a décidé de se lancer dans un nouveau produit rompant avec sa tradition (Daniel et Valérie, Au fil des mots) d’une méthode dite mixte avec comme personnages principaux un couple garçon – fille. Le succès de Nous devenons… aidant ils ont fait appel à Georges Rémond et à moi au début de 1990. Nous devions travailler en collaboration avec Alain Bentolilla professeur d’Université qui, à égalité avec Georges, assura la direction de collection. Ensuite Martine Descouens, une institutrice d’Avallon, a rejoint l’équipe pour la partie cahiers d’exercices et singulièrement expression écrite.

Les principes de base sont les mêmes que ceux exposé pour Nous devenons… On y ajoute du fait de la participation d’A. Bentolilla et de ses travaux sur l’illettrisme, une attention particulière au travail sur le sens du texte, ce qui se traduit par l’utilisation systématique du vocabulaire de base tel qu’identifié à l’époque par des chercheurs universitaires et des illustrations le plus parlantes possible. Celles-ci, ont été confiées à Mérel, un illustrateur dont le style tranchait avec les productions précédentes.

Les personnages deux garçons et deux filles chacun pourvu d’un surnom soulignant un trait de caractère étaient placés volontairement hors de tout cadre familial et Gafi, le personnage principal était un fantôme sympathique ce qui permettait de ne pas se laisser enfermer dans la trivialité du quotidien.

La principale rupture avec l’existant portait sur une approche parallèle et systémique de la maîtrise du code alphabétique, du sens des textes et comme pour Nous devenons… de l’entraînement à une lecture silencieuse et rapide. C’est du moins ce qu’expliquait le livre du maître lequel, comme très souvent, n’a pas connu une diffusion correspondant à celle des manuels, ce qui explique sans doute un certain nombre des critiques qui nous furent adressées.

Ont suivi un livre de CE1 et ses cahiers d’exercices réalisés par les mêmes et dans le même esprit.

2/Constitution de l’équipe : Plusieurs co-auteurs signent les différents ouvrages. Comment se sont-ils intégrés ? Comment se fait la répartition des rôles au sein de l’équipe d’auteurs ? Y a-t-il eu des échecs ? (co-auteurs pressentis qui se sont désistés ?) Comment l’équipe de rédaction a-t-elle évolué ?

J’ai répondu à cette question ci-dessus. Je n’ai pas ressenti de difficultés particulières d’intégration d’une part parce que ma collaboration avec Georges Rémond s’est toujours bien passée et de l’autre parce que nos rôles et nos parts de travail respectifs étaient assez bien délimités. Ensuite et même s’il y a eu parfois des discussions animées, en particulier avec Bentolilla, elles se sont toujours déroulées dans un respect mutuel.

Pour préciser la répartition, disons que je travaillais plutôt sur les textes de départ et les cahiers d’exercices et Georges Rémond sur les exercices d’accompagnement des textes dans le manuel. Il s’était chargé en plus du livre du maître, Alain Bentolilla avait un rôle de critique et de modérateur et Martine Descouens intervenait sur les cahiers d’exercices avec, comme je l’ai déjà dit, une dominante expression écrite.

Cette équipe est restée la même jusqu’à y compris la réédition du début des années 2000 après laquelle, considérant que je n’avais plus la légitimité que me donnait le contact direct avec les enfants, j’ai cessé d’y participer.

3/Rapports avec l’éditeur : Quel est le rôle de l’éditeur ? Demande générale ? Regard sur les contenus ? Contrôle de conformité avec les programmes ? Qui propose la maquette ? Quelles sont les contraintes de l’édition ? Sont-elles pesantes ? (maquette, nombre de pages, illustrations, contenu, rythme de publication…) Quel investissement (en temps de travail) représente l’écriture d’un volume ? Par quelles étapes passe la réalisation ? (relecture éditeur, relecture épreuves….) Comment l’éditeur rémunère-t-il le travail des auteurs ? (Copie d’un contrat ?)

L’éditeur est un commerçant, ce qui n’est pas en soi, une tare. Son but est de gagner de l’argent en vendant des livres dont il espère qu’ils trouveront un public. C’est ce qui explique la timidité relative des grandes maisons vis à vis des nouveautés qui peuvent leur être proposées. Nous n’aurions jamais été sollicités par Nathan si Nous devenons… avait fait un flop. Cette timidité est compensée partiellement par le souci de ne pas manquer le courant porteur en matière idéologique et/ou pédagogique. D’où une commande qui n’est jamais chimiquement pure puisque, par exemple, il faut à la fois être moderne tout en ne choquant pas le conservatisme supposé d’une partie des enseignants et des parents d’élèves. Une fois la commande passée, le rôle de l’éditeur est de rester en contact avec son ou ses auteurs pour vérifier si leur travail va bien dans le sens qu’il souhaite et, s’il juge qu’ils s’en écartent ; d’en débattre avec eux pour obtenir ou non des modifications.

En matière d’apprentissage de la lecture, les programmes sont si fourre-tout que chacun peut y trouver son bonheur (ou son malheur). On ne m’a jamais posé cette question de la conformité.

Pour ce qui est du contenu, très naturellement, le ou la ou les représentants de l’éditeur (secrétaire d’édition, coordonnateur/trice d’édition…) ont leur mot à dire ne serait-ce que pour éviter d’éventuels problèmes juridiques, mais aussi pour des questions de compréhension et/ou d’acceptabilité de tel ou tel sujet. Pour ce qui me concerne, travailler avec des non-enseignants m’a été très profitable, même si, au début, j’ai eu du mal à encaisser des remarques du style : « Mais dis donc, Jean-Paul, je ne comprends rien à tes consignes. Qu’est-ce que tu demandes exactement aux enfants… » ou « Ton texte c’est pas mal, mais c’est trop long. Où est-ce qu’on coupe… » Du coup j’ai pris beaucoup mieux conscience que si ce qui, pour moi, était évident, n’était pas compris par un adulte, il y avait peu de chances qu’il le soit par un élève, utile leçon de modestie et invitation à se remettre en cause. De même, il est vraiment très rare qu’aussi bon que son auteur le juge, un texte ne puisse pas être élagué et amélioré.

La maquette est à la discrétion de l’éditeur dont c’est le métier. Chez Nathan j’ai travaillé avec des maquettistes professionnels qui m’ont beaucoup appris sur les principes de mise en page (nombre de pages, nombre de signes par page en fonction des polices et de leurs tailles). Au bout du compte, je trouve ces contraintes très positives puisque, par exemple, moi qui ai tendance à faire long (voir mes réponses à ce questionnaire) cela m’a obligé à me discipliner. En plus en bon instit habitué à ne pas perdre un cm2 de sa feuille de papier A4, j’ai découvert les vertus de l’aération pour améliorer la lisibilité de l’objet (un comble pour quelqu’un qui se prétendait bon connaisseur en matière de lisibilité)

Aussi bien Nous devenons… que Gafi, m’ont demandé deux bonnes années de travail (mais outre mon métier, j’avais d’autres occupations)

Il y a un premier tirage qui est relu et corrigé. L’expérience montre que même après plusieurs relectures il reste souvent une ou deux fautes. Ensuite il y a un premier vrai tirage et, en fonction du succès on poursuit ou pas. Si mes souvenirs sont bons, Nathan prétendait qu’il lui fallait vendre plus de 20 000 exemplaires avant de gagner de l’argent.

J’ai été rémunéré au pourcentage sur la base d’un contrat d’édition signé au début de chaque entreprise. En gros la somme totale des droits d’auteur ne dépassaient pas les 10% et c’était le plus souvent autour de 8% du prix public (dont 30% pour le libraire et le reste pour l’éditeur, le diffuseur et le fisc). Ces droits sont répartis entre les coauteurs en fonction de leur travail et de leur notoriété (il y a un plus pour les directeurs de collection). J’émargeais donc entre 2,5 et 3,5 % du prix public. Il y a maintenant des droits perçus à partir des photocopies mais c’est très peu important.

Sur ses droits l’auteur paie naturellement des cotisations sociales, la CSG et le RDS

4/ Réalisation / options des auteurs. On peut noter dans la collection l’utilisation du vouvoiement pour les premiers ouvrages, du tutoiement pour les derniers. Quelle est la raison du changement ? A la demande de qui s’est-il effectué ? Les thèmes d’exercices des premiers ouvrages sont essentiellement pratiques (exemple :… ), ceux des derniers plus théoriques. Quel est le sens de cette évolution ? Quelles évolutions avez vous remarquées sur le plan technique (la couleur par exemple), quelles remarques cela vous inspire-t-il ?

Je n’ai personnellement pas noté ce changement dans mes relations avec l’éditeur et ses représentants où le vouvoiement est resté de rigueur. Par contre j’ai toujours tutoyé mes coauteurs.

Pour ce qui est de l’évolution des exercices et contrairement à ce qui est noté pour les maths l’évolution n’est pas du pratique au théorique mais plutôt du simple au complexe en liaison avec la nature des écrits (exemple = une liste n’est pas un conte) de leur difficulté et de la taille croissante.

5/ Diffusion et évolution des ventes. Durée de vie d’une édition.

Un éditeur important a un réseau de commerciaux et des capacités de diffusion dont ne disposent pas ses collègues moins dotés. Il a aussi souvent des relais dans l’Institution qui vont indirectement l’aider à faire sa promotion au travers de participations à divers événements (rencontres pédagogiques, salons, visites de représentants…) Quand tout se passe bien, l’évolution des ventes c’est une courbe en cloche. Il peut y avoir une seconde vie si le manuel fait l’objet d’une mise à jour ce qui s’est passé pour Gafi qui a été réédité au début des années 2000. La diffusion est maintenant réduite à peu de chose ce qui est normal. Disons qu’entre édition et réédition ce manuel a vécu vingt cinq années.

6/ Quels sont les retours des utilisateurs ? (lettres, contacts divers)

Au début, pour Nous devenons et Gafi , il y a eu un certain nombre de lettres de collègues demandant des précisions sur tel ou tel point des méthodes. Ensuite pour Gafi Nathan a édité pendant deux ou trois ans un journal de Gafi censé accompagner la méthode et dans lequel on trouvait des productions d’élèves, des courriers d’enseignants et des articles de « fond » rédigés par Bentolilla, Rémond ou moi-même. Il y a eu aussi une petite collection jeunesse qui a assez bien fonctionné.

Georges ou moi nous avons aussi participé à des rencontres pédagogiques qui furent parfois le théâtre d’échanges musclés ce qui ne me déplaisait pas.

Nous avons bien sûr été critiqués, quelques fois sévèrement et pour des raisons diamétralement opposées. Dire que je les ai toujours prises sereinement serait mentir. Cependant le succès commercial m’a permis de soigner facilement mes blessures d’amour-propre. J’ajoute qu’ayant très tôt appris, dans un autre de mes domaines d’activité, que la meilleure façon de traiter une attaque polémique c’est de l’ignorer je me suis toujours gardé de répondre directement.

7/ Quels sont les regrets, les satisfactions, des auteurs quant à l’évolution de la collection ? 8/ Quels autres points souhaiteriez-vous aborder

Je n’ai aucun regret, car je considère que ces entreprises outre qu’elles me permirent de mettre un peu de beurre dans mes épinards, furent une très belle occasion de faire des rencontres passionnantes. Celle de Georges Rémond en particulier et de son épouse et celle d’Alain Bentolilla au contact duquel j’ai enfin compris qu’un analphabète n’était pas quelqu’un qui ne comprenait rien à un écrit mais au contraire quelqu’un qui, à partir des quelques indices qu’il était capable d’y trouver se construisait un sens à la fois logique et différent du sens réel et que, s’y trouvant bien, il lui était quasi impossible de se remettre en cause, d’où l’importance du travail sur le sens et de la lecture magistrale. Comme je l’ai dit plus haut j’ai aussi beaucoup apprécié la plupart des employé(e)s et les cadres des maisons avec qui j’ai collaboré. Enfin travailler dans une entreprise privée assez importante amène à relativiser les rengaines que nous servent trop souvent certains hiérarques de l’Éducation Nationale sur le thème : « Ah, si on était dans le privé… »

En conclusion je veux dire que s’ils en ont la possibilité et l’envie, les enseignants ne doivent pas hésiter à se lancer et ne pas céder au premier échec (deux de mes propositions furent sèchement recalées). Une fois édité, il faut aussi accepter de ne pas être apprécié par l’unanimité de ses collègues. La pédagogie est un acte d’engagement si personnel qu’elle ne peut que différer d’un enseignant à l’autre. Pour l’auteur, du moment qu’il s’est efforcé de faire de son mieux, il a fait son devoir.

Posted in biographie

Roger Beaumont

Roger Auguste Beaumont (1929-2004)

Roger Beaumont (1929-2004),

Moïse Goureau (1938-…),

Bernard Furet (1925-2015),

Jean Peytard (1924-1999)

Nous empruntons au Maitron la notice biographique de Roger Beaumont, signée de Jacques Girault :

 Né le 15 décembre 1929 à Hénin-Liétard (Pas-de-Calais), mort le 29 février 2004 à Paron (Yonne) ; instituteur puis inspecteur départemental de l’Education nationale ; responsable communiste.

Fils d’un chaudronnier et d’une nourrice, Roger Beaumont entra à l’Ecole normale d’instituteurs d’Auteuil (Paris) en 1946, où, selon la biographie qu’il remplit pour le Parti communiste français, il fut influencé par l’enseignement de Guy Besse. Pourtant il adhéra aux Jeunesses RPF de 1947 à 1950 à Joinville (Seine, Val-de-Marne). Il y mena peu d’actions, écrivant seulement des articles attaquant le PCF. Dans une longue lettre écrite en 1957 pour sa biographie, il expliquait avoir eu des responsabilités locales aux scouts de France (1947-1952) qui l’avaient amené au gaullisme. Puis, il avait fréquenté par le sport des trotskistes parmi lesquels il avait rencontré Aline, sa future femme, qui participait alors à Taverny où elle habitait, aux activités d’un groupe de jeunes animé par Yvan Craipeau. Il écrivait trois ans plus tard, « nous avons rompu avec eux ». Ce groupe de jeunes comprenait, aux côtés des communistes, de nombreux jeunes chrétiens progressistes qui, comme Beaumont, suivaient de très près les actions des prêtres-ouvriers.

Roger Beaumont, travaillant en usine à partir de 1950, avait adhéré à la CGT en 1952. Séjournant en sanatorium à Bouffemont (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), il avait rejoint le PCF en décembre 1953. Il se maria en mars 1954 à Joinville-le-Pont (Seine, Val-de-Marne) avec Aline, Marie Hanicka, militante communiste depuis 1954, fille d’un ingénieur d’origine polonaise et d’une sténodactylo française, apparentée aux Longuet. Ils eurent deux enfants.

Instituteur à Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) à partir de 1955, secrétaire d’une cellule, Roger Beaumont participait au comité de la section communiste et, depuis 1956, à son bureau. Arrêté le 8 novembre 1956 pour distribution de tracts après l’attaque de l’Humanité, il collaborait régulièrement au journal communiste local, Le Réveil. Membre de l’Union de la Jeunesse communiste de France (UJCF), il participait à son comité régional dans la fédération Seine-Sud. Il avait écrit à France Nouvelle en mars 1957.

Roger Beaumont, membre du bureau de la sous-section du Syndicat national des instituteurs (SNI), présidait aussi un club affilié à la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) et encadrait de nombreux séjours de ski organisés par la FSGT. En 1957, la fédération communiste le proposa pour suivre l’école centrale réservée aux correspondants de presse ; le secrétariat au Parti refusa. La fédération alors le proposa en 1958, pour l’école centrale des instituteurs communistes. Le secrétariat, qui avait refusé sa candidature deux ans plus tôt pour une telle école, l’accepta. Il collaborait souvent au mensuel communiste L’École et la Nation.

Roger Beaumont devint conseiller municipal de Champigny-sur-Marne le 15 mars 1959.

Roger Beaumont s’installa à Sens (Yonne) en 1971. Membre de la cellule Joliot-Curie qui rayonnait sur les établissements scolaires, se définissant « plus volontiers marxiste que communiste » (J. Cordillot), il s’impliqua dans la vie sociale et culturelle de la cité. Il présida notamment la Maison de la Jeunesse et de la Culture (MJC) alors en conflit violent avec la municipalité de droite. Il aida à l’amélioration des rapports entre la MJC et les édiles. Il quitta le Parti communiste vers 1983, hostile aux sanctions prises contre Roger Garaudy et aux orientations du XIXe congrès du PCF. Plus tard, il fut consterné par l’évolution de Garaudy. Il ne donna pas à cette rupture un sens politique prétextant plutôt ses occupations professionnelles et ses recherches. Il continua à entretenir de bons rapports avec les communistes de Sens, signa de nombreux appels et soutint les candidats du PCF aux diverses élections.

Roger Beaumont reprit des études de sciences de l’éducation, obtint une maîtrise sous la direction de Georges Snyders, et devint Inspecteur départemental de l’Education nationale (IDEN) à Sens à partir de 1971. Dès lors, il mit son savoir faire à la disposition des enseignants, cherchant à innover en grammaire, en lecture. En 1983, il fondait le Groupe d’études pour l’apprentissage de la lecture, subventionné par le conseil général de l’Yonne. Avec deux conseillers pédagogiques, il publia, aux éditions Magnard, un ensemble comprenant des livres du maître et des cahiers destinés aux élèves comprenant des fiches individuelles. Il soutint en 1987 une thèse à l’Université de Besançon sous la direction de Jean Peytard. Il composa aussi avec son fils une nouvelle approche de la grammaire sous le titre « Pour une pédagogie de l’aspect à l’école élémentaire » en 1991 dans les Cahiers du CRELEF (Université de Besançon). Dans ses activités d’IDEN, il accorda une attention particulière aux enfants étrangers et à l’intégration des enfants handicapés cérébraux. Il prit sa retraite en septembre 1993 et cessa d’être syndiqué. Les enseignants de la région organisèrent alors une manifestation « hors du commun » (J. Cordillot) pour son départ à la retraite. Son travail effectué sur l’illettrisme ne fut pas diffusé. À Sens, il participa, comme président de l’association du Forum du livre Sens-Paron, à l’organisation du Forum des livres et fut l’instigateur du Printemps musical. Il animait un groupe de lecture.

Divorcé en 1964, Beaumont se remaria avec une institutrice, Nicole Derosier, en juillet 1964 à Joinville-le-Pont. Son épouse collabora à ses recherches. Ils eurent un fils. Ses obsèques furent civiles.

« Lors des obsèques, Roger Beaumont a été accompagné par une foule nombreuse qui comprenait beaucoup d’enseignants et de parents d’élèves. Chacun a déposé une rose sur le cercueil et la foule a entonné en chœur  ‘ Il est mort le poète ‘. Je suis sûr que Roger Beaumont aurait aimé cet hommage. » [témoignage transmis par J. C.]

ŒUVRE : Sa thèse publiée en microformes, L’apprentissage de la langue écrite par les enfants de six ans (lecture-écriture) dans une perspective psycho-sémiotique ou à la recherche d’une didactique : le sujet de l’apprentissage, Lille 3, ANRT, 1989. Des ouvrages de lecture dans la collection Lis tout Lectureuil, chez Magnard, Papa ! Je vais te gronder ! (1985), Comptines gourmandes (en collaboration en 1985), Une larme enchantée (1985), sept cahiers d’apprentissage de la lecture (en collaboration) sous le titre Lectureuil (1982). Des recueils de poésie, Partage du temps, Paris, Les paragraphes littéraires, 1970, De part et d’autre, La Postolle, 1995, Mémoire de quatre vents, La Postolle, 1999.

SOURCES : Arch. Dép. Val-de-Marne, 1 Mi 2426, 3 M 73-77. — Archives Parti communiste français. — Renseignements fournis par la famille de l’intéressé et par Jean Cordillot. — Sources orales.

Jacques Girault

En ce  qui concerne l’élaboration de sa méthode de lecture, nous renvoyons à Bernard Furet qui fut, sous ses ordres, conseiller pédagogique de circonscription et qui co-signa Lectureuil.

 Ouvrages pédagogiques :

    

  

  

    

  

 

 

 

Autres publications :

Beaumont Roger, Comptines gourmandes N°2

 

Article :

La lecture et ses environs : 1995, Collection « Annales Littéraires de l’Université de Franche-Comté » Presses Universitaires de Franche-Comté

 

Posted in biographie

Danielle Lorrot

Lorrot, Chignier, Moreau, Mourey, Pezennec…

 

Danielle Lorrot (1944-…), professeur de français à l’Ecole normale d’Auxerre, devenue ensuite l’I.U.F.M., de 1975 à 1998, en liaison avec le sujet de sa thèse de doctorat : « Entrée dans l’écriture narrative : analyse didactique de productions d’écrit à l’école primaire » elle coordonne les travaux du Groupe d’Ecriture de l’Ecole Normale de l’Yonne. Ce groupe, dont les travaux débouchent sur plusieurs publications, rassemble maîtres formateurs, conseillers pédagogiques pour développer une réflexion sur l’enseignement de la langue française à l’école maternelle et élémentaire.

Selon leurs contributions, les membres du groupe apparaissent comme co-signataires de publications éditées par le CRDP de Bourgogne.

En 2012, la plupart des membres du groupe a cessé son activité professionnelle.

Danielle Lorrot est Présidente de l’Association France Alzheimer 89.

Denise Pezennec participe à des ateliers d’écriture.

Josèphe Chignier (1944-2013), écrit des livres pour enfants.

 Publications :

Les Systèmes d’écriture : un savoir sur le monde, un savoir sur la langue, Dijon, CRDP, 1990. [Ouvrage collectif, sans nom d’auteur apparent]

Chignier Josèphe, Mourey Jo, Moreau Pierre, Pezennec Denise, Lorrot Danielle, Ecrire en classe, de la grande section au CM2, 90 p., 1993 (réédition), CDDP Auxerre, ISBN 2 903596 04 2

 

Chignier Josèphe, Mourey Jo, Moreau Pierre, Pezennec Denise, Lorrot Danielle, Ecrire en classe II, 1993 (réédition), 128 p., CDDP Auxerre, ISBN 2 903596 07 7

 

Lorrot Danielle.- Graines de culture en cycles 2 et 3 : petit atelier thématique de lecture et d’écriture.- 1ère.- Dijon : CRDP de Bourgogne, 1998.- 94 p.; 24 cm.

Démarche d’apprentissage pour permettre la rencontre des enfants avec des œuvres littéraires. Ici des activités de lecture ou d’écriture portent sur : les mythes de la création, Grégoire Solotareff, ceux qu’on aime, Tomi Ungerer, Eugène Guillevic, les Indiens d’Amérique, les couleurs, l’arbre, Jacques Prévert.

 

Lorrot Danielle.- Graines de culture en cycle 3 et collège : petit atelier thématique de lecture et d’écriture.- Dijon : CRDP de Bourgogne, 1998.- 92 p. ; 24 cm.

Démarche d’apprentissage pour permettre la rencontre des enfants avec des oeuvres littéraires. Ici les activités de lecture-écriture portent sur : l’éducation, la nourriture, jouer avec les mots, la légendes de Gilgamesh, la découverte d’un poète, Jacques Prévert, Anne-Marie Pol, les jardins secrets, Louis Braille, les loups, les clowns, le cirque, les couleurs.

 

Lorrot Danielle, Mourey Jo, Persyn Christine.- Points de vue pour lire et écrire.- Dijon : CRDP de Bourgogne, 2001.- 128 p. ; 24×16 cm.

Activités sur le point de vue narratif : lire un récit court et écrire (Lola et Léon, Yakouba, une histoire à quatre voix, le voyage d’Orégon, le voyage de grand-père, le diable des rochers, remue-ménage chez Madame K…Smilie: ;), lire et écrire pour découvrir un genre littéraire (journal intime, récit par lettres), lire un roman entier et écrire (l’Ours qui ne voulait pas danser, chassé-croisé, l’œil du loup, cheval de guerre) .

  Haas Ghislaine ; Lorrot Danielle ; Moreau Pierre ; Classes et fonctions grammaticales au quotidien : cycle 3, CRDP de Bourgogne, 2007 et version actualisée de 2010

Une démarche d’apprentissage qui s’appuie sur les travaux de Britt-Mari Barth : si l’abstraction des notions grammaticales agit comme un obstacle, il s’agira plutôt de confronter l’élève à des exemples positifs et négatifs pour construire progressivement les notions abstraites de la langue. Les activités sont classées par niveaux de classes : CE2, CM1, CM2.

    

Dans la Série « Au quotidien », citons :

Ghislaine Haas, Danielle Lorrot, Pierre Moreau, Jo Mourey, Catherine Ruth, Initiation à l’écrit au quotidien,  CRDP, 2010, 112 p

et Orthographe au quotidien deux ouvrages centrés sur les pratiques de l’école élémentaire.

Danielle Lorrot , Jo Mourey , Christine Persyn ; Récits en tous genres, CRDP de Bourgogne, 2006, 223 p. Des récits pour partir à la découverte de la littérature par une sélection de genres, afin de faire lire encore et toujours les élèves de collège, en leur proposant des textes forts et variés. Des Récits en tous genres pour aider les enseignants à conduire la lecture d’œuvres intégrales, le plus souvent longues.

 [Articles] Repères – N°66, 1985 : Lorrot, Danielle ; Pezennec, Denise, Des outils et des procédures pour évaluer les écrits. Pour une prise de conscience de la diversité des types de textes : tri de textes au CM p. 63-68

Le concept d’Atelier de Négociation Graphique (A.N.G.) a été mis au point par Ghislaine Haas et Danielle Lorrot dans un article intitulé De la grammaire à la linguistique par une pratique réflexive de l’orthographe, publié dans le n°14 de la revue Repères (nouvelle série, 1996, p.161-281). Les auteures proposent un dispositif de recherche didactique qui a pour but essentiel d’instaurer chez les élèves une capacité à réfléchir sur la langue.

Posted in biographie

Éditions Odilon

Les Editions Odilon

     Les innovations technologiques de ces dernières années permettent à ceux qui le souhaitent et ont un peu d’obstination de se lancer dans l’édition (pas toujours avec l’espoir d’en vivre). Ainsi se sont développées les éditions Odilon dont le siège est à Nailly, dans l’Yonne. Elles propèrent sous l’impulsion de trois instituteurs issus du mouvement Freinet qui ont fondé une SARL ; parmi ces trois fondateurs citons Pierre Varenne, né en août 1946 et Jacques Varenne, né en juillet 1939, qui ont tous deux enseigné dans l’Yonne.

         Les Éditions Odilon, créées en 1995, publient des livres pour enfants, des outils de travail individualisé, des documents, et plus généralement tout outil permettant aux enseignants de l’école élémentaire de pratiquer une pédagogie adaptée aux besoins de chaque élève. Les premiers livrets publiés dans la série « Je m’appelle Odilon », avaient d’abord été diffusés par la C.E.L., puis par un petit éditeur, puis un temps par l’imprimeur, puis à compte d’auteur…  suivirent « Histoire de Lire ».

Le caractère confidentiel de la diffusion de ces ouvrages font que le Musée du livre scolaire d’Auxerre n’a encore (début 2012) reçu d’ouvrage en dépôt.

 

 

Au catalogue des Éditions Odilon

Histoire de lire Maternelle – Début de C.P., livrets pour lire quand on ne sait pas encore lire ;

Fichier d’activités « Histoire de lire » G.S. – Début de C.P., associer les étiquettes des dessins et des textes ;

Cahiers d’exercices « Histoire de lire » C.P., pour une activité autonome à partir des livrets Histoire de lire ;

Je m’appelle Odilon CP- CE1 et plus…., livrets d’histoires pour les débutants en lecture ;

Livrets de lecture « A partir de nos textes » C.P., livrets d’activités de lecture ;

Le P’tit Dico, Grande section – début de CP, répertoire orthographique pour les tout-petits ;

Fichiers d’orthographe O1 et O2 Maternelle – Début de C.P. ; CP- CE1 et plus…. ;

Fichiers d’Incitation à la Recherche et à l’Expression Tous niveaux, français, maths et dessin… et autres ;

Fichiers Lecture – Sciences A partir du CE1, pour améliorer la lecture à caractère scientifique ;

Sciences au bout des doigts Cycle 2 – Cycle 3, fiches d’expériences faciles à réaliser ;

À corps et à cris fichier pour l’expression corporelle et vocale ;

Initiation à l’allemand , à l’anglais , à l’italien, à l’espéranto, à l’espagnol Cycle 2 – Cycle 3 – 6ème, livrets et CD audio correspondants ;

Cahiers d’exercices « Stories, Geschichten, Storie, Rakontoj, Historias » Cycle 2 – Cycle 3 – 6ème, pour une activité autonome en anglais, allemand, espagnol, italien et espéranto ;

Fichier Évaluations C.M.2, C.M.2, fichier d’évaluations pour le C.M.2 ( maths – français ) ;

Graphismes d’enfants, cartes postales, dessins d’enfants ;

Odidocs, brochures pour les enfants et les maîtres ;

À vos fuseaux, méthode d’apprentissage de la dentelle.

Posted in éditeurs

Georges Auguste Fradet

Georges Auguste FRADET

(1881 – 1969)

 Né à Paris 18e, le 12 mai 1881, il décède à Auxerre le 4 janvier 1969. Il est le fils de Louis Henri, employé d’octroi (1881), ouvrier maçon (1903), libre-penseur, socialiste qui se fixe à Toucy & de Augustine Anastasie Céline Cartaud, couturière (fille d’Auguste Louis Cartaud, emballeur, un « Communard »).

École Normale, adhère au mouvement socialiste, est renvoyé en 1901 parce qu’il appartient à une organisation politique. Il est un des fondateurs des Jeunesses Socialistes. Il fait différents métiers : instituteur libre, peintre en bâtiment, comptable, collaborateur du Travailleur Socialiste. Réintégré en 1902, il est nommé à Chessy-les-Prés (Aube), puis à Alfortville. Mobilisé dans le service auxiliaire en 1914 ; téléphoniste à Toucy (1915-1917) ; secrétaire de la Section S.F.I.O. d’Alfortville et conseiller municipal. Il passe quatre ans comme économe au sanatorium de Font-Romeu.

– En 1928, est instituteur à Coulangeron (89).

– En mai 1931, au congrès fédéral, il appelle à voter pour la motion de La Bataille Socialiste de Zyromski.

– Député en 1932 ; prend sa retraite en 1936. Secrétaire adjoint du Comité départemental d’action contre la guerre animé par Clémendot. On lui reproche son comportement en 1940 et à la Libération: il est frappé de dix ans d’indignité nationale.

Il épouse d’abord, le 29 août 1903, à Dracy, Eugénie Appoline Rousseau, institutrice née le 26 février 1882 à Diges (Yonne). Gaston Clémendot est un des témoins du marié.

Il se remarie le 30 décembre 1909 à Villemoir [Villemaur ?] (Aube) avec Charlotte FEVRE.

[d’après le DMOF]

Il est l’auteur de :

La Récitation expliquée aux petits, avec 62 gravures dont 27 dessins à la plume de A. Foubard, instituteur, éditions de la librairie Arnon-Calmus & fils [ plus tard Jeannot frères] à Auxerre, 45-47 rue du Pont (vers 1930)

 

 

 

  

Cahier-Dictionnaire, pour recueillir et expliquer les mots intéressants trouvés dans les lectures et les dictées ; Fradet & Rousseaux, instituteurs, éditions de la librairie Arnon-Calmus & fils.

Posted in biographie