La question et le questionnaire

Quelle est la question ?

En fait, tout peut se résumer à : quelle est LA question que l’on se pose ? Certains étudiants n’ont aucune idée au sujet d’une question à poser. Ce la pose-t-il vraiment ? Il y a des grandes questions, dites fondamentales, que chacun d’entre nous se pose; elles sont parfois trop intimes pour être écrites, mais elles sont là.

C’est ces ou cette question-là qu’il faut arriver à poser, à travers un terrain, un objet d’étude qui n’est finalement qu’un prétexte à LA question. Par exemple, l’image que j’ai placée en haut du billet renvoie-t-elle à une seule question ? Chacun d’entre nous peut en élaborer plusieurs :

• Que fait une canette de bière à cet endroit ?

• Y a-t-il confrontation entre dedans/dehors, habitants/étranger ?

• Dans quel quartier sommes-nous ?

Bref, on peut pousser le questionnement jusqu’à épuisement. Et se questionner à nouveau sur ses propres questions :

• Pourquoi cette canette est-elle intrigante ?

• Comment peut-on en arriver à poser une canette à cet endroit ?

• La canette est-elle vide ?

Pour commencer à répondre à ces questions, nous allons élaborer une méthode. Se renseigner auprès des riverains et des habitants, de l’appartement, de l’immeuble, du quartier. Se renseigner sur la fréquentation de la rue, du quartier, sur la fréquence de cet événement. Provoquer des rencontres et être présent pour observer les lieux, les interactions, les événements de la rue… Au bout de quelques heures nous aurons une réponse à notre question. Mais nous aurons aussi d’autres questions.

En revenant sur l’ouvrage de Bernard Lahire à propos du rêve, il est possible d’admettre que la formulation des questions peut prendre la forme d’une métaphore ou d’une analogie et qu’elle contient en elle la problématique qui nous intéresse. Dans le cas présent, la problématique tourne autour de la question de la fête dans l’espace urbain, sous entendue que l’alcool participe au festif, et qu’il est peu probable qu’une personne boive seule dans la rue devant une fenêtre. La canette indique soit le lieu de l’événement, soit un moment du trajet. On s’intéressera au regroupement dans l’espace urbain, et par cercles concentriques, aux espaces festifs dans la ville (formels et informels). Inévitablement, le rythme circadien sera convoqué pour délimiter les moments de présence du « monde festif » dans la rue. Est-ce un passage ou une étape, d’où à où ? Etc. Il faudra donc revenir le soir, la nuit, et observer ce qu’il se passe.

 

Le terrain et les analogies

Saint Jean de Luz, © NJ 2018

L’enquête de terrain est un moment particulier dans le travail de recherche en sciences sociales. C’est un espace mental comme le définit Patrick Gaboriau, qui se construit à mesure que progresse l’enquête. « Il suppose un décalage du regard qui permet d’étudier ceux qui agissent sans percevoir nécessairement les principes qui organisent leurs agissements » (Gaboriau, 2018, p. 23). Parce que ce qui différencie le chercheur de l’individu lambda c’est cette capacité à objectiver les faits sociaux et à en donner une explication. Cela n’est pas donné d’emblée, et un long travail de mise à distance est nécessaire. « Le rapport au terrain obligera à penser autrement et instaurera peu à peu une manière de percevoir et un mode de pensée » (Gaboriau, 2018, p. 25).

Cela dit, nous pensons souvent par analogie. De la prime enfance à l’âge adulte, notre manière de voir et de comprendre le monde s’organise à travers nos expériences passées et le fonds constitué des relations vécues. « C’est donc parce que les êtres humains sont en mesure d’intérioriser leurs expériences passées sous la forme de schèmes ou de dispositions, et qu’ils sont soumis par ailleurs en permanence à de nouvelles situations, parce qu’ils sont des produits de l’histoire et qu’ils ont une histoire qui se poursuit, que l’analogie est un phénomène central de leur fonctionnement psychique (Lahire, 2018, p. 298). L’analogie est au centre de notre compréhension du monde. « Avec le cerveau et le système nerveux qui les caractérisent, les être humains sont donc naturellement contraints à opérer des rapprochements analogiques entre les expériences passées et les nouvelles situations qu’ils sont amenés à affronter (Lahire, 2018, p. 298).

Livreur de repas et coureur professionnel, Toulouse, © NJ 2018

Voilà à peu près où j’en étais ce matin en lisant ce fameux livre de Bernard Lahire sur L’interprétation sociologique des rêve (La Découverte, 2018). En faisant une analogie avec le séminaire et les étudiants plongés dans leur enquête de terrain, je me suis demandé ce qu’il se passe en situation de terrain lorsque le chercheur est confronté à une expérience originale qu’il ne peut concevoir à partir d’analogies ? Comment faire pour trouver le moyen d’analyser une situation nouvelle sans plonger dans l’angoisse, si l’on n’a pas de repères ?

Laboratoire de Recherche en Architecture, © NJ 2018

La réponse qui s’impose est de se plonger dans les lectures afin de trouver par analogie, une situation comparable à celle vécue. D’où l’intérêt de lire et de relire sans cesse. C’est un peu le principe du soap opera des années 1950 dans lesquels ils étaient toujours questions d’exposer des situations que la ménagère pouvait vivre à son tour.

Ma lecture se poursuivant, je tombe sur cette autre réflexion digne d’enrichir le contexte de la méthode.

« Ce sont donc des schèmes relationnels qui sont en jeu, dans la cure ou dans l’entretien sociologique comme dans n’importe quelle autre relation interpersonnelle » (Lahire, 2018, p. 309). Ce que Bernard Lahire appelle des analogies par transfert et qui montre l’importance de la relation qui se noue lors des entretiens, des observations participantes et autres relations interactives en générale. Cet élément doit être pris en compte et discuté lors de la restitution.

=> Patrick Gaboriau, Le terrain anthropologique, Paris, L’Harmattan, 2018

=> Bernard Lahire, L’interprétation sociologique des rêves, Paris, La Découverte, 2018

Urbanité et franchissement des limites

« Scènes de violence dans le centre-ville de Toulouse le 1er décembre/ photo DDM Michel Viala » © DDM Michel Viala

Qualifiés de « violences urbaines » , les événements de cette fin de semaine interrogent quant à leur violence réelle et à leur emplacement. Le Monde titre « Après les violences du 1er décembre, le gouvernement face à une crise majeure ». Les journalistes sont-ils dépassés et les mots employés, alors que certains parlent déjà d’insurrection ? De quelle « crise majeure » s’agit-il ? D’une crise de la majorité ou bien d’adolescence ? « Selon le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, 378 personnes étaient toujours en garde à vue dimanche soir, dont 33 mineurs » (10%) est-il encore indiqué dans l’article. Y a-t-il un franchissement des limites urbaines, des limites démocratiques et du dépassement des symboles ? Comment peut-on analyser un tel phénomène ?

L’atteinte aux symboles de la république, comme l’atteste les dégradation de l’Arc de Triomphe dépasse les « traditionnelles » atteintes aux biens de personnes anonymes ou collectives, comme les voitures ou le mobilier urbain. Sur France Culture ce matin, il est question de la « crise des gilets jaunes » et du recul des lois concernant la « taxe carbone ». L’environnement est-il au centre du conflit social ou bien seulement un prétexte ? Les « gilets jaunes » n’ont pas de porte-parole, ils ne s’agit pas d’un mouvement syndical ou politique, mais d’un mouvement spontané issu des classes défavorisées, mais également des milieux populistes. Que se passe-t-il ? Voilà à peine un mois, les rues de Toulouse étaient envahies par une foule venue voir « les machines », ces monstres géants qui arpentaient les rues et ce week-end, la foule saccageait la place Jeanne d’Arc. Mais s’agit-il des mêmes personnes ?

« La réalité quotidienne des masses laborieuses » comme l’écrit The Guardian, s’exprime-t-elle autour de la culture française ?

Emmanuel Todd, présenté comme « anthropologue et historien » à la radio, fait autorité en la matière. Il est titulaire d’une thèse d’anthropologie historique soutenue à Cambridge en 1976, et issu de la bourgeoisie éclairée parisienne. Ces méthodes n’ont rien à voir avec celles de l’anthropologie, il n’a jamais fait de terrain au sens exprimé par Patrick Gaboriau. Invité ce matin à la radio, il tente d’expliquer cette « cartographie des colères des français ». Il commente l’État de la France depuis plus de quarante ans. Cet historien et démographe est donc représentatif d’une parole officielle.  Il met en avant le côté culturel des français et de ce qui fait la culture française sur le versant de l’égalité et des valeurs égalitaires, une des spécificités françaises. De par ses traditions, les français seraient capable de franchir les limites imposées par l’État pour montrer l’absence des valeurs égalitaires. « Le mouvement a quelque chose de défensif » dit-il. L’hypothèse serait que la stratification éducative qui se retrouve dans les cartes montrent que les valeurs traditionnelles françaises entre centre et périphérie se sont déplacées, et que les frontières entre les villes de provinces et les grandes villes sont marquées aujourd’hui, notamment en terme d’éducation, par des différences de traitement du point de vue des inégalités, en terme de transport, de service, mais aussi économiques.

Selon lui, l’État ne serait en aucun cas dépassé par les événements, mais au contraire entretiendrait une stratégie pour mieux contrôler à terme la population. « Le gouvernement cherche le chaos pour provoquer cette rupture » dit-il. Pour s’exprimer, il dispose des cartes commandées par RTL et M6 à l’Institut Harris Interactive et donc en connaît les détails. Si comme le prétend RTL 72% des français soutiennent le « mouvement » des Gilets jaunes, en revanche, il ne représentent que 33% des cadres, etc. Nous ne disposons pas de ces informations, mais les services de la préfecture de Paris et lui oui. Nous ne pouvons simplement qu’observer et attendre.

Dans le même temps, le quartier d’Empalot s’embrasait et pas moins de six voitures ont brûlé ce week-end, d’après mon voisin. S’agit-il du même phénomène ou bien un simple mimétisme ? L’urbanité est ainsi attaquée dans ses valeurs et ses limites, ce qui est particulièrement intéressant au titre de notre séminaire. Par urbanité, nous entendons « manière civile des anciens Romains » selon les Trésors de la Langue Française. L’urbanité caractérise ce qui fait la ville par opposition à la campagne. L’urbanité, c’est aussi cette «  politesse fine et délicate, manières dans lesquelles entrent beaucoup d’affabilité naturelle et d’usage du monde. » L’urbanité c’est encore ce qui était mis en avant pour plaire aux automobilistes lors de la campagne de lancement de la sécurité routières, en 2008.

Campagne de publicité de la sécurité routière, 2008

Notons, au passage que tous les automobilistes disposent d’un gilet jaune, par obligation réglementaire du Code de la route depuis le 13 février 2008. C’est un objet commun à tous, que l’on peut voir sur le coin droit à l’avant de certains véhicules depuis quelques semaines. Dans les années 1980, autour du mouvement Solidarno?? les populations polonaises avaient initié le port d’une résistance (composant électronique) au revers de leur veste pour symboliser l’opposition au pouvoir en place. Une sorte de révolte douce. A l’approche de Noël, les opposants au mouvement coiffront-ils les traditionnels bonnets rouge et blanc ?

 

 

Déambulation urbaine sensorielle

Abri sensoriel, Bibliothèque Cabanis, Toulouse, © Mohammed Zendjebil

Déambuler pour mieux entendre, sentir et appréhender la ville

La séance de séminaire du mercredi 21 novembre 2018, a été l’occasion l’après-midi avec les responsables de l’association « Handi-Apt » (Océane de Matos et Mélanie Barrès), les étudiants présents du Master « Voir la Ville » (Marianne Pommier, Romuald Villac et Mostefa Zemouli) ainsi que des patients d’une structure médico-psychiatrique de Blagnac, de faire une expérience sensorielle en milieu urbain. Cette séance nous a amenés dans un premier temps à une déambulation urbaine sensorielle. La balade débuta à la sortie de la station de métro Jean-Jaurès, en mettant en avant notre ressenti par rapport à l’environnement immédiat (visuel, sonore, odorat et toucher), à l’aide d’une fiche technique. Lieu passant, les discussions et les éclats de rire des usagers ponctués notre présence. Les façades de briques rougeoyantes des bâtiments sous un soleil automnal, accaparé le regard ! Une seconde halte sur la place d’Arménie devant la fontaine sur les « ramblas » en cours d’aménagement nous a permis de reproduire la même démarche que précédemment. A cet endroit, le bruit des machines du chantier ainsi que l’odeur du goudron, nous a particulièrement « dérangés ». Notre ultime halte nous amena devant la médiathèque José Cabanis. Là nous attendaient les patients sensibles. Le lieu est passant, mais finalement peu bruyant, une ambiance feutrée baignait par un beau soleil de fin de journée. Cet exercice a été finalement l’occasion de se centrer sur l’environnement urbain pour recueillir nos impressions exaltées par nos sens en éveil. Cette démarche nous apprend beaucoup sur nous même, car ce sont des réflexes auxquels nous ne faisons pas vraiment attention en temps normal, par contre, exacerbé pour les patients qui nous accompagnaient.

Dans l’abri sensoriel, Bibliothèque Cabanis, Toulouse, © Mohammed Zendjebil

Des limites, des frontières pas si évidentes

Cet exercice a été l’occasion de voir dans cette déambulation, les différentes limites et frontières qui jonchent le parcours et auxquelles on ne prêterait pas attention en temps normal : tapis sensoriel au niveau des feux tricolores, bandes rugueuses au sol pour diriger/indiquer des parcours aux non-voyants, feux tricolores sonores, etc. On remarque que l’espace urbain est fait de limites, de frontières sensorielles si on y prête une certaine attention. Le son est également soumis à ces limites, car, en évoluant d’un espace à un autre, on repère bien ces successions de sons voire de bruit qui jalonnent le parcours. Le final de cette déambulation, nous a amenés dans l’abri sensoriel installé dans le hall d’entrée de la médiathèque. Dans cet abri, on est isolé du reste du monde, le bruit extérieur est atténué. C’est un lieu qui est calme, reposant, qui conforte les personnes sensibles aux différents sons de la ville. Il est un lieu qui apaise, qui calme, qui redonne confiance. Cet abri, marque une limite subjective pour certains, objective pour d’autres, mais qui ne laisse pas indifférent de par sa structure. Il impose une limite, dans laquelle on peut se réfugier pour s’isoler physiquement et psychiquement. Cet outil de médiation (l’abri) a été utile pour les patients qui nous accompagnaient, car leur réaction était tout unanime quant à l’intérêt d’un tel outil. Sa structure en bambou, briques de bois et autres tissus colorés, suggère la nature comme le voilage au plafond, bleu et blanc, rappelant le ciel. Une multitude de papillons en origami suspendus nous transporte vers un autre environnement comme pour nous extirper des limites de la ville sonore ! Les assises constitutives de ce lieu appellent à la contemplation et à la pause, pour se détacher de ce qui nous entoure, et abolir les frontières d’un espace urbain trop présent par le son et le bruit, vers une sensation de quiétude.

Mélanie Barrès de l’association Handi’Apt © Mohammed Zendjebil

En avant première de la conférence de décembre

Espace sensoriel, Médiathèque José Cabanis, Toulouse, ©Handi’Apt 2018

Le mercredi 19 décembre prochain nous recevrons l’association Handi’Apt pour approfondir ensemble la question des limites dans l’espace lorsque celui-ci accompagne des personnes handicapées (autistes, troubles mentaux, etc.).

Cette petite association, composée de deux jeunes architectes, Océane de Matos et Mélanie Barrès, travaille autour de la question du handicap mental et de sa prise en compte en architecture. Nous sommes bien confronté ici aux limites.

Le 21 novembre prochain, elles donneront à la médiathèque Cabanis une conférence sur le thème : « Architecture, quand le handicap est moteur d’innovation« . Depuis ce week-end, un abris sensoriel a été installé au rez-de-chaussée de la médiathèque. Des visites sont prévues (inscription sur le site).

Retour sur une idéologie de l’espace pour tous

Seul face au Minotaure, Toulouse, © NJ

La Machine n’a pas eu le temps de refroidir que le magazine d’informations Toulouse publiait déjà le compte rendu de ce long week-end. « Il nous a fait rêver, vibrer, frissonner. Pendant quatre jours le Gardien du Temple a arpenté les rues de Toulouse. L’émotion était si forte… » est-il écrit alors que les délais d’impression et de livraison sont tels que le texte n’a pu être rédigé qu’avant les événements. Utiliser le passé revient à rédiger un compte rendu avant une réunion. Nous voilà face à une manipulation médiatique visant à transformer l’événement en un moment partagé par tous. Il était prévu que l’émotion soit forte. Et si cela n’avait pas été le cas ?

Aucun événement n’a eu une telle ampleur dans le média La Dépêche, puisque pas moins d’une dizaine d’articles ont été consacrés ce week-end à la manifestation. Événement médiatique, nous ne nous intéresserons pas ici au rôle des médias dans la médiation (télévision, journaux et autres relais).

« 450 000 spectateurs attendus : La Machine, événement
planétaire à Toulouse » titrait La Dépêche au 31 octobre. La bataille des chiffres commence à travers une concurrence du toujours plus entre les différentes villes dans lesquelles se sont produits ces spectacles populaires, sans que l’on soit informer du mode de comptage. « En interaction avec la ville, elles visent aussi «à transformer le regard que nous portons sur nos cités», souligne François Delarozière qui entend créer «un acte fédérateur» apprend-on encore de la plume du journaliste Jean-Noël Gros.

Le lundi 5 novembre, à peine refroidi de la veille, le journal titre « Entre 800.000 et 900.000 spectateurs à Toulouse pour voir le Minotaure ». Les chiffres ont dépassés les espérances puisque le nombre de spectateurs a doublé. Mais comment ce chiffre est-il produit ? Y a-t-il des double-comptes ? Inévitablement puisque le chiffre record annoncé fait état du cumul du nombre des spectateurs. Or, la plupart sont venus les quatre jours et au moins les trois jours consécutifs. Par exemple, il est indiqué que le dimanche, c’est 200.000 spectateurs qui assiste à la dernière scène du spectacle. En outre, l’article informe également de l’augmentation de la fréquentation du métro, avec 44% de plus que l’année dernière à la même date. En reprenant les chiffres, une brève arithmétique nous permet de mesurer cet apport. 507.527 personnes supplémentaires sur quatre jours, ce qui nous donne une fréquentation de 126.000 spectateurs quotidiens, ce qui n’est déjà pas si mal. Ne nous perdons pas dans cette bataille de chiffres, car l’enjeu est de montrer la popularité du spectacle afin de conquérir de nouveau marchés à l’international. Ce qui est clairement visé ici est la Chine, le Japon et les Etats-Unis. Voilà une belle carte de visite pour la compagnie La Machine. Une référence à un article du New-York Time est d’ailleurs cité en exemple de la performance. Comme il sera précisé dans un article daté du 8 novembre, « Le Minotaure, machine à séduction géante pour Toulouse » a été vu au Japon, à New-York et dans les principales grandes villes du monde.

L’interview de François Delarozière, peut-être dépassé par les événements, apporte aussi quelques clés de compréhension face à ces enjeux internationaux. « La ville devient un décor extraordinaire. » précise-t-il. Cette vision de la ville comme scène du plaisir et de la poésie est-elle partagée avec l’ensemble de la population ? Les réactions des lecteurs de La Dépêche, faisant état d’une forme de démocratie, ou d’une sorte d’opinion publique, permettent de prendre la mesure, une fois l’événement passé. Certains mettent en avant le coût exorbitant de l’événement, qui va de l’achat par la ville des marionnettes à 2 millions d’euros (mais qui n’appartiennent pas à la communauté urbaine), au coût du hangar destiné à sanctuariser les monstres (15 millions d’euros). D’autres, déplorent le spectacle lui-même, et dénoncent une forme de manipulation des mythes. Un retour à la polémique d’il y a cinq ans nous permet d’apprécier le changement d’attitude. Mais c’est aussi la posture anti-démocratique de certains lecteurs qu’il faut souligner, traitant de « pisse-froid » les points de vue divergents ou contestataires. Faut-il faire consensus et trouver cet événement génial ? Mais qu’apprend-on en définitive et que ressort-il au lendemain de la fête ?

Par exemple le minotaure ailé ressemble davantage à une manticore ou à un griffon qui aurait une tête de bœuf, mais cet aspect mélangeant la mythologie n’a d’intérêt que dans la mesure où l’on recherche une authenticité qui n’existe pas ici. On est loin du mythe d’origine et traiter la ville comme un labyrinthe ressemble davantage à un alibi qu’à une réalité. Plaire au plus grand nombre reste le vœu partagé du concepteur et du politique.

Si l’on considère qu’un minimum d’esprit critique est nécessaire pour bien comprendre le monde dans lequel nous vivons, cela renvoie inévitablement au livre de Manuel Delgado (L’espace public comme idéologie, Les réveilleurs de la nuit, 2016), dont il a déjà été question. La disparition des classes sociales se fond dans un amalgame du spectacle pour tous, et du plus grand nombre. Nous assistons à ce « grand projet bourgeois de pacification généralisé des relations sociales » (p. 46) que décrit Delgado. Les gens sont gentils, courtois, et prêt à parler ensemble. Le font-il vraiment ?

Où sont les 800.000 spectateurs ? La Dépêche du 1er novembre, DR

Mais c’est aussi Gilles Lipovetsky et Jean Serroy (L’esthétisation du monde, Gallimard, 2013) qui nous viennent en aide pour nous aider à comprendre ce qui se joue dans ce spectacle de plusieurs millions d’euros. Dans cet embellissement de la ville où règne la « poésie », « l’enchantement » et le « rêve », « la beauté est devenue un nouvel Eldorado du capitalisme en même temps qu’une obsession et une pratique narcissique de masse » (p. 361).

Pour certains, la ville devient un terrain de jeu géant, Toulouse, © NJ

La photographie ci-dessus illustre bien, à mon avis, cette tendance de l’urbanité qui revient à se faire plaisir et à imaginer la ville comme un vaste terrain de jeu. Le père de famille et ses deux enfants sont équipés de rollers, les enfants ont également un équipement supplémentaire, casque, genouillères et coudières, pour bien montrer leur importance aux yeux du père et de la société. « Le look jeune ou ado est devenu le référentiel dominant des vêtements des adultes : il fallait autrefois exhiber les signes honorifiques de la richesse, il faut maintenant paraître jeune, éternellement jeune » (L’esthétisation… p. 376).

Ainsi, nous assistons à une forme d’hédonisme où chacun côte à côte va pouvoir goûter individuellement à cette « beauté » spectaculaire dans une forme de communion événementielle. Voir la ville à travers ses marges donne ici tout son sens à notre séminaire.

Débordement et prise de parole

Sur le Pont Neuf, La Machine, Toulouse, © NJ

L’événement de cette semaine a été l’installation officielle de la compagnie La Machine à Toulouse. La performance sur quatre jours a perturbé la ville dans ses orientations et ses règles. Nous tenterons, à partir des articles de presse et de nos observations, de dresser un bilan sur la question de savoir que venaient faire les gens ?

Pierre Bourdieu disait que les faits divers font diversion, mais concernant cet « événement », ne pourrait-on pas en dire autant ? Nous présentons qu’il va y avoir beaucoup de questions dans ce billet.

Petit rappel : L’association loi 1901 La Machine possède initialement son siège social à Tournefeuille, qui est transféré  à Nantes en juillet 2017 (J.O. n°799). Son installation sur le site de Montaudran (20 avril 2018, J.O. n°455), au sud de Toulouse, relève d’une longue histoire politique. Les déclarations au J.O. nous permettent de suivre cette évolution mouvementée.

« Déclaration à la préfecture de la Haute-Garonne. LA MACHINE. Objet : promouvoir les métiers du spectacle vivant, plus particulièrement au travers de créations ; réalisations de décors et d’objets de spectacles. Siège social : l’Usine, 18, chemin du Canal, 31170 Tournefeuille. Date de la déclaration : 19 janvier 1999. »

« Déclaration à la préfecture de la Haute-Garonne. LA MACHINE. Nouvel objet : promouvoir les métiers et savoir-faire du spectacle, plus particulièrement au travers de la création, la réalisation et la cession de décors, machines et objets de spectacles ; la création, la réalisation et la cession de tous biens, mobiliers ou immobiliers, en rapport avec le spectacle ou mettant en œuvre, directement ou indirectement, les métiers et savoir-faire du spectacle ; la création, la production et la diffusion de spectacles ; et, accessoirement pour faciliter l’exécution des objectifs précédents, toute opération industrielle, commerciale, financière, mobilière ou immobilière, se rapportant directement ou indirectement à l’objet de l’association. Siège social : l’Usine, 18, chemin du Canal, 31170 Tournefeuille. Courriel : machine@club-internet.fr. Date de la déclaration : 7 juin 2005. »

« Déclaration à la préfecture de la Haute-Garonne. LA MACHINE. Siège social : 18, chemin du canal, 31170 Tournefeuille. Transféré ; nouvelle adresse : A l’usine, 6, impasse Marcel Paul ZI Pahin, 31170 Tournefeuille. Date de la déclaration : 9 février 2009. »

« Déclaration à la préfecture de la Loire-Atlantique. LA MACHINE. Ancien siège : A l’usine, 6, impasse Marcel Paul ZI Pahin, 31170 Tournefeuille. Transféré, nouvelle adresse : 2, boulevard Léon Bureau, 44000 Nantes. Site internet : http://www.lamachine.fr. Date de la déclaration : 26 juillet 2017.  »

« Déclaration à la préfecture de la Haute-Garonne. LA MACHINE TOULOUSE. Ancien siège : 1, chemin Carrosse, 31400 Toulouse. Transféré, nouvelle adresse : 3, avenue de l’Aerodrome de Montaudran, 31400 Toulouse. Date de la déclaration : 20 avril 2018.  »

François Delarozière en est le principal personnage. Il fait ses classes dans la compagnie Royal de Luxe qui s’installe également à Nantes en 2003. A l’époque, il n’est qu’un des rouages de ce théâtre de rue, basé sur l’efficacité du peu, ou la mise en abîme par le décalage. Les pièces sont profondément humaine, l’homme est au centre de l’univers théâtral. Les machines sont peu nombreuses dans les années 1990, et beaucoup moins spectaculaires qu’aujourd’hui. On peut trouver une voiture découpée, où ce grand livre de l’histoire de France, dans lequel des acteurs évoluent. Aujourd’hui, les manipulateurs de ces machines ne sont plus acteurs, mais « techniciens ». Le rôle a été inversé.

Cependant, les histoires racontées ne reposent pas sur la seule démonstration du déplacement de machines. Là, je me garderai de parler de la trame du spectacle toulousain. Hormis la convocation de la mythologie revisitée, la scène tourne autour du déplacement très lent des monstres et de leur rencontre (ou affrontement) inévitable. S’agit-il d’une scène de bataille ou de guerre ? Qui sont les symboles en jeu ? Y a-t-il un alibi artistique ?

Ce que les gens regardent, La Machine, Toulouse, © NJ

Une foule immense, évaluée à 200 mille personnes le premier jour, puis 450 mille personnes (cumulées). Les chiffres annoncés pour cet événement planétaire vont jusqu’à 600 mille personnes (cumulées en double voire triple compte). Le nombre semble avoir une importance. La quantité, comme s’il s’agissait de faire masse. La « populace », elle, est indifférenciée, plutôt de milieu populaire. Lorsque je me promenais à vélo, je surpris un vieil homme dire « les prolétaires prennent le soleil ». Avait-il identifier une couche particulière de la population ? Tout du moins, les jeunes d’Empalot sont absents de la manifestation. A-t-on une idée de qui vient à ce genre d’événement ? Et qui n’y vient pas ?

Le Minotaure photographié, Toulouse, © NJ

La réinterprétation du mythe d’Ariane est ici un prétexte au déploiement de deux « machines » de formes monstrueuses. Une araignée géante, sensée représenter la gardienne du Temple où vit le Minotaure qu’elle doit guider. Durant les trois derniers jours, de vendredi à dimanche, le centre-ville a véritablement été paralysé, ce qui est une des implications du spectacle, et peut-être certainement voulu. La ville est ainsi plongée dans une rupture totale de ses habitudes. Des barrières physiques et policières bloques certains accès. Le déploiement de la sécurité est à son comble. La presse ne révèle pas le nombre d’agents mobilisés pour l’occasion, mais indique que trois dispositifs sont convoqués (police privée, police municipale et police nationale).

Témoigner en direct, La Machine, Toulouse, © NJ

De nombreuses personnes prennent en photographie l’événement, via leur téléphone cellulaire. On peut imaginer qu’elles envoient ces témoignages à d’autres personnes absentes, membres de leur famille, amis éloignés, ou réseaux sociaux type Facebook. Contempler le spectacle n’est pas suffisant, il faut partager ce moment à distance, quitte à rater quelque chose. Dans les long moments d’attentes,  les gens ne savent pas quoi faire. Ils observent le Minotaure, reste à proximité dès fois qu’il se réveille, pendant que d’autres décident de partir voir l’araignée.

Mais la route est coupée, il faut rebrousser chemin, prévoir un autre itinéraire, et ainsi passer le temps jusqu’au soir. Les longs moments d’attente font partie du spectacle. Mais quoi faire ? Aller discuter avec des inconnus, aller contrarier l’anonymat des grandes villes, ou commencer à entretenir une discussion avec ses voisins (de fortune) ?

Quelqu’un m’interpelle en disant que mon vélo est vraiment le haut de gamme des vélos pliants. J’acquiesce en commençant à rédiger le tableau de cette merveille tel un dépliant publicitaire. L’interaction ne dure que quelques minutes, mais le courant est passé, et je me dis qu’il en faut peu pour que l’échange ait lieu. Voici donc des conditions de partage réunies, mais peu s’en emparent, faute d’alibi ou de prétexte à la parole.

Le spectacle de La Machine offre la possibilité de délier la parole, d’échanger entre « amis » d’un jour. Certains s’en emparent, alors que d’autres s’ennuient entre deux événements. Ils prennent une photographie pour avoir l’air de faire quelque chose. François Delarozière ne nous donne pas toutes les clefs. A nous de les découvrir…

Développement autour de la notion de marge

Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine, Grenoble, © NJ

La notion de marge interroge celle, fondatrice et universelle, de limite posée par un acte volontaire qui permet de séparer le nous de l’autre. Pourtant pour Georg Simmel, la frontière est d’abord «entre» : plus que séparer elle induit une réciprocité car elle se présente comme une interposition dans l’espace qui sépare deux mondes qui s’opposent. Georg Simmel voit dans les antagonismes une source de tension créatrice ; l’étranger reflète cette tension, car il est celui qui vient d’ailleurs et qui s’installe quelque part : il est donc à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. Le sociologue Robert Ezra Park propose la figure de l’homme marginal découlant, elle-même, de l’image de l’étranger. L’homme marginal est l’individu de l’entre-deux par excellence : il habite entre deux sociétés, entre deux cultures. Il est déchiré par cette ambivalence et porte en lui la « richesse » de ce mélange. Il peut transformer son sentiment social de perte en une ressource culturelle.
Cette perte génère parfois l’expression d’une sous-culture particulière dont l’homme de la rue, le « SDF », figure emblématique de l’espace public et paradigme de l’entre-deux, constitue un exemple.

La notion de marge révèle donc un espace potentiellement « créateur et créatif », un espace où se mettent en place des dispositifs rituels qui s’emploient à séparer des individus ou des groupes d’un statut pour les agréger à un autre. Pour Arnold Van Gennep, entre les deux moments de séparation et d’agrégation, des moments incertains (espace liminaire) et des lieux incertains (sorte de no man’s land) existent : dans ces zones d’attente, de repli ou de transition, où l’individu est suspendu (en marge), s’accumulent les procédures les plus déconcertantes.

La marge peut parfois répondre à des configurations spécifiques dont les gardiennes et gardiens d’immeubles sont un exemple. Mais elle peut aussi, comme chez les « SDF », devenir l’expression d’une situation qui s’éternise, empêchant toute sortie et toute réagrégation au corps social.

La notion de marge nous intéresse donc par sa capacité à mobiliser les notions de continuité et rupture, ainsi que celle de « cultures de l’entre-deux ». L’expérimentation de cette culture, celle du migrant, de l’étranger, d’une marginalité sociale, culturelle ou artistique, se perçoit aussi dans la mise en place des pratiques dans l’espace et des usages de l’espace, dans des lieux spécifiques de la ville qu’on pourra explorer.

La notion de marge implique également un retour sur le concept d’hétérotopie (du grec topos, « lieu », et hétéro, « autre »: « lieu autre ») forgé par Michel Foucault. Les hétérotopies (localisations physiques de l’utopie) sont des espaces concrets qui hébergent l’imaginaire (une cabane d’enfant ou un théâtre). Elles servent aussi pour la mise à l’écart (les « hétérotopies de déviation ») comme les maisons de retraite, les hôpitaux psychiatriques, les prisons, les asiles ou les cimetières : il s’agit des lieux qui, à l’intérieur d’une société, en constituent le négatif, ou les marges.

Les marges peuvent être aussi examinées comme des interstices des villes, des terrains vagues, des friches, des espaces en chantier, des « zones blanches » non définies sur les cartes, des zones grises ou brunes… Des « tiers paysages » (Gilles Clément) délaissés dont la diversité « n’est pas répertoriée comme richesse » et où il se passe pourtant quelque chose, des « espaces du possible », des laboratoires pour de nouvelles pratiques. Quelles sont ces expériences ? En quoi permettent-elles de réinventer l’espace urbain ? Comment investir ces interstices tout en leur laissant leur qualité d’incertitude et de questionnement de la ville ?

Finalement, la notion de marge interroge, d’un point de vue structuraliste, la société, car cette dernière, dans ses contours « contient le pouvoir de récompenser le conformisme et repousser l’agression » (Mary Douglas). La marge, comme la structure elle-même, est donc un réservoir de symboles de la société.

Je dois à mon ami Gilles Teissonnières ce texte qu’il a co-écrit avec Barbara Morovitch. Nous avons ces auteurs en commun.

Bibliographie

Centlivres, P., Hainard, J. (dir.), 1986, Les rites de passage aujourd’hui, Neuchâtel : L’Âge d’homme.

Clément, Gilles, 2004, Manifeste pour le Tiers-paysage, Paris : éd. Sujet Objet.

De Biase, Alessia et Bonnin, Philippe (dir.), 2007, L’espace Anthropologique, l’abécédaire anthropologique de l’architecture et de la ville, Cahiers de la recherche architecturale et urbaine, n. 20-21.

Douglas, Mary, 1992, De la souillure, études sur la notion de pollution et de tabou, Paris : éd. la découverte.

Foucault, Michel , 1993, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris : Gallimard.

Foucault, M., 2001, « Des espaces autres », (conférence au Cercle d’études architecturales, 14 mars 1967), dans Dits et écrits, vol. 2 : 1976-1988, Paris : Gallimard.

Goffmann, E., 1968, Asiles. Etude sur la condition sociale des malades mentaux, Paris : Ed. De Minuit.

Geremek, B., 1987, La potence ou la pitié, L’ Europe et les pauvres du Moyen Âge à nos jours, Paris : Gallimard.

Grafmeyer, Yves, Joseph, Isaac, 1984, L’Ecole de Chicago. Naissance de l’écologie urbaine, Paris : Aubier.

Hall, E., 1978, La dimension cachée, Paris : Seuil.

Simmel, Georg, 1993, « Le pont et la porte » in La tragédie de la culture et autres essais, Paris : Rivages.

Simmel, Georg, 1999, « Excursus sur la frontière sociale » in Sociologie : Études sur les formes de la socialisation, Paris : PUF.

Simmel, G., 2009 (1908), « Digressions sur l’étranger »  in Grafmeyer, Yves, Joseph, Isaac, L’école de Chicago : naissance de l’écologie urbaine, Paris : Champs Essais.

Turner, Victor W., 1990, Le Phénomène rituel. Structure et contre structure, Paris : PUF.

Van Gennep, Arnold, (1909), rééd.1981, Les rites de passage, Paris : Picard.

Choix du sujet ?????

La place du vélo comme vecteur de socialisation, © NJ

Quel sujet choisir se demande Marine ? Peut-être sera-t-elle intéressée par l’étude de la pratique du vélo en ville, mais peut-être que ses centres d’intérêts sont tout autres. Pourtant, l’étude de la pratique du vélo chez les enfants scolarisés en maternelle ouvre sur des perspectives en termes de gentrification, rapports de genre, de domination, d’exclusion, etc. J’expliquerais plus tard pourquoi et comment.

N’oublions pas que nous naviguons entre les marges, les limites et/ou les frontières. Nous sommes dans la ville, et nous explorons ses frontières. Il faut donc que ce sujet se positionne quelque part au bord, à la marge, à la frange de quelque chose. Cela peut aider à trouver un sujet, en abordant un thème par ses limites. Par exemple, celui de « la colocation et les limites du vivre ensemble », ou bien « le street art et les limites du discours politique ». L’habitat social dans ses marges, serait un autre sujet.

Pour résumer comment vous aider à trouver un sujet, pour ceux qui cherchent encore, il vous faut partir d’un centre d’intérêt et chercher à le percevoir à travers une limites, dans ses marges ou à la frontière de quelque chose, par un de ses bouts.

Mur de Berlin, East Side Gallery, photo NJ

Autre exemple : le mur de Berlin représente aujourd’hui une image d’un passé dépassé. Quelles sont les limites du discours autour des fresques ?

Comme nous n’avons aucun étudiant sur Berlin, l’exemple tombe à l’eau, mais d’autres pointes leur nez. On fera un petit point prochainement, alors à vous de jouer…

Atelier de réflexion du 17 ocotbre 2018

Variations sur la ville ou la ville partagée, © NJ

Ville Partagée

Une journée de partage entre deux ateliers de projet et notre séminaire. Une initiative remarquée par notre directeur, Pierre Fernandez, et une journée riche en foisonnement d’idées.

Pour ce qui nous concerne, seulement trois étudiants étaient présents pour partager leur sujet : Marianne, Océane et Romuald. Un grand merci pour les efforts d’intégration, la rapidité avec laquelle ils ont dû préparer leur intervention et un point positif pour l’appropriation du logiciel Xmind et le traitement de la carte mentale. On attend de nos deux autres étudiants un travail similaire pour la semaine prochaine.

Une assistance attentive dans le cadre de la salle du château (LRA), photo © NJ

Dans leur conclusion, nos deux initiatrices ont parcouru la journée en pointant les quatre idées découlant du partage : objet, action, temps et participation. En effet, on peut partager suivant un de ces quatre biais ou en associant ces biais. La démarche méthodologique a été remarquée elle aussi, autour des conditions d’observation, qui vont de l’observation flottante à l’observation provocante, en passant par l’observation participante. On ne peut rester passif et mener une observation directe dans ce genre de sujet. La proximité existe aussi dans la place de l’intervenant, du militant à l’acteur engagé, elle ne peut rester neutre. Les enjeux liés à l’implication doivent cependant être décris, décortiqués et assumés.

Clara Sandrini et Anaïs Leger-Smith, nos deux initiatrices en action, photo © NJ

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