Un nouveau métier dans le système éducatif roumain

 

Un nouveau métier dans le système éducatif roumain. In : Les Cahiers pédagogiques, no.470 du février 2009.

Pour consulter l’édition en-ligne, cliquez sur le titre de la revue.

Remarque:

A savoir que l’article a été écrit et envoyé à la rédaction des Cahiers pédagogiques en octobre 2008, avant l’apparition de l’Ordre du Ministre de l’Education no.5689/20/11/2008 concernant l’organisation, le fonctionnement des CDI et le poste d’enseignant documentaliste.

Les Centres de Documentation et d’Information au service du français

In: Actes du Forum Innover en français: 25 et 26 mars 2006. Bucuresti: [s.n.], 2006, p.118-119.

Notre intervention du 26 mars 2006 au Forum INNOVER EN FRANÇAIS , intitulée « Les Centres de Documentation et d’Information au service du français » a débuté par une courte présentation de la structure CDI et de son évolution en Roumanie : la création des CDI et la formation des cadres et du personnel des centres de documentation et d’information ont commencé en 2000, grâce au projet bilatéral franco-roumain « Education à l’information en milieu rural défavorisé »; plusieurs stages de formation ont été organisés en Roumanie et en France, mais un premier statut du professeur documentaliste a été élaboré seulement en 2004 et approuvé en janvier 2005 par le Ministre de l’Education et de la Recherche; l’Université de Bucarest a commencé en 2005 la formation initiale des professeurs documentalistes.

Nous avons insisté sur le fait que le CDI n’est pas seulement un lieu de conservation des documents, il est également un lieu d’initiation à la recherche et aux techniques documentaires : utilisation d’outils de travail (dictionnaires, encyclopédies, atlas, fichiers informatisés ou non, Internet), prise de notes, constitution de fiches de lectures, création d’un dossier documentaire, d’une page de journal, d’une exposition etc). Grâce à cette fonction de traitement de la documentation, le CDI joue au sein de l’établissement un rôle pédagogique important. Il est également un espace et un outil de l’innovation pédagogique en général et de l’innovation en classe de FLE en particulier.

Plusieurs images prises des CDI français et roumains, présentées en vidéo projection, ont accompagné notre exposé dans le but d’introduire le public dans l’atmosphère de cette structure info documentaire placé au coeur de l’établissement et de le familiariser avec son organisation physique et intellectuelle: espace d’accueil, prêt et information, espace de traitement des documents, salles d’archives, espace de consultation des documentaires, espace lecture plaisir, espace informatique, espace presse, espace de l’audiovisuel, espace de documentation pédagogique, espace d’orientation scolaire et professionnelle, espace d’affichage et d’expositions, salles d’archives.

Nous avons continué par montrer que la place grandissante des systèmes d’information dans la société, l’extension des utilisations du réseau de communication Internet et la progressive diversification des parcours des élèves, donnent une nouvelle dimension à la documentation en milieu scolaire. Membre à part entière des équipes pédagogiques de l’établissement, le professeur documentaliste travaille en complémentarité et collaboration avec les autres professeurs, y compris ceux de français. Voilà quelques axes possibles de cette collaboration : EDUCATION A L’INFORMATION (présentation du CDI et des ressources, initiation à l’utilisation des outils d’accès au fonds documentaire, techniques de réalisation des produits documentaires divers: dossier, panneau, affiche, revue, présentation PowerPoint etc), PROMOTION DE LA LECTURE (défis -lectures, échanges des comptes rendus de livres dans le cadre d’une correspondance scolaire, rencontres avec les acteurs du livres: auteurs, illustrateurs, éditeurs, libraires, clubs lecture, ateliers d’écriture créative, semaine de la presse, de la poésie, du goût…), EDUCATION AUX ARTS ET A LA CULTURE (spectacles, visionnements, clubs, expositions, concours, échanges culturels), EDUCATION A L’ORIENTATION SCOLAIRE ET PROFESSIONNELLE (rencontre avec des professionnels francophones de divers domaines d’activité, visites, présentation de métiers, expositions), EDUCATION A LA CITOYENNETE (éducation à la santé, à la protection de l’environnement, aux droits de l’homme, de l’enfant, au respect des règles de vie en commun etc).

La présentation de ces axes a été accompagnée d’exemples concrets d’actions déroulées dans le CDI du Lycée « Horea, Closca si Crisan » d’Alba Iulia, ce qui a suscité un vif intérêt de la part des participants au Forum qui se sont engagés dans un dialogue passionné et passionnant avec l’intervenante : rencontre avec un auteur (Rencontre avec le poète Dumitru Malin, professeur de français– mars, 2003), spectacles, concours et expositions (Nichita Stanescu: la poésie comme religion -2001, Victor Hugo: L’homme océan -2002, Une ville en 10 questions: Paris – 2003, De la légende à la philosophie: spectacle de l’actrice Genoveva Preda – 2004, Jules Vernes: la fascination de l’aventure– 2005), atelier d’écriture créative (Le club des jeunes poètes inconnus – participation au concours PIJA 2004 avec neuf créations poétiques), projets d’action culturelle en partenariat (Redécouverte d’un écrivain: Iustin Panta – 2002/2003 : atelier de traduction, lecture dramatisée, Le jour du goût 2005: découverte de la gastronomie roumaine et française …à travers la littérature, la peinture et le cinéma, 2006: L’année Mircea Eliade : concours de lettres imaginaires aux personnages favoris de l’oeuvre de fiction de Mircea Eliade). Ce ne sont pas les seules actions du CDI mises en service du français. En voilà encore quelques-unes : le CDI a été le lieu de déroulement des stages de formation des professeurs de français (exploitation de la chanson en classe de FLE, la littérature jeunesse, formation de l’équipe pédagogique du projet bilingue) et des activités pédagogiques courantes, ainsi que le lieu des activités de tutorat pour les suppléants non qualifiés de français du département d’Alba (2001-2002), de la diffusion de l’information concernant toutes sortes de concours en français (ex. Des mots pour voir, Poésie en liberté, Le Kangourou Francophone, Le Festival de la chanson francophone de Baia-Mare), de l’élaboration de bibliographies pour les élèves et les enseignants, de la promotion du fonds documentaire en français à l’occasion de certains événements historiques et culturels.

Il nous reste l’espoir que tout ce qui s’est passé au Forum Innover en français contribuera à la mise en actes des principes éducatifs modernes et que l’ambition formatrice de l’école deviendra réalité vivante.

Clin d’oeil sur un CDI francophone

Notre article «Clin d oeil sur un CDI francophone» a été présenté au Colloque international «Education à la culture informationnelle» (Atelier 3B : Approche comparative et ouverture à l’international), événement qui a eu lieu à Lille (France) entre 16-18 octobre 2008.

L’article est consultable en-ligne sur le site: HAL-SHS (Hyper Article en Ligne – Sciences de l’Homme et de la Société).

Le site du colloque: http://ertecolloque.wordpress.com/

Le programme du colloque: http://ertecolloque.wordpress.com/programme/

Le programme des ateliers: http://ertecolloque.wordpress.com/ateliers/

Un module de quatre heures d’initiation à la recherche documentaire

L’organisation de ce module nous semble nécessaire au début de tout projet qui implique l’exploitation des informations contenues dans documents d’un CDI/d’une bibliothèque.

Séance no. 1 : Découverte de l’espace et du fonctionnement du CDI

Objectifs :

  • Situer et identifier le CDI dans l’établissement
  • Repérer les différents espaces du CDI et son organisation
  • Connaître les règles de fonctionnement du CDI

Notions développées : Système d’information

Modalités de la séance :

§ Lieu : CDI

§ Nombre d’élèves par séance : classe en demi-groupe ou classe entière

§ Intervenant : documentaliste

Outils pédagogiques : la fiche guide « Organisation et fonctionnement du CDI » ; la fiche outil «Découverte du CDI ».

Déroulement de la séance :

  • 5’ : Consignes générales (but de la séance du jour, contexte de la séance).
  • 20 mn’ : Apport théorique, à l’aide de la fiche guide, sur le CDI (sigle, utilisation, fonctionnement et personnel travaillant au CDI). Présentation et explicitation de la fiche outil.
  • 15’ : Mise en activité des élèves : répondre au questions de la fiche outil « Plan du CDI ».
  • 10’ : Correction collective et bilan oral des acquisitions.

Evaluation :

Vérification, tout au long de la séance, que les consignes ont bien été comprises et appliquées. Evaluation du travail effectué sur la fiche distribuée aux élèves par le documentaliste pour évaluer la séance et remédier lors de la prochaine.

Fiche guide: fiche-guide-s1

Séance no. 2 : Découverte des différents objets documentaires du CDI

Objectifs :

Identifier les différents objets documentaires

Notions développées : document, fiction, documentaire

Modalités de la séance :

§ Lieu : CDI

§ Nombre d’élèves par séance : classe en demi-groupe ou classe entière

§ Intervenant : documentaliste

Outils pédagogiques : la fiche outil « Les documents du CDI »

Déroulement de la séance :

  • 5’ : Consignes générales (but de la séance du jour, contexte de la séance).
  • 10’ : Découverte des objets documentaires : livre, journal, revue, affiche, cassette audio, cassette vidéo, CD-ROM, photographie, disque, disquette, diapositive.
  • 10’ : Classement des objets documentaire en fonction de leur contenu (fictions et documentaires) et en fonction de la modalité de publication (monographies et périodiques).
  • 15’ : Mise en activité des élèves : répondre au questions de la fiche outil.
  • 10’ : Correction collective et bilan oral des acquisitions.

Evaluation :

Vérification, tout au long de la séance, que les consignes ont bien été comprises et appliquées. Evaluation du travail effectué sur la fiche distribuée aux élèves par le bibliothécaire- documentaliste pour évaluer la séance et remédier lors de la prochaine.

Fiche guide: fiche-guide-s2

Séance no.3 : Les clés du livre

Objectifs :

  • Nommer les éléments de description de l’objet livre : page de couverture, dos, page de garde, page de titre
  • Repérer les éléments d’identification du livre : auteur, titre, sous-titre, éditeur, année d’édition, collection
  • Repérer les clés du livre : table des matières, sommaire, index, glossaire, bibliographie, notes, annexes

Notions développées : livre, auteur, éditeur, titre, collection, index

Modalités de la séance :

§ Lieu : CDI

§ Nombre d’élèves par séance : classe en demi-groupe ou classe entière (groupes de quatre élèves)

§ Intervenant : documentaliste

Outils pédagogiques : La fiche guide « Les clés du livre ». La fiche outil « Découvrir le livre », quatre livres par groupe (dont deux du même auteur).

Déroulement de la séance :

  • 5’ : Consignes générales (but de la séance du jour, contexte de la séance).
  • 15’ : Apport théorique sur l’objet livre à l’aide de la fiche guide et de livres choisis.
  • 20’ : Mise en activité des élèves : répondre au questions de la fiche outil.
  • 10’ : Correction collective et bilan oral des acquisitions.

Evaluation :

Vérification, tout au long de la séance, que les consignes ont bien été comprises et appliquées. Evaluation du travail effectué sur la fiche distribuée aux élèves par le documentaliste pour évaluer la séance et remédier lors de la prochaine.

Fiche guide: fiche-guide-s3

Séance n°4 : Le classement et la cotation des documents du CDI

Objectifs :

  • Repérer les outils de recherche du CDI : signalétique, fichiers
  • Identifier deux systèmes de classement à l’intérieur du CDI : alphanumérique (livres et documents audiovisuels) et séquentiel (périodiques)

Notions développées : classement, cote

Modalités de la séance :

§ Lieu : CDI

§ Nombre d’élèves par séance : classe en demi-groupe ou classe entière

§ Intervenant : documentaliste

Outils pédagogiques : La fiche guide « Classification et cotation des documents». La fiche outil « Des outils pour retrouver les documents ».

Déroulement de la séance :

  • 5’ : Consignes générales (but de la séance du jour, contexte de la séance).
  • 15’ : Apport théorique sur la cote et le classement des documents à l’aide de la fiche guide.
  • 20’ : Mise en activité des élèves : répondre au questions de la fiche outil.
  • 10’ : Correction collective et bilan oral des acquisitions.

Evaluation :

Vérification, tout au long de la séance, que les consignes ont bien été comprises et appliquées. Evaluation du travail effectué sur la fiche distribuée aux élèves par le documentaliste pour évaluer la séance.

Fiche guide:fiche-guide-s4

Le document authentique en classe de FLE

Nombre de dictionnaires, de répertoires de normes, d’encyclopédies présentent des définitions qui relèvent plus de la désignation ou de la description que d’une réflexion approfondie sur la notion de « document ». Depuis le latin « documentum » qui donne au mot des racines professorale (docere = enseigner), jusqu’à sa marginalisation par l’emploi (plus récent, plus fréquent, mais guère plus précis) du terme « information », il semble que la notion s’appuie communément sur deux fonctions : la preuve (la bien nommée « pièce à conviction » des juristes ou l’élément d’un dossier) et le renseignement (la représentation du monde ou le témoignage). L’archivistique contemporaine, par exemple, reconnaît ces deux fonctions en admettant pour le document une « valeur d’évidence », qui a un sens un peu plus large que la preuve juridique, et une « valeur d’information » qui correspond au terme renseignement ci-dessus.

Un très grand nombre d’autres travaux de recherche utilisent pour désigner des objets comparables un vocabulaire différent, parfois rigoureusement défini, souvent aussi sujet à des interprétations diverses. Ainsi, les chercheurs en informatique depuis l’étude des réseaux, en base de données, en fouille de textes, en recherche d’informations, en traitement automatique de la langue, jusqu’à l’ingénierie des connaissances ou encore les linguistes, les sémiologues, les psychologues de l’apprentissage, les sociologues de la culture ou de l’organisation, les économistes des médias ou de l’information, les juristes de la propriété intellectuelle, tous usent de vocables divers comme information, donnée, ressource, fichier, écrit, texte, image, papier, article, oeuvre, livre, journal, feuille, page etc. qui, bien entendu, ne sont pas synonymes, qui ont chaque fois une justification dans le contexte particulier de la  recherche concernée, mais qui ont un rapport (la plupart du temps non assumé) avec la notion de  « document ».

Enfin, les documents sont omniprésents dans notre vie courante (notamment au plan administratif et même dans l’activité scientifique). Ainsi la notion est intuitive pour chacun d’entre nous sans que nous ressentions le besoin de la préciser.

Ce flou fait aujourd’hui problème. En plus, le numérique bouscule profondément la notion de document sans que l’on puisse clairement en mesurer les effets et les conséquences faute d’en avoir au préalable cerné les contours. Du papier, le support le plus courant, au numérique, ces transformations se repèrent facilement, par exemple par l’aspect matériel, le traitement cognitif, la perception ou encore l’usage. Cette remise en cause, même si elle a été annoncée par les textes de quelques pionniers et préparée par la convergence de plus en plus manifeste entre l’écrit et l’audiovisuel, est toute récente, encore chaotique et sans doute sans retour. Il est probable que les nombreux chercheurs qui abordent ces questions sous de multiples facettes gagneraient à une vue d’ensemble leur permettant de se positionner plus lucidement.

Le document a été construit comme un objet, dont la concrétisation la plus banale est la feuille de papier, au cours d’un processus séculaire où se sont entrelacés outils, savoirs et statuts. Depuis quelques dizaines d’années avec le numérique, nous sommes entrés dans une phase nouvelle dont certaines caractéristiques sont en filiation directe avec la période précédente, tandis que d’autres marquent au contraire un changement radical et peut-être l’émergence d’une notion différente reprenant tout ou partie de l’utilité sociale de ce que nous appelions « document ». La manifestation la plus évidente du changement est donc la perte de la stabilité du document comme objet matériel et sa transformation en un processus construit à la demande, qui ébranle parfois la confiance que l’on mettait en lui.

Pour ce qui est le document authentique, les controverses sont aussi nombreuses, mais dans notre mémoire la perspective didactique sera privilégiée. Nous allons définir le document authentique comme un document écrit, sonore ou audiovisuel que le professeur collecte dans son entourage pour l’utiliser comme support des activités qu’il va proposer en classe. Ce document est dit authentique parce qu’il n’a pas été conçu à des fins pédagogiques et il est présenté aux élèves dans son état original. C’est par exemple une affiche, un tract, un dépliant, un prospectus, un livret, une page de magazine, une publicité, une chanson, un extrait d’émission radiophonique ou télévisée, un extrait de film, etc. Bref, tout document original utilisant la langue cible.

Le document authentique est théoriquement, dans l’approche communicative, le support de base de toute la progression. La progression pédagogique suit celle des actes de parole que l’on souhaite aborder. L’approche communicative s’appuie sur des situations de communication (d’où son nom). Celles-ci mettent en scène:

  • un émetteur (celui qui a quelque chose à dire);
  • un message (ce qu’il a à dire);
  • un récepteur (celui à qui s’adresse le message).

Le message répond à un objectif : l’acte de parole (par exemple: donner une consigne). Pour parvenir à cet objectif, l’émetteur doit utiliser des outils linguistiques appropriés au contexte (qui imposera alors les formes linguistiques, le registre de langue).

Une séquence en approche communicative s’articule donc ainsi :

a)      analyse de la situation de communication (où, quand, qui, à qui, quoi, pourquoi) ;

b)      répétition, imprégnation, reproduction ;

c)      mise en relief des outils linguistiques utilisés ;

d)      conceptualisation du fait de langue ;

e)      appropriation de celui-ci par des exercices ;

f)        production dans une situation différente de celle proposée comme exemple.

Cette analyse est essentielle car elle nous déterminera le moment dans la progression où l’utilisation du document est pertinente et permettra aussi un classement efficace des documents.

  • identification du document : écrit – oral – vidéo;
  • analyse communicative du document : émetteur – récepteur – circonstances – acte(s) de parole – contenu socioculturel ;
  • analyse linguistique du document : contenu morphosyntaxique – contenu lexical – contenu discursif ;
  • analyse formelle du document : organisation du document, typographies, images.

Evidemment, dans l’apprentissage et l’enseignement d’une langue étrangère nous ne pouvons pas ignorer le rôle des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TICE). Il s’agira donc de les intégrer dans les différents contextes (auto-apprentissage, enseignement à distance, salle multimédia ou classe traditionnelle) et comprendre ainsi leurs limites et leurs potentialités. L’ordinateur et les ressources multimédia constituent des outils incontournables pour les nouveaux enjeux didactiques.