I – Le système de financement de l’économie …

A – …Met en relation des agents à capacité et à besoin de financement …

B – … Moyennant une rémunération qui est aussi un coût

Revenons au taux d’intérêt. Comme nous venons de le voir, il s’agit du prix demandé par ceux.celles qui prête de l’argent, c’est-à-dire, leur rémunération. De façon symétrique, pour qui emprunte de l’argent, le taux d’intérêt correspond à un coût.

Parler du taux d’intérêt n’a pas vraiment de sens car en réalité, il existe pléthore de taux d’intérêt. Une petite explication de cette variété s’impose …

i. Il existe plusieurs taux d’intérêt

Avant de nous préoccuper du « pourquoi » tous ces taux d’intérêt, débutons par une petite description de quelques uns d’entre eux, les plus classiques.

La première distinction, très utilisée, repose du la durée : il existe donc ce que les économistes nomment des taux de long terme et de court terme. Seconde distinction, aussi classique, les taux fixes et variables. Enfin, et je m’en arrêterai là, une distinction entre taux d’intérêt réel et nominal. Nous reviendrons sur ces deux taux d’intérêt au point ii.

Pour illustrer la variété des taux d’intérêt, nous faisons un petit exercice qui requiert de se familiariser avec un tableur et de rechercher quelles informations sur un site incontournable pour tout élève de SES : le site de l’INSEE.


Taux de court terme et de long terme, des taux bien différents. C’est par ici : https://lewebpedagogique.com/garrau/files/2020/03/4_Taux_intérêt.ods (ouvrez le fichier) puis, pour les explications du travail à faire pas à pas le tuto est là : https://peertube.live/videos/watch/c58bea32-bebf-404d-83f9-91214859b45c


Comme vous pouvez l’observer avec le graphique que vous venez de réaliser, le niveau des deux taux n’ont rien de comparable. Quelles raisons expliquent cette différence ?  Comme l’indique le libellé, la durée une première explication. Pour deux raisons : plus la durée est longue, plus la probabilité qu’un problème de remboursement apparaisse est grande. Illustrons : prenons deux entreprises rigoureusement similaires (même activité, etc.) qui empruntent le même montant de 100 000 €. La première fait le choix de rembourser rapidement l’emprunt, en 3 ans. La seconde décide de le faire sur une durée plus longue de 6 années. La quatrième année, un ralentissement de l’économie mondiale lié à un krack boursier oblige les dirigeants de la seconde entreprise à la fermer. Conséquence, celle-ci ne remboursera jamais son emprunt. Elle est devenue insolvable.

Or, l’histoire économique nous enseigne qu’un événement imprévisible peut survenir à tout moment : un problème sur les marchés financiers qui provoquent une crise mondiale comme en 1929 ou plus récemment en 2007-2009 (crise des « subprimes »). Ou ce qui me vaut d’écrire ce cours « en ligne » : la crise sanitaire liée au Covid-19.

Donc, pour être certain de limiter ses pertes si l’emprunteur devient insolvable, le prêteur demandera donc une contrepartie plus importante, c’est-à-dire, un taux d’intérêt plus élevé. Pour résumer, le niveau du taux d’intérêt dépend du risque de non-remboursement, et la durée augmente ce risque. Ce n’ai pas le seul « facteur » de risque. Mais nous y reviendrons.

Seconde raison, moins intuitive : plus la durée du prêt est longue, plus celui.celle qui prête se prive de ces moyens financiers. Il.elle n’a donc plus l’opportunité de les utiliser à sa guise pour consommer. Prenons un exemple : deux jumeaux, Arthur et Bastien, perçoivent la même somme chaque mois, 20 €. Le premier souhaite acquérir un jeu vidéo qui coûte 30 €. Il lui manque donc 10 €. Le second n’a pas prévu de dépense particulière. Il propose donc à son jumeau de lui prêter 10 € moyennant un intérêt de 1 € remboursable le mois suivant. Arthur accepte et achète son jeu vidéo. En milieu de mois, Bastien découvre un morceau de musique et décide d’acheter l’album complet. Son prix, 11 €. Il devra donc attendre. L’opportunité d’achat de l’album ne peut se réaliser immédiatement. C’est la raison pour laquelle le taux d’intérêt est considéré comme un coût d’opportunité pour les prêteurs. Coût qui augmentera à mesure que les opportunités devront attendre pour être saisie, c’est-à-dire en fonction du temps.

Comme nous l’indiquions plus haut, le taux d’intérêt augmente avec le risque de défaillance de l’emprunteur, ce que l’on nomme le risque d’insolvabilité. Or, ce risque dépend de la situation de l’emprunteur. Par exemple, entre une personne qui gagne le SMIC (dont vous chercherez le montant pour votre culture économique personnelle) et une dont le salaire est de 5 fois le SMIC, il est simple d’imaginer celle qui risque de se voir demander le taux d’intérêt le plus conséquent … Même chose entre une étudiante qui travail en CDI à temps partiel (dans un restaurant par exemple) et une qui dispose d’un CDD à temps partiel (pour faire les vendanges par exemple).

Deux autres éléments vont influencer le niveau du taux d’intérêt : la marge bénéficiaire du prêteur et le coût du refinancement. Nous reviendrons sur ce dernier dans le chapitre suivant. Mais l’idée est simple : celles et ceux qui prêtent peuvent eux.elles mêmes devoir emprunter préalablement : pour prêter 100 € que je n’ai pas à 2 %, j’emprunte 100 € à 1 %. Ou emprunter pour à nouveau prêter : j’ai 100 € que je prête. On me demande un nouveau prêt : j’emprunte pour pouvoir de nouveau prêter.

En résumé, nous pouvons définir le taux d’intérêt comme le pourcentage de l’intérêt par rapport à la somme prêtée (taux d’intérêt = intérêt / emprunt), et l’intérêt comme la somme versée par l’emprunteur à celui qui lui a prêté de l’argent pour pouvoir en faire usage. De plus, nous pouvons dire que le niveau du taux d’intérêt dépend : de la durée du prêt / de l’emprunt, du niveau de risque de l’emprunteur, de la politique de marge du prêteur et du coût du refinancement. 

ii. Qui représente soit une rémunération, soit un coût

Pour le prêteur, l’intérêt représente un revenu. De façon symétrique, il s’agit d’un coût pour l’emprunteur. Lorsque l’emprunt est intégralement remboursé et les intérêts versés, la somme totale est supérieure au montant prêté (ou emprunté). Pour s’en convaincre, procédons à de petits calculs : Charline emprunte à sa banque 1000 € à un taux de 3 % sur 1 an. Le remboursement du capital intervient à échéance (le douzième mois). Par conséquent, Charlie versera à sa banque : 3% x 1000 + 1000 = 1030 €. Si nous en arrêtons là, une conclusion s’impose : le prêteur est toujours gagnant (sauf cas de défaillance de l’emprunteur bien sur).

Mais un éléments peut perturber la relation entre emprunteur et prêteur. Pour cela, nous allons devoir raisonner, non plus en euros mais en terme de pouvoir d’achat, ce qui va nous permettre de découvrir la relation entre le taux d’intérêt nominal et le taux d’intérêt réel et ce que sont ces 2 taux d’intérêt. 

Notre interrogation peut donc se résumer à une question : qui prête gagne (toujours) ? Et bien la réponse est non. Dans une des situation, le prêteur peut être « perdant ». Et symétriquement, l’emprunteur gagnant. Tout va dépende de l’évolution du niveau général des prix, c’est-à-dire de l’inflation. Voilà comment : lorsque vous souhaitez prêter de l’argent, vous le faites à un taux d’intérêt qui intègre l’inflation. Ce taux d’intérêt se nomme le taux d’intérêt nominal. Or, au moment où vous décidez de prêter de l’argent, cette somme vous permet d’acheter une certaine quantité de biens et de services (B&S). Or, les prix de ces B&S peuvent augmenter. Supposons qu’ils le fassent. Par conséquent, vous devez récupérer une somme d’argent plus importante pour pouvoir acquérir ces B&S. Et dans ce cas deux situations se profilent : soit les intérêts couvrent l’augmentation des prix, soit non. Ce qui nous donne les situations suivantes (avec i le taux d’intérêt nominal et π l’inflation) :

  • si i > π, alors les intérêts couvrent l’augmentation générale des prix. Le pouvoir d’achat du prêteur est conservé (voire augmente),
  • si i < π, alors les intérêts ne compensent pas l’augmentation générale des prix. Le pouvoir d’achat du prêteur diminue,

Cette relation peut aussi s’écrire ainsi : i – π > 0 (ou <). Les économistes nommes la valeur « i – π » le taux d’intérêt réel (r), qui correspond au prix de l’argent, inflation déduite. Ce qui donne la relation suivante (dite relation de Fisher) : r = i – π

Ce que je viens de présenter peut paraître abstrait. Une petite simulation imaginaire à partir de deux scénarii va vous permettre de mieux saisir de quoi il retourne concrètement. Pour cela, il faut vous disposer d’un tableur (Excel, LibreOffice, etc.). Voici le point de départ : 

Vous prêtez 1000 € à votre meilleur.e ami.e pour la réalisation d’un voyage solidaire au Mali où il.elle aidera à construire une école. En contrepartie, vous lui demandez un taux d’intérêt nominal de 5 % et un remboursement au bout d’un an. En faisant ce choix, vous différez l’achat d’un nouveau smartphone compatible avec la 5G dont le prix est de 1000 €. Vous décidez de l’acquérir avec l’argent du remboursement du prêt fait à votre ami.e.


Pour la suite, c’est par ici que cela se passe (le fichier comporte un onglet, une page « Aide ») => https://lewebpedagogique.com/garrau/files/2020/03/Simulation_pouvoir_achat.ods

Et la correction ici => https://lewebpedagogique.com/garrau/files/2020/03/Simulation_pouvoir_achat_correction.ods


Comme vous pouvez le constater, l’emprunteur n’est pas forcément gagnant, même les intérêts restent un coût pour l’emprunteur. Ce qui nous amène à une définition plus complète du taux d’intérêt : pour l’emprunteur, le taux d’intérêt représente le coût de l’emprunt tandis que pour le prêteur il correspond à la rémunération du service de prêt et les risques qui s’y rapportent, notamment le non-remboursement. Il correspond au pourcentage de l’intérêt par rapport à la somme prêtée ou empruntée.

Nous en terminons avec cette partie. Il est temps de vérifier si tout est bien compris. Au moins l’essentiel.


Faisons la synthèse en vérifiant votre compréhension de cette partie. Pour cela, suivez le lien => https://h5p.org/node/752594?feed_me=nps