L’abbaye de La Sauve-Majeure

Léo Drouyn, Album de la Grande-Sauve, 1851

Historique 

L’abbaye de La Sauve-Majeure doit son nom à la forêt – la sylva major– dans laquelle Gérard de Corbie, bénéficiant du soutien du duc d’Aquitaine (Guillaume VIII), implanta en 1079 une communauté monastique (bénédictins). L’abbaye jouit rapidement d’un grand prestige confirmé par le nombre de ses prieurés – 76 au moment de la canonisation du fondateur – en 1197. Désormais en ruines, l’abbaye conserve toutefois de remarquables vestiges médiévaux et modernes. Elle est classée monument historique depuis 1920.

L’abbaye a été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle.

Léo Drouyn, Album de la Grande-Sauve, 1851

 

L’architecture de l’abbaye

Les ruines actuelles sont celles de l’abbatiale élevée dans la première moitié du XIIe siècle. Cet édifice possède un chevet à cinq chapelles échelonnées, plan souvent en usage dans l’architecture monastique du XIIe siècle, mais recevant là une ampleur jamais adoptée en Bordelais. Quant aux parties de la nef encore en élévation, elles montrent que l’on avait choisi d’élever une large nef flanquée de bas-côtés voûtés d’arêtes. Sur le vaisseau central, on lança des voûtes d’ogives qui marquent l’adoption dans la région, autour des années 1150, du voûtement gothique.

Vue du clocher

Au début du XIIIe siècle, de nouveaux travaux permirent l’installation du grand clocher octogonal.

L’achèvement de ces travaux suscita une nouvelle consécration en 1231, dont on garde trace dans le monument par la présence de disques sculptés aux effigies des apôtres. Cette période a également dû être marquée par une grande entreprise de rénovation des bâtiments conventuels comme en témoignent les vestiges du XIIIe siècle conservés in situ ou dans le musée lapidaire.

Vue satellite Geoportail

Sculpture

Dans le chœur et le bas-côté sud subsistent de remarquables chapiteaux romans. Ceux des parties basses du chœur présentent des thèmes bibliques et des scènes de combats. Parmi ces dernières, une grande corbeille située à la retombée de l’arcature séparant le chœur de l’absidiole nord présente notamment un homme luttant contre un lion, un centaure et un sagittaire et un combat d’aspics et de basilics.

Dans l’absidiole nord est représenté le Péché originel et en face, deux robustes lions dévorant un homme, probable pécheur soumis aux châtiments de l’enfer. Au sud voisinent notamment les thèmes de Daniel dans la fosse aux lions, Samson et le lion, ou la Tentation du Christ.

Le chapiteau de la Décollation de saint Jean-Baptiste, dans le bas-côté sud, représente la danse de Salomé, la décollation proprement dite, et la remise de la tête de Jean-Baptiste à Hérode.

Les bâtiments conventuels :

Sur la partie sud, les bâtiments conventuels en ruines rappellent la vie quotidienne des moines bénédictins. Autour du cloître s’articulaient les différents espaces : salle capitulaire (salle de réunion du chapitre, tous les matins) et dortoir aujourd’hui disparu, réfectoire, cellier.

Vue sur le cloître et le réfectoire depuis le clocher

Vestige de la salle capitulaire voûtée

Arcade du réfectoire

Bibliographie :

ARAGUAS (Ph.), L’abbaye de la Sauve-Majeure, Collection Itinéraires du patrimoine, Éditions du patrimoine, 2001.

BRUTAILS (J.A.), Les vieilles églises de la Gironde, Bordeaux 1912.

COUZY (H.), Les chapiteaux de La Sauve-Majeure, Bulletin Monumental 1968.

GARDELLES (J.), L’abbaye de La Sauve-Majeure, Congrès archéologique de France Bordelais et Bazadais, 1990.

LACOSTE (J.), La sculpture romane de La Sauve-Majeure et ses origines, :L’Entre-Deux-Mers et son identité  L’abbaye de La Sauve-Majeure de sa fondation à nos jours, Actes du cinquième colloque Entre-deux-Mers tenu à la Sauve-Majeure 9-17 septembre 1995, éditions du C.L.E.M. 1996.

Nombreux articles historiques importants dans : L’Entre-Deux-Mers et son identité  L’abbaye de La Sauve-Majeure de sa fondation à nos jours, Actes du cinquième colloque Entre-deux-Mers tenu à la Sauve-Majeure 9-17 septembre 1995, éditions du C.L.E.M. 1996.

L’abbaye est gérée par le Centre des monuments nationaux.

Pour en savoir plus, rdv sur le site dédié abbaye-la-sauve-majeure.fr

 

Le livre numérique sur les plantes des CM1-CM2 de Lormont

Cette année, dans le cadre du projet « Jardins et patrimoine », les CM1-CM2 de Lormont ont réalisé un livre numérique pour nous présenter leurs recherches ! Des questions sont posées sur les plantes et la réponse est donnée par… André Le Nôtre en personne, personnifié par les élèves. Allez vite voir en suivant ce lien !

Découvrir leur travail

 

Archibald – document pédagogique Jardins et Patrimoine

La classe des CM1 de Rauzan nous fournit une nouvelle ressource. Il s’agit d’un document pédagogique visant à préparer la sortie à Sallebruneau.

Les élèves doivent aider le moine hospitalier Archibald à rejoindre la commanderie pour ensuite poursuivre sa route.

Ainsi, Archibald nous a en quelque sorte accompagné tout au long de la visite !

Pour le télécharger, c’est par ici >> Archibald

La teinture végétale des CM1 de Rauzan

Les CM1 de l’école de Rauzan nous partagent leur expérience de la teinture végétale, merci à eux pour cet article !

Pour télécharger l’article, par ici >> teinture végétale

LES CM1 DÉCOUVRENT LA TEINTURE VÉGÉTALE ET LES EMPREINTES DE FEUILLES

UNE TEINTURE TRES ANCIENNE

Au Moyen Âge, on teignait les vêtements avec des plantes, des fleurs, des arbres. En classe, nous avons créé des teintures végétales comme à l’époque! Nous avons fabriqué du rouge avec de la garance et du jaune avec des pelures d’oignon. LEWIS et COLE

Mais on peut aussi utiliser des feuilles de vigne (jaune), la peau d’avocat (marron), la cerise (violet), le thé (marron)… AXEL

PREPARATION DES TISSUS AVANT TEINTURE

Utiliser du coton. Pour teindre du coton avec ces teintures végétales, il faut : faire chauffer et refroidir pendant une nuit les tissus trempés dans de l’eau et des galles de chêne.

La galle. La galle est une boule qui se forme autour des œufs pondus par des papillons dans le chêne. À l’intérieur, il y a tout ce qu’il faut pour que la larve grandisse. ZYAD

Quand les papillons sont assez grands, ils s’envolent. MATTHIAS

L’arbre fabrique cette galle pour se protéger. AURELIEN

La galle contient beaucoup de tanin, indispensable à la fixation de la teinture.

L’alun. Ensuite, il faut tremper le coton dans un bain d’Alun bien chaud. Ce travail de préparation du tissu dure deux jours. Ensuite, on fait sécher le coton. On est prêts pour teindre ! PAUL et JULIETTE

TEINTURE TIE AND DYE

Avec notre carré de coton, nous avons fait du Tie and Dye.

Pour faire un trait, il faut plier le tissu comme un éventail et on bloque avec un élastique. Si tu mets des épingles, ça fera des pointillés. Pour faire un petit soleil, il faut mettre un caillou entouré d’un élastique bien serré et pour créer un grand soleil, il faut faire pareil et rajouter un autre élastique. MANU et SASHA

FINALISATION DE LA TEINTURE

Ensuite, on a plongé nos tissus dans la marmite avec la garance ou les peaux d’oignon. On est partis en forêt pour ramener des feuilles à l’école. CHAHID

Les marmites ont chauffé pendant au moins une heure. L’eau était bien chaude ! JOSEPHINE

BALADE EN FORET ET COLLECTE DE FEUILLES

Lors de notre balade, nous avons collecté des feuilles de six espèces d’arbres : l’érable, le marronnier, le cornouiller, le chêne, le noyer et le frêne. Nous avons aussi ramassé des fruits (noix, marron) pour le plaisir ! AURELIEN, LISE et MATTHIAS

Nous avons appris que la sève des arbres descend en hiver et remonte au printemps.  Si la sève restait dans l’arbre en hiver, elle gèlerait, se transformerait en glaçons et tuerait l’arbre. Avec la sève de l’érable, on fabrique du sirop d’érable que l’on peut mettre sur les pancakes. Nina nous en a fait goûter. C’est très sucré ! ETAN et IMANE

Tour de magie. Avec la feuille de cornouiller, c’est magique ! Quand on la déchire dou-ce-ment, la sève transparente, un peu élastique, tient l’autre partie de la feuille. Essayez de faire ce tour aux parents ou aux enfants ! LALY, KALANNA et CHARLY

EMPREINTES DE FEUILLES SUR COTON

On tape ! A notre retour à l’école avec nos feuilles, nous les avons utilisées pour faire des empreintes. Voici les étapes à suivre. Matériel : un tapis, une pierre de granit, un tissu de protection pour support. Ensuite nous plaçons nos feuilles à l’envers et posons notre tissu dessus. Nous tapons dessus avec un maillet afin que la sève trace la feuille sur le coton. Certains ont tellement tapé que la feuille est restée collée ! AXEL, LOLIA, NINA et ZOE M.

On baigne ! Après avoir imprimé les feuilles sur nos tissus, on les a trempés dans trois bassines. La première contenait du fer. La deuxième du savon de Marseille et la troisième de l’eau claire. On devait les laisser 30 secondes dans chaque bain. Pour finir, on les a essorés et faits sécher sur un fil. NINA, ZOÉ M, CORENTIN, ZOÉ R et SYLIA

BILANS DE NOS RÉALISATIONS

On a obtenu de très jolis résultats ! Mathilde nous a appris plein de choses. ZOÉ M

Quand on a vu les résultats, tout le monde a dit « Ouahouh ! » C’était magique ! ZOÉ R

J’ai trouvé ça génial de faire de la teinture rouge ! KARL

Les enfants sont ensuite revenus chez eux avec leurs tissus teintés et décorés. Ceux-ci peuvent passer à la machine sans crainte de perdre leurs couleurs.

Vous avez désormais les recettes pour tenter l’expérience chez vous! Merci Mathilde Guignard !

Mme JULIENNE

 

 

L’encre au Moyen Âge

Comment fait-on de l’encre au Moyen Âge ?

À l’époque médiévale, point de stylo plume à cartouche ni de stylo bille et encore moins de feutre ! Alors, comment écrit-on dans les manuscrits ? Comment est produite cette encre indélébile qui a traversé les siècles ? Une chose est sûre : on n’utilise pas encore d’encre de Chine…

Oiseau, note en marge, Code Justinien, XIIIe-XIVe s., Amiens, BM, ms. 347

On peut faire de l’encre à partir du carbone (bois calciné) mais en Occident à partir du XIIe siècle, on préfère les encres ferro-galliques ou métallo-galliques. Ce sont des encres plus résistantes, qui associent 3 éléments principaux :

  • Noix de galle
  • Sel métallique
  • Liant

Sigebert de Gembloux dictant son texte à un moine copiste, Chronique, XIIe s., Avranches, BM, ms. 159

 

Qu’est-ce que la noix de galle ? En tout cas, ce n’est pas le fruit du noyer !

Quand un petit insecte, le cynips, pique le chêne pour pondre, l’arbre réagit en produisant cette boule de la taille d’une balle de ping-pong. Un peu comme lorsqu’un moustique nous pique et que la peau gonfle !

Les larves de cynips se forment à l’intérieur et la sève de l’arbre les entoure petit à petit.

Le cynips

Pour faire de l’encre, il faut se dépêcher ! La noix de galle doit être récoltée avant l’été, quand les larves sont encore à l’intérieur. Si elles en sortent, la noix aura moins de tanin, la substance végétale qui permet de noircir l’encre.

La plus réputée : la noix de galle d’Alep, mais on en trouve aussi dans les forêts d’Europe.

Comment faire ?

Une fois bien sèches, il faut les écraser et verser la poudre obtenue dans beaucoup d’eau que l’on fait bouillir. Quand le mélange est réduit de moitié, y ajouter un liant :  la gomme arabique (sève) et bien écraser. Laisser mijoter sur le feu pour faire encore réduire.

Source de l’image : la recette

Hors feu, ajouter le sel métallique (sulfate de plomb, de cuivre ou de fer) et parfois un mélange de vitriol et de vin. Le sel métallique entre en réaction avec l’extrait végétal et noircit. Voilà notre encre noire.

+  +

Noix de galle                               Sel métallique                           Gomme arabique

 = 

 

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Images issues de la vidéo Making Manuscripts du Getty Museum :

 

Une autre vidéo très instructive :

 

Des recettes du Moyen Âge

Inc |austum| latinum; accipe vas de terra quod capiat VIII l. |libras| aque; postea mediam libram galette et tere bene ; postea bulli usque ad medietatem, tunc accipe tres untias gummi arabici et tere bene et colato illo quod est in oll |a| apponatur gumma, tunc bulliat ad medietatem. Postea aufer ab igne et tunc accipe 4 uncias vitreoli et l. |libram| vini calidi aliquantulum et debes miscere vinum et vitreolum in alio vase bene, tunc paulatim apponatur ad inc |austum| miscendo senper bene; ita stet per duos dies et quolibet die moveatur quarter cum baculo postea.

British Library, London, Harley 3915, Recueil de recettes d’encres et de pigments, 2nde moitié du XIIe siècle

 

POUR FAIRE TROIS PINTES D’ENCRE, prenez des galles et de gomme de chascun deux onces, couperose trois onces; et soient les galles casse?es et mises tremper trois jours, puis mises boulir en trois quartes d’eaue de pluye ou de mare coye. Et quant ils auront assez boulu et tant que l’eau sera esboulie pre?s de la moitie?, c’est assavoir qu’il n’y ait mais que trois pintes, lors le convient oster du feu, et mettre la couperose et gomme, et remuer tant qu’il soit froit, et lors mettre en lieu froit et moite. Et nota que quant elle passe trois sepmaines, elle empire.

Le Menagier de Paris. Traite? de morale et d’e?conomie domestique compose? vers 1393 par un bourgeois parisien, Tome Second, Paris, 1846, p. 265.

 

On peut également réaliser des encres à partir d’épines selon un procédé assez proche.

Recettes adaptées : 

Première recette :

Ingrédients :

  • 30g de noix de galle concassées
  • 15g de gomme arabique
  • 15g de sulfate de fer
  • eau
  • essence de lavande (facultatif)

Faire bouillir les noix de galle concassées dans 500g ou un demi-litre d’eau, de manière à avoir 450g de décoction; faites dissoudre la gomme ; quand le tout est froid et passé, ajouter : sulfate de fer cristallisé préalablement dissous dans 30g d’eau. On peut ajouter quelques gouttes d’essence de lavande.

L’encre ainsi produite se conserver plusieurs années, mais elle a tendance à faire du dépôt.

Deuxième recette (TESTÉE) : Lezarbres 

 

Troisième recette : L’atelier de Mathilde et Goscelin

Sources 

Cora Millet-Robinet, Maison rustique des dames, Librairie agricole de la maison rustique, Paris, 1845, p. 312

Marc Niederhauser, Alchimie de l’enluminure : 80 recettes éprouvées, Eyrolles, 2011

Une ressource à utiliser, l’exposition virtuelle de la BnF sur les écritures

Calendrier de plantation des graines 2017-2018

Pour vous accompagner dans vos semis, voici un tableau répertoriant les périodes et les conseils de plantation des graines confiées dans le cadre du Projet Jardins et patrimoine :

Plantes données en pot : à planter le plus vite possible !

Bourrache  Arroser régulièrement sans abuser.

Santoline Besoins en eau très faibles.

Mélisse À placer au soleil ou mi-ombre. Possible de récolter les graines à la fin de l’hiver ou début du printemps. Arroser modérément.

 

Graines :

Nom de la plante Quand semer ?  

Recommandations

Arroche Avril Ombre, arroser régulièrement.
Balsamite Fin mars Sol profond et frais.
Benoîte Octobre ou mars Soleil ou mi-ombre
Épeautre
Octobre-novembre Pas de traitement particulier.
Fenouil Avril Arroser régulièrement
Fenugrec Octobre ou mars Sol plutôt sec
Lin Fin février Pas de traitement particulier.
Livèche Avril Résiste bien au froid, peu exigeante. Mi-ombre, arroser de temps en temps.
 Nigelle  Avril Arroser régulièrement sans abuser. Lorsque les graines sortent, il faut butter la terre.
Pastel Octobre ou fin février Ne pas trop arroser. Attention : plante bisannuelle (attendre la 2e année pour les fleurs)
Pois chiche Octobre ou février Arroser régulièrement sans abuser. Lorsque les graines sortent, il faut butter la terre.
Rose trémière Février-mars Ne pas semer trop denseBien émietter le sol
Souci Mars-avril Soleil, mi-ombre.

À vos outils !

 

OctobreTRH

Les semailles, Mois d’octobre du calendrier des Très Riches Heures du duc de Berry, début du XVe siècle, Chantilly, Musée Condé, ms. 65. À l’arrière-plan, le peintre a représenté le Palais du Louvre, tel qu’il fut reconstruit par Charles V (1338-1380) et dont il ne reste aujourd’hui que les fondations.

L’herbier des CE2 de Tresses

Pour terminer l’année scolaire en beauté, voici quelques vues de l’herbier réalisé par la classe de CE2 de Tresses suite à leur visite à la Commanderie de Sallebruneau dans le cadre du projet Jardins et Patrimoine.

Sur un fond coloré à l’encre, les élèves ont collé les feuilles récoltées dans le jardin médiéval à côté de reproductions décalquées de planches botaniques. Ils ont travaillé les initiales des noms en s’inspirant des lettrines médiévales et ont inscrit les propriétés des plantes. Ce travail coopératif a permis de constituer un herbier collectif dont les pages sont affichées à l’école !

 

Une année de Jardins et Patrimoine – L’école de Cartelègue

Pour continuer ces présentations des travaux des classes ayant participé au projet Jardins et Patrimoines, voici les réalisations des élèves de l’école de Cartelègue.

Cette année, ils ont beaucoup travaillé sur le Moyen Age, et réalisé des châteaux, vitraux, rosaces, un jardin d’inspiration médiévale à partir des graines issues de la Commanderie de Sallebruneau, des installations artistiques jardinières…..

Quel travail ! Bravo et merci à eux !

La Mandragore, une plante mystérieuse

La Mandragore

Quelle est donc cette plante au nom étrange ? Pourquoi est-elle mystérieuse ?

La mandragore appartient à la famille de la tomate, les solanacées. Elle possède de grandes feuilles et paraît inoffensive… et pourtant !

Mandragora, Giorgio Bonelli, Hortus Romanus juxta systems Tournefortianum paulo, XVIIIe s., New York Public Library

Depuis l’Antiquité, chez les Égyptiens, les Arabes, les Grecs et les Romains, elle est considérée comme une plante magique ! Une idée qui persiste au Moyen Âge et même bien après.

On pense depuis longtemps qu’elle peut apporter richesse, fertilité et guérison à celui ou celle qui en possède une racine. Des qualités qui sont très appréciées ! C’est pourquoi elle est recherchée. Originaire d’Orient, elle est plutôt rare en Occident, ce qui renforce son côté mystérieux.

Mais pour quelle raison la pense-t-on magique ?

C’est sous terre qu’il faut regarder : ses racines peuvent atteindre près de 60 cm de long, prenant une forme qui peut faire penser à une silhouette humaine, c’est ce qui lui a valu cette image de légende ! Il y aurait des mandragores mâles et des mandragores femelles qui vivent sous terre. Il paraît même qu’elle brillerait la nuit comme une lanterne rouge…

Mandragora, Recueil botanique, New Haven, Yale Medical Library, vers 1400

Seulement, il serait très compliqué de la déraciner : lorsqu’on l’arrache, elle pousse un cri tellement terrifiant qu’il peut être mortel ! Aussi, pour s’en procurer, on dit qu’il faut attacher un chien à sa racine et s’éloigner pendant que ce dernier la fait sortir de terre et qu’elle pousse son terrible hurlement… Cette pratique est encore attestée dans certaines régions italiennes au XIXe siècle. Les auteurs anciens décrivent aussi toute une série de rites pour la cueillir sans risque : tracer des cercles autour, réciter des prières ou des incantations,…

>> Harry Potter a lui aussi rencontré la mandragore et son cri !

Mandragore, Tacuinum sanitatis, XVe s., Vienne

Avec cette sombre destinée, la plante est alors liée à la magie noire : elle serait utilisée par les sorcières sous forme d’onguent pour le corps. Les Grecs l’appelaient même « plante de Circé », une magicienne très puissante de la mythologie. D’ailleurs, Jeanne d’Arc, condamnée pour sorcellerie, fut accusée d’avoir cueilli de la mandragore.

Ceux qui arrivent à s’en procurer doivent alors la laver soigneusement et l’envelopper dans une étoffe riche pour qu’elle apporte ses bienfaits.

A-t-elle eu d’autres usages non « magiques » ?

La mandragore fut également utilisée par ceux qui ne croyaient pas en ses capacités magiques. C’est une plante qui est très efficace contre les maux de tête, la fièvre et les ballonnements. Des médecins l’ont également exploitée pour ses racines narcotiques.

Il se trouve que la plante possède des propriétés hallucinogènes, ce qui expliquerait toutes ces idées et ces anciens usages !

A la commanderie de Sallebruneau (Gironde) se trouve une mandragore. Viendrez-vous vérifier sa légende ? Il vaut mieux venir une nuit de pleine lune…

Sources

Michel Botineau, Les Plantes du jardin médiéval, Belin, 2003

Sur la terre comme au ciel : jardins d’Occident à la fin du Moyen Âge (catalogue d’exposition, Paris, musée de Cluny, 6 juin – 16 septembre 2002), RMN, 2002

On trouve également la mandragore dans la série télévisée britannique Merlin, épisodes 1 et 2 de la saison 3 « Le poison de la mandragore » !

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Enluminure

Afin de découvrir l’art médiéval, voici quelques documents proposés par Bernard Pradier pour la réalisation d’un atelier d’enluminure en classe, à partir d’une initiale calligraphiée. Vous retrouverez le document ci-dessous :

Réaliser une lettrine_jardins et patrimoine

Ce document s’accompagne d’un corpus d’images et d’exemples réalisés par une classe de l’école de Saint-Aubin-de-Médoc en 2015.

Vous retrouverez l’intégralité du dossier dans la Dropbox « EchangesCLEM_EnseignantsJardins (accès également par le lien ci-dessous) :

https://www.dropbox.com/sh/cbejek1ghbl37pd/AABf89_mawg-pwtXls3mR966a?dl=0

Alors à vos pinceaux !