Myosotis et encres végétales : les œuvres des CE1 de Virelade

Cette année les CE1 de l’école de Virelade ont travaillé sur deux projets annuels : Jardins et patrimoine mais aussi Chante école. De plus, ils ont réussi à lier les deux projets en illustrant à l’aide d’encres végétales la mise en chanson du poème Myosotis d’Alphonse de Lamartine.

Chou, curcuma, brou de noix… le résultat est superbe !
Cliquer ici pour voir les illustrations aux encres végétales

Pour écouter la chanson Myosotis :

 

Afin de compléter le travail de l’année sur les végétaux, les élèves ont également réalisé des cyanotypes à partir de feuilles et de plantes récoltées pour confectionner leurs herbier :  après avoir enduit à l’avance le Canson des élèves avec un produit photosensible, ils ont choisi la plante de leur herbier qu’ils préféraient, l’ont posée dessus, mis une plaque de verre, découvert au soleil l’effet produit, rincé le papier à l’eau et fait sécher sur un filet de but avec des pinces à linge.

Là aussi le résultat est magnifique : bravo à eux ainsi qu’à leur enseignante pour le travail accompli et leur implication dans ces deux projets !

Recette des sablés au cumin de Hildegarde de Bingen

CUMIN, Cuminum cyminum

Au Moyen Âge, le cumin est une épice très appréciée. Les graines étaient déjà utilisées durant l’Antiquité pour ses vertus digestives.

Avec le carvi, la coriandre et le fenouil, il fait partie des « quatre semences chaudes majeures » car elles se distinguent par leurs parfums chauds et aromatiques. Ces graines de la famille des Apiacées sont toutes carminatives, c’est-à-dire qu’elles favorisent la guérison des troubles digestifs.

Originaire du Proche-Orient, il est importé en Occident et peut dès lors être acheté chez un apothicaire.

Apothicaire, fresque, 15e siècle, Italie, château d’Issogne

Hildegarde de Bingen, abbesse bénédictine du 12e siècle et grande botaniste, recommande le cumin contre le mal de mer et les maux de cœur.

La plante possède, en effet, des vertus anti-inflammatoire et antalgique importantes. Luttant efficacement contre la constipation, elle peut aussi être consommée en cas de rhumatismes et d’épuisement nerveux. On la consomme telle qu’elle, en poudre ou infusée.

Voici justement une recette livrée par Hildegarde en cas de nausées :

Galettes au cumin, recette d’Hildegarde de Bingen

Ingrédients :

  • 100g d farine complète
  • 1 œuf
  • 1 cuillère à soupe d’huile d’olive
  • 1 bonne pincée de sel
  • 1 cuillère à café de cumin en poudre
  • 1 cuillère à café de grains d’anis ou de cumin

Préchauffez le four thermostat 7 ou à 210 °C.

Mélanger la farine, le sel et les épices. Ajouter le jaune d’œuf et l’huile et façonnez une pâte souple.

Faites de petites boulettes aplaties que vous disposerez sur du papier cuisson sur la plaque du four. Enfournez pour une dizaine de minutes en surveillant.

Bon appétit !

P.S. : il paraît qu’au Moyen Âge, conserver un petit sachet de grains de cumin sur soi protégeait du mauvais sort !

La peinture végétale

Fabriquer des pigments à base de végétaux ? C’est facile !

Il va s’agir, avec ces quelques exemples, d’extraire le jus végétal pour en faire de la peinture type aquarelle ou encre. C’est aussi la base de la teinture végétale.

 

 FAIRE DU ROUGE ET DU VIOLET

Betteraves

  • 1 betterave rouge crue ou cuite (la couleur est plus intense si elle est crue)
  • 1 râpe de cuisine
  • 1 vieux torchon
  • 1 petit saladier
  • 1 cuillerée à soupe d’eau

Le pigment rouge de la betterave est la bétanine. Il est utilisé dans les préparations alimentaires comme la confiture ou la glace.

 

Râper finement la betterave. Placer le vieux torchon sur le saladier et mettre la betterave râpée par-dessus. Verser une cuillerée à soupe d’eau sur la betterave, fermer le torchon et essorer pour extraire le jus coloré.

 

En vidéo chez Ouest-France

 

Coquelicots

  • 1 poignée de pétales de coquelicots
  • 1 mortier et 1 pilon
  • eau
  • 1 passoire à thé (passoire très fine)
  • 1 verre
  • 1 cuillère à café

Les pigments rouges contenus dans les coquelicots sont les anthocyanes.

 

Placer les pétales dans un mortier et ajouter quelques gouttes d’eau. Broyer les pétales, puis les déposer dans une passoire au-dessus d’un verre.

Presser les pétales avec la cuillère à café pour en extraire le jus. Cela donne une teinture violet-rouge.

Si on ajoute quelques gouttes de vinaigre ou de citron, elle devient rouge.

 

 FAIRE DU JAUNE – ORANGE – BRUN

Pelures d’oignons

Pour une peinture plutôt jaune : prendre des oignons blancs.

Pour une peinture plutôt brun-rouge : prendre des oignons rouges.

  • 3 à 4 tasses bien pleines de pelures d’oignon séchées
  • 1 tasse d’eau
  • 1 petite casserole
  • 1 passoire fine
  • 1 plat
  • 1 cuillère à soupe

Faire cuire les pelures d’oignon dans une casserole avec une tasse d’eau, pendant environ 20 minutes à feu doux.

Verser le jus coloré dans un plat et placer les pelures dans une passoire au-dessus. Presser les pelures pour terminer d’en extraire le jus.

 

 FAIRE DU VERT

Épinards

  • 10 à 20 feuilles d’épinards
  • 1 mortier et 1 pilon (ou 1 coupelle et 1 galet)
  • eau
  • 1 passoire à thé
  • 1 verre
  • 1 cuillère à café

 

Écraser les feuilles d’épinards avec un pilon en faisant des mouvements circulaires. Ajouter en même temps quelques gouttes d’eau. On doit obtenir une fine bouillie verte.

La déposer dans une passoire à thé au-dessus d’un verre, et la presser pour en extraire le jus. On peut aussi placer la bouillie dans un tissu en coton et l’essorer.

 

 

 

 FAIRE DU BLEU

Chou rouge (bleu et rouge)

La couleur peut varier du rouge au bleu.

En le cuisant, il peut prendre une teinte bleue. Si on lui ajoute, en cours de cuisson, du vinaigre, il garde sa teinte rouge. Ajouter du bicarbonate peut aussi faire varier la couleur.

  • ½ chou rouge
  • 1 petite planche
  • 1 couteau
  • eau
  • 1 mixeur électrique ou 1 robot de cuisine
  • 1 plat
  • 1 vieux torchon en coton

Couper le chou en fines lanières. Ajouter 5 à 10 cuillères à soupe d’eau.

Réduire en purée avec le mixeur.

Verser la purée dans un chiffon, au-dessus d’un plat.

Essorer le torchon pour faire sortir le jus.

 

De nombreuses autres plantes peuvent vous permettre de créer de la couleur : le curcuma, l’oeillet d’Inde, le souci pour du jaune ; le magnolia et le géranium rouge pour le rose, le dahlia en fonction de la couleur de la fleur, la fougère, le noyer ou l’ortie pour le vert, le brou de noix pour un brun-noir.

 

Ces encres végétales se conservent quelques jours dans un bocal fermé ou dans un bac à glaçons pour les utiliser plus tard !

 

Sur notre blog pédagogique, des articles autour des plantes tinctoriales et des réalisations de classes :

 

Bibliographie et webographie :

Helena Arendt, Peintures végétales avec les enfants, éd. La Plage, 2010

Elisabeth Dumont, Encres de plantes, Ulmer, 2018

La peinture végétale : Mode d’emploi

COLLAB’ : Aquarelles végétales avec WHOLE

 

 

 

 

L’encre au Moyen Âge

Comment fait-on de l’encre au Moyen Âge ?

À l’époque médiévale, point de stylo plume à cartouche ni de stylo bille et encore moins de feutre ! Alors, comment écrit-on dans les manuscrits ? Comment est produite cette encre indélébile qui a traversé les siècles ? Une chose est sûre : on n’utilise pas encore d’encre de Chine…

Oiseau, note en marge, Code Justinien, XIIIe-XIVe s., Amiens, BM, ms. 347

On peut faire de l’encre à partir du carbone (bois calciné) mais en Occident à partir du XIIe siècle, on préfère les encres ferro-galliques ou métallo-galliques. Ce sont des encres plus résistantes, qui associent 3 éléments principaux :

  • Noix de galle
  • Sel métallique
  • Liant

Sigebert de Gembloux dictant son texte à un moine copiste, Chronique, XIIe s., Avranches, BM, ms. 159

 

Qu’est-ce que la noix de galle ? En tout cas, ce n’est pas le fruit du noyer !

Quand un petit insecte, le cynips, pique le chêne pour pondre, l’arbre réagit en produisant cette boule de la taille d’une balle de ping-pong. Un peu comme lorsqu’un moustique nous pique et que la peau gonfle !

Les larves de cynips se forment à l’intérieur et la sève de l’arbre les entoure petit à petit.

Le cynips

Pour faire de l’encre, il faut se dépêcher ! La noix de galle doit être récoltée avant l’été, quand les larves sont encore à l’intérieur. Si elles en sortent, la noix aura moins de tanin, la substance végétale qui permet de noircir l’encre.

La plus réputée : la noix de galle d’Alep, mais on en trouve aussi dans les forêts d’Europe.

Comment faire ?

Une fois bien sèches, il faut les écraser et verser la poudre obtenue dans beaucoup d’eau que l’on fait bouillir. Quand le mélange est réduit de moitié, y ajouter un liant :  la gomme arabique (sève) et bien écraser. Laisser mijoter sur le feu pour faire encore réduire.

Source de l’image : la recette

Hors feu, ajouter le sel métallique (sulfate de plomb, de cuivre ou de fer) et parfois un mélange de vitriol et de vin. Le sel métallique entre en réaction avec l’extrait végétal et noircit. Voilà notre encre noire.

+  +

Noix de galle                               Sel métallique                           Gomme arabique

 = 

 

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Images issues de la vidéo Making Manuscripts du Getty Museum :

 

Une autre vidéo très instructive :

 

Des recettes du Moyen Âge

Inc |austum| latinum; accipe vas de terra quod capiat VIII l. |libras| aque; postea mediam libram galette et tere bene ; postea bulli usque ad medietatem, tunc accipe tres untias gummi arabici et tere bene et colato illo quod est in oll |a| apponatur gumma, tunc bulliat ad medietatem. Postea aufer ab igne et tunc accipe 4 uncias vitreoli et l. |libram| vini calidi aliquantulum et debes miscere vinum et vitreolum in alio vase bene, tunc paulatim apponatur ad inc |austum| miscendo senper bene; ita stet per duos dies et quolibet die moveatur quarter cum baculo postea.

British Library, London, Harley 3915, Recueil de recettes d’encres et de pigments, 2nde moitié du XIIe siècle

 

POUR FAIRE TROIS PINTES D’ENCRE, prenez des galles et de gomme de chascun deux onces, couperose trois onces; et soient les galles casse?es et mises tremper trois jours, puis mises boulir en trois quartes d’eaue de pluye ou de mare coye. Et quant ils auront assez boulu et tant que l’eau sera esboulie pre?s de la moitie?, c’est assavoir qu’il n’y ait mais que trois pintes, lors le convient oster du feu, et mettre la couperose et gomme, et remuer tant qu’il soit froit, et lors mettre en lieu froit et moite. Et nota que quant elle passe trois sepmaines, elle empire.

Le Menagier de Paris. Traite? de morale et d’e?conomie domestique compose? vers 1393 par un bourgeois parisien, Tome Second, Paris, 1846, p. 265.

 

On peut également réaliser des encres à partir d’épines selon un procédé assez proche.

Recettes adaptées : 

Première recette :

Ingrédients :

  • 30g de noix de galle concassées
  • 15g de gomme arabique
  • 15g de sulfate de fer
  • eau
  • essence de lavande (facultatif)

Faire bouillir les noix de galle concassées dans 500g ou un demi-litre d’eau, de manière à avoir 450g de décoction; faites dissoudre la gomme ; quand le tout est froid et passé, ajouter : sulfate de fer cristallisé préalablement dissous dans 30g d’eau. On peut ajouter quelques gouttes d’essence de lavande.

L’encre ainsi produite se conserver plusieurs années, mais elle a tendance à faire du dépôt.

Deuxième recette (TESTÉE) : Lezarbres 

 

Troisième recette : L’atelier de Mathilde et Goscelin

Sources 

Cora Millet-Robinet, Maison rustique des dames, Librairie agricole de la maison rustique, Paris, 1845, p. 312

Marc Niederhauser, Alchimie de l’enluminure : 80 recettes éprouvées, Eyrolles, 2011

Une ressource à utiliser, l’exposition virtuelle de la BnF sur les écritures

La Mandragore, une plante mystérieuse

La Mandragore

Quelle est donc cette plante au nom étrange ? Pourquoi est-elle mystérieuse ?

La mandragore appartient à la famille de la tomate, les solanacées. Elle possède de grandes feuilles et paraît inoffensive… et pourtant !

Mandragora, Giorgio Bonelli, Hortus Romanus juxta systems Tournefortianum paulo, XVIIIe s., New York Public Library

Depuis l’Antiquité, chez les Égyptiens, les Arabes, les Grecs et les Romains, elle est considérée comme une plante magique ! Une idée qui persiste au Moyen Âge et même bien après.

On pense depuis longtemps qu’elle peut apporter richesse, fertilité et guérison à celui ou celle qui en possède une racine. Des qualités qui sont très appréciées ! C’est pourquoi elle est recherchée. Originaire d’Orient, elle est plutôt rare en Occident, ce qui renforce son côté mystérieux.

Mais pour quelle raison la pense-t-on magique ?

C’est sous terre qu’il faut regarder : ses racines peuvent atteindre près de 60 cm de long, prenant une forme qui peut faire penser à une silhouette humaine, c’est ce qui lui a valu cette image de légende ! Il y aurait des mandragores mâles et des mandragores femelles qui vivent sous terre. Il paraît même qu’elle brillerait la nuit comme une lanterne rouge…

Mandragora, Recueil botanique, New Haven, Yale Medical Library, vers 1400

Seulement, il serait très compliqué de la déraciner : lorsqu’on l’arrache, elle pousse un cri tellement terrifiant qu’il peut être mortel ! Aussi, pour s’en procurer, on dit qu’il faut attacher un chien à sa racine et s’éloigner pendant que ce dernier la fait sortir de terre et qu’elle pousse son terrible hurlement… Cette pratique est encore attestée dans certaines régions italiennes au XIXe siècle. Les auteurs anciens décrivent aussi toute une série de rites pour la cueillir sans risque : tracer des cercles autour, réciter des prières ou des incantations,…

>> Harry Potter a lui aussi rencontré la mandragore et son cri !

Mandragore, Tacuinum sanitatis, XVe s., Vienne

Avec cette sombre destinée, la plante est alors liée à la magie noire : elle serait utilisée par les sorcières sous forme d’onguent pour le corps. Les Grecs l’appelaient même « plante de Circé », une magicienne très puissante de la mythologie. D’ailleurs, Jeanne d’Arc, condamnée pour sorcellerie, fut accusée d’avoir cueilli de la mandragore.

Ceux qui arrivent à s’en procurer doivent alors la laver soigneusement et l’envelopper dans une étoffe riche pour qu’elle apporte ses bienfaits.

A-t-elle eu d’autres usages non « magiques » ?

La mandragore fut également utilisée par ceux qui ne croyaient pas en ses capacités magiques. C’est une plante qui est très efficace contre les maux de tête, la fièvre et les ballonnements. Des médecins l’ont également exploitée pour ses racines narcotiques.

Il se trouve que la plante possède des propriétés hallucinogènes, ce qui expliquerait toutes ces idées et ces anciens usages !

A la commanderie de Sallebruneau (Gironde) se trouve une mandragore. Viendrez-vous vérifier sa légende ? Il vaut mieux venir une nuit de pleine lune…

Sources

Michel Botineau, Les Plantes du jardin médiéval, Belin, 2003

Sur la terre comme au ciel : jardins d’Occident à la fin du Moyen Âge (catalogue d’exposition, Paris, musée de Cluny, 6 juin – 16 septembre 2002), RMN, 2002

On trouve également la mandragore dans la série télévisée britannique Merlin, épisodes 1 et 2 de la saison 3 « Le poison de la mandragore » !

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Fiches réalisées par les CE2-CM1 de Saint-Sulpice-et-Cameyrac

Voici en téléchargement une série de fiches préparées par l’école « Le Cèdre Bleu » de Saint-Sulpice-et-Cameyrac, suite à la plantation des différentes graines données en début d’année.

Pour télécharger le document cliquer ici : plantes du jardin

Bonne lecture.

La culture du lin

En septembre, les jardiniers de la commanderie de Sallebruneau nous ont confié un sachet contenant des fruits de lin. Ce sont des capsules que nous avons écrasées entre nos doigts pour en extraire des petites graines brunes et brillantes.

Le 9 mars 2012, nous avons préparé la terre puis semé ces graines de lin dans notre jardin médiéval, à côté de l’ail. Pour éviter les dégâts des chats qui grattent la terre, nous avons protégé notre semis avec des brindilles de vime. 

Le 23 mars, le lin a germé. Nos petits personnages semblent bien grands, placés à côté des plantules de lin.

Nous retournons souvent au jardin pour voir combien notre lin pousse, le 6 avril après la pluie, et le 13 avril un jour de soleil.

Le 7 mai, ça pousse, ça pousse encore et toujours. Les plantules ont déjà nettement dépassé la taille de nos personnages.

Le 25 mai, le lin a vraiment bien grandi, il atteint déjà 40 cm. Notre petit personnage noir semble comme perdu dans un grande forêt.

Le lin a commencé à fleurir le 4 juin. Il a de belles fleurs bleu pâle.

Le 7 juin, le lin est en pleine floraison. Il mesure 65 à 70 cm. Au sommet de chaque tige souple, il y a plusieurs fleurs; Certaines sont déjà fanées, d’autres sont épanouies et d’autres sont encore en boutons .

Le 19 juin, le lin a terminé sa croissance et presque sa floraison. Les pétales sont tombés. On voit les fruits qui grossissent. A l’intérieur des capsules, les graines sont en train de mûrir. Les capsules ressemblent à celles que Renée nous avait confiées.

Le lin a bouclé son cycle de vie en 104 jours. 

Les élèves de CE1 de l’école Marie Curie

Le Pastel ou Guède (Isatis Tinctoria)

Le pastel est une plante bisannuelle (elle fleurit tous les deux ans) de la famille des Brassicacées. Ses fleurs sont facilement reconnaissables grâce à leurs grandes ombrelles de couleur jaune qui peuvent surplomber à 80 cm de hauteur. Lorsqu’on frotte les  feuilles du pastel une forte odeur de radis s’en dégage ! Sur le plan médicinal, le pastel a des propriétés antiscorbutiques et cicatrisantes. Mais c’est surtout pour ses propriétés tinctoriales que la plante est connue.

1- la macération

Les feuilles de pastel sont vertes et non bleues. La première étape de l’extraction du pastel consiste donc à laisser tremper des feuilles dans de l’eau (entre 35°C à 40°C) qui va faire office de solvant : au fond de la cuve, le liquide va prendre une couleur verdâtre. Ce liquide contient une espèce chimique dissoute à l’origine du bleu de pastel. La couleur n’est pas encore bleue : elle doit subir une autre transformation avant de prendre sa teinte bleue définitive.

2- l’oxydation

En mettant en contact le liquide provenant de la macération avec l’oxygène contenu dans l’air, par le biais d’une agitation permanente, le liquide va prendre une couleur irisée bleue : L’espèce chimique dissoute dans l’eau de la cuve de macération a réagit avec le dioxygène de l’air pour donner le pigment bleu qui est insoluble dans l’eau. Il faut récupérer ce pigment bleu aussi parfois communément appelé pastel.

3- filtrage et séchage

Le pigment étant insoluble dans l’eau, on peut le récupérer en filtrant la solution obtenue. Après séchage à l’air, le pastel est à l’état de petits blocs solides. Il suffit de concasser ces blocs de pastels afin d’obtenir un pigment en poudre, que l’on peut aussi bien transformer en peinture ou en teinture, à travers divers procédés.

La Guède ou Pastel est connue et utilisée pour ses propriétés tinctoriales depuis le néolithique. Pendant l’Antiquité, la plante est fortement utilisée en Bretagne (Angleterre actuelle) ; César écrira même à ce sujet « Tous les Bretons ont accoutumé de se teindre avec le pastel, qui fait la couleur bleue, pour ressembler plus horrible en guerre ».

En France, la Normandie et le Sud-Ouest vont cultiver la guède pour la fabrication du pastel en « coques » ou « coquagnes » à tel point que de véritables industries verront le jour dès le XVe siècle. Mais avec le développement de l’Indigo et des pratiques douteuses de certains producteurs la culture du Pastel déclinera inexorablement.

Pour plus d’informations :

http://pedagogie.ac-toulouse.fr/histgeo/monog/bsb/pastel2.htm

Glossaire teinture

Acrylique : Liant synthétique permettant la fabrication de peintures diluables à l’eau, faciles à appliquer, et séchant vite.

Calcination : Technique consistant à chauffer à très haute température un élément.

Cochenille: Insecte provenant originellement du Mexique, dont la carapace séchée et réduite en poudre sert de pigment rouge, le kermès.

Décantation : Opération de séparation chimique de plusieurs éléments constituant une matière. On peut ainsi séparer soit plusieurs liquides, soit des solides.

Décoction : Méthode d’extraction des arômes d’une préparation, par une dissolution dans l’eau bouillant. Cette méthode est généralement appliquée aux parties les plus dures des plantes (racines, graines, écorces etc.).

Kermès (ou vermillon) : Nom donné au pigment rouge obtenu par le traitement des cochenilles.

Lévigation : Technique permettant de séparer les constituants d’une poudre avec un courant liquide. C’est l’action de purification des minéraux par l’eau.

Liant : En peinture, le liant a pour fonction de donner de la cohésion aux pigments, tout en leur permettant de tenir solidement après séchage.

Macération : Opération qui consiste à laisser tremper à froid un corps dans un liquide pour en extraire certains constituants solubles.

Mortier : Appareil constitué d’un récipient en matière solide et d’un pilon, servant à moudre des éléments organiques.

Ocre : Roche composée d’argile et de grains de sables, qui donne des pigments naturels allant des rouges aux bruns.

Oxydation : Processus d’union entre un élément ou une substance avec l’oxygène. Celui-ci est un phénomène qui peut se produire dans la vie de tous les jours car l’air contient du dioxygène.

Pastel : Plante tinctoriale, utilisée pour la couleur bleue.

Pigment : Substance minérale, chimique ou organique que l’on mélange à un liant afin de  constituer un film de peinture solide qui se fixe à la surface des supports. Ce sont les pigments qui colorent une peinture.

Tempera : Technique de peinture, autrefois fabriquée à base de jaunes d’œufs exclusivement. De part sa texture, c’est l’ancêtre de notre gouache.

L’origine des couleurs

Les pigments et colorants sont extraits de végétaux, de minéraux, ou bien d’animaux. Certaines couleurs sont également fabriquées par des procédés se rapprochant de l’alchimie, ce sont les pigments artificiels.

Au Moyen Age, la majorité des couleurs est fabriquée à partir de végétaux ; les procédés pour extraire des colorants de plantes sont divers : cela peut se faire par macération, ou par décoction et cuisson. On peut aussi extraire des pigments de matières minérales comme des pierres ou de la terre. Les pierres, broyées (différemment selon la nature de la pierre), sont réduites en poudre. Quant aux terres, elles sont lavées puis décantées pour séparer le pigment du sable. Enfin, le monde animal peut fournir certaines couleurs, comme le noir obtenu par calcination d’os de cerf, ou d’ivoire d’éléphant, ou le rouge kermès fabriqué à partir d’un insecte.

Tous ces pigments sont la base des peintures ou teintures utilisées autrefois : la peinture n’est en réalité que le simple mélange d’un pigment avec un liant.

Fabriquer des pigments

On peut utiliser différentes sortes de terres ou de pierre pour créer des pigments : par exemple l’ardoise une fois préparée donnera une poudre noire bleutée, des terres peuvent donner de l’ocre, la brique un rouge brun etc. Fabriquer un pigment est à la portée de tous, cependant il n’est pas évident de se procurer de bonnes matières premières, à l’origine de couleurs intéressantes.

Afin d’obtenir de jolies couleurs de pigment, une astuce consiste à se servir de pigments déjà utilisés, et de les remettre en poudre. On peut ainsi réutiliser les pigments de crayons de pastels secs, qui seront faciles à réduire en poudre à l’aide d’une feuille de papier de verre très fine (grain 600), ou d’une râpe à craie.

Les pigments obtenus n’ont plus qu’à être mélangés à un liant pour devenir de la peinture.

Le broyage

Pour fabriquer des pigments à partir d’éléments naturels « secs » comme la terre ou la pierre, il faut commencer par écraser l’élément au mortier, jusqu’à l’obtention d’une poudre fine et homogène. Cette étape peut être longue et fastidieuse, c’est pourquoi il vaut mieux choisir une matière plutôt molle, comme de la brique, ou certaines pierres tendres. Il faut ensuite séparer la poudre de ses impuretés par la lévigation : c’est l’action de purification des minéraux par un courant liquide. Cela demande un équipement de chimie adapté, ce qui rend la fabrication de pigments à partir d’éléments minéraux compliquée.

Pour obtenir une pâte, il est important de mélanger les poudres obtenues à un liant en veillant bien à respecter les bonnes proportions de pigments et de liant. Attention certains pigments sont incompatibles avec certains liants par exemple !

Les liants

En peinture, il n’est pas faux, même si c’est un peu simplificateur, de considérer le liant comme une « colle à pigments et à supports » donnant à la couleur une viscosité qu’elle n’a pas naturellement, tout en la protégeant. Si on mélange les pigments seulement avec de l’eau, ils redeviendront une poudre qui s’envolera dès que l’eau sera évaporée.

Les premières peintures rupestres connues (Tsodilo, Arnhem, Lascaux, Chauvet, Altamira, etc.) étaient souvent réalisées sans liant. La plupart n’aurait pas résisté à une exposition même brève à l’air libre. En Australie, on commença très tôt (cf. Anne Varichon) à utiliser le suc d’orchidée sauvage, le jaune d’œuf, la cire et divers produits d’origine végétale comme liants. On mentionne l’emploi de graisses animales au paléolithique en Europe. Mais parmi les tous premiers liants de grande efficacité, outre l’œuf et la cire qui on fait leurs preuves, nous citerons la gomme arabique et probablement aussi la gomme de merisier (que nous connaissons mal). Les huiles à peindre n’apparaîtront que très tardivement, bien après le jaune de l’œuf, et une bonne quantité de produits ayant démontré leur bonne adaptation à des contextes précis d’emploi pictural.

Toute peinture est constituée au moins :

–   de pigments

–   d’un, voire de plusieurs liants qui mouillent et collent les pigments entre eux tout en les faisant adhérer au support.

Chaque procédé de peinture réfère à un liant spécifique. On parle de « procédé à l’huile », de « tempera à l’œuf, à la caséine ou à la colle », de peintures synthétiques, acryliques, vinyliques, de peinture à fresque au mortier, etc.

Les artistes ont élaboré des recettes de peintures, que nous pouvons tester pour la plupart :

– les peintres de l’Antiquité peignaient à l’encaustique : ils mélangeaient leurs pigments avec de la cire d’abeille qu’il faut chauffer pour pouvoir ensuite l’étaler. L’ajout d’une résine à la préparation durcissait l’ensemble une fois sec.

– au Moyen Age et à la Renaissance, on utilise la tempera (l’ancêtre de notre gouache). C’est le jaune d’œuf qui sert de liant. On mélange ce jaune (avec une goutte de vinaigre) aux pigments pour obtenir une peinture brillante avec des couleurs vives. Attention : la peinture ainsi fabriquée ne se conserve pas, il faut l’utiliser aussitôt !

– les frères Van Eyck passent pour être les inventeurs de la peinture à l’huile. Cette peinture est difficile à fabriquer (il faut des huiles spéciales et faire très attention aux proportions). Cette peinture ne se dilue pas à l’eau, mais à l’huile, à la thérébentine ou au white spirit. Elle a des qualités de transparence et de souplesse très intéressantes.

– le XX° siècle a vu l’invention d’un liant: l’acrylique. Il permet de réunir les avantages de la gouache (se dilue à l’eau) et ceux de l’huile (imperméable une fois sec, permet des empâtements qui ne se craquellent pas, devient transparent une fois dilué et permet des glacis…).