Enée portant son père

 

L’Enéide est une œuvre écrite par Virgile entre l’an 29 et l’an 19 avant Jésus Christ, qui retrace l’épopée et les épreuves traversées par Enée pour fonder la ville de Rome. Enée est un héros troyen, fils d’Anchise et de la déesse Vénus.

 

La guerre de Troie était à son apogée et Enée se battait sans relâche. Une fois l’incendie déclenché, le héros retourna dans sa maison paternelle dans le but de chercher son père Anchise, sa femme Creüse et son fils Iule pour s’exiler et survivre au désastre de Troie. Lorsque son père refusa de partir, Enée s’apprêta donc à retourner au combat quand il en fut empêché par sa femme et son fils. Une petite flamme s’alluma alors au-dessus de la tête de Iule et le tonnerre retentit, signe des dieux et signe qu’ Enée devait partir, laisser la ville aux mains des Grecs et sauver sa patrie. Il prit alors Anchise sur son dos, lui confia les Pénates, déesses du foyer, donna la main à Iule et Creüse suivait derrière. Enée et sa famille firent une longue route et arrivèrent à Carthage dont la reine était Didon. Enée et les siens furent accueillis par ce peuple et y restèrent quelques temps. Le héros raconta à la reine l’aventure qu’il venait de vivre, dès son départ de la ville de Troie, en flammes, avec son père sur le dos…

 

Voici un extrait de ce passage où Enée raconte son départ de Troie à Didon, traduit en français :

 » Viens donc, père bien-aimé, prends place sur ma nuque,

moi, je te supporterai sur mes épaules et tu ne me pèseras pas ;

quoi qu’il advienne, un seul et même péril ou un seul salut

nous attendra tous les deux. Le petit Iule m’accompagnera

et ma femme suivra nos pas, à quelque distance. »

 

Voilà son passage en latin :

« Ergo age, care pater, ceruici imponere nostrae;

ipse subibo umeris, nec me labor iste grauabit:

quo res cumque cadent, unum et commune periclum,

una salus ambobus erit. Mihi paruus Iulus

sit comes, et longe seruet uestigia coniunx. »

 

Puis voici une traduction juxtalinéaire dans le diaporama suivant : Traduction Juxtalinéaire

 

Le tableau « Enée portant son père » est une huile sur toile peinte par Antoine Coypel, en 1715-1717. Il est exposé à Montpellier, au Musée Fabre, dans la galerie des colonnes. L’œuvre rectangulaire fait partie d’une série de tableaux qui s’interposent (verticaux puis horizontaux). Ces toiles ont des dimensions importantes mais les échelles ne sont pas proportionnées pour pouvoir regarder les tableaux sous tous les angles, elles ont des coutures apparentes car elles ont du être assemblées pour obtenir le résultat final et les écoinçons (ajouts de toile) sont dus aux œuvres qui étaient cintrées pour pouvoir mettre des cadres. Celles-ci ont été crées pour le duc d’Orléans. La figure d’Enée est donc une représentation positive pour le duc car il représente l’aspiration à la paix, le courage guerrier et la culture. De plus comme Enée était un prince ces deux personnages ont ce titre de noblesse pour point commun. La légende d’Enée raconte toutes les péripéties qu’il a du traverser pour fonder Rome. Ce tableau représente le départ d’Enée qui cherche à sauver toute sa famille de l’incendie de Troie. Pour cela il met son père, Anchise, sur son dos et lui confie les pénates, prend la main de son fils Iule et sa femme Creüse les suit.

 

La famille est au centre du tableau mais Enée et son père sont mis en avant par rapport à Creüse et Iule puisqu’ils sont surélevés. C’est une forme de hiérarchisation qui va du père d’Enée à son fils. On peut donc voir que Enée est protecteur et bienveillant envers sa famille.  Ensuite, la fuite est mise en évidence par l’expression des visages des personnages, ainsi que par leurs positions et la direction de leur regard (ils regardent tous dans le même sens excepté Anchise et donc on suppose qu’il regarde le ciel pour implorer les dieux). Le second plan est très sombre à cause de la fumée de l’incendie, il représente l’enfer de Troie, ce qui créé un contraste avec la lumière divine qui converge sur les personnages en fuite. Au contraire du texte, Enée porte son père dans ses bras alors qu’il le porte sur sa nuque dans le texte. Cette attitude nous prouve une nouvelle fois la piété du héros. Cette œuvre est angoissante, oppressante due aux flammes qui se engloutissent la ville. La composition du tableau est resserrée et désordonnée  pour représenter le chaos qui règne dans la ville et au sein des esprits. Les habits colorés et les liserés dorés des personnages prouvent leur richesse. Enée porte une cuirasse ce qui montre qu’il revient du combat. Les couleurs dominantes sont chaudes ce qui expose l’aspect rassurant de la famille et du héros protecteur.

Le peintre Coypel a voulu représenter une scène de panique tout en conservant les vertus du héros. En effet, le courage et la piété d’Enée surpassent l’urgence de la situation. Grâce à lui, sa famille va pouvoir être sauvée et il va pouvoir accomplir sa mission.

Voici le commentaire du tableau « Enée portant son père » sous forme d’audio-guide :

 


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