Mar 24 2014

Le Rancheador, journal d’un chasseur d’esclaves .

Le Rancheador, de Francisco Estèvez, est traduit de l’espagnol au français par Anne Marie Brenot. Rancheador signifit, chasseur d’esclaves, cela laisse donc deviner à quelle genre de livre nous sommes confronter. Les grands propriétaires sucriés faisaient appel aux Rancheador, lors de grands marronnages (lorsque les esclaves noirs s’enfuient et ne reviennent pas). Les esclaves en fuite étaient appelés cimarrones, en référence au bétail qui s’échappait des maisons et retournait à l’état sauvage. Cela montre bien le fait que les esclaves noirs étaient considérés comme des bêtes sans âme.

   Ce journal n’ayant pour intérêt que de symboliser l’esclavage et de démontrer aux lecteurs qu’il est tout à fait possible de vivre sans la moindre forme d’humanité, fut écrit sous la dictée de Francisco Estévez, par la fille aînée. Tout au long de cet effroyable récit, le point de vue interne guidera le lecteur dans une chasse aux nègres où le langage bien particulier à l’esclavage captivera le lecteur.

    Les esclavagistes offrant des conditions médiocres, autant pour le corps que pour l’esprit, devaient s’attendre à voir leurs noirs s’enfuir dans un moment d’inattention. Ces horribles propriétaires feront appel à ce que l’on surnomme; « Les Rancheadors ». A Cuba, entre 1837 et 1842, ce journal a été entretenu par l’un d’entre eux puis, a été transmis à la culture.

     Les Rancheadors ont une expérience très développée de la chasse à l’homme. Ils traquent, neutralisent, capturent puis éventuellement tuent leurs proies. Ils se repèrent aux traces laissées dans la nature (cheveux, lambaux de vêtements, sang, empreintes de pieds, cadavre) par les fuyards. Les odeurs sont aussi un très bon moyen de pourchasser, puis capturer un être humain. Les hommes, depuis toujours, ayant très vite compris que les chiens de chasse étaient un excellent moyen de traquer les animaux, exercèrent cette pratique aux cours des âges. Les Rancheadors n’étant pas indifférents à l’efficacité que présente les chiens de chasse, utilisèrent cette ancestrale méthode pour traquer les esclaves en cavale.

   Les Rancheadors ne sont pas ces grands propriétaires à qui l’argent ne manque pas, ce sont des employés, des mercenaires à la solde d’un propriétaire ayant perdu son bien. Ils exercent leurs compétences particulières pour retrouver ce que des hommes fortunés perdent, entre autres, les esclaves. Les Rancheadors ne sont pas pour autant innocents, ce sont des êtres-humains coupables de gagner leur vie en volant celle d’autres êtres humains. Ils sont des voleurs d’âmes, des anges du mal, des gardiens de l’enfer ne vivant que dans un seul but: détruire l’humanité de leurs prochains.

   Ce journal, par une transmission de la mémoire, dénonce l’esclavage, la violence bestiale et cette inhumanité que l’humain alimente au travers des époques.

   Le document audio, en complément de cet article sur « Le Rancheador », a été choisi par nos soins pour vous aider à véritablement comprendre et cerner la violence dont les esclaves étaient les malheureuses victimes.

    Ce texte n’a qu’un seul intérêt, celui de transmettre le souvenir de l’esclavage, d’en tirer des leçons de vie et d’histoire pour éviter de perpétrer ces injustices. Là a été la véritable erreur des êtres humains et ce texte nous le prouve avec tristesse.

Cordonnier Mathilde et Manolo Burghardt


Mar 24 2014

Téléfilm Toussaint Louverture

Le titre du téléfilm reprend le nom de son héros « Tousssaint Louverture »  a été réalisé en février 2012 par Philippe Niang. Ce téléfilm est en deux épisodes de 95 minutes, nous avons seulement vu le premier. Philippe Niang est né le 12 octobre 1951 à Paris. Il est un ancien élève de l’Institut des hautes études cinématographiques (l’IDHEC), réalisateur et scénariste français. Il travaille essentiellement pour la télévision, ici, pour la chaîne publique france 2.
Le premier téléfilm dure une heure et trente minutes. La scène d’ouverture est marquante .En effet, on voit la séparation de la famille de Toussaint. Lui, est envoyé en prison par des soldats de Bonaparte. C’est une scène déchirante car on sait que lui et sa famille ne se reverront plus. Il va être conduit en prison, en Franche Comté, au Fort de Joux, à la frontière Suisse. La narration de l’histoire de Louverture n’est pas chronologique. Sous les ordres de Bonaparte, il se fait interroger par un certain Pasquier, on assiste donc à de nombreux « flashbacks » sur sa vie passée. Plus on avance dans l’histoire, plus les renseignements deviennent importants en ce qui concerne les actions de Louverture. On apprend qu’il a enterré un trésor d’une immense valeur sur l’ile d’Haïti et que Bonaparte veut, par tous les moyens possibles, savoir où. Le spectateur est à la même place que l’État français, il souhaite comprendre réellement ce qui s’est passé pour qu’il se retrouve enfermé dans un fort, humilié par l’Etat et cette fois ci sans défense. De nombreux éléments se confrontent de manière non-chronologiques, cela procure un suspense chez le spectateur mais surtout chez Pasquier, celui qui tente de la faire parler. Mais Louverture dit qu’il ne cédera jamais si c’est Pasquier qui l’interroge, il ne veut parler du trésor que si Bonaparte a le courage de le voir en face.

Le point de vue adopté par le réalisateur n’est pas totalement omniscient. La caméra film tous les événements que Toussaint raconte sur l’île de Saint Domingue. Elle filme aussi ce que Toussaint ne voit pas, par exemple les consuls intimes des généraux français, la vie plus personnelle du général Lavaux…

On peut voir deux formes de langages dans ce téléfilm. La première, le français de registre soutenu et courant et la langue maternelle des Noirs d’Haïti. On peut ainsi confronter les deux mondes par leur langage. Le monde des Blancs esclavagistes et le monde des Noirs esclaves. Toussaint se trouve en les deux, il parle et écrit les français et parle et écrit le créole haïtien. Ce sera d’ailleurs ce qu’on lui reprochera : ne pas choisir son camps.

Ce téléfilm n’a pas toute sa valeur historique. Il est important de le rappeler à ce point de l’article car les faits et les lieux ne sont pas tous biographiques, il faut prendre un certain recul.

(Dans le téléfilm) Toussaint Louverture travaille dans une des plantations de Byron. Sur place, il apprend à lire et à écrire le français grâce à un curé. Son maître va l’affranchir. Toussaint n’est plus un esclave mais il souhaite continuer de travailler pour Byron. Finalement il achète une portion de terre de plantation et est maître d’autres esclaves. Avec sa femme Suzanne, il a deux enfants et s’occupe de son neveu Moïse. Lors des premières attaques rebelles des esclaves, Toussaint n’est que médecin des soldats blessé. Le chef, Biassou sombre dans l’alcool et ne peut pas assurer les combats. C’est donc Toussaint qui prend la relève. Il est respecté par tous. Il mène la révolution et un an plus tard Haïti est indépendante et libre.

Toussaint nait en 1743 à proximité du Cap Français et décède en 1803 au Fort de Joux. L’histoire se déroule au XVIIIème siècle, de la vieille de la Révolution française (1789) à la mort de Toussaint Louverture en 1803. Comme dit précédemment de nombreux flash-back sont utilisés lors de ses confidences à Pasquier dans le Fort de Joux. Une ellipse est importante et achève le suspense de toute l’intrigue, marqué par le départ de Pasquier du château à l’île haïtienne: les officiers français cherchent le « trésor » à Saint-Domingue, ils trouvent un collier de coquillages. Pasquier se rend compte que le trésor n’est rien d’autre que le courage et la flamme allumée par Toussaint lors de sa vie de combattant et de révolutionnaire.

Saint-Domingue, Haïti, lieu des premières révoltes noires envers les Français, au sein des plantations et du village.
Fort de Joux, en Franche-Comté, lieu de son emprisonnement et de sa mort.

Les quelques personnages très importants sont Toussaint Louverture est le véritable héros de l’émancipation des Noirs à Haïti, Suzanne la femme de Toussaint Louverture et mère de ses deux enfants, Biassou le chef premier des opérations des Noirs, alcoolique et traître de Toussaint, Roi d’Espagne allié puis traitre de Toussaint, Pasquier le délégué des ordres qui interroge Toussaint dans sa cellule.

Toussant

L’un des passages les plus  intéressant concerne le premier affrontement armé entre les esclaves révoltés et l’armée napoléonienne sur l’île d’Haïti. En effet, ce combat marque le premier coup d’envoi de toutes les révolutions qui suivront. Ce n’est pas un hasard si Toussaint est le meneur, c’est grâce à lui que Saint-Domingue devient la première île indépendante. Ce passage est de 1:01:00 à 1:04:00.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=OfD6BXmXXR0[/youtube]