Le Rancheador, journal d’un chasseur d’esclaves .

Le Rancheador, de Francisco Estèvez, est traduit de l’espagnol au français par Anne Marie Brenot. Rancheador signifit, chasseur d’esclaves, cela laisse donc deviner à quelle genre de livre nous sommes confronter. Les grands propriétaires sucriés faisaient appel aux Rancheador, lors de grands marronnages (lorsque les esclaves noirs s’enfuient et ne reviennent pas). Les esclaves en fuite étaient appelés cimarrones, en référence au bétail qui s’échappait des maisons et retournait à l’état sauvage. Cela montre bien le fait que les esclaves noirs étaient considérés comme des bêtes sans âme.

   Ce journal n’ayant pour intérêt que de symboliser l’esclavage et de démontrer aux lecteurs qu’il est tout à fait possible de vivre sans la moindre forme d’humanité, fut écrit sous la dictée de Francisco Estévez, par la fille aînée. Tout au long de cet effroyable récit, le point de vue interne guidera le lecteur dans une chasse aux nègres où le langage bien particulier à l’esclavage captivera le lecteur.

    Les esclavagistes offrant des conditions médiocres, autant pour le corps que pour l’esprit, devaient s’attendre à voir leurs noirs s’enfuir dans un moment d’inattention. Ces horribles propriétaires feront appel à ce que l’on surnomme; « Les Rancheadors ». A Cuba, entre 1837 et 1842, ce journal a été entretenu par l’un d’entre eux puis, a été transmis à la culture.

     Les Rancheadors ont une expérience très développée de la chasse à l’homme. Ils traquent, neutralisent, capturent puis éventuellement tuent leurs proies. Ils se repèrent aux traces laissées dans la nature (cheveux, lambaux de vêtements, sang, empreintes de pieds, cadavre) par les fuyards. Les odeurs sont aussi un très bon moyen de pourchasser, puis capturer un être humain. Les hommes, depuis toujours, ayant très vite compris que les chiens de chasse étaient un excellent moyen de traquer les animaux, exercèrent cette pratique aux cours des âges. Les Rancheadors n’étant pas indifférents à l’efficacité que présente les chiens de chasse, utilisèrent cette ancestrale méthode pour traquer les esclaves en cavale.

   Les Rancheadors ne sont pas ces grands propriétaires à qui l’argent ne manque pas, ce sont des employés, des mercenaires à la solde d’un propriétaire ayant perdu son bien. Ils exercent leurs compétences particulières pour retrouver ce que des hommes fortunés perdent, entre autres, les esclaves. Les Rancheadors ne sont pas pour autant innocents, ce sont des êtres-humains coupables de gagner leur vie en volant celle d’autres êtres humains. Ils sont des voleurs d’âmes, des anges du mal, des gardiens de l’enfer ne vivant que dans un seul but: détruire l’humanité de leurs prochains.

   Ce journal, par une transmission de la mémoire, dénonce l’esclavage, la violence bestiale et cette inhumanité que l’humain alimente au travers des époques.

   Le document audio, en complément de cet article sur « Le Rancheador », a été choisi par nos soins pour vous aider à véritablement comprendre et cerner la violence dont les esclaves étaient les malheureuses victimes.

    Ce texte n’a qu’un seul intérêt, celui de transmettre le souvenir de l’esclavage, d’en tirer des leçons de vie et d’histoire pour éviter de perpétrer ces injustices. Là a été la véritable erreur des êtres humains et ce texte nous le prouve avec tristesse.

Cordonnier Mathilde et Manolo Burghardt


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