A première lecture ce roman ne m’a pas intéressé: la progression du récit est constamment retardé par la surabondance de détails. Ce roman réaliste contient trop de précisions sur les lieux ou l’époque. «  Cette année 1903 , cinquante mille quatre cent soixante-deux Marie naissent en France , sans compter les Marie-Louise , les Marie-Claire , Marie-Anne , Marie-Cécile , prénoms composées échappant à la statistique et que pourtant, très vite , l’usage réduira à Marie.  » ;  » Il est quatre heures de l’après-midi.Le soleil fond.Plus il décline , moins Henri D .s’appartient. »;  » 29 juillet 1943. Dans la chambre d’un appartement du XV eme arrondissement »;  » Pas le lit défait , les draps froissés , bleutés , pas le renflement du ventre qui se déchire à l’intérieur et refuse d’épouser la surface dure, lisse du miroir. »
Il y a trop de champs lexicaux : champs lexicaux de l’avortement , du procès et de la justice   » Elle a mal entre les jambes , dans la poche crevée que la sonde infecte  » ; « Elle attend que le foetus glisse hors d’elle , elle appuie fort sur son ventre contre le miroir  » ;  » Ils avaient pris cinq ans , et quinze mois , et deux ans , mais il y a eu un soldat allemand assassiné entre temps et le tribunal  a changé d’avis il a voté leur mort.  » ;  » Je me suis rappelé les mots du réquisitoire , à un moment le procureur a dit qu’une femme comme moi n’était pas une femme. Mais l’avocat a secoué la tête. »
Valentine Goby a fait le choix d’une technique qui est le récit à la première personne : la narratrice est clairement la voix qui raconte cette histoire pathétique et tragique.  p 107  » J’entrouvre à peine les paupières , rien ne filtre. » ;  » Le premier avortement j’étais seule aussi , je ne sais plus où était mon mari … ». Mais la romancière joue sur la confusion des voix , celle du  narrateur , celle des trois personnages..  » Henri D. Les relève juste assez pour s’aveugler de soleil.Le plus lointain souvenir de Lucie L. » ;  » Marie restera l’autre nom de l’oubli. Je ne suis pas Henri D. » ;  » Dehors, une cloche sonne midi.Marie G , dors encore. »