Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

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Ceci est un complément à la page 35 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan .

Au-delà de la différenciation : la personnalisation

 

Depuis la rentrée 2015, après un atelier suivi en aout aux Rencontres du CRAP-Cahiers Pédagogiques avec Sylvain Connac[1], les auteures proposent à leurs élèves des plans de travail individualisés. En voici un premier exemple[2].

 

Premier exemple : mise en place de plans de travail individualisés et de groupes coopératifs en mathématiques

L’objectif est que les élèves s’entrainent sur différentes techniques de manière à les automatiser voire commencer à les mobiliser comme des ressources. Cette forme de travail est couplée avec des temps spécifiques de propositions de tâches complexes, activités à prise d’initiative comme on le dit maintenant en mathématiques. Voici le déroulement utilisé :

  • le chapitre est divisé en plusieurs parties correspondant chacune à un objectif d’apprentissage ou de consolidation
  • l’enseignante prépare des fiches autocorrectives de trois niveaux sur chaque partie, le premier niveau correspond à des exercices d’application directe, le deuxième est le niveau exigible (attendus du programme) et le troisième correspond à des approfondissements
  • elle donne aux élèves la contrainte de temps : « le contrôle sur le chapitre aura lieu à telle date, vous avez donc tant d’heures pour vous y préparer »
  • les élèves font une évaluation diagnostique sur chaque partie, évalué avec des ???? « plus » et des « moins »
  • la partie « travail sur le cours » est obligatoire, soit en plénière de manière habituelle, soit en individuel quand il s’agit de reprendre et de consolider une notion ; cela dépend alors des besoins de chacun
  • l’élève s’engage dans un travail d’entrainement sur fiches selon son évaluation, à lui de choisir l’ordre et le nombre d’exercices cherchés ainsi que l’ordre des parties
  • les corrigés sont à disposition : pendant ou après avoir fait les exercices
  • des aides « coups de pouces » sont également disponibles
  • le travail se poursuit à la maison suivant leurs possibilités
  • un temps de bilan personnel est prévu en fin de période

Mais cette manière de travailler tient de l’individualisation et nécessite un engagement irréaliste du professeur : la mise au travail de chacun va demander un enrôlement fort et quasiment individuel dans certaines classes et ensuite de courir dans tous les sens comme un garçon de café pour pouvoir répondre aux questions. De plus, la personnalisation demande de mettre en place de l’entraide entre élèves de manière, entre autres, à ce que chacun se sente plus impliqué dans les apprentissages.

Mise en place de groupes coopératifs

D’où l’idée de coupler cette individualisation avec une mise en groupes pour permettre le travail coopératif et de là une réelle personnalisation des apprentissages. De fait, les évaluations diagnostiques permettent de repérer des élèves « ressources » à partir de qui l’enseignant construit les groupes hétérogènes de 3 ou 4. Pour que ces groupes fonctionnent, on peut se servir d’un sociogramme[3] qui permet de regrouper des élèves qui acceptent de travailler ensemble et surtout de coopérer. Les groupes fonctionnent de manière autonome. Certains se mettent d’accord sur l’ordre et le niveau et les élèves plus fragiles progressent grâce aux explications des autres. Dans d’autres groupes, chaque élève travaille à son rythme et demande de l’aide suivant les besoins tout en acceptant de différer si l’élève ressource est en pleine réflexion.

Cette nouvelle manière de travailler autant pour l’enseignante que pour les élèves a nécessité de la régulation. Au départ, des élèves se sentaient « abandonnés » dans leurs apprentissages. D’autres avaient peur de voir leur niveau baisser. Il a fallu être à l’enseignante d’être à l’écoute, ferme et rassurante.

 

Une régulation particulière

Un deuxième problème s’est posé : dans certains groupes, il y avait trop d’élèves en grande difficultés. De la perturbation entravait le travail.  De plus, cela revenait à faire porter le problème de la grande difficulté scolaire par des élèves. En école primaire, il arrive que le professeur constitue un petit groupe d’élèves moins autonomes pour travailler avec eux pendant que les autres sont en autonomie. L’enseignante a utilisé ce dispositif : elle a constitué un groupe avec les trois élèves les plus en difficulté et s’est assise avec eux devenant leur personne ressource. Quand les autres groupes ont une question à poser, ils venaient à cette table.

 

Un constat positif

L’enseignante n’a pas pu mettre en place cette manière de faire tout au long de l’année car elle demande un grand investissement en temps pour fabriquer toutes ces fiches, en particulier les fiches autocorrectives et certains chapitres s’y prêtaient moins. Sylvain Connac prévient qu’il faut au moins deux ans pour obtenir un fonctionnement confortable. Néanmoins, il y a d’ores et déjà des points très positifs : de la solidarité entre les plus et les moins à l’aise ; des élèves qui réclament ce dispositif ; une ambiance de classe positive et la fierté d’y être élève (exprimée en heure de vie de classe) ; un gain en autonomie de la part de la grande majorité des élèves puisque d’autres professeurs ont mis en place des dispositifs similaires et ces élèves se sont très rapidement mis au travail par rapport aux autres classes ; et un gain de 2 points en moyenne de classe sur les épreuves communes de mathématiques puisque tous les élèves progressent (pas d’élèves en décrochage).

[1] Sylvain Connac, MCF Université Paul Valéry de Montpellier

[2] D’après la contribution à l’atelier 3, Journées de la Refondation, les 2 et 3 mai 2016, AM Sanchez

[3] Des descriptions sur plusieurs sites : http://probo.free.fr/pedagogie_institutionnelle/sociogrammes_p_robo.pdf http://francois.muller.free.fr/manuel/Gererlesrelations/pratiques.htm http://www.stephanecote.org/2014/09/04/outil-du-sociogramme/

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Ceci est un complément à la page 23 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan .

Déconstruire une représentation

Cité par Jacques Nimier[1], Edgar Morin nous précise : « Un enseignant qui s’efforce de déconstruire les représentations erronées des élèves avant de faire un cours tient compte du fait que l’élève n’est pas une page blanche sur laquelle il suffirait d’inscrire des savoirs nouveaux, mais qu’il a des « représentations » sur toutes choses dans ce monde psychique interne à l’élève. L’éducation doit donc se vouer à la détection des sources d’erreur, d’illusion et d’aveuglements. ».

Une recherche[2] portant sur dix mille élèves et 181 professeurs de sciences physiques, menée par Philip Sadler, chercheur à Havard en 2013, donne une piste de réponse. Lorsque les professeurs connaissent les croyances erronées des élèves, les réponses de ceux-ci ont tendance à s’améliorer au fil du temps.

En France, l’expérimentation PACEM (Projet pour l’acquisition de compétences par les élèves en mathématiques)[3] est menée par la DEEP entre 2010 et 2012. Elle a concerné des classes de CM1, CM2, 6e et 5e dans plusieurs académies. Là aussi, il s’agissait pour les enseignants de connaitre les difficultés de leurs élèves par un test de début d’année. S’ensuivait une formation spécifique pour les professeurs. Des tests collectés jusqu’en 2012 montrent une nette progression des élèves bénéficiant du dispositif.

A une moindre échelle, le dispositif mis en place par l’une des auteures dans ses classes permet également les progrès des élèves. En début de séquence, les élèves font un test portant non seulement sur les prérequis mais aussi sur les représentations qui peuvent poser problème dans cette séquence. Par exemple en début d’année de 6e, beaucoup d’élèves ont des représentations erronées des nombres décimaux. Le QCM leur propose des réponses connues pour être des erreurs type, extraites des évaluations diagnostiques de début d’année de 6e des années 90.

Par exemple : Parmi ces quatre nombres, deux sont égaux. Entourer-les.

0,25                       0,4                         1,4           1/4             

L’erreur la plus fréquente, montrant une représentation fausse des décimaux, est d’entourer les deux derniers nombres.

Ou bien : Entourer la fraction égale à 80,4.

                                                                                          

Ici, les différentes possibilités sont entourées comme autant d’erreurs possibles.

Chacun doit également proposer une définition du nombre décimal. « Et là, c’est le drame ! » comme dit une phrase célèbre. Puisque tous les élèves répondent « C’est un nombre à virgule » confondant ainsi le nombre et son écriture.

Il s’agit donc de déconstruire ces représentations. Une possibilité est de reprendre l’introduction des nombres décimaux mais, nonobstant le fait que les élèves qui ont acquis le sens cherché vont s’ennuyer, rien ne dit qu’une deuxième couche donnera de meilleurs résultats. C’est ce qui fait que les séances de révisions sont généralement une perte de temps pour tous les élèves. Cherchons une autre piste.

Comme l’explique Claire Hébert-Suffren[4], les faux savoirs nécessitent confrontation et échanges pour évoluer vers des savoirs plus pertinents. Le professeur propose donc à ses élèves de se placer rapidement en groupes de quatre en retournant les chaises. Ils doivent mettre leurs réponses en commun, en discuter puis aboutir à un accord sur UNE réponse du groupe. Dans un deuxième temps, à la lumière de ce qu’ils viennent de comprendre, chaque groupe propose une définition du nombre décimal. L’expérience montre que la plupart des groupes fonctionne de manière autonome. Le professeur, en passant, remarque les quelques-uns ayant besoin d’accompagnement et par un questionnement subtil, il les amène réfléchir et avancer. La définition de chaque groupe est écrite au tableau et discutée en plénière pour aboutir à la définition acceptée par le professeur, par exemple : « C’est un nombre qui a une écriture décimale finie (ne comportant plus que des zéros à partir d’un rang). » Elle est écrite dans le cahier de leçon. Les élèves se remettent alors en groupe pour proposer quatre exemples d’écritures différentes d’un nombre décimal. Ce qui peut donner :

45 ; 5,2 ;  ;

Des exemples de chaque groupe sont écrits dans le cahier de leçon. Parallèlement, le travail mental permet de travailler les passages entre les différentes écritures. Les résultats sont bluffants : dès qu’un élève commet une erreur concernant la nature du nombre décimal, il suffit de lui rappeler ce travail, les camarades s’en chargent volontiers.

Ce dispositif peut être mis en fonctionnement de la 6e à la 3e dès que la séquence doit réinvestir des savoirs appris précédemment, c’est-à-dire quasiment tout le temps en mathématiques. Son efficacité dépend des questions du test. L’idéal est de les concevoir en équipe de professeurs.

[1] http://www.pedagopsy.eu/edgar_morin.htm

[2] http://rire.ctreq.qc.ca/2013/05/comprendre-les-faiblesses-des-etudiants-pour-les-aider-a-eviter-les-erreurs/

[3] http://cache.media.education.gouv.fr/file/2012/85/3/DEPP-NI-2012-23-pacem-experimentation-formation-enseignants-sixieme_237853.pdf

[4] Voir la présentation de son ouvrage Les Réseaux d’échanges réciproques de savoirs (Ovadia, 2012) sur le site : http://www.ecolechangerdecap.net/spip.php?article344

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Blog 6

Ceci est un complément à la page 22 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan .

Autoriser et encourager l’erreur

Daniel Favre[1] relève dans ses recherches que « les enseignants associent majoritairement l’erreur à la honte ou à de la culpabilité ou encore à une réaction de colère. » Cette imprégnation renvoyée aux élèves, est un des obstacles majeurs à l’apprentissage. L’erreur n’est pas une faute que l’on punit. Plutôt que de sanctionner par une mauvaise note ou un travail identique, la tâche de l’enseignant devrait être plutôt d’aider l’élève à déconstruire ses représentations ou à trouver une méthode lui permettant d’éviter les erreurs d’inattention. Comment faire pour que l’erreur devienne un réel outil d’apprentissage ?

Détournant[2] un proverbe arabe, l’auteure a affiché sur le mur de sa salle de classe « Celui qui ne se plante jamais n’a aucune chance de pousser », une citation de Nelson Mandela : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. » et une citation d’Einstein : « Pose ta question, tu seras idiot une seconde. Ne la pose pas, tu seras idiot toute ta vie ». Les élèves ont le droit en début d’année à une explication de texte au deuxième voire troisième degré suivi d’un débat. Ce qui permet de planter le décor, c’est le cas de le dire. Il ne suffit bien sûr pas de le formuler, il faut être congruent, c’est-à-dire que les actes doivent être en accord avec les déclarations. Les élèves cherchent ce qui pourrait les aider : pas de moqueries en cas d’erreur, droit de recommencer, droit d’avoir du temps pour comprendre, droit de s’expliquer entre eux. Mais également de la part du professeur, des propositions de travailler autrement pour mieux apprendre. En voici quelques exemples.

 

Erreurs d’inattention

Les élèves de cette auteure ont de la chance, c’est une grande étourdie. Elle a passé sa jeunesse affectée de cette étiquette, signe probable d’une grave maladie, au vu du ton catastrophé de ses enseignants lorsqu’ils faisaient ce constat. Le problème n’était pas tant la grave maladie que le fait de ne pas avoir de médicament à prescrire. Elle souffrirait donc toute sa vie de « fôtes » d’étourderies. Sauf qu’à un moment, elle s’est rendue compte que c’était pour elle un problème d’attention portée à ce qu’elle faisait. Les erreurs n’ont pas toutes disparues, elles perdurent encore parfois aujourd’hui, mais leur nombre a sévèrement diminué dès lors qu’elle a prêté plus d’attention à ce qu’elle écrivait. Les fautes d’étourderie s’étaient transformées en erreurs d’inattention.

C’est ce parcours qu’elle propose depuis plusieurs années à ses classes.

En classe de 4e, il est demandé de faire apprendre le calcul fractionnaire dans toutes ses opérations, en utilisant de plus les techniques de calcul sur les nombres négatifs et les priorités des opérations. Il y a là beaucoup de règles très différentes à appliquer et il n’est pas rare qu’un très bon élève remplace  par 5, occupé qu’il est à respecter tout le reste. On ne peut pas suspecter cet élève de pas savoir que cest 6. C’est un cas qui semble typique d’erreur d’inattention due à une surcharge de mémoire de travail. Le professeur ne peut pas élucider lui-même toutes les erreurs d’inattention de chaque élève. Il va donc leur proposer un dispositif dans une démarche formative pour qu’ils arrivent à les reconnaitre eux-mêmes.

Dans un premier temps, et après que les élèves aient effectué un bon nombre de calculs numériques en écriture fractionnaire, il leur demande de repérer et d’écrire toutes les erreurs commises. Elles sont écrites sur le tableau sous forme générique : oubli de virgule au résultat, erreur de table de multiplication, confusion d’opérations, erreur de règle d’addition de fraction, erreur de priorité, non connaissance d’une règle, non simplification … Elles sont classées par « Comment les éviter ? » :

  • Apprendre les leçons : table de multiplication, définition de l’addition de fractions, non connaissance d’une propriété en général
  • Adopter une stratégie plus efficace : simplification
  • Faire plus attention et/ou mieux se relire : oubli de virgule au résultat, erreur de table de multiplication, confusion d’opérations, erreur de règle d’addition de fractions, erreur de priorité, non connaissance d’une règle, non simplification

Une fois ont que les élèves compris, appris, il reste à faire plus attention.

Le dispositif se poursuit par l’écriture à la fin du cahier de cours des types d’erreurs personnelles que l’élève est capable de faire. Il doit ensuite ajouter une croix ou un trait à chaque fois qu’il refait cette erreur. Cela dans le but de se rendre compte de ce qui lui pose le plus de problème.

Arrive le jour de l’interrogation écrite. Les élèves ont cinq calculs fractionnaires à effectuer. Une fois leur travail terminé, le professeur leur demande de prendre un stylo d’une autre couleur. Ils doivent relire leur travail en traquant les erreurs d’inattention. Mais ils ne regardent qu’un axe à la fois selon les erreurs qu’ils ont repérées commettre régulièrement.  Tel élève va commencer par relire en regardant s’il a bien réécrit tous les signes « moins » puis continuera par vérifier les priorités. Tel autre commencera par les techniques opératoires puis les confusions d’opérations. Ils ont le temps dont ils ont besoin pour ce faire. Le professeur corrige les copies en ne tenant pas compte des couleurs. Rares sont les élèves qui ne bénéficient pas de ce temps structuré de relecture.

Au contrôle bilan, cet entrainement leur permet d’une part de faire plus attention mais aussi de se relire de manière plus efficace.

La première classe à laquelle a été proposé ce dispositif était une classe de 4e Technologique. Ses résultats ont été supérieurs de cinq points sur vingt à la moyenne obtenue par les élèves de l’année précédente. Inutile de dire qu’il a été reconduit chaque fois que l’auteure a eu une classe de 4e et proposé aux autres niveaux. En discutant avec des professeurs de français, ceux-ci ont eu envie d’essayer ce dispositif pour les dictées ou pour les rédactions.

[1] Daniel Favre, 2010, Cessons de démotiver les élèves, 18 clés pour favoriser les apprentissages, Dunod ; et en 2016, Eduquer à l’incertitude, Dunod

[2] Idée de Philippe Watrelot, Crap-Cahiers pédagogiques

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Ceci est un complément à la page 20 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan .

Les buts de performance

Les buts de réussite sont étudiés par la psychologie sociale. Ils sont de deux ordres : maîtrise ou performance. Selon que l’élève se projette dans l’un ou l’autre, il va pouvoir s’engager et réussir sa tâche mais également persévérer en cas d’échec. La manière dont le professeur va se conduire induit ou renforce la représentation qu’aura l’élève.

Carol Dweck, chercheure américaine, a montré en particulier que la persévérance d’un élève est augmentée lorsqu’on l’encourage par « Excellent, tu as fait tout ton possible. » alors que la phrase « Excellent, tu es très intelligent. » va générer un état d’esprit qui ne l’armera pas en cas d’échec.

En colloque[1], Marie-Christine Toczek rappelle une recherche, initiée par Dweck, et reprise en classe de 2e, montrant que le but de maîtrise est plus efficace que le but de performance : trois groupes d’élèves filles et garçons ont la même activité à réaliser. Au premier groupe, on ne dit rien, il n’y a pas d’évaluation. Au deuxième groupe, on explique que le travail sera noté dans le but de les aider à progresser et au troisième groupe, on annonce que c’est dans le but de les comparer. Les résultats sont significatifs, le groupe qui réussit le mieux est le deuxième pour les garçons comme pour les filles. Dans le premier groupe, les résultats sont en dessous, mais on note que les filles réussissent mieux que les garçons. Pour le troisième groupe, les résultats filles-garçons sont inversés. Cette étude a été réalisée plusieurs fois avec les mêmes résultats entre 2013 et 2015.

De son côté, Olivier Rey[2] confirme en conférence que les modalités (notes ou pas, contrat de confiance ou pas …) importent en fait peu, ce qui prime, c’est la pédagogie qui sous-tend les pratiques.

On remarque que ce sont bien ces buts de maîtrise qui sont attendus dans le décret cité. Il y a là un changement de paradigme qui se fait à bas bruit mais qu’en formation, on s’efforce de l’installer par touches successives. Par exemple :

  • Donner des informations
  • Clarifier les attentes de l’institution
  • Donner exemples et contre-exemples
  • Montrer des recherches

Mutualiser, échanger mais aussi faire produire ensemble

[1] Colloque E&D, CRAP, FESPI mars 2017

[2] Conférence de janvier 2017, ESEN Poitiers

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Ceci est un complément à la page 19 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan .

Des registres comme grille d’analyse

A partir de ces recherches, E. Bautier, A. Boulin et P. Rayou proposent une analyse[1] mettant en jeu des dimensions différentes et complémentaires qu’ils nomment les registres de l’apprentissage scolaire. Ils permettent d’en comprendre les enjeux, en particulier pour les élèves en difficultés scolaires.

Le registre cognitif relève des fonctions intellectuelles qui permettent d’apprendre, de réfléchir, d’élaborer, de construire.

Le deuxième registre est dit culturel, il est constitué de savoirs académiques et de connaissances générales sur le monde non réductibles à la sphère scolaire, mais donnant lieu tout autant à des classements et à des hiérarchisations.

Le troisième registre relève des composantes identitaires et symboliques en jeu, volontairement convoquées ou non par l’élève, liées à ce que l’accès à un savoir requiert et construit un certain type d’identité personnelle et relie à une communauté pour laquelle il vaut et à laquelle justement l’élève veut adhérer ou non, consciemment ou non

L’enquête montre une grande diversité de répartition de ces trois registres parmi les élèves. Il semble que lorsque ces registres sont bien équilibrés entre eux, l’apprentissage se fasse de manière fluide, en mode sans échec comme dit l’ordinateur. Les difficultés sont perçues comme inhérentes à l’apprentissage et l’élève, en faisant preuve de persévérance, va s’en sortir peu ou prou.

Ce qui pose problème, ce sont les individualités d’élèves pour lesquels ces registres sont déséquilibrés. Cette grille d’analyse peut permettre de comprendre en quoi certains dispositifs d’aide ne fonctionnent pas avec eux. C’est le cas notamment lorsqu’ils jouent sur un registre inapproprié par rapport aux problématiques que rencontre l’élève. Par exemple quand le dispositif relève du registre culturel, par exemple un atelier théâtre, mais que l’élève n’y voit qu’un moment agréable passé avec ses camarades sans faire le lien avec des textes étudiés en classe. Pour d’autres, le troisième registre soutenu cette année-là par une équipe pédagogique à l’écoute et congruente, va permettre la réussite du jeune dans le registre cognitif.

 

Un exemple d’expérimentation : 3e de remotivation

Cette expérimentation[2] a été proposée à la suite d’un constat : l’année précédente avait été marquée par un fort pourcentage d’élève de 3e désinvestis du travail scolaire et une vingtaine d’élèves du même profil était signalée par les équipes de professeurs des classes de 4e. S’y ajoutait la suppression de la classe de 3e d’insertion, ce qui permettait de disposer d’une équipe de professeurs volontaires, habitués à travailler en collaboration et face à des élèves en grande difficulté. L’équipe administrative et pédagogique a décidé de monter un projet de classe pour ces élèves. Les efforts ont porté sur la prévention du décrochage et le travail scolaire des élèves de manière à ce qu’ils puissent obtenir une orientation choisie. La maîtrise du socle commun et le Diplôme national du brevet étant visés également à ce titre.

Cette classe était une 3e générale dans laquelle les horaires étaient le mêmes que les autres 3e. Elle a concerné une vingtaine d’élèves chaque année.

Les causes de démobilisation étant multiples, l’idée était de proposer des projets d’ordres variés de manière à toucher le plus d’élèves possibles. L’auteure dirait maintenant travailler sur les trois registres.

–          Cinq journées de découverte des métiers et d’entreprises au premier trimestre.

Elles ont été construites avec l’association de bénévoles retraités AGIRabcd[3], qui fait partie de la Réussite Educative de la ville de Trappes. L’objectif était, en plus des découvertes, de donner la possibilité de faire des stages dans des entreprises qui auraient été difficilement accessibles et d’essayer de se projeter dans d’autres métiers que le commerce.

Les bénévoles de l’association proposaient des possibilités de visites d’entreprises grâce à leurs réseaux personnels. Ils se sont mis à disposition avec leur voiture pour emmener des petits groupes de 3 ou 4 élèves (jusqu’à six pour la SNCF) et pour les cinq journées.

–          Stage de deux semaines au deuxième trimestre

–          Présentation orale du stage

Elle avait lieu devant un jury comprenant un membre de l’association AGIRabcd, et était également prise en compte pour l’évaluation d’items du socle.

–          Stage facultatif d’une semaine au troisième trimestre

–          Présence des élèves au conseil de classe du 2e trimestre

Chaque élève était présent au moment concernant leur cas.

Le conseil de classe était précédé d’un entretien[4] individuel de préparation avec le professeur principal et un membre de l’association AGIRabcd.

–          Travail autour de la connaissance et de la présentation de soi

–          Le mur de la fierté[5] 

Chaque élève avait une pochette plastique à son prénom sur l’un des murs de la salle de classe du professeur principal et y glissait les objets scolaires de fierté et selon son choix.

–          Projet en atelier arts-plastiques

–          Des ateliers pour travailler autrement[6]

Proposés par trois professeurs, en tiers de classe, choisis sur des compétences à améliorer ou des thèmes qui les intéressent.

–          Un atelier de mobilité

En mini-groupes, chacun devait se rendre, dans une demi-journée en début d’année, sur un lieu de formation (lycée ou CFA) avec déplacement en train, bus et à pied. Chaque groupe était encadré par un professeur et/ou un membre de l’association AGIRabcd.

–          Sortie de début d’année

–          Projet de sortie organisée par les élèves

Les élèves se renseignaient par petits groupes sur des sorties possibles (contraintes de coût et de date) et présentaient le résultat de leurs recherches à la classe. Celle-ci votait et le projet choisi était organisé avec le soutien du professeur principal.

–          Formation aux premiers secours (PSC1)

Titre : les différents projets proposés en 3e de Remotivation

Une concertation était prévue environ une fois par mois pour un bilan et l’avancée des projets. Suivant l’ordre du jour et la disponibilité de chacun, elle était ouverte aux professeurs, au CPE, au chef d’établissement, à tout membre de la communauté éducative et bien sûr aux bénévoles de l’association.

Un bilan a été proposé à la MAE (Mission d’appui à l’expérimentation, devenue CARDIE) chaque année avec les indicateurs choisis, tant quantitatifs que qualitatifs comme des questionnaires aux élèves, familles, professeurs.

Au bout de trois années de fonctionnement, il a été décidé de proposer plusieurs de ces de dispositifs à toutes les classes de 3e. Certains perdurent encore dans l’établissement.

 

Ce n’est bien sûr pas un modèle mais un exemple de ce qui peut être fait, à relativement bas coût. Cela a donné aux élèves concernés la possibilité de ne pas décrocher, d’obtenir une orientation moins imposée. Et pour ceux qui sont revenus voir leurs anciens professeurs au collège, une poursuite d’étude pour certains inespérée. En témoigne cet élève se présentant devant son ancien professeur principal en lui disant « Vous ne devinerez jamais ce que je fais maintenant … : comme vous ! je viens d’être engagé comme professeur ». Après une classe de BEP, il a obtenu un Bac professionnel suivi d’une licence professionnelle. On ne saura jamais l’impact réel de cette classe sur son parcours, mais ce qui est observable, c’est qu’effectivement, il n’a pas décroché en 3e, et que son orientation lui convenait.

[1] Dans Qu’est-ce qui soutient les élèves, Dispositifs et mobilisation dans divers établissements scolaires ; Coordination AM Benhayoun IFé ; Les registres de l’apprentissage scolaire E. Bautier, A. Boulin, P. Rayou

[2] Collège Le village, Trappes (78) de la rentrée 2011 pendant trois ans, expérimentation suivie par la Misson d’appui aux expérimentations de l’académie de versailles

 

[3] http://www.agirabcd.org/

[4] Dispositif décrit dans la partie 3, chapitre 5.

[5] Dispositif décrit dans la partie 3, chapitre 2.

[6] Dispositif décrit dans la partie 2, chapitre 4.

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Blog 2

Ceci est un complément à la page 17 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan .

Concevoir des situations d’apprentissage

En juin 2015 et en mars 2017, lors de deux conférences visibles sur Internet[1], André Tricot, psychologue cognitiviste, s’interroge sur les conditions d’apprentissage des élèves. Il fait part la recherche menée par Chi et Wylie (Etats-Unis) en 2014[2]. Elles proposent une grille de lecture hiérarchisée de l’apprentissage selon les niveaux d’engagement et d’attention des élèves :

 

1. Passif: lorsque les élèves sont focalisés sur et reçoivent des explications, ils leur accordent de l’attention

2. Actif: lorsque les élèves font quelque chose qui manipule sélectivement et physiquement les supports d’apprentissage

3. Constructif: lorsque les élèves génèrent de l’information au-delà de ce qui a été présenté

4. Interactif: lorsque deux (ou plus) élèves collaborent à travers un dialogue à une co-construction

De manière très schématique :

Dans le 1, ils reçoivent de manière attentive

Dans le 2, ils font, sont en activité au sens physique

Dans le 3, ils réfléchissent, ils infèrent, font des liens

Dans le 4, ils confrontent leurs hypothèses

 

De plus, elles apportent l’idée que ces engagements seraient inversement plus coûteux en termes de temps et d’exigence par exemple. Ce qui fait que les élèves les plus en difficultés peuvent être mis encore plus en difficultés si on propose un engagement de niveau 4 sur un temps court. C’est le cas également si on lui propose une tâche de niveaux 3 ou 4 trop coûteuse en attention et en concentration ; il pourrait rester bloqué sur la tâche sans atteindre le but d’apprentissage.

Or, les apprentissages scolaires sont spécifiques. Sans avoir d’utilité immédiate, ils nécessitent, nous rappelle Tricot, des efforts, du travail, du temps, de la motivation. Ils sont fondés sur la distinction entre tâche, qui est un moyen, et connaissance, qui est le but ; ils mobilisent et ont des effets sur la représentation de soi et de la tâche.

Il faut en tenir compte dans la conception des situations d’apprentissage.

Tricot a démontré qu’il n’y aurait en fait que très peu de tâches proposées dans les pratiques d’enseignement. C’est plutôt leur combinaison qui en fait le nombre. Parmi ces tâches, Fiorella et Mayer[3] ont répertorié en 2015 celles qui permettraient d’apprendre dans le niveau 3 selon leur niveau d’efficacité montrée dans des études ; la dernière colonne indique cette fréquence d’efficacité :

 

Stratégie Description Etudes >
Résumer Réaliser un résumé oral ou écrit 26/30 (87%)
Réaliser une carte Réaliser une carte mentale, une matrice 36/39 (92%)
Dessiner Réaliser un dessin qui décrit le texte 26/28 (93%)
Imaginer Imaginer un dessin qui décrit le texte 16/22 (72%)
S’auto-évaluer Produire une explication écrite ou orale qui met en œuvre la connaissance acquise 70/76 (92%)
Expliquer à autrui Expliquer à autrui ce que l’on est en train d’étudier 44/54 (81%)
Agir physiquement Manipuler des objets, réaliser des gestes en relation avec ce que l’on est en train d’étudier 36/49 (73%)

 

De plus, Chi et Wylie ont montré, dès 2014, que chaque tâche est compatible avec les 4 niveaux d’engagement. Il y aurait donc corrélation possible entre chaque tâche et le niveau d’engagement proposé dans la tâche, plus précisément la quantité de ressources attentionnelles demandée par le niveau d’engagement.

Par exemple, quelles pourraient être les situations d’apprentissages des différents niveaux concernant la propriété caractéristique du parallélogramme ? Pour rappel, c’est le seul quadrilatère ayant un centre de symétrie.

 

Niveau 1

Attitude attendue/induite « Attentif-passif »

Niveau 2

Attitude attendue/induite « Actif »

Niveau 3

Attitude attendue/induite « Constructif »

Niveau 4

Attitude attendue/induite

« Interactif »

Le professeur présente et explique.

L’élève écoute attentivement et note sur son cahier.

L’élève propose un placement de baguettes pour que la figure obtenue ait un centre de symétrie. Parmi plusieurs représentations de quadrilatères, l’élève choisit celles qui ont un centre de symétrie et propose une définition. Les élèves, en petits groupes, classent des représentations de quadrilatères et proposent une explication de ce classement.

 

Ce que l’auteure traduit pratiquement par : suivant la notion étudiée et la classe de cette année-là, c’est au professeur de choisir ce qui sera le plus efficient par rapport au temps, aux niveaux de difficultés des élèves et à l’engagement que chacun peut investir. C’est sans doute un apport que les formations d’enseignants ont à intégrer. Nous en verrons d’autres exemples au fur et à mesure de cet ouvrage.

 

[1] http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/difficultes-dapprentissage-et-prevention-du-decrochage/ressources/quelques-elements-pour-aider-les-professionnels-a-concevoir-des-situations-dapprentissages-andre-tricot  et https://www.youtube.com/watch?v=FS6VsuAngBo

[2] Chi, M. T. H., & Wylie, R. (2014). The ICAP framework: Linking cognitive engagement to active learning outcomes. Educational psychologist, 49, 219-243.

[3] Fiorella, L., & Mayer, R. E. (2015). Learning as a generative activity : eight learning strategies that promote understanding. New York : Cambridge University Press.

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