Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Blog 33

Ceci est un complément à la page 125 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Utilisation des CED : niveaux de réussite et de progrès

 

Vous souhaitez pratiquer une évaluation positive. Vous avez découvert ou révisé un dispositif porteur et peu coûteux, le mur de la fierté. Vous savez faciliter l’engagement de vos élèves par des pratiques d’évaluation différentes. Vous avez lu précédemment que la tâche complexe ne se place pas nécessairement après l’apprentissage des ressources. Il nous reste donc à voir comment on utilise les compositions d’échelles descriptives évoquées un peu plus haut.

 

De la CED au TNR

A cette appellation de CED l’auteure préfère à présent la dénomination de « tableau de réussites et de progrès » ou TNR[1]. Cela a l’avantage d’être plus clair pour les élèves. Grâce à ce document, on marque des succès et on voit ce qu’on a à faire pour progresser, petit à petit. On sait également au-dessus de quel niveau on doit se trouver en fin de telle ou telle classe, en fin de cycle 3 comme de cycle 4.

Le professeur intéressé par l’utilisation de TNR a appris à les élaborer à partir de vraies copies d’élèves en stage ou bien il en a trouvées toutes faites sur Internet. Quelle marche suivre pour les utiliser de manière simple et efficace ?

Prenons l’exemple de rédactions en histoire. Ce temps a pu être précédé d’une analyse de productions d’années précédentes déjà corrigées et annotées par le professeur[2].  Mais ce n’est pas nécessaire pour comprendre l’utilisation d’un TNR.

 

Les élèves découvrent le TNR

La première fois, les élèves planchent sur un sujet donné, par exemple « montrez que Nîmes est une cité gallo-romaine ». Le professeur ramasse les copies et ensuite se livre à un travail qui est un peu long. Crayon papier à la main, il va au fil de sa lecture aller chercher des indicateurs de réussite pour chacun des critères : le texte est -il soigné ? lisible ? assez long ? Les exigences de la langue française sont-elles respectées ? Le contenu est-il riche ? Intéressant ? situé dans le Temps ? Pour chacun des critères, le professeur place une petite croix sur l’indicateur qu’il a repéré. Ensuite, il n’a plus qu’à déterminer le niveau de réussite de la production en visant la croix placée le plus bas. Oui, c’est parfois crève-cœur. Il inscrit dans la marge ou dans une colonne dédiée, la date et d’un mot le sujet de la production.

Cette première utilisation des TNR est qualifiée de « un peu longue » ci-dessus mais en réalité, l’enseignant fait ce qu’il a l’habitude de faire quand il corrige des copies : il les lit, les annote, se retient de barrer d’un grand trait rouge rageur accompagné de « Oh, réfléchis ! ». Cependant avec les TNR, la corvée s’arrête là, inutile de compter les quarts de points avec les demi-points et d’inscrire une note avec une appréciation peu lue donc…[3]Les productions n’ont pas besoin d’être notées, ici, elles ont valeur d’entraînement.

De retour en classe, le professeur fait distribuer les copies avec leur TNR. Il doit prendre le temps d’expliquer comment le tableau fonctionne et à quoi il sert. Après les explications, chacun est invité à lire toute la ligne du niveau auquel a été évaluée sa production puis celle du niveau au-dessus : « voilà ce qu’il faudra faire la prochaine pour progresser ». Il serait astucieux ensuite de mettre les élèves en travail individuel sur autre chose et d’annoncer que le professeur va circuler pour répondre à ceux qui ont encore des questions à poser. Quand il n’y a plus de questions, la copie est rangée et le TNR est ramassé sinon le risque est très grand qu’il ne réapparaisse jamais.

 

Les élèves utilisent le TNR

Lors d’un nouveau temps d’entrainement à la rédaction, (pas trop éloigné si possible sinon les élèves risqueront d’avoir tout oublié) le professeur fait distribuer les TNR et chacun est invité obligatoirement à relire le niveau atteint la première fois puis le descriptif du niveau au-dessus. Un nouveau sujet est donné et les élèves rédigent leur développement construit en essayant de suivre les indications de progrès. Ce sera ainsi dorénavant lors de chaque temps de rédaction, y compris celui qui « compte », celui qui est noté.

 

L’instauration d’un échange évaluatif

Après cette deuxième rédaction, avant de rendre la copie, l’élève va se livrer à un exercice d’auto-évaluation de sa production. Le professeur demande « avez-vous atteint le niveau au-dessus de la dernière fois ? Qu’est-ce qui vous le montre ? ». L’élève va écrire ce qu’il en pense sous le TNR. Celui-ci va donc devenir une fiche- navette entre l’enseignant et lui. Les deux vont écrire et petit à petit même ils vont s’écrire. D’une appréciation souvent inutile sur une copie qui disparait, rangée quelque part, perdue ou jetée, le TNR devient un outil d’évaluation et de communication efficace. En effet, il va garder la trace des précédents écrits, questions de l’un ou de l’autre des partenaires de l’apprentissage : celui qui apprend et celui qui l’accompagne dans ses apprentissages. Chacun pourra s’y reporter, voire éviter d’écrire cent fois « en Histoire, il faut toujours situer dans le Temps ». Si c’est déjà écrit il suffit de s’y reporter, de renvoyer par une flèche à la-dite remarque. Peut-être qu’un jour l’élève écrira « mais qu’est-ce que c’est situer dans le Temps ? ». Et là une vraie remédiation pourra avoir lieu.

 

Les TNR ou un gain de temps pour le professeur surmené

Dès la deuxième utilisation des TNR, le gain est patent. Que fait le professeur ? Il regarde à quel niveau était la production précédente de Toto, l’auto évaluation rédigée par celui-ci. Ensuite, il n’a plus qu’à aller chercher dans la nouvelle production les indicateurs du niveau au-dessus. C’est simple

et très rapide. Si les indicateurs sont présents, dans la marge le professeur inscrit la date et le nouveau sujet. S’ils n’y sont pas, le professeur entoure à nouveau le palier atteint et inscrit une nouvelle date. Il peut, et c’est le mieux, inscrire son appréciation à son tour sur la photocopie, en-dessous de l’auto-bilan de l’élève.

 

Les TNR, un outil de feed-back et de dédramatisation de l’évaluation

De retour en classe, on rend les copies et les TNR. Les élèves prennent connaissance de leur réussite. Ils peuvent à leur tour annoter et répondre à l’appréciation du professeur.

Chacun est de nouveau invité à lire les indicateurs de réussite du niveau où ils en sont et ceux du niveau au-dessus. Comptez au moins trois utilisations pour que cela devienne une routine c’est-à-dire que les élèves se saisissent de l’outil.

 

Un vrai outil d’évaluation positive

En utilisant les TNR, on ne recherche que les progrès des élèves. Si le niveau du dessus n’est pas atteint, ce n’est pas une faute qui pénalise. L’élève essaiera une autre fois, à une autre occasion, sur un autre sujet. Il essaiera autant de fois que nécessaire, cela n’est pas un problème. Cela n’empêchera pas le programme d’avancer puisqu’avec ce type d’évaluation, c’est le développement de compétences qui est visé.

 

Un outil d’organisation du travail de la classe en classe

Sur son carnet de notes, au sens de « notes d’information », le professeur relève seulement le niveau auquel chacun est arrivé au temps T.  Cela peut lui servir pour organiser un travail en groupes de niveaux. Cependant, de nombreux chercheurs ont montré le peu d’efficacité d’un fonctionnement en niveaux. Le plus efficace semble être le travail en groupes ou en équipes hétérogènes dites « arc-en-ciel »; par exemple un trio constitué d’un élève avec un haut niveau de réussite, un autre moins en réussite et un troisième dont les réussites pour le moment se situent en-dessous du seuil de coupure. Avec une telle organisation en classe, à un moment le professeur peut travailler avec les élèves qui n’y arrivent pas encore et restent en bas de l’échelle.

Si le professeur a sous les yeux l’ensemble des TNR d’une classe, il peut les utiliser pour préparer un travail en groupes de besoin en se servant des petites croix au crayon à papier qui visent à déterminer le niveau de réussite d’une production.

Di M croquis de Géographie

Si on prend l’exemple du croquis en géographie (cliquez sur le lien ci-dessus), il peut travailler avec les élèves qui en ont besoin autour de la légende pendant que les autres élèves travaillent en autonomie sur les informations à placer sur un croquis ou encore sur le soin à y apporter. L’idéal ici serait même qu’il tourne dans les trois ateliers.

 

Le professeur peut tenir à jour un tableau comme ci-dessous pour noter les progrès des élèves.

L’Antiquité étant le niveau à atteindre en fin de cycle 3 pour le niveau de maitrise satisfaisant.

[1] Joël Macé (non déposé), professeur au collège Voltaire de Sannois (Ile-de-France), rencontré à l’occasion d’un stage « développer les compétences des élèves en Histoire-Géographie » s’est emparé de l’outil C.E.D . (Compositions d’échelles descriptives) et en a conçu une série pour nos disciplines tout en le renommant de cette expression T.N.R. que je trouve bien meilleure, parlante pour les élèves.

[2] Cf. une minisérie de vidéos tournées en classe, que vous trouverez facilement avec un moteur de recherches.  Ici, plus particulièrement, voir l’épisode  » NeoAlta11″

[3] … inutile. Dommage, c’est ce qui nous prend le plus de temps.

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Blog 12 bis EASy’R

Il n’y a pas de « blog 12 bis » dans Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Mais cette partie-là n’est pas inintéressante.

1.     EASy’R ; un processus d’apprentissage ”idéal”

 

Dans son ouvrage Evaluer des compétences, guide pratique[1], François-Marie Gérard présente un processus d’apprentissage idéal[2] que l’auteure résume dans un jeu de mots E.A.Sy’R. Il s’agit de séquencer les apprentissages en quatre moments successifs : l’exploration, l’analyse, la synthèse et le réinvestissement. Attention, ces trois derniers termes n’ont pas la hiérarchie évaluative de la taxonomie des objectifs de Bloom, on est là plus proche de la valeur sémantique de ces verbes.

La phase d’exploration a pour objectif de faire découvrir ce qui va être étudié. On parlait naguère de « document d’accroche » en didactique de l’histoire-géographie. Mais ce peut être plus large que cela. Nous le verrons un peu plus loin. La phase d’analyse correspond à une étude approfondie, par exemple de documents qui permettent de « faire un tour » de la question. La phase de synthèse peut être la trace écrite, le résumé de ce que les élèves devront garder en mémoire, une fiche-méthode réutilisable. Enfin, la phase de réinvestissement est un moment de réutilisation des connaissances qui viennent d’être travaillées. Il ne s’agit pas là du fameux contrôle ou bilan ou évaluation. Quel que soit le nom qu’on lui donne, il n’est pas question ici de sommatif mais d’ancrage des connaissances.

Donnons quelques exemples. En géographie, en histoire et en mathématiques. Commençons par la géographie, en 6e pour le chapitre « Habiter un espace à forte contrainte ».

 

EASy’R en géographie, en 6e

Explorer

On pourrait commencer par le visionnage d’un court documentaire sur la vie d’une communauté humaine dans les Andes. Le professeur alors par quelque moyen que ce soit, magistral, cours dialogué ou autre, mais, attention, il s’agit d’une phase assez rapide, amène la classe à se demander ce qui va être étudié ? Quel type d’espace sera au programme ? Comment les hommes y vivent ? Ont-ils aménagé quelque chose de particulier ? Pourquoi constate-on tel fait ici et pas ailleurs ?

 

Analyser

Cette deuxième phase plus longue consiste à faire une « étude de cas », en fait l’étude d’un lieu. Par exemple, le Mato Grosso au Brésil. Localisons, situons puis essayons de caractériser ce lieu en utilisant, tout ou partie, au choix, une carte de la répartition de la population au Brésil, une photographie (mécanisation, défrichement, habitat de fortune, manifestations…), un graphique (production de lait, de soja, croissance de la population, superficies des défrichements…), un texte. La classe étudie les trois ou quatre documents sélectionnés par le professeur « à fond » sans perdre de vue les questions posées dans la phase d’exploration. Il ne s’agit pas d’étudier ce lieu pour lui-même. On pourrait même commencer à chercher des ressemblances avec les Andes et des différences.

L’idéal serait de pouvoir faire, d’avoir le temps, une seconde étude de cas peut-être plus rapide, sur une station de ski dans les Alpes ou dans les Rocheuses. Là encore chercher tout d’abord des caractéristiques, après avoir localisé et situé bien entendu puis des ressemblances et des différences avec les deux premiers lieux étudiés.

 

Synthétiser

Cette phase pourrait commencer par le rassemblement de tout ce qui a été collecté dans les deux premières sur un planisphère, dans un tableau à double entrée. Localiser certes mais aussi placer les informations type « pays riche/pays émergent/ pays en voie de développement », données bioclimatiques, répartition de la population.

Dans cette phase, en géographie, on change d’échelle. On passe de l’échelle locale à l’échelle mondiale. On se demande si tous les espaces à fortes contraintes ont les mêmes caractéristiques ? S’ils sont situés aux mêmes endroits ? Comment les Hommes y valorisent ou pas leurs contraintes ?

Une trace écrite élaborée avec les élèves ou par le professeur à partir de leurs idées permet de conclure par la définition d’un espace à forte contrainte, la typologie de ces espaces avec quelques exemples d’aménagements. Là encore, cette trace écrite peut être un texte, un tableau, une fiche-méthode, une liste des questions à se poser pour caractériser un espace.

Ici, le professeur de géographie devrait faire son contrôle-bilan, son évaluation finale, corriger, noter et apprécier si l’élève a appris/compris/travaillé et hop, il pourrait alors le sentiment du devoir accompli passer à un autre chapitre, d’une autre matière.

Et c’est ici que François-Marie Gérard préconise de différer encore le temps de l’évaluation (enfin, il ne le dit pas, c’est l’auteure qui le fait), FMG n’évoque même pas l’évaluation dans cette partie, en tout cas, pas la sommative.

 

Réinvestir

L’objectif de ce moment est la manipulation des connaissances acquises précédemment par les élèves afin qu’ils se les approprient. La question n’est pas de savoir s’ils ont appris leurs leçons mais plutôt de leur proposer d’utiliser celles-ci pour mieux les apprendre. Ce moment se passe encore en classe. Le professeur est donc là pour observer chacun, guider, relancer, étayer et désétayer. Avec ce chapitre on arrive à la fin de l’année, il va être temps que les élèves deviennent un peu plus autonomes dans leurs apprentissages et dans leur travail personnel en classe. Ceci-dit, mieux vaut étayer que regarder dormir.

Cette phase de réinvestissement est aussi une phase de mobilisation des ressources, à très court terme certes. Les savoirs engrangés dans la séquence sont utilisés, vivants et non lettres mortes.

Une troisième étude de cas est donc possible. Soit la même pour tout le monde, pourquoi pas en zone arctique ? Soit au choix des élèves, on ne reviendra pas sur l’efficacité de l’auto-détermination dans la motivation des élèves, soit au choix du professeur parmi un panel représentatif. On peut mixer les deux propositions.

 

Les collègues qui ont enseigné la géographie avant la réforme du collège ont reconnu ici la démarche inductive imposée par les programmes de 2008, sauf que ces programmes n’imposaient pas la phase de réinvestissement qui en fait toute l’efficacité pour les apprentissages. Les programmes de 2016 nous ont « délivré » de la démarche inductive. Pourquoi délivrer ? Dans le chapitre précédent[3] , nous nous sommes penchés sur la différenciation et la diversification pédagogiques.  Diversifier c’est aussi cela, ne pas se cantonner dans une procédure intellectuelle. L’inductif c’est bien. Le déductif aussi. L’hypothético- déductif c’est encore mieux.

 

 

EASy’R en histoire en 3ème

Cette séquence trouve sa place après l’étude de l’URSS de Staline qui a déjà permis, d’une manière ou d’une autre, de caractériser un régime totalitaire.  Elle a donc un double objectif : la réactivation des connaissances du précédent chapitre, de découvrir une autre dictature, et même un troisième puisqu’il s’agit d’apprendre à réfléchir et organiser des informations.

 

Pendant la phase d’exploration, les élèves reçoivent une vingtaine de petits textes numérotés sur une feuille recto-verso, à lire en travail personnel hors de la classe et ils doivent à réfléchir à un premier classement de ces textes. Les textes proposés sont la plupart du temps extraits de manuels, parfois très anciens, par exemple un article de l’Humanité du 4 novembre 1922 « Et Valenti fut tué » ou encore un extrait du règlement de Dachau ou bien une chronologie du Japon de 1927 à 1936[4]. Mais aussi « Pour rendre à notre peuple sa grandeur, il faut exalter la personnalité du chef et donner à celui-ci tous les droits »[5].

En classe, les idées de classement sont listées au tableau et les élèves les justifient. La plupart repère des origines géographiques et propose un classement en colonne, une par pays. Rare sont ceux qui vont au-delà. Une année, quelqu’un proposa un tri par nature des textes : témoignage, article de journaux, mémoires, chronologie, texte législatif. Aucun n’alla jusqu’à croiser ces deux idées pour élaborer un tableau à double entrée.

Pendant la phase d’analyse, les petits extraits sont étudiés un par un, en commençant par ceux illustrant le stalinisme (réitérer les connaissances par un apprentissage multi épisodique), en continuant par ceux issus du nazisme. On cherche à retrouver toutes les caractéristiques (les attributs, dans la démarche de Britt-Mari Barth[6]) avec les textes soviétiques puis à chercher quel texte de l’Allemagne nazie correspond à cette caractéristique.

S’il reste du temps, si la classe percute, on peut approfondir avec le fascisme et le Japon de Hiro-Hito[7] ou encore proposer un travail facultatif pour les plus curieux, continuer à classer les textes selon les attributs des dictatures.

La phase de synthèse est collective et consiste à créer un tableau comparatif des dictatures.

Le réinvestissement peut consister à fournir aux élèves un petit corpus pour répondre à la question suivante, « La France de Vichy est-elle un régime totalitaire ? ». Avant d’avoir étudié ce chapitre, bien sûr.

 

EASy’R en mathématiques

Un autre exemple concerne ici les mathématiques et plus précisément l’apprentissage de la programmation. La toute première séance se passe en salle multimédia, les élèves sont en binôme sur un ordinateur et se connectent au site « Une heure de code »[8]. Les élèves ont à écrire un programme, sous forme d’ordres en blocs, pour que leur personnage atteigne le but proposé avec plus ou moins de contraintes.  Ils peuvent faire autant d’essais qu’ils en ont besoin, sachant qu’un thème terminé leur permet d’en faire un autre dont le chalenge sera plus intéressant. Après la présentation de la progression à suivre, les quatre temps d’EASy’R se font au rythme de chacun, pratiquement sans intervention du professeur. Les élèves doivent proposer des agencements des blocs de consigne pour faire bouger leur personnage. Ils commencent donc par explorer les différentes commandes et ensuite analysent les effets de celles-ci. Les contraintes imposées, le nombre maximal de blocs à utiliser par exemple, les obligent à pousser leur analyse, à en discuter la pertinence et à adopter la procédure qui va permettre d’atteindre l’objectif.

A chaque fin de partie, le professeur demande aux binômes un retour sur les commandes utilisées et ce qu’elles ont permis de faire, on est dans la phase synthèse. Le réinvestissement est immédiat et se fait à plusieurs reprises car les parties suivantes intègrent les commandes qui viennent d’être découvertes. Il sera temps ensuite de passer au logiciel qui permet de travailler plus spécifiquement les points de programmes attendus. Mais les bases de la programmation sont atteintes pour chacun.

 

EASy’R pour permettre aux élèves de développer leurs compétences

La même démarche est utilisable pour le travail autour des compétences que le socle et les nouveaux programmes nous demandent de développer chez les élèves. Nous ne pouvons pas développer les compétences des élèves à leur place mais nous pouvons faire en sorte d’organiser notre enseignement en proposant des situations dans lesquelles les élèves vont pouvoir s’entraîner, conscientiser, auto évaluer et développer eux-mêmes leurs compétences.

Regardons ce que cela donnerait pour une compétence de plus en plus demandée par l’institution qui reste un sujet d’interrogation pour de nombreux collègues, l’oral en classe. Depuis l’année scolaire 2016-2017, l’oral fait même l’objet d’une épreuve du brevet. Comment pourrait-on utiliser EASy’R pour permettre aux élèves de monter en compétences et d’arriver sereins à l’examen ?

  1. Explorer : quelques élèves volontaires prennent la parole, par exemple pour un petit exposé, sans conséquence c’est-à-dire pas de notes.
  2. Analyser : qu’est-ce qu’une prestation orale réussie ? Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire ? Laisser la parole aux élèves. Noter ce qu’ils disent. En commentant le moins possible si on veut qu’ils s’approprient ces informations, ni même reformuler.
  3. Synthétiser : organiser les informations dégagées par les élèves dans une petite fiche, un tableau, un petit outil consultable A CHAQUE FOIS QU’IL Y A UN ORAL A FAIRE. Jusqu’à ce que l’élève n’en ait plus besoin. Il est plus efficace que ce soit le professeur qui fasse cette fiche à condition de rester très près des formulations des élèves. Il n’est pas impensable qu’un élève s’en charge.
  4. Réinvestir : s’essayer à la prise de parole en public, par exemple pour rendre compte d’un texte lu. Si possible, là encore, sans notation, avec une évaluation orale, collective, bienveillante, c’est-à-dire à la recherche de tout ce qui a été réussi, appuyée sur la fiche élaborée en phase de synthèse.

 

Quatre exemples de cette démarche d’apprentissage conçus par des collègues en stage interdisciplinaire sont consultables sur un des blogs de l’auteure[9].

Une proposition de l’auteure :

Pour la phase d’exploration, il est possible de visionner de « vrais » élèves de 3ème lors d’une prestation orale en classe[10].

Regardez Ziyad entre 2’59 et 3’25, Pauline (5’40-6’12) et Gwénaëlle (5’09- 5’27). N’oubliez de dire à vos élèves de ne pas se moquer car il a fallu beaucoup de courage pour prendre la parole devant une caméra, tous n’ont pas accepté de le faire.

 

En 2012-2013, cette démarche a été essayée, la classe de 3e qui a visionné les extraits a proposé comme critères d’un oral réussi « la langue (phrases correctes, langage soutenu), la voix (être audible, articuler, ton vivant, rythme adapté), la durée (5 minutes), le contenu (qui ait du sens, complet, intéressant, du vocabulaire, dans le sujet (pertinent, exact), et l’attitude (aucun geste parasite, on regarde le public, on connaît son texte sans réciter, sans lire, être convaincant). Ce sont ces critères qui ont été réutilisés tout au long de l’année en histoire-géo, en français, avec la professeure documentaliste lors de chaque moment d’histoire des arts. Lors de l’épreuve en mai 2013, selon les collègues, les prestations ont été plutôt meilleures que d’habitude. Pour qu’elles soient encore meilleures, il faudrait réfléchir à « élaborer un diaporama qui ne fera mourir d’ennui votre public ». Grâce à François-Marie Gérard, it could be easyer !

 

Les trois « R »

La lecture de ce qui précède montre des exemples des années antérieures. Depuis 2016-2017, l’auteure a modifié en EASY’RRR. En effet, développer une compétence, progresser, c’est long et difficile. Il faut à certains élèves plusieurs essais. C’est donc au(x) professeur(s)[11] là encore de faire en sorte d’organiser leur enseignement pour que les élèves y parviennent. En histoire-géographie-EMC, il est souhaitable que chaque chapitre soit l’occasion non seulement d’apprendre les ressources du programme, la prise de la Bastille mais aussi de développer les compétences au programme. L’auteure propose donc aux collègues en stage d’associer « un chapitre, une compétence », toute l’année. Grosso modo, à la trente-sixième semaine, chaque élève aura eu l’occasion de s’entraîner au moins trois fois (les trois R de EASY’RRR) pour chaque compétence. Il n’y aura plus qu’à évaluer les progrès et en prendre note. Nous y reviendrons dans la quatrième partie de cet ouvrage.

 

[1] François-Marie Gérard,  2008, Evaluer des compétences, guide pratique[1], De Boeck, 1ère édition

[2] page 25. Ceci est une invitation à lire ou relire ce chapitre de François-Marie Gérard, avec des exemples et des définitions, un exercice d’application et un de mise en œuvre personnelle.

[3] Partie 1, chapitre2, différencier/différencier

[4] L’auteure est au courant que ces dictatures ne sont pas au programme de 2016 ni même de celui d’avant.

[5] Ecrit dans la forteresse de Landsberg en 1923. L’auteur y fut détenu neuf mois.

[6] cf. dans ce chapitre, le texte précédent

[7] Qui ne sont pas au programme de 3ème.

[8] https://hourofcode.com/fr

[9] http://lewebpedagogique.com/anniedimartino/2012/11/22/permettre-a-nos-eleves-de-devenir-plus-competents-a-loral/

[10] Un film tourné par Thierry Foulques, « Compétences in vivo 2 », http://www.youtube.com/watch?v=d_9mDQ9qtuU

Séquence détaillée : http://lewebpedagogique.com/anniedimartino/2011/11/30/752/, « différenciation pédagogique en classe entière ». (Ce film a été tourné à d’autres fins, il n’a pas d’intérêt d’être visionné en entier avec votre classe).

[11] cf. partie 2, chapitre 2, Enseigner les tâches complexes : Piano à plusieurs mains

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Blog 10

Ceci est un complément à la page 36 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan .

Deuxième exemple : plans de travail en géographie

Un projet vit le jour en Juin 2014 : « Et si on passait au « tout numérique » ? L’auteure imagine. Plus de cahier, plus de manuel. Ceux-ci seront distribués à la rentrée et resteront à la maison. En cours, on utilisera une version numérique gratuite, on saisira toutes les productions sous forme numérique. Tous les cours auront donc lieu en salle multimédia. Les élèves seront encouragés à apporter leur matériel informatique, à utiliser leur téléphone mobile…. On continuera d’enrichir le blog « Faites le MOOC pas l’amer » commencé par les 3e [1] de cette année.

 

Plan de travail   n°1          (cf pièce jointe également, juste ici:   PdT1 SeptOct 15 )       Géographie/ Les mobilités humaines

3 à 5 h du 23/09/15 jusqu’au 07/10/2015

23/09/15 25/09/2015 07/10/2015

La présence d’un astérisque indique qu’une fiche-outil/ méthode est à votre disposition dans le classeur.

  Lieu d’étude choisi :    « Ceuta et Mellila, en Afrique) »     ou      « 900 km avec des migrants (en Europe )»
 

 

 

Activités d’apprentissage obligatoires

Situer Localiser Caractériser Faire un croquis Gestion des tices MLF
Capture d’écran Avec des emboîtements d’échelles L’un ou l’autre Document OpenOffice correctement enregistré Maîtrise de la langue française :
    Répondez avec vos propres mots Croquis de paysage   Phrases correctes,
    10 caractéristiques attendues, au choix A la main ou à la palette graphique   Orthographe raisonnable
Mémorisation du vocabulaire Les migrations (lelivrescolaire) Les flux migratoires (idem) L’émigration Un clandestin Un touriste  
Activités de prolongement (à faire seulement si on a fini ce qui est obligatoire) Une autre vidéo

+ faire un résumé pour les camarades

Un article du Monde

 

+ inventer un questionnaire pour les camarades

Degré d’autonomie :

1 Le prof me surveille et me dit quoi faire au fur et à mesure.
2 Le prof vient voir de temps en temps où j’en suis. Je peux parfois aider mes camarades.
3  Je travaille tout seul. Je sollicite de l’aide quand j’en ai besoin. Je peux toujours aider les autres si j’ai mon brevet de tuteur.

 

 

Après le rêve pédagogique, la réalité didactique fut différente. Au bout de quelques mois de mise en œuvre, cette expérimentation eut des conséquences inattendues.

Après trois passages de deux heures en salle multimédia et du travail sur trois chapitres, il était temps de faire un bilan intermédiaire. Tous les élèves réussissaient à se connecter au manuel numérique. Aucun n’avait encore apporté son propre matériel numérique mais en définitive, la classe n’avait pas vraiment été incitée à le faire. En revanche, les élèves avaient tous une clé USB ramassée régulièrement pour évaluer l’avancée du travail.

Seules deux élèves étaient perdues face à l’informatique mais elles étaient à des années-lumière du minimum que l’on pourrait attendre au XXème siècle. Du coup, elles piétinaient.

Que faire ?

Les consignes étaient toujours sur le même canevas et concernaient quatre compétences[2] disciplinaires : localiser, situer, caractériser, faire un croquis. Pourtant, certains binômes semblaient repartir à chaque fois de zéro en demandent ce que signifie « situer » : faire une capture d’écran sur un globe virtuel pour montrer le lieu étudié, marqué d’une punaise. Par conséquent, ils avançaient très lentement.

Assez rapidement, ce mode de travail a évolué vers un « plan de travail » à la Freinet. C’est-à-dire qu’il a permis à chacun d’avancer à son rythme. Ce n’est pas ce que l’auteure avait envisagé au départ : ramasser toutes les clés au bout de deux heures, regarder le travail accompli et même noter ; enchaîner sur le 2e chapitre etc. Le profil de la classe étant ce qu’il était, au bout de deux heures, l’écart était déjà si grand entre les binômes qui avaient terminé et même fait plus que demandé et ceux qui avaient péniblement fait une capture d’écran avec une punaise pour localiser que plutôt que de mettre un 20/20 et 10 zéros l’auteure a décidé d’évaluer toutes les deux heures mais de laisser le travail se faire au rythme des binômes en mettant tout de même de la pression.

Dans cette classe, plusieurs élèves avaient leur « brevet de tuteur » et ont pu, s’ils étaient disponibles, répondre aux questions des camarades, tant pour les problèmes liés au numérique que pour le fameux localiser/situer, et les aider dans l’avancement de leur plan de travail.

Cependant, il restait toujours le problème de l’énorme décalage temporel entre ceux qui avancent vite, ceux qui avancent bien et les autres. C’est une autre pratique pédagogique, issue celle-là de la pédagogie Institutionnelle, qui apporta une solution satisfaisante pour tout le monde, le texte choisi. Les élèves les plus rapides et les volontaires étaient invités à rédiger un résumé du chapitre. Au cours suivant, les auteurs pouvaient lire s’ils le souhaitaient leur texte à la classe et celle-ci choisissait l’un ou l’autre pour devenir la trace écrite du cours. Arrivé à ce moment-là, la professeure mettait un terme à l’étude du chapitre pour les plus lents qui entamaient alors un autre travail.

[1] Un blog à destination des élèves. Il servit deux ans jusqu’à la découverte des applications type « nuage » par l’auteure.

[2] Dans les programmes de 2008, en Histoire-Géographie, on parlait de « capacités ».

 

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