La visite du Temple Neuf

Les élèves ne se sont pas contentés de visiter les coulisses de l’Opéra-théâtre. Ils ont pu bénéficier d’une présentantion exceptionnelle du Temple neuf

17h : Petite pause sur la Place de la Comédie puis les élèves rejoignent le Temple Neuf, de l’autre côté de la rue, où les attend son organiste, Mr Sigwald.

Image illustrative de l'article Temple Neuf de Metz

D’entrée de jeu, il précise aux collégiens saisis par la solennité du lieu qu’il n’est pas là pour faire du prosélytisme mais qu’il va parler de la religion protestante pour présenter la spécifité du Temple Neuf.
Car ce temple est un lieu unique à bien des égards. Construit près d’un siècle après l’Opéra, il a imposé les mêmes contraintes à ses bâtisseurs : le terrain marécageux donné par la municipalité à la communauté protestante se trouve au bout de l’île, et s’il portait le joli nom de ‘Jardin d’Amour’, il devait être avant tout assaini. De plus, pour permettre l’édification de fondations stables, il a fallu enfoncer dans le sol des piliers de bois de chêne à plus de quinze mètres de profondeur.

L’édifice a une forme en croix, mais on a du mal aujourd’hui à admirer la profondeur du transept car des cloisons en bois séparent les chapelles de la nef.
Il a fallu près de quatre ans pour l’achever, et il a été inauguré en 1904 par l’empereur Guillaume II en personne. Il est construit dans le style néo-roman rhénan, très en vogue pendant l’annexion, même si certains éléments comme les fonds baptismaux sont clairement d’inspiration néo-gothiques. Ses tours caractéristiques ne sont pas sans rappeler la cathédrale de Spire, en Allemagne.

Pourquoi l’avoir surnommé Temple Neuf? Parce qu’il existait déjà un temple protestant, dont il ne reste plus qu’une tour près de l’hôpital Bel-Isle. Ce premier temple était un temple de garnison, et la communauté civile rêvait d’un lieu qui pourrait concurrencer la cathédrale catholique érigée au centre ville.

 

Il existait d’autres lieux de culte protestants dans la région messine, mais il s’agissait d’églises luthériennes. M. Sigwald rappelle qu’avant de devenir l’un des pères du Protestantisme, Martin Luther (1483 – 1546) avait été un moine augustin, et ses réformes furent influencées par son passé catholique. On ne parle d’ailleurs pas de temple luthérien, mais bien d’église luthérienne.

La communauté protestante qui demanda l’érection du Temple Neuf était dite ‘réformée’, c’est à dire qu’elle était d’inspiration calviniste. Jean Calvin (1509 – 1564) prônait une réforme de l’Eglise bien plus radicale que celle proposée par Martin Luther.

Les deux courants protestants offrent des points de similitude (par exemple, la Bible est la seule source légitime d’autorité religieuse). Cependant, la théologie calviniste se distingue par des aspects que l’on pourrait qualifier de rigoristes. M. Sigwald rappelle que Calvin était juriste de formation!

Or ces aspects rigoristes ne se retrouvent pas forcément dans le Temple Neuf! Ainsi, s’il est interdit dans les temples réformés d’exposer des statues, on remarque d’emblée que les saints évangélistes sont sculptés sur la chaire, à gauche de la table de communion.

De même, dans la plupart des temples réformés, la chaire, dépouillée, est en bois. A Metz, elle est en pierre.

Enfin, Calvin proscrivait la musique pendant le service religieux or le Temple Neuf possède un véritable joyau, un orgue magnifique de cinquante-deux jeux sur trois claviers et pédalier en traction entièrement mécanique.

M. Sigwald propose de faire découvrir à la classe la sonorité très particulière de cet instrument imposant (en fait, tous les tuyaux ne fonctionnent pas : certains sont là pour l’équilibre visuel de l’ensemble).

Autrefois, il fallait faire circuler l’air dans les tuyaux grâce à des soufflets géants actionnés par des hommes. Le mécanisme existe encore, mais aujourd’hui, la circulation d’air se fait grâce à une pompe électrique.
En revanche, accorder l’instrument se fait encore manuellement, – il lui faut 7 heures pour mener à bien cette tâche, qui doit être répétée tous les 4 mois environ.
Un orgue est bien différent d’un piano. Il faut sans cesse s’entraîner pour ne pas perdre la main, ni le pied! Car tous les membres sont sollicités pour en jouer.
M. Sigwald est intarrissable sur son instrument, mais sa chair reste à jamais marquée par la pratique de l’orgue dans des conditions parfois extrêmes, surtout en hiver. Ses doigts sont déformés par l’arthrose. Cela ne se remarque pas quand il commence à jouer. Les élèves de la classe l’écoutent religieusement!

La visite au Temple Neuf se termine donc sur ce petit concert improvisé. Un grand merci à M. Sigwald pour sa gentillesse et sa disponibilité.

M. Sigwald et son orgue

 

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