Le monde entier est une chanson française (3)

«D’où l’ennemi viendra qui me fera héros »

Tout le monde connaît Jacques Brel, et ses chansons devenues universelles, dont Zangra. Le Désert des Tartares, roman paru en 1940 et écrit par l’Italien Dino Buzzati a inspiré Brel qui en résume l’intrigue dans ses strophes lapidaires et poignantes.

Car, rien de mieux que de partager langue et culture qu’à travers la chanson.

Objectifs :

  • culturel : l’internationalisation de la chanson française, de présence discrète mais à réelle influence
  • linguistique / CE/ CO : comprendre la chanson (paroles et extrait ci-dessous) et la comparer avec quelques extraits du roman de Buzzati 5Zangra correspondant au personnage Drogo)
  • PO : trouver un sens aux paroles «Et l’ennemi est là je ne serai pas héros », réfléchir sur le sens de la vie, le destin, la tragédie intime

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=lx4aUu5AXY4[/youtube]

Je m’appelle Zangra et je suis lieutenant
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D’où l’ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m’ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir les filles en troupeaux
Mais elles rêvent d’amour et moi de mes chevaux

Je m’appelle Zangra et déjà capitaine
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D’où l’ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m’ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir la jeune Consuelo
Mais elle parle d’amour et moi de mes chevaux
Je m’appelle Zangra maintenant commandant

Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D’où l’ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m’ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg boire avec don Pedro
Il boit à mes amours et moi à ses chevaux

Je m’appelle Zangra je suis vieux colonel
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D’où l’ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m’ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir la veuve de Pedro
Je parle enfin d’amour mais elle de mes chevaux

Je m’appelle Zangra hier trop vieux général
J’ai quitté Belonzio qui domine la plaine
Et l’ennemi est là je ne serai pas héros

Buzzati traduit par Michel Arnaud :
« Effectivement s’avançait contre Giovanni Drogo l’ultime ennemi. Non point des hommes semblables à lui, tourmentés comme lui par des déserts et des douleurs, des hommes d’une chair qu’on pouvait blesser, avec des visages que l’on pouvait regarder, mais un être tout puissant et méchant ; il n’était pas question de combattre sur le sommet des remparts, au milieu des coups de canon et des cris exaltants, sous un ciel printanier tout bleu, il n’y avait pas d’amis à coté de vous dont la vue vous redonne du courage, il n’y avait pas non plus l’acre odeur de la poudre, ni de fusillades, ni de promesses de gloire. Tout va se passer dans la chambre d’une auberge inconnue, à la lueur d’une chandelle, dans la solitude la plus totale. On ne combat pas pour repartir couronné de fleurs, par un matin de soleil, au milieu des sourires des jeunes femmes. Il n’y a personne qui regarde, personne ne vous dira bravo. Oh, c’est une bataille bien plus dure que celle qu’il souhaitait jadis. »

Débuter la lecture de Jules Verne par une nouvelle fantastiquement simple

Objectifs :

  • culturel : découvrir Jules Verne, un auteur connu et repris mais, paradoxalement, peu lu. Virtuose de la langue, il aime s’amuser avec les mots pour faire voyager le lecteur dans un monde étrange et inconnu
  • CE : lire une nouvelle fantastique : Frritt-Flacc
  • Lexique / PE : relever dans la nouvelle les mots inventés par l’habile auteur en suivant ces deux consignes 1) rédigez, à votre tour,  un petit texte narratif mystérieux et insolite où apparaissent au moins cinq de ces mots   (volsinien / verliche / balanze / kertse / felzane / crimmérien / fretzer …) 2) donnez une définition précise de chacun de ces mots en tenant compte de la phrase de Jules Verne
  • PO : s’exprimer sur l’identité, la personnalité, le double dans le fantastique (œuvres littéraires, picturales ou cinématographiques) et dans le monde réel

La lecture de cette nouvelle fantastique est simple, contrairement à la plupart des romans de Jules Verne dont la langue et le lexique peuvent rebuter les jeunes lecteurs et les apprenants en FLE.

Les illustrations originales par George Roux, en 1886, peuvent être un point de départ ou au contraire, après lecture, prétexte d’oralisation et d’appropriation.

Identité nationale

Objectifs :

  • culturel : comprendre l’Occupation durant la 2ème guerre mondiale, Résistance et Collaboration
  • lecture d’image : l’affiche rouge
  • CE : Missak, l’enfant de l’affiche rouge, un livre de Didier Daeninckx
  • PO : s’exprimer sur la définition d’identité, sur sa propre identité, sur l’étranger

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=HKsyAAn-YTA[/youtube]

Identité nationale, Bernard Lavilliers
Des lois-encore des lois, pour blanchir les puissants, qui n’ont même plus de classe qui sont de vrais faisans
Des interdits partout t’es pas assez mature pour savoir si tu peux, fumer dans la nature,
insulter la police ou bien le président, écrire ce que tu veux chanter ce que tu sens,
Y a des senseurs partout mentalité de flics
Ou bien des courtisans rampants dans la milice.

Y’en a marre. Y’en a marre. Y’en a marre.
On est tombé bien bas, bien plus bas que tu crois.
Y’en a marre. Y’en a marre. Y’en a marre.
On est tombé bien bas, bien plus bas que tu crois.

On se croirait revenu à Vichy chez Pétain, là où les étrangers les juifs- les arméniens
Étaient placardés là sur cette affiche rouge, là où monsieur Bousquet disait « personne ne bouge »
Ils vont dans ton passé citoyen anonyme, fouiller dans ton casier judiciaire, et ça rime , voir si t’es bon français, si t’as de bon réflexes patibulaires- mais presque.

Y’en a marre. Y’en a marre. Y’en a marre.
On est tombé bien bas, bien plus bas que tu crois.
Y’en a marre. Y’en a marre. Y’en a marre.
On est tombé bien bas, bien plus bas que tu crois.

Alors que le crédit t’encercle, t’infantilise, que les banquiers joue avec la banquise.
Que tes amis d’enfance redeviennent étrangers, t’as peut être quand même des questions à poser
La nuit sur internet partage tes insomnies et des flics des rois, tu deviens repérable sur ton adresse IP
t’es cerné en croyant que t’es libre.
Le blues

Y’en a marre. Y’en a marre. Y’en a marre.
On est tombé bien bas, bien plus bas que tu crois.
Y’en a marre. Y’en a marre. Y’en a marre.
On est tombé bien bas, bien plus bas que tu crois.

Y’a les petits marquis qui te prennent pour un con, avec une arrogance du temps de Napoléon,
qui frime avec tes sous dans des cours d’opérettes,.
Mais quand est-ce qu’on les vire ?
Quand est-ce qu’on les jette ?

Le petit bal perdu, c’était bien !

Pour découvrir l’âge d’or de la chanson française avec Bourvil et un chorégraphe de talent, Philippe Decouflé.

Objectifs :

  • culturel : apprécier le lien artistique, plein d’humour et de tendresse, entre la France d’aujourd’hui et celle d’hier, et découvrir ses artistes selon les contextes (après-guerre / mondialisation)
  • CE / CO : la chanson « c’était bien », interprétée en 1961, écrite par Robert Nyel et Gaby Verlor, au son de l’accordéon, alors instrument emblématique des bals populaires en France
  • vocabulaire : reconnaître les mots-gestes ou gestes-mots des interprètes, tels que ‘s’appellait / lait / s’appeler au téléphone’ et plein d’autres encore !

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=EJB2GtoP38Y[/youtube]

C’était bien (Le p’tit bal perdu)

1. C’é-tait tout juste a-près la guerr’
Dans un p’tit bal qu’a-vait souf-fert
Sur u-ne pis-te de mi-sère
Y’en a-vait deux à dé-cou-vert
Par-mi les gra-vas ils dan-saient
Dans ce p’tit bal qui s’ap-pe-lait (3)

Non ! je n’m’en sou-viens plus
Du nom du bal per-du
Ce dont je me sou-viens
C’est de ces a-mou-reux
Qui ne re-gar-daient rien au-tour d’eux
Y’a-vait tant d’in-sou-cian-ce
Dans leurs ges-tes é-mus

A-lors quelle im-por-tan-ce
Le nom du bal per-du
Non ! je n’m’en sou-viens plus
Du nom du bal per-du
Ce dont je me sou-viens
C’est qu’ils é-taient heu-reux
Les yeux au fond des yeux
Et c’é-tait bien
Et c’é-tait bien.

2. Ils bu-vaient dans le mê-me verre
Tou-jours sans se quit-ter des yeux
Ils fai-saient la mê-me pri-ère
D’ê-tre tou-jours tou-jours heu-reux
Par-mi les gra-vas ils sou-riaient
Dans ce p’tit bal s’ap-pe-lait
Qui s’ap-pe-lait (3)

Non ! je n’m’en sou-viens plus
Du nom du bal per-du
Ce dont je me sou-viens
C’est de ces a-mou-reux
Qui ne re-gar-daient rien au-tour d’eux
Y’a-vait tant d’in-sou-cian-ce
Dans leurs ges-tes é-mus
A-lors quelle im-por-tan-ce
Le nom du bal per-du
Non ! je n’m’en sou-viens plus
Du nom du bal per-du
Ce dont je me sou-viens
C’est qu’ils é-taient heu-reux
Les yeux au fond des yeux
Et c’é-tait bien
Et c’é-tait bien.

Et puis quand l’ac-cor-dé-o-niste
S’est ar-rê-té ils sont par-tis
Le soir tom-bait des-sus la piste
Sur les gra-vas et sur ma vie
Il é-tait red’-ve-nu tout triste
Ce pe-tit bal qui s’ap-pe-lait
Qui s’ap-pe-lait (3)

Non ! je n’m’en sou-viens plus
Du nom du bal per-du
Ce dont je me sou-viens
C’est de ces a-mou-reux
Qui ne re-gar-daient rien au-tour d’eux
Y’a-vait tant de lu-miè-re
A-vec eux dans la rue
A-lors la belle af-fai-re
Le nom du bal per-du
Non ! je n’m’en sou-viens plus
Du nom du bal per-du
Ce dont je me sou-viens
C’est qu’on é-tait heu-reux
Les yeux au fond des yeux
Et c’é-tait bien
Et c’é-tait bien.

«Tout le monde est courtisan…» ou les Fables de la vie, vraiment ?

Contrairement à Erik Orsenna, Jean de La Fontaine est sans concession à l’égard d’un univers de courtisans où les magnificences du palais, quel qu’il soit,  sont plus rebutantes … qu’un charnier.

Objectifs :

  • littéraire : découvrir a) le fameux auteur des Fables,  Jean de La fontaine,  autrement b) un auteur contemporain, E. Orsenna, écrivain et diplomate, donc courtisan !
  • vocabulaire : du pouvoir ( monarque, député, vassal, maître …) de la relation sociale (flatter, s’excuser, plaire…)
  • CE : lire un article de journal ou cet article de La Croix
  • CO / EO (l’argumentation) : regarder une vidéo et donner son avis sur la déclaration d’Orsenna « Tout le monde est courtisan… »
  • lire une Fable, la Cour du Lion, où La Fontaine critiquant les comportements écœurants et les attitudes répugnantes des courtisans donne avec mépris et humour des leçons d’hypocrisie !

La Cour du Lion

Sa Majesté Lionne un jour voulut connaître
De quelles nations le Ciel l’avait fait maître.
Il manda donc par députés
Ses vassaux de toute nature,
Envoyant de tous les côtés
Une circulaire écriture,
Avec son sceau. L’écrit portait
Qu’un mois durant le Roi tiendrait
Cour plénière, dont l’ouverture
Devait être un fort grand festin,
Suivi des tours de Fagotin.
Par ce trait de magnificence
Le Prince à ses sujets étalait sa puissance.
En son Louvre il les invita.
Quel Louvre ! Un vrai charnier, dont l’odeur se porta
D’abord au nez des gens. L’Ours boucha sa narine :
Il se fût bien passé de faire cette mine,
Sa grimace déplut. Le Monarque irrité
L’envoya chez Pluton faire le dégoûté.
Le Singe approuva fort cette sévérité,
Et flatteur excessif il loua la colère
Et la griffe du Prince, et l’antre, et cette odeur :
Il n’était ambre, il n’était fleur,
Qui ne fût ail au prix. Sa sotte flatterie
Eut un mauvais succès, et fut encore punie.
Ce Monseigneur du Lion-là
Fut parent de Caligula.
Le Renard étant proche : Or çà, lui dit le Sire,
Que sens-tu ? Dis-le-moi : parle sans déguiser.
L’autre aussitôt de s’excuser,
Alléguant un grand rhume : il ne pouvait que dire
Sans odorat ; bref, il s’en tire.
Ceci vous sert d’enseignement :
Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire,
Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère,
Et tâchez quelquefois de répondre en Normand.

Jean de La Fontaine. Livre VII

Fête, « Ah Dieu que la guerre est jolie »

Fête

A André Rouveyre.

Feu d’artifice en acier
Qu’il est charmant cet éclairage
Artifice d’artificier
Mêler quelque grâce au courage

Deux fusants
Rose éclatement
Comme deux seins que l’on dégrafe
Tendent leurs bouts insolemment
IL SUT AIMER
quelle épitaphe

Un poète dans la forêt
Regarde avec indifférence
Son revolver au cran d’arrêt
Des roses mourir d’espérance

Il songe aux roses de Saadi
Et soudain sa tête se penche
Car une rose lui redit
La molle courbe d’une hanche

L’air est plein d’un terrible alcool
Filtré des étoiles mi-closes
Les obus caressent le mol
Parfum nocturne où tu reposes
Mortification des roses

Guillaume Apollinaire – Calligrammes

 

 

 

Objectifs :

  • historique : la 1ère guerre mondiale, les poilus, les tranchées, la der des der, Apollinaire (artilleur, engagé volontaire en 1915)
  • lexical : la fête et la guerre
  • littéraire et poétique : strophe, quatrain, quintil, sizain,  vers, rime (croisée), rythme (octosyllabe), allitération, jeu de mots / comparer le poème avec celui de Marceline Desbordes-Valmore (rose, fleur et couleur)

Le poème par l’acteur Jacques Duby :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=KorXUqiy2vc[/youtube]

Les roses de Saadi

J’ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir.

Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s’en sont toutes allées.
Elles ont suivi l’eau pour ne plus revenir ;

La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée…
Respires-en sur moi l’odorant souvenir.

Marceline Desbordes-Valmore

L’art du portrait (2)

«Portrait de Pouchkine à sa table de travail», par Piotr Kontchalovski (XIXe siècle)

Objectifs :

  • Francophonie : découvrir un poème écrit en français en 1814 par un écrivain russe francophile influencé par le siècle des Lumières
  • CE : lire le portrait en vers d’un des plus grands poètes russes, Alexandre Pouchkine  (1799-1837).
  • PE : écrire à la manière de un portrait de soi-même, en vers(octosyllabes, hexasyllabes)  ou en prose (à partir du squelette : « Vous me demandez mon portrait, … Mon cher, …., Je suis un … Oui,… Ma taille…, J’ai le teint …, les cheveux…, J’aime le …, Je hais …, Après cela mon cher ami, Je veux toujours…, Vrai …, Ma foi, voilà… »)
  • PO : Lire son poème devant la classe

Mon portrait

Vous me demandez mon portrait,
Mais peint d’après nature :
Mon cher, il sera bientôt fait
Quoiqu’en miniature.

Je suis un jeune polisson
Encore dans les classes ;
Point sot, je le dis sans façon
Et sans fades grimaces.

Oui, il ne fut babillard,
Ni docteur en Sorbonne,
Plus ennuyeux et plus braillard
Que moi-même en personne.

Ma taille à celle des plus longs
Las ! n’est point égalée ;
J’ai le teint frais, les cheveux blonds
Et la tête bouclée.

J’aime et le monde et son fracas,
Je hais la solitude ;
J’abhorre et noises et débats
Et tant soit peu l’étude.

Spectacles, bals me plaisent fort,
Et d’après ma pensée
Je dirais ce que j’aime encore
Si je n’étais au Lycée.

Après cela, mon cher ami,
L’on peut me reconnaître ;
Oui, tel que le bon Dieu me fit,
Je veux toujours paraître.

Vrai démon pour l’espièglerie,
Vrai singe pour la mine,
Beaucoup et trop d’étourderie,
Ma foi, voilà Pouchkine.

Pour aller plus loin : rédiger la biographie de l’écrivain à travers les biographies courantes et des articles tels que  l’arrière grand père de Pouchkine était un nègre

L’art du portrait (1): « enseigner le français, c’est mon engagement, ma pensée humaniste de fraternité et de liberté »

Voici un article, issu du FDLM n°409, plein de peps où une professeur de FLE témoigne d’une vie consacrée au FLE, c’est-à-dire à la rencontre, à l’accueil et au don.

Objectifs :  (pour les enseignants ) à l’occasion de la semaine de la Francophonie, du 18 au 26 mars

  • lire un témoignage dynamique qui donne envie d’entrer en cours, de partager la langue, de transmettre un message d’ouverture à l’autre
  • réfléchir sur son parcours, son propre engagement, sur ses pratiques (Cf: photos de la page de droite)

(pour les étudiants)

  • CE : lire un article de presse FLE, qui désacralise l’enseignant par la découverte d’un exceptionnel parcours d’une vie consacrée à la transmission d’une langue et de ses valeurs
  • Lexique : 1) pays et nationalité : retrouver le parcours de Maria Luisa en la suivant pays par pays, année par année ( vie personnelle /  travail / diplômes- si séance en lien avec la rédaction d’un CV) / 2) les expressions idiomatiques (un vrai périple, tomber en amour, un travail de Don Quichotte, prendre du recul, pour de bon)
  • PE : s’interroger sur la place des langues à la manière de Maria Luisa, en complétant la phrase « Je parle en …, mais je …en … »

Rufin et la Passion francophone

Nouvelle à étudier la semaine de la Francophonie, bien sûr !

Lire le début sur passion francophone

Objectifs :

  • CO : comprendre un écrivain et le travail d’écriture en visionnant la vidéo où l’auteur présente son recueil de nouvelles Sept histoires qui reviennent de loin :[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xix162_jean-christophe-rufin-sept-histoires-qui-reviennent-de-loin_news[/dailymotion]
  • CE : lire une nouvelle Passion francophone et comprendre l’essentiel (situation d’énonciation, synthèse), expliquer le titre, faire le lien avec ce qu’en dit Jean-Christophe Rufin dans la vidéo, repérer dans le texte les clichés sur la culture française et les Français
  • PO : s’expimer sur sa propre « passion » francophone, sa propre image de la France et des Français

L’arroseur arrosé ou le piqueur piqué !

Activité pour fêter le 14 février ou au début du mois d’avril, mois consacré à Vénus, déesse de l’amour et du printemps.

Objectifs :

  • littérature : découvrir et comprendre une poésie de la Renaissance / comprendre la redécouverte à cette époque de l’art et de la littérature antique (Anacréon -VIème siècle  et Théocrite -IIIème siècle )
  • diction : réciter quelques quatrains choisis de la poésie (rythme, enjambements, ponctuation, liaison, diérèse et synérèse)
  • interdisciplinarité : étudier en parallèle un tableau de Lucas Cranach, artiste allemand qui a peint la rencontre douloureuse en 1531 et rechercher les topos (lieux communs repris par divers artistes à travers le temps et l’espace) , Cf. Picasso ci-dessus.

Le petit enfant Amour
Cueillait des fleurs à l’entour
D’une ruche, où les avettes
Font leurs petites logettes.

Comme il les allait cueillant,
Une avette sommeillant
Dans le fond d’une fleurette
Lui piqua la main douillette.

Sitôt que piqué se vit,
« Ah, je suis perdu ! » ce dit,
Et, s’en courant vers sa mère,
Lui montra sa plaie amère ;

« Ma mère, voyez ma main,
Ce disait Amour, tout plein
De pleurs, voyez quelle enflure
M’a fait une égratignure ! »

Alors Vénus se sourit
Et en le baisant le prit,
Puis sa main lui a soufflée
Pour guérir sa plaie enflée.

« Qui t’a, dis-moi, faux garçon,
Blessé de telle façon ?
Sont-ce mes Grâces riantes,
De leurs aiguilles poignantes ?

–Nenni, c’est un serpenteau,
Qui vole au printemps nouveau
Avecques deux ailerettes
Ça et là sur les fleurettes.

–Ah ! vraiment je le connois,
Dit Vénus ; les villageois
De la montagne d’Hymette
Le surnomment Mélissette.

Si doncques un animal
Si petit fait tant de mal,
Quand son alène époinçonne
La main de quelque personne,

Combien fais-tu de douleur,
Au prix de lui, dans le cœur
De celui en qui tu jettes
Tes amoureuses sagettes ? »

Pierre de RONSARD,  Odes1550-1552

Avoir « la Haine »

Objectifs :

  • Culturel : visionner des parties sélectionnées d’un film en noir et blanc respectant les règles de la tragédie classique concernant un sujet de société sur les banlieues, La Haine de Mathieu Kassovitz, à mettre en parallèle avec les actualités
  • littérature : respect ou non des règles de la tragédie classique référente (1) les trois unités -d’action, de lieu, de temps- 2) les règles de la bienséance – pas de scène violente- pas de langage familier- les personnages sont de dignes aristocrates, 3) attente anxieuse du dénouement, 4) spectacle douloureux du malheur vécu par les personnages, 5) lutte de l’homme contre son destin, 6) intrusion de récit qui raconte les événements (journaux télévisés ici) 7) Chez Racine, la haine triomphe dans le crime
  • CE / EO : lire et comprendre un texte d’actualité (bavure policière, droit, contrôle d’identité, banlieue, immigration…) et s’exprimer sur les difficultés, toujours égales 20 ans après, de faire respecter la loi par les policiers eux-mêmes au sein de « banlieues », zones de non-droit dans l’imaginaire collectif français

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=vEcr7Ao6FrA[/youtube]

Nuit plus calme à Aulnay-sous-Bois, des incidents dans d’autres villes de Seine-Saint-Denis

Sur Le Nouvel Observateur, 08/02/2017 : Théo veut empêcher la Haine à Aulnay-sous-Bois

Théo, victime d’un viol présumé lors d’une arrestation brutale, a appelé les jeunes de son quartier à ne « pas faire la guerre » et à « rester unis ».

Pour la première fois depuis samedi, la nuit a été « globalement » calme à Aulnay-sous-Bois, mais des incidents ont eu lieu dans plusieurs communes de Seine-Saint-Denis, où 17 personnes ont été interpellées.

François Hollande s’est rendu mardi 7 février au chevet de Théo, victime d’un viol présumé lors d’une arrestation brutale jeudi, à l’hôpital d’Aulnay-sous-Bois.

Le chef de l’Etat, resté une demi-heure avec le jeune homme de 22 ans et plusieurs membres de sa famille, a expliqué qu’il entendait par sa présence « souligner combien » Théo, un « jeune qui avait toujours été connu pour [son] comportement exemplaire », « avait réagi avec dignité et avec responsabilité après ce qui lui est arrivé ».

D’une voix fatiguée, Théo a exhorté les jeunes à ne « pas faire la guerre » et à « rester unis », affirmant avoir « confiance en la justice ».

« Ma ville, vous savez que je vous aime beaucoup. J’aimerais bien la retrouver comme je l’ai laissée, s’il vous plaît les gars. Donc les gars, stop à la guerre », a-t-il ajouté.

Dans une allusion aux violences qui se sont produites les trois nuits précédentes dans la cité des 3.000, où des policiers menacés ont procédé à des tirs de sommation à balles réelles, il a dit vouloir retrouver sa ville « comme il l’avait laissée ».

« Il est démoli »

17 jeunes seront présentés mercredi à la justice, parmi lesquels onze mineurs, pour la plupart soupçonnés d’avoir préparé des attaques contre les forces de l’ordre lors de ces échauffourées.

Selon le récit de Théo, qui a fait état de « coups », de crachats et d’insultes lors de son interpellation, un des fonctionnaires lui a « enfoncé volontairement » une matraque dans les fesses. Dimanche, un des policiers, âgé de 27 ans, a été mis en examen pour viol et ses trois collègues de 24, 28 et 35 ans pour violences volontaires en réunion. Les quatre hommes ont été suspendus.

Le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, a réclamé mardi « la plus grande fermeté » quand « il y a des manquements graves » des forces de l’ordre.

Selon son avocat Eric Dupont-Moretti, le jeune homme « va très mal, comme un gamin qui a été violé ».

« Physiquement, il y a des dégâts qui sont considérables : il porte une poche, on ne sait pas si c’est définitif ou provisoire. Le colon a été touché […]. Psychologiquement, il est démoli », a-t-il dit à BFMTV.

En soutien à Théo, plusieurs centaines de personnes ont manifesté mardi à Paris en début de soirée dans une ambiance tendue, encerclées par des dizaines de policiers casqués. Six personnes ont été interpellées en marge de ce rassemblement et « quelques petits groupes épars se sont livrés à quelques dégradations », selon une source policière.

Dispositif policier renforcé

Aux 3.000, dans la nuit de lundi à mardi, des policiers, pris à partie, ont dû tirer en l’air à balles réelles, ont indiqué des sources policières.

Les fonctionnaires se sont retrouvés face a des individus « très déterminés », « armés de boules de pétanque, de barres de fer et de cocktails Molotov », a détaillé Didier Dos Santos, du syndicat Unité-SGP. « Isolés », « ils n’ont pas eu d’autre choix que de faire usage de leur arme », a-t-il ajouté.

Selon des sources policières, entre cinq et dix véhicules ont été incendiés et deux restaurants, des véhicules de police et de secours dégradés. Durant le week-end, des incidents avaient déjà eu lieu.

Ces « émeutes » ont été dénoncées mardi par la candidate FN à la présidentielle, Marine Le Pen.

Un terme récusé par le maire LR d’Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza.

« Pour le moment, il s’agit de troubles à l’ordre public », a dit cet ancien policier.

D’autres incidents dans le 93

Dans la nuit de mardi à mercredi, des incidents ont eu lieu dans plusieurs communes de Seine-Saint-Denis.

A Tremblay-en-France, une dizaine de personnes, dont plusieurs enfants, ont été intoxiquées au monoxyde de carbone après le jet d’un cocktail Molotov dans un bâtiment. Leurs pronostics vitaux ne sont pas engagés.

Un chauffeur de bus a été aussi légèrement blessé à l’occasion d’un jet d’objet incendiaire « dans les environs de Clichy »(sous-Bois), a indiqué une source policière.

Le poste de police municipale de Tremblay-en-France a également été dégradé, selon cette même source, qui a ajouté que de « nombreux » véhicules et poubelles avaient été incendiés « dans plusieurs villes ».

Au petit matin, le bilan faisait état de 17 interpellations.

L’origine du monde : la Genèse

Objectifs :

  • Littérature : lire un texte fondateur des cultures juive, chrétienne et occidentale
  • lexique : vocabulaire de la nature, de la faune et de la flore
  • PO : science et religion, exogénèse – comparer l’explication des origines en visionnant le court-métrage de R. Mans et la Genèse
« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.La terre était informe et vide ; il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux.Dieu dit : « Que la lumière soit ! » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres. Dieu appela la lumière « jour », et il appela les ténèbres « nuit ». Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le premier jour.Dieu dit : « Qu’il y ait une étendue entre les eaux, et qu’elle sépare les eaux d’avec les eaux. » Et Dieu fit l’étendue, et il sépara les eaux qui sont au-dessous de l’étendue d’avec les eaux qui sont au-dessus de l’étendue. Et cela fut ainsi. Dieu appela l’étendue « ciel ». Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le deuxième jour.Dieu dit : « Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec apparaisse. » Et cela fut ainsi. Dieu appela le sec « terre », et il appela la masse des eaux « mers ». Dieu vit que cela était bon. Puis Dieu dit : « Que la terre produise de la verdure, de l’herbe et des arbres fruitiers et qu’ils aient en eux leur semence pour se reproduire. » Et cela fut ainsi. La terre produisit de la verdure, de l’herbe et des arbres fruitiers ayant en eux leur semence pour se reproduire. Dieu vit que cela était bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le troisième jour.Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires dans l’étendue du ciel, pour séparer le jour d’avec la nuit ; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années ; et qu’ils servent de luminaires dans l’étendue du ciel, pour éclairer la terre. » Et cela fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand pour présider au jour, et le plus petit pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça dans l’étendue du ciel, pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d’avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le quatrième jour.[Le cinquième jour, Dieu créa les animaux de la mer et du ciel.]Dieu dit : « Que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des animaux terrestres, selon leur espèce. » Et cela fut ainsi. Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon leur espèce et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.Puis Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il commande les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les reptiles qui rampent sur la terre. » Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. Dieu les bénit, et leur dit : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et commandez-la. » […] Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le sixième jour.[…] Dieu acheva au septième jour son œuvre, il se reposa au septième jour de toute son œuvre. Dieu bénit le septième jour et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son œuvre qu’il avait créée.Voici les origines des cieux et de la terre, quand ils furent créés. »

[vimeo]https://vimeo.com/103389185[/vimeo]

« Homo sum » : l’amour d’un père pour sa fille

Demain, dès l’aube…

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor Hugo, Les Contemplations (1856)

Objectifs :

  • littérature 1° la poésie classique : vers (alexandrin, hémistiche, césure) / figures de style (répétition, anaphore, comparaison, métaphore, synecdoque, énumération ) / champ lexical de la souffrance et homophonie / lyrisme et deuil
  • littérature 2° l’autobiographie versifiée : le poète Victor Hugo et la fin tragique de sa fille Léopoldine, sur les bords de la Seine en Normandie / « je » et « tu », la douleur personnelle est universelle
  • lexical et grammatical : CCT, futur proche, vocabulaire de la nature
  • PO : à partir du poème de V. Hugo, s’exprimer sur les sentiments du père puis de la femme qui sauve la fillette à la fin du court-métrage Cargo  de B. Howling et Y. Ramke (2013) où un père mordu par un zombi veut libérer sa fille de son destin de mort vivant

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=gryenlQKTbE[/youtube]

Moby Dick, le cachalot blanc

Objectifs :

  • Francophonie et initiation aux grands classiques de la littérature : lire trois extraits de Moby Dick, célèbre roman d’aventures du XIXème siècle, de Herman Melville, qui a inspiré, au XXème Albert Camus dans La Peste  – Pistes d’étude sur séquence Moby Dick
  • CE : vocabulaire de la mer,  de la pêche / identifier un personnage, Achab, ni « gentil » ni « méchant », héros qui évolue tout au long du récit – A lire: l’article de Bruce Barcott (The NY Times)comment la baleine a fait l’Amérique, in BOOKS n°78
  • arts visuels et EO : comparer avec le court-métrage  » The Leviathan » de Ruairi Robinson / quels points communs ? quelles différences ? dues à quoi ? / mythologie : qu’est ce que « le léviathan » ? quel rapport avec le film de Robinson et le roman de Melville ?

[vimeo]https://vimeo.com/122368314[/vimeo]

Extrait 1 :

 » Cette nuit-là, lors du quart de minuit à quatre heures, lorsque le vieillard – comme il le faisait parfois – sortit de l’écoutille où il s’appuyait et regagna son trou de tarière, il leva soudain le visage avec âpreté en humant l’air du large comme un chien de bord perspicace à l’approche d’une île barbare. Il déclara qu’il devait y avoir une baleine non loin. Toute la bordée sentit bientôt cette odeur particulière que le cachalot vivant répand souvent à une grande distance et aucun matelot ne fut surpris lorsque après avoir consulté le compas, puis le penon, et s’être assuré aussi précisément que possible de la direction d’où venait l’odeur, Achab donna rapidement l’ordre de changer légèrement le cap et de diminuer de voiles.
La ligne de conduite avisée, dictant cette manœuvre, se justifia pleinement au lever du jour qui révéla, à l’avant, une longue bande lisse horizontale, onctueuse comme de l’huile, et qui ressemblait, entourée comme elle l’était de risées, au revolin rapide, poli comme un métal, qui se forme à l’embouchure des grands fleuves.
– Aux postes de vigie ! Tout le monde sur le pont !
Sur le pont du gaillard d’avant, Daggoo fit un tel tonnerre avec le bout de trois anspects réunis, il éveilla les dormeurs avec un tel fracas de jugement dernier qu’ils semblèrent rejetés par l’écoutille tant ils apparurent avec promptitude, leurs vêtements à la main.
– Que voyez-vous ? cria Achab le visage renversé vers le ciel.
– Rien, rien, sir ! fut la réponse qui tomba d’en haut.
– Les perroquets !… les bonnettes ! Hautes et basses sur les deux bords !
Toute la toile établie, il largua la sauvegarde destinée à le hisser au mât de grand cacatois. Il était au deux tiers de son ascension lorsque, regardant dans l’espace vide séparant le grand perroquet du grand hunier, il poussa un cri de goéland :
– La voilà qui souffle ! La voilà qui souffle ! Une bosse comme une colline neigeuse ! C’est Moby Dick ! »

Extrait 2 :

 » Achab avait raison, dans l’impétuosité de leur impatience, les hommes avaient pris autre chose pour souffle, comme on l’allait voir, car à peine Achab avait-il atteint son perchoir, à peine l’estrope était-elle amarrée au cabillot du pont qu’il donna l’accent tonique d’un orchestre qui retentit comme une décharge d’artillerie. Trente poumons de cuir lancèrent ensemble un cri de triomphe cependant que – beaucoup plus près du navire que le souffle imaginaire, à moins d’un mille sur l’avant – Moby Dick en personne apparut ! Et ce n’était pas par des souffles calmes et indolents, ni par le paisible jaillissement de sa course mystique, que la Baleine blanche révéla sa présence, mais par le phénomène beaucoup plus étonnant du saut. Montant des profondeurs à sa plus extrême vitesse, le cachalot projette ainsi sa masse tout entière à l’air libre, et la montagne d’écume éblouissante qu’il a soulevée le dénonce à une distance de sept milles et plus. En de pareils moments, sur les vagues furieusement arrachées qu’il secoue, ce saut parfois est un défi.
– La voilà qui saute ! la voilà qui saute ! fut le cri qui accompagna les incommensurables bravades de la Baleine blanche se lançant vers le ciel comme un saumon. Si brusquement surgie dans la plaine bleue de la mer et projetée sur le bleu encore plus intense du ciel, l’écume qu’elle avait soulevée brilla de façon insupportable, aussi aveuglante qu’un glacier, puis son éblouissante intensité s’atténua progressivement jusqu’à n’être plus que la brume indistincte qui, dans la vallée, annonce une averse.
– Oui, accomplis ton dernier saut vers le soleil, Moby Dick ! s’écria Achab, ton heure est venue et ton harpon est prêt ! Tous en bas, sauf un homme au mât de misaine. Les baleinières ! Parés!
Dédaigneux des fastidieuses échelles de corde, les hommes, tels des étoiles filantes, glissèrent au pont par les galhaubans et les drisses, cependant que de manière moins foudroyante, quoique prompte, Achab était descendu de son perchoir.
– Les pirogues à la mer ! cria-t-il dès qu’il eut atteint la sienne, une baleinière de rechange gréée l’après-midi précédent. Monsieur Starbuck, le navire est à toi… tiens-toi à l’écart des pirogues, mais ne t’en éloigne pas non plus. Débordez tous ! »

Extrait 3 :

 » La Baleine blanche, la Baleine blanche ! s’écriaient à qui mieux mieux le capitaine, les seconds et les harponneurs, nullement ébranlés par les rumeurs inquiétantes qui couraient à son sujet et également anxieux de prendre un poisson si célèbre et si précieux, tandis que l’équipage maussade regardait de travers, et en la maudissant, la repoussante beauté de cette grande forme laiteuse qui, illuminée par les paillettes d’un soleil horizontal, se mouvait en scintillant, vivante opale dans le matin bleu de la mer. Messieurs, les événements se déroulèrent selon une étrange fatalité, comme s’ils avaient été tracés sur la carte du monde avant même la naissance de la terre. Le mutin était premier rameur à bâbord dans la baleinière du second, il était donc assis à ses côtés lorsqu’il se trouvait à l’avant avec sa lance et devait haler ou filer la ligne au commandement. De plus, lorsque les quatre pirogues furent mises à la mer, celle du second se trouva en tête, et personne n’eut un hurlement de joie aussi féroce que Steelkilt tandis qu’il peinait à son aviron. Après avoir nagé vigoureusement, leur harponneur piqua et, la lance à la main, Radney bondit à l’avant. Il entrait toujours en fureur, semblait-il, dès qu’il était dans une baleinière. Et le cri qui traversait son bandage demandait qu’on l’amenât sur le dos même du cachalot. Sans se faire prier, son tireur l’amena toujours plus près, à travers une écume aveuglante qui mêlait deux blancheurs, jusqu’à ce que soudain la pirogue donnât comme sur un récif, penchât et projetât à la mer le second qui était debout. Il tomba aussitôt sur le dos glissant de la baleine, la pirogue se redressa et fut jetée de côté par le remous, tandis que Radney se débattait dans la houle sur l’autre flanc du monstre. Il émergea de l’écume et on l’aperçut un instant indistinctement à travers ce voile, luttant sauvagement pour se dérober au regard de Moby Dick. Mais la baleine fit brutalement volte-face et, soulevant un soudain tourbillon, saisit le nageur dans ses mâchoires, se dressa sur l’eau en le brandissant, piqua à nouveau droit devant elle et sonda.
Cependant, au premier heurt de la pirogue, l’homme des Lacs avait filé la ligne de façon à se trouver à l’arrière du maelström, il observa tranquillement la scène, considérant ses propres pensées. Mais une secousse brusque et terrifiante fit plonger du nez la pirogue ; tirant rapidement son couteau, il coupa la ligne, et la baleine fut libre. Mais à quelque distance de là on vit réapparaître Moby Dick, des lambeaux rouges de la chemise de Radney accrochés dans les dents qui l’avaient dévoré. Les quatre baleinières continuèrent à lui livrer la chasse, mais le cachalot les évita puis enfin disparut tout à fait. »

Détail du tympan de Sainte-Foy-de Conques (Moyen-Age)

Pour ceux qui préfèrent le texte en anglais  : version audio

Le serpent qui danse

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=FyAVDGSSxj4[/youtube]

Objectifs :

  • littéraire : poésie ( vers hétérométriques, strophes, quatrains, rimes), champs lexicaux du corps et de l’exotisme, métaphore filée de l’eau
  • culturel : poème mis en chanson par Serge Gainsbourg dont les chansons érotiques sont un hymne à la femme-enfant, à la beauté, à l’ambivalence et au pouvoir féminins

Le serpent qui danse de Charles Baudelaire, in Les Fleurs du Mal

Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L’or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
Belle d’abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d’enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s’allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l’eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l’eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de bohème,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon cœur !

« Un homme, ça peut être détruit, mais pas vaincu »

Le vieil homme et la mer

Un court-métrage d’Alexandre Petrov, qui a reçu de nombreux prix, dans une adaptation à la peinture à huile (!) du roman d’Hemingway.

Une superbe introduction au roman Le vieil Homme et la Mer dont l’auteur, prix Nobel de littérature, nous laisse savourer une langue et un  message universel accessibles : la fin nous montre un retour de pêche sans poisson qui pourrait représenter une défaite pour Santiago le pêcheur, mais une victoire pour Manolin, le jeune garçon. Ainsi l’homme « peut être détruit, mais pas vaincu ».

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x1geg6_le-vieil-homme-et-la-mer_shortfilms[/dailymotion]

Objectifs :

  • CE : lire le roman ou des extraits suivant le schéma narratif (la situation initiale, l’élément déclencheur, le déroulement, le dénouement et la situation finale)-Cliquer pour lire le texte hemingway_levieilhommeetlamer_fbon
  • CO : DELF B2+ écouter une émission radio résumant le roman Europe1 la victoire dans la défaite du 20 aout 2013 avec interview de Yann Queffélec
  • PE / rédiger un texte argumentatif : l’aventure du vieil homme se termine-t-elle par une défaite ou par une victoire ? Recherchez arguments et exemples dans le livre.
  • PO : expliquer le succès mondial de cette œuvre d’un américain en visionnant les deux films d’animations proposés (celui de Petrov, français et celui de Marcel Schindler, allemand) et en écoutant un court extrait (10 mn) audio INA / analyser ces différentes interprétations
  • Sortir : aller au spectacle de et avec Marie-Christine Barrault spectacle NDS Istanbul

[vimeo]https://vimeo.com/39473645[/vimeo]

« Quelle connerie la guerre ! », Prévert

Rappelle-toi !

Rappelle-toi, Barbara !

Les bombes détruisent allégrement Alep, Palmyre, Kobané et Homs …Elles ont détruit Brest lors de la deuxième guerre mondiale.

L’humanité ne retient donc pas les souffrances du passé ? L’antimilitarisme n’a donc été remplacé que par l’indifférence ?

Jacques, toi le poète, à quoi peut donc servir ton poème ? Tu as dénoncé la guerre, les morts civiles. Tu as chanté l’amitié entre inconnus, le respect pour l’amour que chacun porte en soi. Vois, comme tu es écouté !

De ta poésie, n’a-t-on retenu que la pluie qui se déverse dans les rues ? de « dénudé », es-tu donc devenu un poète rhabillé ?

Objectifs :

  • PO / actualités  : parler de la guerre, des souffrances et de l’amitié qui lient tous les humains
  • culturel : le poète engagé au XXème siècle, la 2ème guerre mondiale
  • CE : lire un poème en vers libre ( strophe, vers, rime / énumération, comparaison, métaphore, paronomase / champs lexicaux de l’amour, de l’amitié, de la destruction, de la souffrance, du souvenir)

Écouter le poète, une voix bien émouvante, plus peut-être que les chansons trop douces, trop tristes même, d’Yves Montand ou des Frères Jacques :

Barbara de Jacques Prévert

Rappelle-toi Barbara

Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là

Et tu marchais souriante

Épanouie ravie ruisselante

Sous la pluie

Rappelle-toi Barbara

Il pleuvait sans cesse sur Brest

Et je t’ai croisée rue de Siam

Tu souriais

Et moi je souriais de même

Rappelle-toi Barbara

Toi que je ne connaissais pas

Toi qui ne me connaissais pas

Rappelle-toi

Rappelle-toi quand même ce jour-là

N’oublie pas

Un homme sous un porche s’abritait

Et il a crié ton nom

Barbara

Et tu as couru vers lui sous la pluie

Ruisselante ravie épanouie

Et tu t’es jetée dans ses bras

Rappelle-toi cela Barbara

Et ne m’en veux pas si je te tutoie

Je dis tu à tous ceux que j’aime

Même si je ne les ai vus qu’une seule fois

Je dis tu à tous ceux qui s’aiment

Même si je ne les connais pas

Rappelle-toi Barbara

N’oublie pas

Cette pluie sage et heureuse

Sur ton visage heureux

Sur cette ville heureuse

Cette pluie sur la mer

Sur l’arsenal

Sur le bateau d’Ouessant

Oh Barbara

Quelle connerie la guerre

Qu’es-tu devenue maintenant

Sous cette pluie de fer

De feu d’acier de sang

Et celui qui te serrait dans ses bras

Amoureusement

Est-il mort disparu ou bien encore vivant

Oh Barbara

Il pleut sans cesse sur Brest

Comme il pleuvait avant

Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé

C’est une pluie de deuil terrible et désolée

Ce n’est même plus l’orage

De fer d’acier de sang

Tout simplement des nuages

Qui crèvent comme des chiens

Des chiens qui disparaissent

Au fil de l’eau sur Brest

Et vont pourrir au loin

Au loin très loin de Brest

Dont il ne reste rien.

Le Tour du Monde en 72 jours

«  Amiens, 25 janvier
Jamais douté du succès de Nellie Bly, son intrépidité le laissait prévoir.
Hourra ! Pour elle et pour le directeur du World !
Hourra ! Hourra !  »

(Jules Verne dans l‘Echo de la Somme, journal qui a publié plusieurs de ses nouvelles)

Objectifs :

  • CE : lire l’article ci-dessous et répondre aux questions essentielles : qui est Nelly Bly ? quelles sont ses qualités, notamment celles nécessaires au journalisme ? quelle vision a-t-elle de son métier ? quelle différence entre journaliste, reporter et journaliste d’investigation ? à quelles difficultés est-elle confrontée ?
  • PO : réfléchir sur le rôle du journaliste, sa neutralité, son engagement / à mettre en rapport avec les difficultés des journalistes dans certaines parties du monde : quelles menaces ? quelles conséquences ? quelles qualités sont alors nécessaires ?
  • Littérature : comprendre le lien entre Jules Verne et Nelly Bly

Texte : Nellie Bly

Elizabeth Jane Cochrane, dite Nellie Bly est née le 5 mai 1864 à Cochran’s Mills dans le Comté d’Armstrong (Pennsylvanie) et morte le 27 janvier 1922 à New York. Figure légendaire de la presse américaine, première femme à avoir réalisé un tour du monde sans être accompagnée par un homme pour les besoins d’un reportage. L’intrépide Nellie Bly, pionnière du reportage clandestin, fait de l’infiltration sa marque de fabrique, que ce soit dans un asile ou dans une fabrique de conserves.

La journaliste d’investigation vers 1880 :

Nellie_Bly_2

En plein essor du journalisme embarqué, dépêcher un reporter pour battre un record fictif du tour du monde était une bonne idée. Envoyer une femme en était une meilleure encore. Lorsque Nellie Bly entreprend sa circumnavigation en novembre 1889 pour le journal New York World, elle part seule, chargée d’un unique sac à main de voyage. Son objectif : coiffer au poteau Phileas Fogg, le héros britannique du roman de Jules Vernes, Le Tour du monde en 80 jours. Costume de voyage – cape, veste bleue à col haut, jupe, long manteau de tartan et mallette de cuir –, Nellie Bly boucle en 72 jours une ode à l’audace et à la détermination sans jamais se départir de son impeccable autodérision. Après 10 jours dans un asile, le succès inouï de cette nouvelle aventure consacre Nellie Bly comme figure de la lutte pour l’émancipation des femmes et pionnière du journalisme d’investigation.

« Comment m’est venue cette idée ? Remonter aux origines des idées peut parfois s’avérer compliqué. Elles sont le combustible même des journalistes, une denrée malheureusement trop rare sur le marché… mais pas impossible à dénicher. Celle-ci m’est apparue un beau dimanche après que j’eus passé la journée puis une bonne partie de la nuit à ferrer un sujet. J’avais l’habitude de me creuser la tête le dimanche et de soumettre le résultat au bon vouloir de mon rédacteur en chef le lendemain. Or ce jour-là, rien n’avait surgi à mon esprit et à trois heures du matin j’étais encore à me tourner dans mon lit épuisée et migraineuse. Agacée par mon manque d’imagination, je finis par me désespérer : Qu’est-ce que j’aimerais être à l’autre bout de la planète !… Tiens, mais pourquoi pas ? songeai-je. Des vacances me feraient le plus grand bien… je pourrais entreprendre un tour du monde ! »

© DR

Heureux qui comme Ulysse …

Ulysse, Jason, Joachim du Bellay, des voyageurs heureux de « retourn(er) vivre entre (leurs) parents le reste de (leur) âge » !

Ulysse et les sirenesmosaïque romaine, Bardo, Tunis

Objectifs :

  • la biographie de Joachim du Bellay et sa rencontre avec Pierre de Ronsard avec qui il fonda La Pléiade / voyage à Rome où il découvre une ville débauchée : la mythique Rome
  • littérature : le sonnet : poème à forme fixe de la Renaissance de deux quatrains et deux tercets
  • mythologie : deux héros voyageurs de la mythologie grecque : Ulysse et Jason
  • analyse textuelle : a) la mélancolie : douleur nostalgique  b) l’opposition et le contraste : la grande Rome ne peut rivaliser face au petit village natal
  • PO / PE : l’humanisme : la vie est-elle un voyage ? le voyage est-il une quête ?

jasontoison

Jason apportant la toison à son oncle Pélias, peinture, IV s. avt J-C

Le musée de Liré, village natal du poète : musée Joachim du Bellay

Un élève a tellement apprécié ce texte et sa mise en musique par Ridan qu’il en a fait un remix ! à voir et à écouter :[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=WefxVZLhm9U[/youtube]

Le Compagnon de George Sand

Lire un roman oublié de George Sand, peut-être caché derrière ses romans champêtres ?

poche

Le Compagnon du Tour de France (à lire ici : sand_compagnon_tour_de_france) a toute sa place dans une séquence sur le travail dans la littérature.

Objectifs :

  • CE : 1) lire un roman  du XIXème siècle, socialiste humanitaire 2) étudier l’argumentation dans le discours à partir d’un extrait le monde du travail G Sand
  • CO et culture française : le compagnonnage, l’artisan dans la société française avec l’interview de Gérard Depardieu par Jean-Michel Djian sur France Culture dans l’émission A Voix Nue du  4 mars 2013 (à écouter sur Depardieu à voix nue)

djiandepardieu

  • CO : voir un film de Rachid Djaïdani, avec Gérard Depardieu et le rappeur Sadek, dont le titre, à peu près similaire, parle d’une France d’aujourd’hui, humaniste et tolérante, où les générations et les différentes classes tentent de vivre dans la fraternité. [youtube]https://www.youtube.com/watch?v=w8Qeo0co62M[/youtube]

Le Louvre par Will.i.am

Objectifs :

  • PO / francophonie : réfléchir sur le rayonnement de la France dans le monde (la culture, la mode, l’amour et la séduction …)
  • CE : lire l’article consacré à l’artiste au Louvre (avec une intéressante visite guidée du célèbre musée) sur Will.iam dévoile son clip
  • interdisciplinarité – 1) avec l’enseignant d’anglais : traduire le texte de l’anglais au français et s’interroger sur le lien entre Mona Lisa et la mode selon le narrateur – 2) avec l’enseignant d’histoire de l’art ou des arts plastiques : repérer les différents tableaux présents dans le clip

Mona Lisa Smile de Will.i.am :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=0o41WCg4ypU[/youtube]

Let me tell you about my girlfriend,
Permets-moi de te parler de ma petite amie
My girlfriend Mona Lisa,
Ma petite amie Mona Lisa
She let somebody take a picture
Elle a laissé quelqu’un prendre une photo
So she can be a fashionista
Ainsi, c’est peut-être une fashionista

She said she wanna be a model
Elle a dit qu’elle voulait être modèle
But what she wanna be a model for?
Mais est-ce qu’elle deviendra modèle un jour?
She told me that she want to travel
Elle m’a dit qu’elle voulait voyager
Walk the rumors in Milano
Faire marcher les rumeurs à Milan

But I tell her that I loved her
Mais je lui ai dit que je l’aimais
Adored her, I need her, my Lisa.
Que je l’adorais, j’ai besoin d’elle, ma Lisa
She told me trust her,
Elle m’a dit de la croire
I want to, I wanna trust her
Je le veux, je veux lui faire confiance

And I don’t know why it hurts me, it hurts me, it hurts me
Et je ne sais pas pourquoi ça me fait mal,
I get jealous when she workin’, workin’, workin’
Je deviens jaloux quand elle travaille
All the fellas they be lookin’, lookin’, lookin’
Tous les mecs qui la regardent
They lookin’ at my Lisa, Lisa, Lisa
Ils regardent ma Lisa

Let me tell you about my baby,
Permets-moi de te parler de ma chérie
My baby Mona Lisa.
Ma chérie Mona Lisa
She told me that I’m acting crazy,
Elle m’a dit que j’étais complètement fou
She said I need to free her
Elle m’a dit que je devais la laisser un peu tranquille

She said she feel like she in prison
Elle a dit qu’elle se sentait en prison
But why she feel like she in prison?
Mais pourquoi se sent elle en prison?
We always going to the ocean side
Nous allons toujours du côté de l’océan
And a mountain top we be living a good living
Et au sommet de la montagne, nous pouvons vivre heureux

She wanna be a model and travel
Elle veut être modèle et voyager
And walk in the rumors of Milano.
Et faire marcher les rumeurs à Milan
She says I’m jealous, I know I’m jealous,
Elle dit que je suis jaloux, je le sais, je suis jaloux
Because I want her only for me and not them fellas
Car je la veux rien que pour moi et pas la partager avec ces mecs

And it hurts me, hurts me, hurts me,
Et ça me blesse,
All the time she be workin’, workin’, workin’,
Elle travaille tout le temps
Them boys be flirtin’, flirtin’, flirtin’,
Ces mecs flirtent
Flirting with my Lisa, Lisa, Lisa
Ils flirtent avec ma Lisa

Smile for me Mona Lisa, Lisa,
Souris pour moi Mona Lisa !

La Marquise de Molière, Racine et Corneille

« Vous ne passerez pour belle – Qu’autant que je l’aurai dit » Corneille

Apprécier la littérature en chantant ? C’est possible grâce à  Georges Brassens qui nous chante Marquise, à écouter :  Marquise par Brassens.

Ainsi, belle Marquise – alias Mademoiselle Du Parc-  après les frères Corneille, tous deux amoureux de la comédienne de la troupe de Molière, après Jean Racine, qui a créé pour elle le rôle-titre de son Andromaque , et après encore d’autres illustres … oui, l’éternellement jeune et jolie Marquise,  fait toujours tourner les têtes !

Tout en écoutant, lire les Stances de Pierre Corneille, suivies de l’impertinente réponse de « Marquise », imaginés par le grand humoriste Tristan Bernard (en caractères noirs) :

Marquise si mon visage

A quelques traits un peu vieux

Souvenez-vous qu’à mon âge

Vous ne vaudrez guère mieux

Le temps aux plus belles choses

Se plaît à faire un affront,

Et saura faner vos roses

Comme il a ridé mon front.

Le même cours des planètes

Règle nos jours et nos nuits :

On m’a vu ce que vous êtes;

Vous serez ce que je suis.

[Cependant j’ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n’avoir pas trop d’alarmes
De ces ravages du temps.
Vous en avez qu’on adore ;
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.
Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux,
Et dans mille ans faire croire
Ce qu’il me plaira de vous.
Chez cette race nouvelle,
Où j’aurai quelque crédit,
Vous ne passerez pour belle
Qu’autant que je l’aurai dit.
Pensez-y, belle marquise.
Quoiqu’un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu’on le courtise
Quand il est fait comme moi.]
Peut-être que je serai vieille

     Répond Marquise, cependant

     J’ai vingt-six ans mon vieux Corneille   

     Et je t’emmerde en attendant

Fantastique Dumas !

On  réduit souvent l’œuvre de Dumas aux Trois Mousquetaires, au Comte de Monte Cristo et à La Tulipe noire… Pourtant, cet auteur prolifique est aussi un fantastique écrivain de romans, théâtre et nouvelles … fantastiques.

omnibus5851-2002

Pour découvrir une atmosphère troublante, une intrigue dramatique, des situations coquasses et surnaturelles, sans mièvrerie,  à la fois très dumasiennes (il y met aussi beaucoup de lui-même) et romantiques, il faut lire Le Meneur de Loups et autres récits fantastiquesDumas-recits et Dumas_Les_mille_et_un_fantomes

Surtout, cela nous emporte à la fois si près et si loin des écrivains d’œuvres fantastiques habituellement étudiés, Maupassant et son Horla, Balzac et sa Peau de Chagrin, Le K de Dino Buzzati, Gauthier et La Morte amoureuse, sans oublier La Métamorphose de Kafka et les Histoires extraordinaires de Poe  !

La 7ème poule

[vimeo]https://vimeo.com/96887950[/vimeo]

Un court-métrage, dont le scénario est inspiré de la nouvelle du même nom, de Saki (pseudo de Hector Hugh Munro).

“Ne vous attendez pas à ce qu’un garçon soit dépravé tant qu’il n’a pas été envoyé dans une bonne école.” Saki

Objectifs :

  • francophonie : découvrir un auteur britannique de nouvelles (dont l’ironie grinçante so british rappelle celle d’Oscar Wilde), engagé volontaire en France, qui meurt en fin de bataille de la Somme le 13 novembre 1916.
  • lire une nouvelle : The 7th pullet (1914)
  • étudier un court-métrage : (puiser dans les activités essentielles du blog du même nom !)
  • PE : Comprendre et rédiger une critique : Comprendre-et-rédiger-une-critique-de-cinéma.

Profitons du début d’année scolaire pour déguster Saki sans modération !

  • comparer deux personnages ou anti-héros  : *  Monsieur B, « un homme aigri et éteint qui rêve secrètement de pouvoir exister dans les yeux de ses compagnons de train comme un être intéressant et divertissant » * et Monsieur Sim, « un homme qui n’a aucun intérêt. C’est du moins ce qu’il pense de lui-même. Il profite d’un voyage professionnel pour revoir les visages de son enfance, sa fille, et faire d’étonnantes découvertes qui vont le révéler à lui-même. »

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=tLn2xGyngSs[/youtube]

Plus d’infos sur les films et courts-métrages français : unifrance.org

Du pays des Amazones aux îles Indigo

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=GT3NBRwCEEo[/youtube]

lire Du pays des Amazones aux îles Indigo – Atlas des géographes d’Orbae de François Place, Éditons Casterman/Gallimard

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carte du golfe de Candâa, François Place, Du Pays des Amazones aux îles Indigo, 2000, p. 41.

Objectifs :

  • s’initier aux espaces géographiques : lecture de cartes, de paysages à l’aide de cet article incroyable : perception des espaces
  • lire des légendes, des images
  • imaginer une histoire à partir d’une image extraite de l’Atlas ou du superbe site de François Place

Présentation par l’éditeur : Suivant une progression alphabétique, François Place a choisi de nous faire découvrir un atlas inconnu. Neuf histoires, épiques ou poétiques, proches des récits de voyages ou des contes vont présenter chacune un pays imaginaire. Le lecteur voyageur se laisse envoûter à chaque escale, attiré qu’il est par la nouveauté et l’étrangeté d’un monde si différent du sien. La magie règne dans l’invitation au voyage comme dans l’utilisation des mots, des dessins, des couleurs. De superbes aquarelles accompagnent chaque expédition et de minutieux dessins se rajoutent à la fin du récit de chacune en complément d’informations. L’illusion est totale, et le rêve s’enracine en offrant de multiples lectures, preuve que le voyage est réussi ! Un très bel ouvrage hors du temps qui va combler bien des lecteurs-rêveurs, jeunes et moins jeunes, et leur donner l’envie de poursuivre le voyage avec les deux prochains volumes annoncés… jusqu’à la lettre Z.

La Fontaine, je boirai de ton eau

En ce début d’année, plongeons dans La Fontaine et désaltérons-nous de son eau vive !

Objectifs :

  • découvrir l’écrivain : le film extrait de la série « Écrivains témoins de leur temps » raconte la vie de l’écrivain notamment à la cour de Louis XIV. Il présente aussi son œuvre littéraire très riche et ses fables si célèbres que leur morale appartient aujourd’hui à la sagesse populaire. in La Fontaine, sa vie a la cour
  • découvrir, comprendre et apprendre par cœur une fable, une strophe, une morale de La Fontaine
  • diction : dire un texte littéraire (s’inspirer de la formidable leçon de Fabrice Luchini)

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=gfbboranEQk[/youtube]

La cigale et la fourmi chantée par Charles Trenet accompagné par Django Reinhardt.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=4_-mHQX00I0[/youtube]

Rien ne pèse tant qu’un secret :
Le porter loin est difficile aux dames ;
Et je sais même sur ce fait
Bon nombre d’hommes qui sont femmes.Pour éprouver la sienne un mari s’écria
La nuit étant près d’elle: «Ô Dieux, qu’est-ce-cela?
Je n’en puis plus, on me déchire!
Quoi? j’accouche d’un œuf ! – D’un œuf? – Oui, le voilà,
Frais et nouveau pondu. Gardez bien de le dire:
On m’appellerait poule; enfin n’en parlez pas. »
La femme, neuve sur ce cas,
Ainsi que sur mainte autre affaire,
Crut la chose, et promit ses grands dieux de se taire.
Mais ce serment s’évanouit
Avec les ombres de la nuit.
L’épouse, indiscrète et peu fine,
Sort du lit quand le jour fut à peine levé;
Et de courir chez sa voisine.
«Ma commère, dit-elle, un cas est arrivé;
N’en dites rien surtout, car vous me feriez battre:
Mon mari vient de pondre un œuf comme quatre.
Au nom de Dieu, gardez-vous bien
D’aller publier ce mystère.
– Vous moquez-vous? dit l’autre. Ah! vous ne savez guère
Quelle je suis. Allez, ne craignez rien.»
La femme du pondeur s’en retourne chez elle.
L’autre grille déjà de conter la nouvelle;
Elle va la répandre en plus de dix endroits;
Au lieu d’un œuf, elle en dit trois.
Ce n’est pas encor tout, car une autre commère
En dit quatre et raconte à l’oreille le fait,
Précaution peu nécessaire,
Car ce n’était plus un secret.
Comme le nombre d’œufs, grâce à la renommée,
De bouche en bouche allait croissant,
Avant la fin de la journée
Ils se montaient à plus d’un cent.

La Confession

Finir l’année sur une magnifique confession :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=W2OFE8dVNvk[/youtube]

Poésie, larmes, rires et trompettes pour dire que  « Je garderais Pour me guider Plaisir et culpabilité »

lasa 2

Dessinatrice de ses pochettes, Lhasa s’est inspirée de Max Ernst pour ses collages.

lhasa 2

La partie de billard

Un maréchal, fat, entouré de courtisans, perd une bataille avec le « sérieux d’un enfant qui joue », seul l’intéresse sa partie de billard… ou quand la vie des petits soldats, ne tient qu’à une bille qui roule…

Jean-georges-Beraud-La-Partie-de-Billard

La partie de billard, 1909, Jean Georges Béraud (1849-1936), musée des Beaux-Arts de Tours

Alphonse Daudet, contes du Lundi : « Le partenaire du Maréchal (…) s’applique à ne pas gagner, à ne pas perdre non plus trop facilement. C’est ce qu’on appelle un officier d’avenir… » Lire la nouvelle : A Daudet la partie de billard

Objectifs :

  • le contexte historique / le monde actuel : lire une nouvelle sur la guerre, allégorie au XXI ème siècle du monde du travail ? des relations sociales ?
  • argumenter : la condamnation d’un comportement (indifférence au sort des troupes, abus d’autorité, violence psychologique, hypocrisie)
  • analyser un texte : 1) construction de la nouvelle (symétrie et contraste,  alternance extérieur et monde clos, défaite et victoire) 2) subjectivité (critique, ironie, empathie)

Pour les enseignants dont la fin d’année rime avec réunions et rendez-vous d’évaluation professionnelle : et si cette nouvelle nous révélait le véritable monde de l’éducation, du lycée en pleine réforme  ? avec son chef d’établissement dont les pouvoirs sont amplifiés, ses courtisans, et ses principales victimes, les élèves ? à lire : conseils aux non-courtisans ! et bien sûr le surprenant et  drôle Manuel de survie en milieu scolaire de D. Arnaud, illustré par G. Mathieu

manuel survie

La moisson au bord de la mer

Daudet est souvent associé à La Provence, pourtant un de ses plus beaux Contes du lundi peint une Bretagne impressionniste.  Grâce à plusieurs voyages à Nantes et dans le Morbihan, son regard juste et léger fait d’un paysage humble et familier un tableau piquant et original  : daudet la moisson au bord de la mer

Objectifs :

  • CE : 1) lire une nouvelle réaliste du XIXème siècle sans intrigue (texte descriptif) 2) statut du narrateur : nouvelle écrite à la première personne du pluriel dans la partie « Caprices et souvenirs »
  • artistique (séance interdisciplinaire)  : l’impressionnisme en peinture et en littérature

gauguin ronde

La ronde des petites filles, Gauguin, 1888 (scène de danse paysanne (détails, contrastes et divers tons jaunes)

gauguin paysage

Paysage breton avec cochons, Gauguin, 1888 (océan, clocher et maisons blanches)

gauguin bergere

La Bergère bretonne, Gauguin, 1886 (paysage cadré et peint à la manière impressionniste)

La Bretagne du conte  : Daudet a séjourné à Piriac-sur-Mer en 1874 et en a peint l’atmosphère « Ils ressemblent bien à leur pays , à ce sol rocailleux et résistant, si minéral, que les routes- même au soleil- prennent une teinte noire pailletée d’étincelles de cuivre et d’étain. »

daudet-3La moisson du goémon :

daudet-goemonier

BD : des titres pour raconter

A partir d’une couverture sans titre :

tintin a remplir

Tintin au Congo, Hergé, 1948 : ici prototype sans texte estimé à 50000 euros par la maison Catawiki en 2016

Objectifs :

  • lexical : vocabulaire de l’édition, du livre, de la BD
  • PE : imaginer une première et une quatrième de couverture:  le titre d’un album (avec le héros Tintin ou non) à partir de l’illustration et imaginer de nouvelles aventures de Tintin en proposant des titres d’album en quatrième de couverture
  • PO : imaginer en quelques phrases, à partir des titres : la situation (les personnages, les lieux, le moment) , l’intrigue, le dénouement