Le monde entier est une chanson d’élève

Pour me dire au revoir, Ata, mon lycéen musicien de Terminale, m’offre ce nouveau morceau rap-Hip Hop : écouter  » Hesap  » de Ata

L’élève qui s’élève en créant et partageant, ici sa musique, quel plus beau moment pour un enseignant ?

Paroles turques :

biraz c?v?k biraz ciddi çok da kasmad?k umrumuzda da de?il zaten t?k.

Provakatorler olaylari yaratirken,
Bu genclerin sorunlari patlar iken,
Soluklari tukenirken, develer telal..
Pireler berber iken. (×2)

Hesabin artik odenmesi gerekir.
Isiginin artik sonme vaktidir.
Yar??? birinin bitirmesi lazimken,
Bana biraz sabir gereklidir.

Kumbaralardan dolup tasan paralar,
Masadan kalkar sirf seni yaralar.
Kalbime gelip kapattigin yaralar,
Belki de benim gozum gibi karalar..

Kanimi cekiyor anla
Kalbime dustugun anda
Sesimi kesemiyorlar
Kafami celemiyorlar

Gozume baktigin her an
Nefesim kesiliyor bak
Kafami bozuyor artik
Duslerin etrafi sardi(×2)

Provakatorler olaylari yaratirken,
Bu genclerin sorunlari patlar iken,
Soluklari tukenirken, develer telal..
Pireler berber iken. (×2)

Hesabin artik odenmesi gerekir.
Isiginin artik sonme vaktidir.
Yar??? birinin bitirmesi lazimken,
Bana biraz sabir gereklidir.

Kumbaralardan dolup tasan paralar,
Masadan kalkar sirf seni yaralar.
Kalbime gelip kapattigin yaralar,
Belki de benim gozum gibi karalar..

Verilecek hesaplar çok,
Soyleyecek sozum hiç yok
Verilecek hesaplar çok,
Soyleyecek sozum hiç yok

Les paroles en français : payer la note

c'est un peu lâche, un peu sérieux, et je ne m'attends pas à ce qu'il en soit ainsi.

Alors que les provocateurs créent des événements,
Alors que les problèmes de ces jeunes sont viciés,
Respirer . ..
Alors que les puces sont des barbiers. (X 2)

Votre compte doit être payé maintenant.
La lumière est maintenant le temps de la fin.
Alors que la course est censée finir,
J'ai besoin de patience.

Rempli d'argent,
Cela vous enlèvera de la table et vous blessera.
Si vous entrez et mourez,
Peut-être que c'est comme mes yeux.

Comprendre le sens
Mon cœur est 
Ils ne peuvent pas couper ma voix
Ils ne sont pas dans des cafés

Chaque fois que vous regardez le spectacle
Regarde à bout de souffle
Je me casse la tête maintenant
Les gouttes étaient des sardines (× 2)

Les comptes sont à donner,
Il n'y a pas de semelle à garder

Une demi-heure à la médiathèque

La médiathèque de votre lycée est vide ? Faites-la vivre en proposant aux élèves de l’habiter chaque semaine une demi-heure !

Association pour le développement des documents numériques en bibliothèques

Pour une fiche pédagogique sur ce projet cliquer ici : projet 2017 18 mediatheque pédagogiqueprojet-2017-18-mediatheque-pédagogique

A l’enfant

Objectifs :

  • culturel : découvrir un chanteur de qualité, Valérian Renault,  et son album Laisse Couler, primé de l’Académie Charles Cros., où l’enfance tient une place rare
  • CO : comprendre les paroles touchantes de ce beau texte, « Je te dédie ma chanson. Pour te dire que j’en viens, Qu’on en sort « .
  • PO / Argumentation : « Comment se fait-il que les enfants étant si intelligents, la plupart des hommes soient bêtes ? Cela doit tenir à l’éducation. » Alexandre Dumas, fils. Réfléchir sur cette citation et la lier à la chanson.
  • professionnel : s’interroger sur la place de l’enfant dans notre métier, notre attitude, notre regard et nos gestes d’enseignant.
A l’enfant, de V. Renault :
Je chante pour les chenilles
– Larves que la honte habille –
Qui tristement se tortillent
Au fond du temps lourd et long.
Je veux que mes vers consolent
Jusque dans les cours d’école
Le ver dont ceux qui rigolent
Ne seront jamais papillons.
Toi qui depuis ta naissance
Comptes les jours en silence,
Pour qui l’enfer est l’enfance,
Je te dédie ma chanson.
Pour te dire que j’en viens,
Qu’on en sort,
Que c’est rien,
Que l’avenir est jamais loin.
Que l’avenir est jamais loin.Toi, le trop gros, le trop mince,
Que ta différence évince,
Sache que les plus beaux princes
Sont ceux qui furent crapauds.

Petite fille vilaine,
Chaque goutte de ta peine
Fait l’essence de la reine

Que tu deviendras bientôt.

À tous ceux que l’on tabasse ;
Gamins du fond de la classe,
N’ayez crainte le temps passe.
Passe le temps et les maux.

Refrain

Enfant fais tes armes.
De temps et de larmes
Se trempe une lame.

Je sais que la route est dure
Mais si cela te rassure,
Dis-toi que plus elle dure
Plus belle sera sa fin.

Lors, si tu en es capable,
Prends pitié du pauvre diable,
Ce bourreau des bacs à sable
– petit roi des petits riens –

Car pendant que fanfaronne
Le coq à la cour des connes,
Toi, lentement tu façonnes
Le lion qui naîtra demain.

Écouter sur Deezer  : à l’enfant

L’art du portrait (1): « enseigner le français, c’est mon engagement, ma pensée humaniste de fraternité et de liberté »

Voici un article, issu du FDLM n°409, plein de peps où une professeur de FLE témoigne d’une vie consacrée au FLE, c’est-à-dire à la rencontre, à l’accueil et au don.

Objectifs :  (pour les enseignants ) à l’occasion de la semaine de la Francophonie, du 18 au 26 mars

  • lire un témoignage dynamique qui donne envie d’entrer en cours, de partager la langue, de transmettre un message d’ouverture à l’autre
  • réfléchir sur son parcours, son propre engagement, sur ses pratiques (Cf: photos de la page de droite)

(pour les étudiants)

  • CE : lire un article de presse FLE, qui désacralise l’enseignant par la découverte d’un exceptionnel parcours d’une vie consacrée à la transmission d’une langue et de ses valeurs
  • Lexique : 1) pays et nationalité : retrouver le parcours de Maria Luisa en la suivant pays par pays, année par année ( vie personnelle /  travail / diplômes- si séance en lien avec la rédaction d’un CV) / 2) les expressions idiomatiques (un vrai périple, tomber en amour, un travail de Don Quichotte, prendre du recul, pour de bon)
  • PE : s’interroger sur la place des langues à la manière de Maria Luisa, en complétant la phrase « Je parle en …, mais je …en … »

le looping dans le second degré

Le looping, le bouclage ou la montée pédagogique en collège et lycée

Qu’est-ce que c’est ? c’est une formule d’encadrement pédagogique à assignation pluriannuelle qui vise la réussite de l’élève. L’enseignant accompagne ses élèves lorsqu’ils passent à une classe supérieure. Les boucles peuvent être de deux ans ou plus avec les mêmes groupes. Ce type d’enseignement s’intègre dans le courant socio-constructiviste et a beaucoup de succès dans certains pays considérés modèles en éducation tels que la Finlande.

Pour bien comprendre : le looping dans la réforme éducative québécoise

Avantages
– Meilleure connaissance des élèves : permet de cibler les difficultés et de se concentrer sur les types d’évaluation formative et sommative sans passer par l’évaluation diagnostique.
– Modulation de l’enseignement selon les besoins des élèves.
– Établissement et maintien de liens significatifs entre l’ enseignant et les élèves et entre élèves eux-mêmes.
– Diminution de la gestion disciplinaire et du recours à la menace ou à la punition  .
– Augmentation du temps d’enseignement des contenus.
– Amélioration de la réussite scolaire.
– Augmentation de la confiance parentale.
– Engagement et motivation chez l’enseignant à mettre à l’épreuve de nouvelles théories de l’apprentissage.
– Moyen peu dispendieux de restructurer le système éducatif d’un établissement
Inconvénients
– Modification de la dynamique de classe s’il y a intégration de nouveaux élèves.
– Crainte des parents de confier leurs enfants pendant deux ans à un enseignant qui serait incompétent.
– Difficultés pour l’enseignant liés à des parents trop exigeants ou des groupes plus difficiles.
– Un bon milieu de travail est essentiel. 
Références  :a) Nichols, Jennifer «10 Pros And Cons Of Looping In Education». inconvénients b) Roxane Tourigny  » les différents modèles de looping »  Pro looping : pour et professionnelle !

Classe inversée ? un site pour revoir à la maison

Un élève absent pour cause de maladie, de vacances prolongées, de problème de transport ?

L’enseignant peut lui proposer de travailler en classe inversée : Jeux pédagogiques en fonction des objectifs et des leçons étudiées en classe.

logo_jeuxpedago

Simple, clair et bien conçu, le site propose des activités en Français (FLE, littérature ) de l’école primaire au lycée.

Pourquoi un site ? pourquoi, puisque c’est si à la mode,  ne pas faire soi-même ses propres capsules ou vidéos ?

  • car un site tel que Jeuxpédago est interactif et que les capsules ne le sont jamais !
  • que cette interactivité est indispensable pour contrebalancer les pratiques de classe en cours magistral, ce que sont les capsules : des cours magistraux filmés.
  • car ce qui existe déjà, s’il est de bonne qualité, peut être exploité en ciblant objectifs pédagogiques, niveau des élèves et compétences à développer.
  • car dans un système qui n’élève plus l’enfant mais n’en fait qu’un apprenant, ne doit-on pas éviter  démagogisme, vulgarité, médiocre qualité numérique et mépris de sa pratique ?  Bref, que faut-il penser de ça ? :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Gmp2YDI-agA[/youtube]

Rappelons que :

  • Superlatifman, ou Jean-Marie Lejeune, a été invité du 2ème printemps numérique d’Istanbul, février 2016 comme expert en classe inversée …
  • Il n’a pas souhaité, daigné, osé, pensé (?) montrer une seule de ses capsules à son public non-averti, ni d’ailleurs un de ses tests conçus pour vérifier que les élèves regardent vraiment la vidéo à la maison ( de type : « combien de fois Superlatifman emploie-t-il le mot « bouffon » ? » )
  • cette capsule, comme tant d’autres, a une qualité certaine : inciter à réfléchir sur sa pratique. Ce qui est toujours utile.
  • Ici : classe inversée : qu’est-ce que c’est ? Mon article en novembre 2014
  • et, surtout, lire Paul Devin, secrétaire général des inspecteursIEN, qui rappelle l’essentiel : fantasmes sur la classe inversée

Entre les murs, des héritiers ?

Pour découvrir le système français et s’interroger sur les pratiques de classe, le film « Entre les murs » de Laurent Cantet,  dont les dialogues et les attitudes si réalistes font sourire tant ils sonnent juste :

Objectifs :

  1. le système scolaire français : institution, administration, hiérarchie, sanction, durée des études, principes et pratiques …
  2. la pratique de classe : cours dialogué, place de la récitation, de la compréhension et de l’esprit critique, pédagogie de projet …
  3. le rapport enseignant / élèves : autorité, complicité, affection, indifférence…
  4. l’apprentissage du français pour des élèves d’origine étrangère
  5. la diversité sociale et culturelle : violence, défi, mépris, justice…
  6. la laïcité, valeur républicaine
  • puiser dans un ensemble de fiches pédagogiques très bien concues de l’Institut français : EntreLesMurs fiches péda
  • lire l’article intéressant de Philippe Meirieu , sociologue de l’éducation , dont le regard est éloigné de celui des spectateur-prof et spectateur-élève : Meirieu à propos du livre et du film « entre les murs »
  • regarder et analyser un extrait :[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=FACNtax1MGw[/youtube]

 

Le film peut être mis en parallèle avec celui de M- C. Mention-Schaar  Les héritiers , dont les critiques généralement négatives ne peuvent cacher l’intérêt de la pédagogie de projet dans une classe jugée ingérable car multiculturelle et multiconfessionnelle.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=wKstUWkxs4s[/youtube]

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=mTQ5r9HdjmM[/youtube]

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=EYEQJ6_6Qrc[/youtube]

le court-métrage : moment de langue et de culture (1)

Pour des projets où les élèves doivent produire une vidéo de quelques minutes, on peut faire visionner ces courts-métrages.

Un projet type proposé par Xavier Martin,  responsable pédagogique du lycée bilingue Saint-Benoît, Istanbul :Règlement Concours courts-métrages 2016

Edmond était un âne de Franck Dion, 2012, 15 minutes :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=xxTq71ti8Qc[/youtube]

Pour étudier les thèmes de la solitude, la différence, l’incompréhension, l’épanouissement personnel : site du film

Au bout du monde de Konstantin Bronzit, 1999, 8 minutes :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=mQQQXR1w7Kc[/youtube]

Pour étudier les thèmes de la séparation, de frontière, mais aussi le vocabulaire simple des nouveaux apprenants (maison, montagne, tomber, glisser, vache…) : fiche problématique du film

La nuit américaine d’Angélique de Pierre-Emmanuel Lyet et Joris Clerté, 2015, 7 minutes :

[vimeo]https://vimeo.com/109677043[/vimeo]

Bienvenue aux Artistes Anonymes de Mathias Gomis, 2012, 15 minutes :

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=cc87XWOuA6o[/youtube]

La classe inversée

Comment ça fonctionne ?

Les élèves reçoivent des cours sous forme de ressources en ligne (en général des vidéos) qu’ils vont pouvoir regarder chez eux à la place des devoirs, et ce qui était auparavant fait à la maison est désormais fait en classe, d’où l’idée de classe “inversée”.

classe-inversee

On va surtout profiter du temps libéré en classe pour organiser des activités, des projets de groupe et des échanges qui vont donner un vrai sens au contenu scolaire.

Lebut est de passer d’un modèle centré sur le professeur à un modèle centré sur l’élève afin de répondre aux besoins individuels de chacun.

Pour en savoir plus, sur la classe inversée et peut-être adhérer à cette méthode … en vogue !

« En France, l’enseignement n’est pas pertinent », A. Schleider juge les résultats de l’école très au-dessous des attentes

Article paru dans le journal Le Monde du 30 août 2014. Est surligné les défaillances et les moyens de devenir plus performant. Est souligné, les évidences !

Andreas Schleicher fait et défait la réputation des systèmes scolaires. Directeur de l’éducation de l’OCDE, il est le grand patron de PISA, l’évaluation du niveau des élèves à 15 ans dans 65 pays. La France s’y classe mal, et selon lui, c’est d’abord parce qu’on ne gère pas les enseignants.

Pour la première fois de son histoire, la France a une femme à la tête du ministère de l’éducation. Est-ce que les ministres femmes se distinguent ?

Andreas Schleicher : Dans quelques pays, des réformes majeures, qui ont totalement modifié le visage de l’école, ont été menées par des femmes ministres. Je pense à mon pays, l’Allemagne, où le système a été très largement réformé dans les années 2000. Je pense aussi à l’Italie, où les changements ont été moins consensuels, certes, mais où le système éducatif est bien plus efficace aujourd’hui qu’en 2000.

Comment qualifieriez-vous globalement le système français ?

Les résultats obtenus dans les classements internationaux sont très en dessous de ce qu’on pourrait attendre de la France. Par ailleurs, l’école française est l’une des plus inégalitaires au monde, alors que l’égalité est un sujet omniprésent dans le débat. Elle est très loin de l’idéal dont rêve ce pays, en dépit d’efforts conséquents comme le temps que les jeunes Français passent en classe et l’âge précoce auquel on les y envoie !

Quelle est la raison majeure de ce marasme ?

L’enseignement n’est pas pertinent en France. On y est en décalage. Le monde moderne se moque bien de ce que vous savez. Il s’intéresse à ce que vous savez en faire. Il a besoin de gens créatifs, capables de croiser les sujets quand l’école française fait encore trop réciter des leçons. En France plus qu’ailleurs, on n’enseigne pas suffisamment ce qui sera pertinent pour réussir sa vie !

Les pays asiatiques, premiers dans les classements, enseignent aussi beaucoup de « par cœur », non ?

On se protège par des stéréotypes sur l’école asiatique. Allez dans une classe japonaise. Le professeur sait optimiser le temps qu’il passe avec chaque élève dans une classe et mobiliser chacun d’eux. Avoir 40 élèves ne lui pose pas problème ; il les met en activité. En Chine, c’est de plus en plus la même chose. Les enseignants sont formés à la gestion de classe, bien mieux qu’en France.

Pourquoi ne parvient-on pas à la même chose en France ?

J’ai rencontré beaucoup d’enseignants formidables, très investis. Mais le système ne leur facilite pas le travail. En France, les maîtres ne collaborent pas. Ils ne se perçoivent pas comme membres d’une communauté professionnelle. L’institution les traite comme des exécutants qui sont là pour faire passer un programme. Ils sont comme à l’usine, font leur travail dans leur coin. S’ils étaient à Shanghaï, on viendrait tous les jours dans leur classe leur donner des conseils. A Singapour, ils auraient 100 heures annuelles de formation.

C’est à vos yeux la clé pour améliorer notre école ?

La qualité d’un système éducatif n’est jamais supérieure au talent de ses enseignants. On ne changera les mentalités des élèves qu’en changeant celle des professeurs. Et pour ça, il faut leur donner les moyens d’enseigner différemment en adaptant par exemple leur pédagogie au niveau des élèves.

Vous seriez ministre, vous commenceriez par quoi ?

Déjà, la formation initiale est trop académique. Il y aurait plus de pratique, ce ne serait que meilleur… même s’il faut reconnaître que les réformes vont fort heureusement dans ce sens. Mais le vrai défi est de changer le quotidien des enseignants, les rendre acteurs de leur métier, arrêter de les considérer comme s’ils étaient des ouvriers. Ça changera l’attrait du métier. Aujourd’hui, même si vous payiez mieux les professeurs, vous ne les attireriez pas. Qui a encore envie d’être un exécutant ?

Vous proposez de leur fixer des objectifs… et d’en finir avec des programmes très précis ?

Exactement. Avec un point à ne pas oublier, puisque la France est en pleine réécriture de son socle commun de connaissances, de compétences et de culture : il faut se fixer un idéal élevé. La Suède et la Finlande ont deux écoles assez proches. A une limite près : la Finlande a défini des standards qui disent ce qu’est l’excellence ; la Suède s’est contentée de rappeler le minimum à acquérir par tous. En termes de résultats, la Finlande arrive bien devant la Suède, car chaque enseignant, chaque famille sait ce qu’est l’excellence et tend dans cette direction. C’est important pour les enfants des familles les moins favorisées pour qui l’école est la seule chance.

Si cette liberté importe, l’affectation des enseignants est tout aussi essentielle à vos yeux…

Oui, or en France, vous défiez le bon sens. Plus un enseignant est installé dans le système, plus il a le choix de ses élèves. A contrario, un jeune diplômé est tout de suite confronté à une immense difficulté. Cela crée d’emblée une envie de fuir ! Ou de ne pas venir…

A Shanghaï, un chef d’établissement talentueux d’une école pour l’élite qui veut progresser dans sa carrière doit d’abord montrer ce qu’il sait faire dans une école difficile. C’est la même chose à Singapour, au Canada ou en Finlande et c’est aussi vrai pour les enseignants. Cela permet dattirer les plus dynamiques dans les établissements difficiles. Car l’équité n’est pas de donner plus d’enseignants aux élèves les plus en difficulté, mais de leur offrir les meilleurs. Et côté enseignants, il s’agit de mettre les gens face à un challenge qu’ils sont en mesure de relever.

Oui, mais les ministres sont paralysés par la peur des syndicats…

Un pays a les syndicats qu’il mérite. La nature des syndicats reflète l’identité d’un système éducatif. Si vous avez un système très « industriel », les syndicats reproduisent cette structure et se battent comme ceux des ouvriers pour les salaires, les effectifs. Si vous avez un système éducatif axé sur la pédagogie, les syndicats investissent ce champ. En Suède, en 1994, au moment de l‘instauration du salaire au mérite, ils se sont largement mobilisés. Quatre ans après, 70 % des syndiqués l’approuvaient.

Pourtant plus que d’autres, la France, a du mal à faire bouger son école…

Quand on regarde comment se passent les réformes en France, on comprend ! Elles sont pensées dans le secret des cabinets ministériels par des gens très intelligents et sont ensuite imposées aux enseignants et aux parents. A Singapour, aucune réforme n’est annoncée sans avoir été expliquée dans toutes les écoles. En Finlande, un directeur d’école passe un tiers de son temps à travailler pour les autorités locales et deux tiers dans son école. Cela change l’acceptabilité des réformes Et puis, les politiques doivent comprendre que même si vous êtes le meilleur ministre de l’éducation qui soit, vous ne résoudrez pas les problèmes des 840 000 enseignants français.

Une note d’optimiste pour terminer ?

Oui, la France peut se rassurer car les grosses réformes ne créent pas vraiment plus de remous que les plus petites. En disant cela, je pense bien sûr à la réforme des rythmes scolaires