Ecrire en grec avec un PC :

Ecrire en grec avec un PC, ce n’est pas si compliqué que cela…

Les éléments de base (depuis Windows XP, NT ou 2000)

Pour écrire en caractères grecs il faut simplement…

1. – rendre visible la « barre de langue » tout en bas de votre écran d’ordinateur, dans la zone appelée « Barre des tâches »), en  faisant un clic droit dans ladite « barre des tâches », ce qui ouvre un menu; cocher alors « afficher la barre de langues » dans le menu qui se déroule) . Dès lors, une partie de la barre des tâches contient les caractères « FR » blancs pour indiquer que le « clavier«  en service utilise les caractères français.

2. – paramétrer votre clavier en clavier grec, (c’est à dire donner au clavier de votre ordinateur la faculté d’appeler les caractères grecs au lieu des caractères habituels). Pour cela , vous devez  « installer le clavier grec » sur votre ordinateur (sur XP ou Vista : Panneau de configuration/ Options régionales et linguistiques / onglet Langue / détail   bouton « ajouter » puis cocher dans la liste : « Grec polytonique »)
– il vous faut aussi des polices « Unicode » (qu’on trouve normalement depuis les années 2000 ou 2002, sur Windows XP ou ultérieur: vous les avez probablement déjà sur votre ordinateur…)

Ces polices dites « Unicode » permettent enfin d’avoir les caractères grecs avec les signes diacritiques nécessaires aux voyelles (accents, esprits, iota souscrit, tréma, etc…)

– utiliser la combinaison Alt+Maj pour passer d’un « clavier » à l’autre, c »est à dire pour écrire tantôt en caractères latins, tantôt en caractères grecs….

 

Pilotes de clavier grec polytonique
pour Microsoft Windows

Si votre clavier est un clavier AZERTY français ou belge, vous aurez remarqué que la disposition du pilote grec polytonique fourni par Microsoft n’est pas des plus agréables: l’alpha ne tombe pas sous A, les symboles sont tous à des endroits différents, etc. Par ailleurs, il est vraiment difficile de retenir l’emplacement des nombreuses combinaisons de diacritiques.

Les pilotes de clavier que vous pouvez télécharger à partir de cette page vous sont offerts à titre gratuit.

Une fois installé l’un de ces pilotes, votre clavier, lorsque vous choisirez, comme d’habitude, la disposition grecque (polytonique), sera configuré comme suit:

Bien entendu, tous les symboles non représentés dans ce schéma seront à leur place habituelle.

 

Configuration requise

La «version 1» du pilote convient à Windows NT et 2000. Elle peut éventuellement aussi être utilisée avec les versions 32 bits de XP et Vista (processeur Intel de type 386). Les versions datées de 2008 ou plus tard conviennent à Windows XP, server 2003-2008, Vista, 7, 8 et 8.1 (y compris les versions 64 bits).

IMPORTANT: Si vous utilisez la « version 1» du pilote, le pilote grec de Microsoft doit avoir été installé AVANT l’installation du pilote proposé ici.

Si vous utilisez Windows Seven, il faut avoir installé le pilote grec polytonique de Microsoft AVANT d’installer celui qui est proposé ici.

 

Principe de fonctionnement

Le pilote est conçu de telle façon que pratiquement rien ne soit modifié dans le fonctionnement de votre clavier, à part les lettres, qui deviennent grecques et qui sont disposées selon la norme ELOT-ISO mais modifiée pour correspondre au clavier AZERTY, et les caractères latins à accents, qui deviennent des touches mortes pour les diacritiques grecs. Les accents, les esprits, les signes longue et brève et l’iota souscrit sont des touches mortes. Comme avec tous les pilotes de clavier Windows, les touches mortes doivent toujours être actionnées avant la frappe de la voyelle. Ce pilote-ci a toutefois la particularité rarissime de permettre la frappe successive de plusieurs touches mortes, et cela dans n’importe quel ordre. Il s’ensuit que vous ne devez retenir, en pratique, que l’emplacement de huit touches, disposées de la façon la plus mnémotechnique possible, au lieu de devoir retenir toute la kyrielle des combinaisons possibles. L’iota souscrit s’obtient par AltGr i. L’esprit rude et l’esprit doux sont l’un à côté de l’autre, respectivement à la place des caractères ç et à. Les accents aigu et grave sont l’un à côté de l’autre, à droite de la lettre M. Quant au circonflexe et au tréma, c’est encore mieux, puisqu’ils sont à leur place normale sur le clavier français. Les signes brève et longue (qui ne se combineront vraiment bien qu’avec les iotas, les alphas et les u psila non accentués), sont pour leur part à la place du é et du è.

Le pilote offre également une série de caractères et symboles utiles sous forme de combinaisons AltGr ou majuscule AltGr (à découvrir). Vous ne les obtiendrez toutefois que si la police utilisée les possède. Les principales sont:

– sampi, stigma et koppa (avec variantes archaïques ou modernes) ;
– la ligature kai, rarement présente dans les polices ;
– les marques que l’on met avant et après les chiffres ;
– le point sans échappement, se plaçant sous une lettre ;
– diverses variantes des lettres grecques réputées utilisées par les mathématiciens (sauf la variante du bêta, qu’on peut utiliser en typographie soignée pour distinguer le bêta en début de mot du bêta en milieu de mot) ;
– yod et digamma ;
– les guillemets grecs, qui sont les mêmes que les guillemets français ;
– le sigma lunaire (touche W sur les versions du pilote postérieures à 2008) ;
– le point-virgule (car la touche habituelle donne un point d’interrogation grec. Visuellement, vous ne voyez pas la différence, mais il y a une subtilité très importante : le codage n’est pas le même) ;
– les deux points (car les deux points habituels, eux, donnent évidemment le point en haut grec).

Installation

Commencez par vous assurer que le pilote grec polytonique de Microsoft est installé sur votre système (c’est même indispensable avec certaines versions de Windows). Enregistrez le fichier téléchargeable à partir de cette page-ci dans un dossier quelconque de votre disque dur et double-cliquez son icône. Si votre système nécessite la version 1 du pilote, l’installation est totalement automatique. Si votre système nécessite la version 2008 ou une version plus récente, cliquez «unzip» dans la première boîte de dialogue: il y aura tout d’abord une phase d’extraction des fichiers d’installation dans un dossier, suivie de l’exécution d’un programme d’installation, puis de l’apparition d’un message de confirmation. L’ensemble peut prendre une bonne minute. Il se peut aussi qu’après l’installation, vous deviez activer le pilote en supprimant d’autres pilotes inutiles comme indiqué ci-dessous à la rubrique «problèmes connus».

Les pilotes de clavier sont des fichiers du système. Dans tous les cas, l’utilisateur qui procède à l’installation doit avoir les privilèges d’administrateur de la machine. Assurez-vous que vous avez ouvert une session en tant qu’administrateur. Si le système vous refuse le droit d’installer, songez à essayer ces deux « trucs» :

1) Ouvrir le panneau de configuration à la rubrique «gestion des utilisateurs» pour vous assurer que le «contrôle de l’utilisateur» est désactivé.

2) Installer par clic droit sur l’icone du programme d’installation, en choisissant  l’option «installer en tant qu’administrateur».

 

Mise en service après installation

L’installation du pilote ne signifie pas nécessairement qu’il sera aussitôt activé comme pilote par défaut pour la langue grecque. Voir le premier point des «problèmes connus» ci-après.

Problèmes connus

  • L’installation s’est effectuée correctement mais le pilote semble ne pas fonctionner. Allez dans le panneau de configuration (options linguistiques et régionales, onglet «langues» bouton «détails») et assurez-vous que la langue grecque est associée à un seul pilote. Si vous voyez des pilotes appelés «grec», «grec polytonique», «grec latin», «grec 319» etc., supprimez-les. Ne maintenez pour la langue grecque que le pilote grec polytonique adapté à votre clavier (belge, français ou suisse).
  • Avec Windows Seven, il est prudent d’installer d’abord le pilote grec polytonique de Microsoft, puis d’installer ce pilote-ci, puis de supprimer le pilote de Microsoft de la liste des pilotes installés. Ce n’est pas le pilote qui est en cause, c’est un défaut du système: les versions précédentes Windows n’avaient aucun mal à installer en un seul coup une langue nouvelle avec un pilote nouveau. Windows Seven est souvent en difficulté si on fait les deux d’un coup. Il vaut mieux d’abord installer la langue (avec le pilote par défaut de Microsoft), puis le pilote azerty, et enfin supprimer le pilote de Microsoft (lequel n’aura donc servi, temporairement, qu’à faciliter l’installation de la langue grecque).
  • Si certaines lettres apparaissent sous la forme d’un petit carré vide, c’est que la police utilisée n’est pas assez riche pour contenir tous les caractères voulus. La norme Unicode s’enrichit sans cesse. À l’heure où ces lignes sont écrites (septembre 2009), même les polices livrées par Microsoft pour le grec ancien  (Palatino Linotype et Tahoma) ne contiennent pas encore tous les caractères rares ou les signes utilisés dans les éditions critiques. En particulier, les versions récentes du pilote offrent le sigma lunaire sous la touche W, mais peu de polices possèdent le sigma lunaire. Ne pas confondre le sigma lunaire et le sigma final (touche Q). Le sigma final, lui, figure évidemment dans toutes les polices.
  • À l’heure où ces lignes sont écrites (août 2011), le traitement de textes WordPerfect est encore incapable de recueillir d’un pilote de clavier grec polytonique les informations relatives aux diacritiques. C’est malheureusement un défaut du logiciel.
  • Certaines versions du logiciel Firefox se bloquent si l’on tente d’écrire une voyelle grecque accentuée sur une page web. C’est un défaut du logiciel.

 

Téléchargement

Il convient tout d’abord de déterminer si votre clavier est français ou belge. Si la première touche, en haut à gauche, contient le seul symbole «²» (exposant deux), le clavier est de type français. S’il comporte, en outre, le symbole «³» (exposant trois), c’est un clavier de type belge.

Pour télécharger, cliquez avec le bouton de droite de la souris sur l’un des liens ci-dessous et demandez l’enregistrement sur le bureau ou dans un répertoire quelconque de votre disque dur (retenez le nom du répertoire en question, puisque vous devrez en afficher le contenu pour pouvoir exécuter le programme d’installation).

Télécharger la version 1 du pilote pour clavier français (pour Windows NT ou 2000)

Télécharger la version 2009.01.01 du pilote pour clavier français (pour Windows XP, Server 2003-2008, Vista, 7, 8 et 8.1, y compris les versions 64 bits)

Préparez-vous à notre spectacle du jeudi 26 novembre: Les Particules Elémentaires

Les Particules Elémentaires au théâtre : un défi

  La difficulté de l’entreprise de Julien Gosselin a été d’adapter ce roman de Michel Houellebecq, très narratif, avec, certes quelques dialogues bien sentis, mais nettement minoritaires dans le texte, pour la scène théâtrale. C’est un exercice qu’on vous demande parfois, dans le cadre d’un écrit d’invention, consistant à transposer un extrait narratif en scène théâtrale… Sauf que dans le cas des Particules élémentaires, il s’agit d’un roman de plus de 300 pages…

Dans sa structure, cependant, une ossature quasi théâtrale se dessinait : un prologue, trois parties (Le Royaume perdu – Les moments étranges – Illimité émotionnel) et un épilogue.

Apparemment, d’après les réactions du public qui a découvert le spectacle, c’est une grande réussite : les comédiens se font narrateurs, personnages, commentateurs et musiciens, créant des conventions théâtrales ou les abolissant avec une étonnante fluidité. Ils happent le spectateur au cœur du temps présent, passant du lyrisme à l’ironie, du social au philosophique, de l’intime à l’universel. Vous en jugerez…

Les Particules Elémentaires : pourquoi ce titre ? de quoi s’agit-il ?

  Le titre est une métaphore émanant de la terminologie de la physique quantique, reflétant l’esprit scientifique du roman, la conception d’un univers social où chaque individu se perçoit comme une particule élémentaire. A cet égard, on perçoit l’influence du naturalisme scientiste de Zola, ce qui a parfois conduit les critiques à parler de Michel Houellebecq comme d’un auteur néo-naturaliste.

Il s’agit d’une chronique du déclin d’une civilisation, la nôtre, illustrée par l’existence plate et morose de deux demi-frères, Michel et Bruno que l’existence va mettre en relation… Le premier est un grand chercheur en  biologie, d’où le titre, qui œuvre à créer une nouvelle espèce, asexuée et immortelle, pour remplacer l’Homme… Sa vie amoureuse est un perpétuel désastre. Le second est professeur et enseigne la littérature. Il compense son mal-être par une quête vaine et désespérée du plaisir sexuel…

Extrait du Prologue :

« Ce roman / Cette pièce est avant tout l’histoire d’un homme, qui vécut la plus grande partie de sa vie en Europe occidentale, durant la seconde moitié du XXe siècle. Généralement seul, il fut cependant, de loin en loin, en relation avec d’autres hommes. Il vécut en des temps malheureux et troublés. […] Les sentiments d’amour, de tendresse et de fraternité humaines avaient dans une large mesure disparu ; dans leurs rapports mutuels ses contemporains faisaient le plus souvent preuve d’indifférence voire de cruauté. »

Lire quelques critiques de la pièce :

cf http://www.philomag.com/lepoque/les-particules-elementaires-ode-posthumaine-sagace-7944

cf http://theatredublog.unblog.fr/2014/10/14/les-particules-elementaires-3/

cf http://www.culturopoing.com/scenes-expos/les-particules-elementaires-m-e-s-julien-gosselin

cf http://www.lefigaro.fr/theatre/2013/07/09/03003-20130709ARTFIG00393-avignon-coup-de-foudre-pour-les-particules-elementaires.php

Elargir ses horizons de lecture – Confronter les textes…

Classes de 1° S 1 – 1° ES 2

La question de l’Homme dans les grands genres de l’argumentation

Pour prolonger la réflexion menée lors de la séquence 1:

  • Texte de Louis-Ferdinand Céline – Voyage au bout de la nuit – 1932.

  Les ouvriers penchés soucieux de faire tout le plaisir possible aux machines vous écœurent, à leur passer les boulons au calibre, et des boulons encore, au lieu d’en finir une fois pour toutes, avec cette odeur d’huile, cette buée qui brûle les tympans et le dedans des oreilles par la gorge. C’est pas la honte qui leur fait baisser la tête. On cède au bruit comme on cède à la guerre. On se laisse aller aux machines avec les trois idées qui restent à vaciller tout en haut derrière le front de la tête. C’est fini. Partout ce qu’on regarde, tout ce que la main touche, c’est dur à présent. Et tout ce dont on arrive à se souvenir encore un peu est raidi aussi comme du fer et n’a plus de goût dans la pensée.

  On est devenu salement vieux d’un seul coup.

  Il faut abolir la vie du dehors, en faire aussi d’elle de l’acier, quelque chose d’utile. On l’aimait pas assez telle qu’elle était, c’est pour ça. Faut en faire un objet donc, du solide, c’est la Règle.

  J’essayai de lui parler au contremaître à l’oreille, il a grogné comme un cochon en réponse et par les gestes seulement il m’a montré, bien patient, la très simple manœuvre que je devais accomplir désormais pour toujours. Mes minutes, mes heures, mon reste de temps comme ceux d’ici s’en iraient à passer des petites chevilles à l’aveugle d’à côté qui les calibrait, lui, depuis des années, les chevilles, les mêmes. Moi j’ai fait ça tout de suite très mal. On ne me blâma point, seulement après trois jours de ce labeur initial, je fus transféré, raté déjà, au trimbalage du petit chariot rempli de rondelles, celui qui cabotait d’une machine à l’autre. Là, j’en laissais trois, ici douze, là-bas cinq seulement. Personne ne me parlait. On existait plus que par une sorte d’hésitation entre l’hébétude et le délire. Rien n’importait que la continuité fracassante des mille et mille instruments qui commandaient les hommes.

  • Texte d’Alain, 22 janvier 1908 – « Le roi s’ennuie »

Il est bon d’avoir un peu de mal à vivre et de ne pas suivre une route tout unie. Je plains les rois s’ils n’ont qu’à désirer; et les dieux, s’il y en a quelque part, doivent être un peu neurasthéniques. On dit que dans les temps passés ils prenaient forme de voyageurs et venaient frapper aux portes; sans doute ils trouvaient un peu de bonheur à éprouver la faim, la soif et les passions de l’amour. Seulement, dès qu’Ils pensaient un peu à leur puissance, ils se disaient que tout cela n’était qu’un jeu, et qu’ils pouvaient tuer leurs désirs s’ils le voulaient, en supprimant le temps et la distance. Tout compte fait ils s’ennuyaient; ils ont dû se pendre ou se noyer, depuis ce temps-là; ou bien ils dorment comme la belle au bois dormait. Le bonheur suppose sans doute toujours quelque inquiétude, quelque passion, une pointe de douleur qui nous éveille à nous-même.

Il est ordinaire que l’on ait plus de bonheur par l’imagination que par les biens réels. Cela vient de ce que, lorsque l’on a les biens réels, on croit que tout est dit, et l’on s’assied au lieu de courir. Il y a deux richesses; celle qui laisse assis ennuie; celle qui plaît est celle qui veut des projets encore et des travaux, comme est pour le paysan un champ qu’il convoi­tait, et dont il est enfin le maître; car c’est la puissance qui plaît, non point la puissance au repos, mais la puissance en action. L’homme qui ne fait rien n’aime rien. Apportez-lui des bonheurs tout faits, il détourne la tête comme un malade. Au reste, qui n’aime mieux faire la musique que l’entendre ? Le difficile est ce qui plaît. Aussi toutes les fois qu’il y a quelque obstacle sur la route, cela fouette le sang et ravive le feu. Qui voudrait d’une couronne olympique si on la gagnait sans peine ? Personne n’en  voudrait. Qui voudrait jouer aux cartes sans risquer jamais de perdre ? Voici un vieux roi qui joue avec des courtisans; quand il perd, il se met en colère, et les courtisans le savent bien; depuis que les courtisans ont bien appris à jouer, le roi ne perd jamais. Aussi voyez comme il repousse les cartes. Il se lève, il monte à cheval; il part pour la chasse; mais c’est une chasse de roi, le gibier lui vient dans les jambes; les chevreuils aussi  sont courtisans.

J’ai connu plus d’un roi. C’étaient de petits rois, d’un petit royaume; rois dans leur famille, trop aimés, trop flattés, trop choyés, trop bien ser­vis. Ils n’avaient point le temps de désirer. Des yeux attentifs lisaient dans leur pensée. Eh bien, ces petits Jupiters voulaient malgré tout lancer la foudre; ils inventaient des obstacles; ils se forgeaient des désirs capri­cieux, changeaient comme un soleil de janvier, voulaient à tout prix vou­loir, et tombaient de l’ennui dans l’extravagance. Que les dieux, s’ils ne sont pas morts d’ennui, ne vous donnent pas à gouverner de ces plats royaumes; qu’ils vous conduisent par des chemins de montagnes; qu’ils vous donnent pour compagne quelque bonne mule d’Andalousie, qui ait les yeux comme des puits, le front comme une enclume, et qui s’arrête tout à coup parce qu’elle voit sur la route l’ombre de ses oreilles.

Elargir ses horizons de lecture – Confronter les textes…

Classe de 1° ES/S

La question de l’Homme dans les grands genres de l’argumentation

Prolonger la compréhension du texte 1 (Céline) et de sa lecture complémentaire (Paul Valéry) par une lecture actuelle : une réflexion sur le temps, la société, la vie et la place de l’homme dans la société en 2014.

– Extrait de l’essai de Jean-Luc Mélenchon, L’Ere du peuple – 2014  (Editions Fayard – passim pages 79-88 )

«  Le temps de la société dans un monde paysan, c’est celui des saisons et des repères de l’activité agricole : quand préparer la terre, quand semer, quand récolter et ainsi de suite. Et aussi il y a ce que l’on fait « quand on n’a rien d’autre à faire », c’est-à-dire en dehors des temps contraints de l’agriculture. Tout le calendrier y est soumis. Et la République s’y plie aussi quand elle instaure les vacances scolaires aux dates clefs pour que les jeunes puissent aller donner le coup de main aux champs. Dans les sociétés du passé, les temps religieux et politiques, toujours confondus, étaient également directement liés au cycle économique. Pharaon va faire se lever l’étoile de Sirius qui déclenche la crue du Nil dont les alluvions déforment les parcelles cultivées et justifient un nouveau calcul de l’impôt. Ici, le religieux, l’économie et le politique ne font qu’un. Ils sont en harmonie, c’est-à-dire en synchronie.

Cette synchronie est l’enjeu caché des sociétés. Quelle activité donne le rythme et qui en décide ? Ainsi le temps est une propriété de l’univers social. Alors, comme toute réalité sociale, il est un enjeu de lutte de pouvoir. Aujourd’hui il y a un temps dominant : le temps court. Tout le pouvoir dans notre société est à ce qui fonctionne « en temps réel », c’est-à-dire en temps zéro, et à tout ce qui s’en approche. Le temps zéro, c’est celui de la transaction financière réalisée à la nanoseconde entre ordinateurs. C’est celui de l’« information » immédiate qui subjugue et tient en haleine. Pour inverser cette domination du temps zéro et reprendre le pouvoir sur le temps, on doit affronter tout le système qui l’a produite. C’est-à-dire à la fois ceux qui en bénéficient et les moyens par lesquels leur temps s’impose.

Par exemple interdire la cotation en continu des valeurs boursières, interdire le trading automatisé, c’est frapper le cœur de la machine à imposer le règne du temps court dans l’économie, et tous les domaines en cascade.

Où trouver le temps dominé ? Cherchez les dominés ! Tout le monde sait ce qu’est un temps contraint, par exemple. C’est celui d’un horaire de travail qu’on ne choisit pas mais auquel on est soumis. Ou bien quand les horaires de travail et ceux de l’école ne correspondent pas et que nul ne s’en préoccupe à part ceux qui subissent cette situation. La synchronie des temps sociaux est un enjeu social déterminant. Qui en est maître ? Quand la production à flux tendu impose son rythme, les horaires de travail font exploser en miettes la vie de famille. Car les temps contraints sont différents. Ici on voit que l’harmonisation des temps sociaux à partir des personnes plutôt que des marchandises constituerait le début du « bien vivre ».

De plus, la gestion du temps commande aussi la mesure de l’espace. Faute de moyens de transport collectif, celle-ci dépend de la circulation automobile, laquelle dépend des horaires des bureaux et des entreprises, des allers et retours de la main-d’œuvre, des entrées et sorties des camions de livraison. Une distance peut varier du simple au double selon la circulation. Ainsi ceux qui fixent les règles du temps social en sont les maîtres. Comme ils en usent et abusent selon leurs besoins, on peut dire qu’ils en sont les propriétaires. Les dominés nomment de façon significative « temps libre » celui dont ils ont la maîtrise. Ils en sont propriétaires. Le sont-ils pour longtemps ? On voit que l’exigence de rester connecté a étendu le domaine du temps asservi ! La propriété du temps est invisible mais elle n’en est pas moins réelle.

Bien sûr, la fixation de ce temps contraint et son imposition au corps social ne se font pas toutes seules. Il y faut une caste qui en profite et des lois qui l’imposent. Bref, le temps social c’est de la politique. Le temps est-il une propriété publique ou une marchandise privée ? […]

La reconquête du droit au temps long est le premier acte d’une gestion écologique de la société. Elle se traduit de deux façons. D’abord ralentir la vie, c’est-à-dire inverser tout ce qui est accéléré sans raison. C’est la synchronie des temps sociaux qui est en cause. Quel est alors le temps dominant ? Celui de la production et de l’échange ou bien celui de la personne ? […]

Notre présent est envoûté par l’appel du futur de façon aussi violente que le désir s’accroît à mesure que son objet s’éloigne. La transe du futur est permanente. C’est un phénomène intimement ancré en chacun d’entre nous. Au cours de leur existence, tous les humains doivent à présent changer sans cesse profondément leurs usages et les connaissances qui vont avec à propos du quotidien le plus banal ! Rares sont à présent les moments où l’utilisateur sait dire « comment ça marche ». Et quand il le sait on est déjà passé à autre chose. »

Rendez-vous au Théâtre ! Les soirées au Phénix de Valenciennes.

Nous vous donnons rendez-vous pour  quatre spectacles de qualité. Inscrivez-vous vite auprès de vos professeurs de Lettres !

  • Mercredi 26 novembreLes Particules élémentaires                                               mise en scène de Julien Gosselin d’après le roman de Michel Houellebecq.                                                                                                                 Départ 17H30

           En attendant, rendez-vous sur la page du site du             Phénix: http://www.lephenix.fr/saison/les-particules-elementaires/

  • Jeudi 4 décembre – Tartuffe ou l’Imposteurde Molière                                       mise en scène de Benoît Lambert.                                               Départ 18H30

 En attendant, rendez-vous sur la page du site du             Phénix:http://www.lephenix.fr/saison/tartuffe-ou-limposteur/

  • Jeudi 29 janvier – Pantagruel de François Rabelais                                            mise en scène de Benjamin Lazar.                                              Départ 18H30

                En attendant, rendez-vous sur la page du site du Phénix:    http://www.lephenix.fr/saison/pantagruel/  http://www.lephenix.fr/saison/pantagruel/

  • Jeudi 12 février – Si tu veux pleurer, prends mes yeux ! mise en scène d’Antoine Lemaire d’après Le Roi Lear de Wiliam Shakespeare.               Départ 18H30

           En attendant, rendez-vous sur la page du site du Phénix:   http://www.lephenix.fr/saison/si-tu-veux-pleurer-prends-mes-yeux/

A l’issue de chacun de ces spectacles, n’hésitez pas à échanger vos impressions, partager vos réactions. Intervenez en commentaires sur ce site pour prolonger la quête !