Hommage à Bernard Maris, économiste « humaniste ».

Bernard Maris, assassiné le 7 janvier 2015 avec ses amis dessinateurs, était membre de Charlie Hebdo et économiste. Il était également un remarquable penseur du monde contemporain.

Une vidéo courte et passionnante sur notre société, qui porte un regard extrêmement lucide sur l’Homme moderne et la société occidentale:

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=sbNADxAZtc8[/youtube]

JMG Le Clézio – Lettre à ma fille, au lendemain du 11 janvier 2015.

Je vous transmets le très beau texte de JMG Le Clézio, publié dans Le Monde le 14 janvier 2015. Il permet une réflexion très pertinente et profondément humaniste sur l’événement.

  « Tu as choisi de participer à la grande manifestation contre les attentats terroristes. Je suis heureux pour toi que tu aies pu être présente dans les rangs de tous ceux qui marchaient contre le crime et contre la violence aveugle des fanatiques. J’aurais aimé être avec toi, mais j’étais loin, et pour tout dire je me sens un peu vieux pour participer à un mouvement où il y a tant de monde. Tu es revenue enthousiasmée par la sincérité et la détermination des manifestants, beaucoup de jeunes et des moins ­jeunes, certains familiers de Charlie Hebdo, d’autres qui ne le connaissaient que par ouï-dire, tous indignés par la lâcheté des attentats. Tu as été touchée par la présence très digne, en tête de cortège, des familles des victimes.

  Tes parents ont tremblé pour toi, mais c’est toi qui avais raison de braver le danger

Emue d’apercevoir en passant un petit enfant d’origine africaine qui regardait du haut d’un balcon dont la rambarde était plus haute que lui. Je crois en effet que cela a été un moment fort dans l’histoire du peuple français tout entier, que certains ­intellectuels désabusés voudraient croire frileux et pessimiste, condamné à la soumission et à l’apathie. Je pense que cette journée aura fait reculer le spectre de la discorde qui menace notre société plurielle.

Il ­fallait du courage pour marcher désarmés dans les rues de Paris et d’ailleurs, car si parfaite soit l’organisation des forces de police, le risque d’un attentat était bien réel. Tes parents ont tremblé pour toi, mais c’est toi qui avais raison de braver le danger. Et puis il y a toujours quelque chose de miraculeux dans un tel moment, qui réunit tant de gens divers, venus de tous les coins du monde, peut-être justement dans le regard de cet enfant que tu as vu à son balcon, pas plus haut que la rambarde, et qui s’en souviendra toute sa vie.

Cela s’est passé, tu en as été témoin.

Ils ne sont pas des barbares

Maintenant il importe de ne pas oublier. Il importe – et cela revient aux gens de ta génération, car la nôtre n’a pas su, ou n’a pas pu, empêcher les crimes racistes et les dérives sectaires – d’agir pour que le monde dans lequel tu vas continuer à vivre soit meilleur que le nôtre. C’est une entreprise très difficile, presque insurmontable. C’est une entreprise de partage et d’échange.

J’entends dire qu’il s’agit d’une guerre. Sans doute, l’esprit du mal est présent partout, et il suffit d’un peu de vent pour qu’il se propage et consume tout autour de lui. Mais c’est une autre guerre dont il sera question, tu le comprends : une guerre contre l’injustice, contre l’abandon de certains jeunes, contre l’oubli tactique dans lequel on tient une partie de la population (en France, mais aussi dans le monde), en ne partageant pas avec elle les bienfaits de la culture et les chances de la réussite sociale.

Le premier souffle de vengeance qui passe les a embrasés, et ils ont pris pour de la religion ce qui n’était que de l’aliénation

Trois assassins, nés et grandis en France, ont horrifié le monde par la barbarie de leur crime. Mais ils ne sont pas des barbares. Ils sont tels qu’on peut en croiser tous les jours, à chaque instant, au lycée, dans le métro, dans la vie quotidienne. A un certain point de leur vie, ils ont basculé dans la délinquance, parce qu’ils ont eu de mauvaises fréquentations, parce qu’ils ont été mis en échec à l’école, parce que la vie autour d’eux ne leur offrait rien qu’un monde fermé où ils n’avaient pas leur place, croyaient-ils. A un certain point, ils n’ont plus été maîtres de leur destin. Le premier souffle de vengeance qui passe les a embrasés, et ils ont pris pour de la religion ce qui n’était que de l’aliénation.

Il faut remédier à la misère des esprits

C’est cette descente aux enfers qu’il faut arrêter, sinon cette marche collective ne sera qu’un moment, ne changera rien. Rien ne se fera sans la participation de tous. Il faut briser les ghettos, ouvrir les portes, donner à chaque habitant de ce pays sa chance, entendre sa voix, apprendre de lui autant qu’il apprend des autres. Il faut cesser de laisser se construire une étrangeté à l’intérieur de la nation. Il faut remédier à la misère des esprits pour guérir la maladie qui ronge les bases de notre société démocratique.

Je pense que c’est ce sentiment qui a dû te frapper, quand tu marchais au milieu de cette immense foule. ­Pendant cet instant miraculeux, les barrières des classes et des origines, les différences des croyances, les murs séparant les êtres n’existaient plus. Il n’y avait qu’un seul peuple de France, multiple et unique, divers et battant d’un même cœur. J’espère que, de ce jour, tous ceux, toutes ­celles qui étaient avec toi continueront de marcher dans leur tête, dans leur esprit, et qu’après eux leurs enfants et leurs petits-enfants continueront cette marche. »

cf http://www.lemonde.fr/livres/article/2015/01/14/lettre-a-ma-fille-au-lendemain-du-11-janvier-2015-par-jmg-le-clezio_4556225_3260.html

??????, en Grèce: un air de printemps en plein hiver ?

GrèceEn ce 25 janvier 2015, la Grèce vient de faire un choix probablement historique et de montrer l’exemple à l’Europe entière,  comme elle le fit dans sa gloire antique. Une petite évocation du contexte ne semble pas superflue.

Au moment le plus dur de la crise, alors qu’en France une grande partie de l’électorat semblent faire le choix de la droite extrême, les grecs ont porté au pouvoir le parti  ????????????????? ????????????? ?????????, Synaspismós Rhizospastikís Aristerás, ou Coalition de la gauche Radicale, équivalent du Front de Gauche en France. Les Grecs, eux, n’ont pas cédé aux sirènes de la droite vindicative et haineuse du parti ????? ????, au joli nom trompeur d' »Aube dorée », et ont renvoyé à leurs mensonges, impuissances et compromissions les partis habitués du pouvoir et inféodés aux diktats néo-libéraux de l’Allemagne et autres « grands » d’Europe, insensibles au désarroi et à la misère croissante de tout un peuple, anesthésiés par les dogmes et conformismes pseudo-rationnels d’une Europe néo-libérale, mais surtout capitaliste.

C’était un déchirement que de voir le peuple créateur de la démocratie « agenouillé » par cette Allemagne intransigeante et si peu soutenu par une France impotente. Les grecs ont bien compris qu’ils devaient se frayer eux-mêmes leur chemin vers la lumière, et si tout se déroule comme ils l’ont prévu, ils vont refuser la logique de l’argent-roi, redonnant la priorité à l’humain, ce qu’aucun grand état de l’Europe n’a encore osé faire.

TsiprasSon leader charismatique, Alexis Tsipras,président du mouvement depuis 2012, a promis d’augmenter les plus bas salaires et de fournir une aide alimentaire d’urgence aux plus déshérités de la nation grecque, durement éprouvée par la dette financière et la crise que celle-ci n’a fait qu’accroître dans le pays.

Face à cette situation d’une extrême difficulté rencontrée par le peuple grec, la Communauté européenne s’est montrée, sous l’impulsion de l’Allemagne et des pays du Nord, à l’économie plus prospère, peu indulgente et s’est érigée en créancière, laissant un état exsangue, incapable de soulager son peuple, et de vraiment réduire la dette.

SyrizaSyriza remet franchement cette dette en question et propose d’effacer cette dette comme le fut celle de l’Allemagne, lors de l’accord  de Londres en février 1953 : de fait, L’allègement radical de la dette de la République fédérale d’Allemagne (RFA) et sa reconstruction rapide après la seconde guerre mondiale n’ont été rendus possibles que grâce à la volonté politique de ses créanciers, c’est-à-dire les États-Unis et leurs principaux alliés occidentaux (Royaume-Uni, France). Il faut se souvenir que la dette alors réclamée à l’Allemagne concernant l’avant-guerre s’élevait à 22,6 milliards de marks si on comptabilise les intérêts. La dette de l’après-guerre était estimée à 16,2 milliards. Lors de l’accord conclu à Londres, ces montants furent ramenés à 7,5 milliards de marks pour la première et à7 milliards de marks pour la seconde. En pourcentage, cela représente une réduction de 62,6 % !!

Aujourd’hui, l’Allemagne qui se montre si inflexible face à la Grèce n’a toujours pas totalement remboursé cette dette.                                                                                          (cf http://www.Latribune.fr//actualites/economie/international/20101001trib000554879 et http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/02/17/l-allemagne-a-t-elle-une-dette-de-guerre-envers-la-grece_1644633_3214.html )

L’entrée en résistance, avec Syriza, de la Grèce contre un système privilégiant les gros états et plaçant, au centre de tout, l’argent en tant que soi-disant « vertu » économique crée un précédent dans cette Europe jusqu’alors acquise sans le moindre esprit critique aux principes d’une politique économique – mais il serait plus juste de parler d’une économie politique tant la hiérarchie s’est  inversée – néo-capitaliste… Il sera intéressant d’observer les évolutions des esprits dans les pays opprimés par les diktats économiques des grandes nations, comme le Portugal, l’Espagne, l’Italie… voire, bientôt, la France !

L'espoir «  ? ?????? ??????? » : L’ESPOIR EST EN MARCHE !

La victoire de Syriza aux élections nationales grecques est donc à plus d’un titre un événement que les hellénistes de tous pays salueront comme l’avènement d’un air de printemps au beau milieu de l’hiver européen !

???? ? ?????? !                                                                                         Vive la Grèce !

???? ? ?????????? !                                                                          Vive la Démocratie !

???? ?????? !                                                                                                  Vive Syriza !

 

 

TARTUFFE, PIECE TRES ACTUELLE…

tartuffe_Mnouchkine   Les raisons qui poussèrent Molière à écrire Tartuffe sont complexes. On sait qu’il était en butte à la méfiance du parti dévot depuis L’Ecole des femmes, et qu’il gardait par ailleurs quelque rancune au Prince de Conti, le premier protecteur de la troupe, d’être devenu au moment de sa conversion religieuse l’un des plus violents adversaires du théâtre. C’est donc vraisemblablement le parti dévot, et en particulier la Compagnie du Saint-Sacrement, sorte de « groupe de pression » religieux recrutant majoritairement dans l’aristocratie et les cercles proches du pouvoir, que Molière visait dans sa comédie : à travers le personnage de Tartuffe, vêtu de manière austère et sans épée comme un homme sur le point d’entrer dans les ordres, Molière attaque non pas la foi mais son instrumentalisation dans la société et les enjeux de pouvoir.
    Pour mettre en valeur l’actualité du propos de Molière, Ariane Mnouchkine a proposé en 1995 au Parc des Expositions d’Avignon une transposition de l’action dans le Maghreb musulman du XXe siècle : le décor est résolument oriental, avec grilles ouvragées, tapis et draps blancs étendus, musique raï en arrière-fond. Son Tartuffe porte la longue tenue noire des islamistes et le comédien qui l’incarne, comme la plupart des comédiens de la pièce, est étranger. À l’heure des fanatismes religieux, Mnouchkine a conçu son spectacle comme une œuvre de combat dont elle ne ferait qu’actualiser la cible. Si elle n’évacue pas la dimension comique de la pièce, elle la met cependant au service d’un propos sérieux, celui de la défense de l’amour et de la liberté contre les manœuvres de domination religieuse.

Rémanences…

                     Du dessinateur Titom à Joann Sfar, une seule et même voix !

Joann_Sfar                       Ariane Mnouchkine peut à nouveau représenter son Tartuffe du                                 grand Molière: ce ne sera jamais trop pour dénoncer l’imposture de                           ce terrorisme.

 

 

CABU, TIGNOUS, CHARB, WOLINSKI: MORTS POUR LA LIBERTE D’EXPRESSION

Hommage à ceux qui sont tombés ce 7 janvier, victimes de l’intolérance !Charlie

La liberté d’expression est le droit pour toute personne de penser comme elle le souhaite et de pouvoir exprimer ses opinions par tous les moyens qu’elle juge opportuns, dans les domaines de la politique, de la philosophie, de la religion, de morale…

Considérée comme une liberté fondamentale, la liberté d’expression est inscrite dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (ONU, 1948, article 19) : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »

« C’est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux. »    Charb

Voltaire, grand combattant en faveur de la liberté d’expression, avait un slogan pour exprimer son rejet de toute forme d’intolérance. Il signait ses lettres de la formule abrégée « Ecr. L’inf. »  (Ecrasons l’Infâme)

Compte tenu de la gravité des menaces qui pèsent à nouveau sur l’esprit, je propose que nous le remettions en usage. Et comme Voltaire maniait sa plume telle une épée, brandissons tous nos stylos !Stylo_brandi