– L’allié-e est une personne qui a conscience de l’impossible neutralité de la recherche scientifique SHS, mais qui considère qu’il s’agit néanmoins de tendre à l’objectivité scientifique. Boaventura de Sousa Santos l’a bien analysé: il y a une relation inversement proportionnelle entre objectivité et neutralité. Plus on se croit neutre, plus on risque de manquer d’objectivité. Plus on est conscience de son absence de neutralité, plus on peut tendre à être objectif.

– L’allié-e est donc une personne qui fait un effort d’objectivation de sa position sociale et de sa relation à l’objet d’étude. On peut distinguer deux types de positions sociales: a) les allié-e-s qui sont en position sociale clairement dominante (ex:Francis Dupuis-Deri illustre ce type d’allié-e) b) en positionnalité sociale ambivalente (ex: Albert Memmi est une illustration de ce type d’allié-e)

– Ces deux types d’allié-e-s jouent un rôle important dans l’étude des stratégies sociales de domination et leur déconstruction. Mais seulement s’il/elle se demande en quoi le point de vue liée à sa positionnalité sociale peut apporter comme savoir sur les rapports sociaux.

– L’allié-e est aussi une personne qui peut admettre, avec réflexion, que dans sa manière d’envisager les questions il puisse y avoir des biais du fait de sa positionnalité sociale et donc accepter des critiques sur ce plan, si elles sont justifiées.

– L’allié-e s’est également une personne qui lorsqu’elle cite des concepts produits par des personnes subalternes n’invisibilise pas leur origine.

– L’allié-e est une personne qui ne va pas parler à la place des personnes les premières concernées, mais qui va au contraire agir avec elle, dans des projets d’écriture collectifs, pour leur permettre de prendre la parole.