Béralde tente de raisonner son frère Argan. Ce passage se situe vers la fin de la scène. Il a déjà cherché à montrer que les médecins ne savent pas comment soigner les gens. Pour lui, certains médecins sont des charlatans, d’autres croient vraiment pouvoir soigner mais font risquer la mort à leurs patients.
Quelques problématiques possibles :
Quels points de vue sur la médecine sont confrontés ici ?
En quoi Béralde et son frère ont-ils deux visions opposées de la médecine ?
En quoi Béralde est-il plus doué pour argumenter que son frère ?
Comment Molière à travers ses personnages exprime-t-il son point de vue sur la médecine et se protège-t-il des critiques ?
Interprétation | Citation | Analyse |
Béralde cherche à prouver à son frère que la médecine ne peut rien pour améliorer la santé. Il énumère tout ce que promet la médecine, et précise son dessein (permettre de vivre plus longtemps) pour mieux l’opposer ensuite à la réalité. | Rectifier le sang, de tempérer les entrailles, et le cerveau, de dégonfler la rate, de raccommoder la poitrine, de réparer le foie, de fortifier le cœur, de rétablir et conserver la chaleur naturelle, et d’avoir des secrets
pour étendre la vie à de longues années |
Enumération
CC de but |
Il associe toute l’énumération précédente, correspondant au discours des médecins, à un « roman ». Il suggère ainsi que la médecine n’est pas crédible. | il vous dit justement le roman de la médecine. | Verbe de parole + Terme renvoyant à l’imaginaire |
Dans la deuxième partie de sa phrase, Béralde oppose les discours des médecins à la réalité. En employant « vous », il oblige Argan (et le spectateur) à étudier la vérité et l’expérience, qui sont bien éloignés des promesses des beaux discours. | Mais quand vous en venez à la vérité, et à l’expérience, vous ne trouvez rien de tout cela | Conj de coordination marquant l’opposition
Emploi du pronom 2° personne, pour s’adresser directement à son frère |
Béralde finit sa démonstration par une comparaison. Il compare les discours des médecins à de beaux songes, qui ne sont qu’illusion. | et il en est comme de ces beaux songes, qui ne vous laissent au réveil que le déplaisir de les avoir crus. | Comparaison avec vocabulaire antithétique (« beaux » ; « déplaisir ») |
La réponse d’Argan est particulièrement ironique. Il se moque de son frère comme si celui-ci pensait avoir la connaissance universelle. | C’est-à-dire que toute la science du monde est renfermée dans votre tête, et vous voulez en savoir plus que tous les grands médecins de notre siècle. | Ironie
Répétition de « toute, tous » Références très larges « du monde » « de notre siècle » |
Béralde fait preuve de sang froid et se contrôle. Il ne s’emporte pas contre son frère qui se moque. Il poursuit son argumentation en continuant d’opposer les discours et les actes des médecins.
Lui aussi fait preuve d’ironie, en reprenant l’expression d’Argan mais en l’associant au possessif de la 2° personne « vos grands médecins », soulignant ainsi son désaccord avec son frère. |
Dans les discours et dans les choses, ce sont deux sortes de personnes, que vos grands médecins. | Insistance sur la dualité avec le rythme binaire + le chiffre 2
Emploi du possessif 2° personne « vos » |
Pour tenter de convaincre son frère, il structure sa pensée pour souligner l’opposition entre les discours et les actes des médecins. Il incite son frère à observer les paroles et les actions des médecins et à en tirer des conclusions. | Entendez-les parler, les plus habiles gens du monde ; voyez-les faire, les plus ignorants de tous les hommes. | Parallélisme
Impératifs Superlatifs Antithèse « habiles/ignorants » |
On voit qu’Argan est beaucoup moins à l’aise pour débattre. Il n’a pas d’argument à opposer à son frère. De ce fait il montre son mécontentement par une interjection et par l’expression du but : remettre son frère à sa place. Il se moque en traitant son frère de « grand docteur » alors que celui-ci ne l’est pas. Comme il ne peut tenir tête lui-même à son frère, il évoque le souhait que des médecins puissent répondre à Béralde à sa place. | Hoy. Vous êtes un grand docteur, à ce que je vois, et je voudrais bien qu’il y eût ici quelqu’un de ces messieurs pour rembarrer vos raisonnements, et rabaisser votre caquet. | Interjection
Ironie Expression d’un souhait CC de but |
Béralde tente de justifier sa démarche : il ne fait que donner un avis mais laisse chacun libre d’avoir un avis différent. | Moi, mon frère, je ne prends point à tâche de combattre la médecine, et chacun à ses périls et fortune, peut croire tout ce qu’il lui plaît. | Formule emphatique
Négation / affirmation |
Il reprend l’idée de la phrase précédente. Il ne cherche pas à dénoncer la médecine en général. (c’est peut-être un moyen de Molière de se protéger des critiques)
Il explique ses paroles par un but personnel : sauver son frère. L’emploi du conditionnel passé suggère que Béralde pense ne pas avoir réussi. |
Ce que j’en dis n’est qu’entre nous, et j’aurais souhaité de pouvoir un peu vous tirer de l’erreur où vous êtes ; | Négation restrictive
Conditionnel passé > irréel du passé |
La référence à Molière évoque l’objectif premier de la comédie, qui est de divertir, mais suggère aussi qu’elle pourrait « tirer de l’erreur » Argan. Cette mise en abyme fait sourire le spectateur. | et pour vous divertir vous mener voir sur ce chapitre quelqu’une des comédies de Molière.
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CC de but
Référence
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Juste retour des choses, Argan parle de « votre Molière » comme Béralde disait « vos grands médecins ». Il exprime ce qu’il pense de Molière, un dramaturge qu’il n’apprécie pas (il le traite d’ « impertinent »). Il continue à défendre les médecins présentés de manière méliorative « d’honnêtes gens ». | C’est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies, et je le trouve bien plaisant d’aller jouer d’honnêtes gens comme les médecins. | Ironie
Possessif 2° pers. Expression méliorative |
Béralde prend la défense de Molière (effet comique puisque c’est Molière lui-même qui a écrit cette pièce) en soulignant qu’il ne s’attaque pas aux personnes mais à leur pratique. | Ce ne sont point les médecins qu’il joue, mais le ridicule de la médecine. | Négation partielle |
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