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Correction du devoir de commentaire sur Annie Ernaux

Pour chaque titre de paragraphe (1 à 6), propose deux citations, chacune analysée et expliquée.                                                 /12

I Une prise de conscience de l’inégalité homme-femme

1 Un couple harmonieux

– L’emploi des pronoms « on » et « nous » dans « on travaille », « nous sommes » > le pronom indéfini « on » tout comme le pronom de la première personne du pluriel « nous » insistent sur l’aspect uni et harmonieux du couple, ce que conforte l’emploi de l’adverbe « ensemble ».

– l’adverbe « ensemble » est repris par la formule « dans la même pièce que lui », ce qui souligne l’idée d’un couple harmonieux, qui travaille de la même manière.

– « l’image attendrissante du jeune couple moderno-intellectuel » adjectifs mélioratifs > l’écrivaine se souvient de l’image d’elle et son mari et en parle avec un vocabulaire mélioratif pour évoquer leur bonne entente.

– « unis, pareils » > phrase non verbale, avec deux expressions sémantiquement proches (= de sens proche) > l’autrice souligne l’égalité qui semble régner entre elle et son mari : ils s’entendent bien et travaillent de la même manière.

2 L’attitude du mari

– « Il se marre » > voc familier > souligne la réaction moqueuse du mari, qui se moque de son beau-père qui lui cuisinait. Cela va blesser la narratrice.

– « si disert , cultivé » et « cocasse, délirant »> l’opposition de deux séries d’adjectifs permet de souligner l’attitude hautaine du mari. Lui, l’intellectuel ne se rabaissera pas à balayer. Pourtant sa femme a le même statut que lui, mais en plus elle fait le ménage !

– À toi d’apprendre ma vieille. Discours indirect libre. > l’autrice rapporte à l’intérieur du récit des propos certainement tenus à l’époque par son mari. Des petites phrases percutantes et rabaissantes, notamment avec l’apostrophe péjorative et familière « ma vieille ».

– « Tu sais, je préfère manger à la maison plutôt qu’au restau U, c’est bien meilleur ! » Sincère, et il croyait me faire un plaisir fou. > paroles rapportées au discours direct + comparatifs > le mari pense faire plaisir à sa femme en lui faisant des compliments sur sa cuisine. Mais pour elle c’est pire. L’hyperbole « faire un plaisir fou » met d’autant plus en valeur la désillusion de la femme le manque de bon sens du mari totalement aveugle à ce que ressent sa femme « il croyait » !

– « m’encourage, souhaite que je réussisse, que je me « réalise » » : champ lexical de l’encouragement > le mari tient un discours égalitaire et souhaite que sa femme réussisse socialement tout autant que lui. Il ne se rend pas compte du décalage entre ses propos « il me dit et me répète qu’il a horreur des femmes popotes. » et ses actes (il refuse de balayer ou faire la cuisine).

3 La comparaison à des modèles

– « Le genre de ton père, pas le mien ! » opposition des déterminants possessifs > qui souligne l’opposition entre leurs parents respectifs et le regard dégradant du mari sur son beau-père

– « Mes parents, l’aberration, le couple bouffon. » > phrase non verbale au rythme ternaire > en peu de mots l’autrice montre le regard dénigrant porté sur sa famille, une famille hors du commun puisque son père et sa mère se partageaient les tâches du quotidien. Elle choisit des termes forts « aberration » « bouffon » pour souligner l’image négative portée par son mari.

– « monsieur père laisse son épouse s’occuper de tout dans la maison » L’apposition « monsieur père » souligne le respect du fils pour son père

– « comment elles font les filles mariées » > formulation orale emphatique avec reprise du sujet > l’autrice nous plonge dans les réflexions de la jeune femme débordée qu’elle a été, qui cherchait des réponses à ses doutes

II L’évolution de la narratrice

4 Son ressentiment

– « Je suis humiliée. » > verbe d’état et adj exprimant un sentiment > l’autrice exprime clairement ce qu’elle a ressenti lorsque son mari se moquait de sa famille.

– « Seulement des allusions, des remarques acides, l’écume d’un ressentiment mal éclairci » phrase non verbale, rythme ternaire, métaphore de l’écume, énumérations d’actions de la jeune femme pour montrer à son mari ce qu’elle ressent.

5 Sa remise en question

– « est-ce que c’est vraiment important » et « relèvent-elles » interrogations au discours indirect libre > l’autrice note les questions qu’elle s’est posée à cette période de sa vie, pendant laquelle elle doute de ses droits.

– opposition entre « le rire, l’entente » et « des histoires de patate à éplucher » > cette opposition souligne l’hésitation de la jeune femme.

– « je me suis mise à en douter » première personne + passé composé pour exprimer ce qu’elle a ressenti, ses doutes.

6 Son effacement progressif

– « avec peine et sans goût » opposé à « avec enthousiasme » : cela montre l’évolution du personnage qui perd sa motivation pour les études

-« mes buts d’avant », « l’année d’avant » répétition d’une indication temporelle > la narratrice oppose deux périodes, celle avant d’être en couple et celle actuelle d’une vie à deux.

– « moi, je me sentais couler » puis vers la fin du texte « je me dilue, je m’engourdis » > métaphores avec images d’un liquide (couler, diluer) > Ernaux montre comment peu à peu elle s’efface face à son mari. Fatiguée par les tâches ménagères, elle a perdu la motivation de finir ses études et se laisse enfermer dans le rôle qu’on lui assigne de la maitresse de maison. D’où le titre de femme gelée.

Idées de problématiques :

Comment Annie Ernaux met-elle en évidence l’inégalité qui existait dans son couple ?

Comment l’autrice montre-t-elle l’évolution de son personnage féminin ?

Puis rédige une introduction du commentaire de ce texte. /4

Enfin rédige un paragraphe au choix (1 à 6) bien développé.      /4

Commentaire devoir en 2h

Un mois, trois mois que nous sommes mariés, nous retournons à la fac, je donne des cours de latin. Le soir descend plus tôt, on travaille ensemble dans la grande salle. Comme nous sommes sérieux et fragiles, l’image attendrissante du jeune couple moderno-intellectuel. Qui pourrait encore m’attendrir si je me laissais faire, si je ne voulais pas chercher comment on s’enlise, doucettement. En y consentant lâchement. D’accord je travaille La Bruyère ou Verlaine dans la même pièce que lui, à deux mètres l’un de l’autre. La cocotte-minute, cadeau de mariage si utile vous verrez, chantonne sur le gaz. Unis, pareils. Sonnerie stridente du compte-minutes, autre cadeau. Finie la ressemblance. L’un des deux se lève, arrête la flamme sous la cocotte, attend que la toupie folle ralentisse, ouvre la cocotte, passe le potage et revient à ses bouquins en se demandant où il en était resté. Moi. Elle avait démarré, la différence.

Par la dînette. Le restau universitaire fermait l’été. Midi et soir je suis seule devant les casseroles. Je ne savais pas plus que lui préparer un repas, juste les escalopes panées, la mousse au chocolat, de l’extra, pas du courant. Aucun passé d’aide-culinaire dans les jupes de maman ni l’un ni l’autre. Pourquoi de nous deux suis-je la seule à me plonger dans un livre de cuisine, à éplucher des carottes, laver la vaisselle en récompense du dîner, pendant qu’il bossera son droit constitutionnel. Au nom de quelle supériorité. Je revoyais mon père dans la cuisine. Il se marre, « non mais tu m’imagines avec un tablier peut-être ! Le genre de ton père, pas le mien ! ». Je suis humiliée. Mes parents, l’aberration, le couple bouffon. Non je n’en ai pas vu beaucoup d’hommes peler des patates. Mon modèle à moi n’est pas le bon, il me le fait sentir. Le sien commence à monter à l’horizon, monsieur père laisse son épouse s’occuper de tout dans la maison, lui si disert[1], cultivé, en train de balayer, ça serait cocasse, délirant, un point c’est tout. À toi d’apprendre ma vieille. […]

Je n’ai pas regimbé, hurlé ou annoncé froidement, aujourd’hui c’est ton tour, je travaille La Bruyère. Seulement des allusions, des remarques acides, l’écume d’un ressentiment mal éclairci. Et plus rien, je ne veux pas être une emmerdeuse, est-ce que c’est vraiment important, tout faire capoter, le rire, l’entente, pour des histoires de patates à éplucher, ces bagatelles relèvent-elles du problème de la liberté, je me suis mise à en douter. Pire, j’ai pensé que j’étais plus malhabile qu’une autre, une flemmarde en plus, qui regrettait le temps où elle se fourrait les pieds sous la table, une intellectuelle paumée incapable de casser un œuf proprement. Il fallait changer. À la fac, en octobre, j’essaie de savoir comment elles font les filles mariées, celles qui, même, ont un enfant. Quelle pudeur, quel mystère, « pas commode » elles disent seulement, mais avec un air de fierté, comme si c’était glorieux d’être submergée d’occupations. La plénitude des femmes mariées. Plus le temps de s’interroger, couper stupidement les cheveux en quatre, le réel c’est ça, un homme, et qui bouffe, pas deux yaourts et un thé, il ne s’agit pas d’être une braque[2]. Alors, jour après jour, de petits pois cramés en quiche trop salée, sans joie, je me suis efforcée d’être la nourricière, sans me plaindre.

« Tu sais, je préfère manger à la maison plutôt qu’au restau U, c’est bien meilleur ! » Sincère, et il croyait me faire un plaisir fou. Moi je me sentais couler. Version anglaise, purée, philosophie de l’histoire, vite le supermarché va fermer, les études par petits bouts c’est distrayant mais ça tourne peu à peu aux arts d’agrément. J’ai terminé avec peine et sans goût un mémoire sur le surréalisme que j’avais choisi l’année d’avant avec enthousiasme. Pas eu le temps de rendre un seul devoir au premier trimestre, je n’aurai certainement pas le capes, trop difficile. Mes buts d’avant se perdent dans un flou étrange. Moins de volonté. Pour la première fois, j’envisage un échec avec indifférence, je table sur sa réussite à lui, qui, au contraire, s’accroche plus qu’avant, tient à finir sa licence et sciences po en juin, bout de projets. Il se ramasse sur lui-même et moi je me dilue, je m’engourdis.

Quelque part dans l’armoire dorment des nouvelles, il les a lues, pas mal, tu devrais continuer. Mais oui, il m’encourage, il souhaite que je réussisse au concours de prof, que je me « réalise » comme lui. Dans la conversation, c’est toujours le discours de l’égalité. Quand nous nous sommes rencontrés dans les Alpes, on a parlé ensemble de Dostoïevski et de la révolution algérienne. Il n’a pas la naïveté de croire que le lavage de ses chaussettes me comble de bonheur, il me dit et me répète qu’il a horreur des femmes popotes.

Annie Ernaux, La Femme gelée. Éditions GALLIMARD. 1981

Voici une proposition de plan :

I Une prise de conscience de l’inégalité homme-femme

1 Un couple harmonieux

2 L’attitude du mari

3 La comparaison à des modèles

II L’évolution de la narratrice

4 Son ressentiment

5 Sa remise en question

6 Son effacement progressif

Pour chaque titre de paragraphe (1 à 6), propose deux citations, chacune analysée et expliquée. /12

Propose une problématique d’étude                        /1 (bonus)

Puis rédige une introduction du commentaire de ce texte.   /4

Enfin rédige un paragraphe au choix (1 à 6) bien développé.       /4


[1] Disert : qui parle facilement

[2] Une écervelée

Essai sur La Bruyère : intérêt de la lecture de portraits moraux

Selon vous quel intérêt peut-on trouver à la lecture de portraits moraux ?

Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en prenant appui sur Les Caractères de La Bruyère, sur le texte de l’exercice de la contraction et sur ceux que vous avez étudiés dans l’année dans le cadre de l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

 

Analyse du sujet

On observe les expressions ou les verbes utilisés :

« Selon vous », cela veut dire que les réponses peuvent être variées. Malgré tout, il faut limiter l’emploi de la première personne.

On pense à chercher les présupposés, c’est-à-dire ce qui est sous-entendu par la question. Par exemple ici, « quel intérêt » : cela présuppose qu’on peut trouver de l’intérêt à lire des portraits moraux. Cette partie n’est pas discutable.

On repère les mots-clés. Ici « intérêt » et « portraits moraux » et on reformule le sujet > le sujet porte sur ce qu’apporte la lecture de textes qui décrivent le caractère de personnages.

 

Recherche d’idées

L’essai est rattaché à l’exercice de contraction. On relit donc le texte de départ (qui était à contracter) en cherchant des éléments de réponse à la question :

– Etudier la nature humaine, comme Aristote qui dressait les portraits moraux pour les analyser. On peut analyser la nature humaine aussi à partir des écrits. Cf. Jorda

– s’amuser : certains portraits satiriques ou comiques font rire ou sourire. Cf Jorda et pièces de Molière. A l’époque classique, on cherche à plaire et instruire. On peut plaire en amusant.

– mieux connaitre les autres : Cf. Jorda. Théophraste propose des portraits moraux précis. Une fois les portraits lus, on connait les personnages, les actions associées à leurs défauts.

On passe en revue les textes qu’on a étudiés (Irène, Gnathon, La Besace) et ce qu’on connait sur La Bruyère, ses Caractères et le reste de ses connaissances (par exemple vous connaissez Molière L’Avare ou Le Bourgeois gentilhomme ou Le Malade imaginaire …) Cela permet de trouver d’autres éléments de réponse.

– mieux se connaitre soi-même et se corriger : // avec La Fontaine la besace et souhait de La Bruyère dans sa préface (faire voir le ridicule de certains traits de caractère et servir de miroir au lecteur pour que celui-ci se corrige).

Choix d’un plan

On organise ses idées. On les ordonne de manière à apporter de manière logique une réponse à la question.

Pour chaque paragraphe on doit avoir une idée précise à développer, accompagnée d’une ou deux références qui servent d’exemples.

La lecture de portraits moraux permet :

1 de se divertir : Jorda évoque les portraits satiriques et comiques. On pense aussi au portrait de Ménalque dont la distraction nous amuse.

2 de s’instruire : mieux connaitre la nature humaine en général. Jorda évoque Aristote et Platon : les portraits proposés sont des analyses de la nature humaine.

3 de mieux connaître les autres : les portraits de Théophraste permettent de comprendre les actions des autres souvent liées à leur caractère.

4 mieux se connaître soi-même et se corriger : voir la Besace de La Fontaine ; préface de La Bruyère et devise « castigat ridendo mores » Il faut corriger les mœurs en riant.

Rédaction en construisant un travail organisé :

Introduction

3 ou 4 paragraphes de développement

Conclusion

Exemple de paragraphe rédigé :

Les portraits moraux permettent de se divertir. Jorda dans son encyclopédie Imago Mundi évoque les portraits satiriques et comiques qui ont cette fonction de faire rire le spectateur ou le lecteur. On peut penser aux portraits que fait Molière de grands types de caractères comme l’avare ou le malade imaginaire dans des pièces de théâtre du même nom (éponymes). L’avarice d’Harpagon amène celui-ci à des actions ridicules qui amusent le public. De même La Bruyère amuse le lecteur avec le portrait qu’il fait de Ménalque. Ce personnage, portrait-type du distrait, nous fait rire par ses oublis. Il sort de chez lui sans s’être habillé, il cherche des objets qu’il a sous la main… On voit donc que les portraits moraux peuvent amuser le lecteur.

Une phrase pour lancer l’idée

Développement de l’idée : on l’explique et on l’illustre par des exemples

Une phrase pour rappeler l’idée

Contraction de texte en lien avec Caractères XI de La Bruyère

Contraction de texte

(texte de 715 mots)

Vous résumerez ce texte en 179 mots. Une tolérance de +/- 10 % est admise : votre travail comptera au moins 161 et au plus 197 mots.

Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de la contraction, le nombre total de mots utilisés.

 

On donne le nom de Caractères à certaines compositions dont les auteurs appartiennent au genre des écrivains moralistes. Les qualités morales qui distinguent un humain d’un autre forment son caractère : décrire son caractère, c’est faire son portrait moral. Les philosophes grecs ont fait souvent des classifications et des descriptions de caractères, soit qu’ils aient rassemblé, sous le nom d’un vice ou d’une vertu, tous les traits moraux qui l’accompagnent chez la plupart des hommes, soit qu’ils aient étudié les qualités morales qui caractérisent telle ou telle condition de la société. Platon, dans sa République, et Aristote, dans sa Rhétorique, ont laissé d’admirables modèles de ces analyses. Avec moins d’élévation philosophique, mais d’une manière plus vivante, les auteurs satiriques et comiques de tous les temps ont fait des peintures de caractères. Nous citerons pour exemples la satire sur les femmes de Boileau, et, dans le Misanthrope de Molière, la fameuse scène des portraits. Il y a un genre de comédie qu’on appelle comédie de caractères. Les orateurs de la chaire ont souvent fait des portraits moraux. Mais les caractères ne sont devenus un genre littéraire que grâce à deux écrivains, Théophraste, philosophe grec qui florissait au commencement du IVe siècle av. J.-C., et La Bruyère, qui publia son ouvrage en 1688, sous le titre de : Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle.

Le premier, élevé à l’école d’Aristote, (c’est à dire à l’école du plus grand observateur philosophe de l’Antiquité), après avoir vécu de longues années à Athènes (la ville de la Grèce la plus riche en originaux de tous genres), parvenu enfin au terme d’une vieillesse très avancée, écrivit un livre de Portraits moraux. Il y condense ses observations sur les hommes, et les rédigea en philosophe. Il considère un vice ou un travers de la nature humaine ou des gens de son temps : il le nomme, le définit et le décrit, en énumérant trait par trait les manières de parler et agir des hommes affectés de ce travers ou de ce vice. Les observations sont justes, délicates, les traits souvent comiques ; on voit plusieurs de ses personnages, et, après l’avoir lu, on les connaît.

L’ouvrage de Théophraste n’a acquis tout son prix pour les lecteurs français que dans la spirituelle traduction qu’en a donnée La Bruyère. Cet écrivain a publié son propre livre sous ce titre : Les Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec les Caractères ou les mœurs de ce siècle ; il ne se nommait même pas. Malgré cette réserve, il a transformé le genre par la vie qu’il a répandue dans ses portraits. Il s’y montre plus moraliste que philosophe, prenant les idées par le détail, et non par l’ensemble. La Bruyère est à la fois un peintre de l’humanité, et un satirique. Il a trop vu les hommes de près, il a trop souffert de leurs vices et de leurs travers, il a été trop victime de la société où il a vécu, il est enfin trop homme de cœur, pour n’être pas tenté de vouer certains personnages à la dérision ou au mépris public : d’autre part, il a l’esprit trop élevé pour n’être qu’un pamphlétaire. Il compose donc certains caractères, où il met tout ce qu’il a pu observer sur le vif en tel ou tel ; il complète en vrai artiste le personnage, à qui, dans la nature, il manque toujours quelque chose pour être un type achevé ; il lui donne un nom de fantaisie, et il expose ainsi son portrait.

On a souvent comparé La Bruyère à Molière, malgré la différence des genres; Suard préfère le mettre en parallèle avec Montaigne étudiant l’humain en lui-même, et avec La Rochefoucauld rapportant toutes ses actions à un seul principe; l’un et l’autre ayant peint l’humain de tous les temps et de tous les lieux, l’humain en général, tandis que La Bruyère a observé et peint l’humain envisagé dans les diverses professions où il révèle plus naturellement tel ou tel défaut : ainsi le courtisan, le magistrat, le financier, le nouvelliste, le bourgeois du XVIIe siècle, sans parler des personnages abstraits en qui il idéalise un ridicule; en un mot, il a représenté le choc des passions sociales, les habitudes d’état et de profession, aussi bien à la cour qu’à la ville.

Encyclopédie Imago Mundi, Serge Jodra, 2020

Correction possible

On appelle Caractères certaines œuvres de moralistes. Le caractère désigne l’ensemble des caractéristiques morales d’une personne. Les philosophes grecs, Platon et Aristote notamment, les ont souvent listés et décrits. A toutes les époques des écrivains les ont dépeints, pour faire rire ou critiquer. Nous ferons référence par exemple / à Molière qui propose des portraits célèbres de ses personnages dans le Misanthrope. Mais c’est à Théophraste et à La Bruyère que les Caractères doivent leurs lettres de noblesse.

Théophraste, à la fin de sa vie, a regroupé dans un livre ses observations sur la nature humaine en partant / pour chaque portrait d’une qualité ou d’un défaut.

La Bruyère a fait connaitre l’œuvre de Théophraste en en publiant une traduction accompagnée de ses Caractères. Cet auteur rend ses portraits vivants et se moque des défauts de ses personnages. Il prend exemple sur son vécu et rajoute le nécessaire pour brosser de grands types /de caractères.

On peut rapprocher La Bruyère de Molière, de Montaigne ou de La Rochefoucauld, à la différence que La Bruyère s’attache au statut social ou à la fonction.     183 mots

 

Contraction de bac blanc : correction

Exemple de correction de la contraction du texte de Gaston Berger

Lors d’une première rencontre, nous ne découvrons que la façade sociale d’un individu. Son apparence nous donne des précisions sur lui. Même si certains signes sont parfois subtils, chacun porte la marque de la société, pense et voit le monde à travers le prisme de son environnement familial ou scolaire.

Selon ce point de vue que nous avons du monde, nous réagissons émotionnellement de manière automatique. Ainsi, si je connais la situation sociale et familiale de quelqu’un, je saurai en déduire certaines de ses opinions. Mais cela ne me suffira pas pour le connaitre vraiment car il me manque alors son caractère, caché par l’aspect que la société lui a donné.

Il faut aussi considérer les événements pour connaître l’autre. La mort d’un mari par exemple peut profondément marquer une femme et expliquer qui elle est. Qui nous sommes vient en partie de notre vécu. Autant ce qui vient de notre caractère peut se retrouver chez d’autres, autant notre histoire vécue nous est propre et unique.

Apparence, tempérament et vécu constituent notre nature. Mais cela ne correspond pas encore à qui l’on est, car à cela faut-il encore ajouter la liberté.

Contraction de bac blanc (série technologique)

Œuvre Les Caractères de La Bruyère, chapitre XI « De l’Homme », Parcours : peindre les Hommes, examiner la nature humaine

 

Texte : Gaston Berger, Traité pratique d’analyse du caractère

Gaston Berger est un philosophe et haut fonctionnaire français. Dans le Traité pratique d’analyse du caractère (1950), il définit la science de la caractérologie comme « une manière nouvelle de reprendre la psychologie tout entière, à partir de la réalité concrète des individus, et non en étudiant quelques grandes fonctions que l’on suppose identiques ou du moins analogues chez tous les hommes. »

Quand nous voyons quelqu’un pour la première fois et que nous nous demandons « à qui » nous avons affaire, ce que nous voyons de lui, d’abord, c’est moins sa personne que son personnage. Celui-ci, proclamé par l’uniforme du soldat ou la casquette du wattman[1], se traduit aussi parfois, d’une manière qui semble plus discrète, par certaines particularités du costume ou de la coiffure, par le jeu des décorations ou des insignes. Ces détails ne sont pas sans importance, car ils traduisent le consentement du sujet. L’uniforme est imposé au soldat ou au facteur. Au contraire, celui qui arbore un insigne manifeste par là qu’il assume consciemment sa fonction sociale.

Les signes par où se révèle le personnage ne sont pas toujours aussi apparents. Ils peuvent être difficiles à interpréter ou même manquer tout à fait. Mais, avec ou sans étiquette, la marque imprimée par la société sur l’individu est d’une extrême importance. Elle se traduit par un certain nombre de dispositions engendrées et durcies[2] : d’une part, des manières d’agir, de marcher, de regarder, de parler ; de l’autre, des systèmes d’idées assez arrêtées, de croyances, d’opinions ; bref, un comportement et une mentalité, des attitudes et des convictions. Chacun a ainsi reçu, de sa famille, de l’école, des camarades, un certain nombre de certitudes qu’il met rarement en question, à partir desquelles il raisonne et qui constituent le cadre de référence auquel il rapportera les événements et les idées.

A ces opinions correspondent des systèmes de réactions affectives ou verbales, montés en nous par la vie en groupe, et qui se déclenchent, quand l’occasion se présente, avec l’automatisme d’un réflexe. Il n’y a pas tellement de différence entre la manière dont une jambe s’étend quand on percute le tendon rotulien[3] et la réaction d’enthousiasme ou d’indignation que provoque, dans le milieu qui y est sensibilisé, une affirmation sur le dirigisme[4] ou la vie communautaire. Lorsque je sais, par exemple, au bout de quelques minutes de conversation, que mon interlocuteur est un ingénieur catholique, préoccupé d’action sociale et père de quatre enfants, je suis aussitôt à même de déterminer, non seulement quelques-unes de ses zones d’intérêt, mais aussi certaines des positions qu’il peut prendre. Je sais – en gros – comment s’organisent ses certitudes et où se manifesteront des résistances. Pourtant, bien des choses m’échappent encore. Il y a des ingénieurs doux et patients, d’autres violents et autoritaires. Certains aiment les arts, d’autres les méprisent. Ceux-ci sont intéressés[5] et égoïstes, ceux-là généreux et serviables. Derrière le personnage, il y a l’homme. Pour atteindre celui-ci, il faut pénétrer sous la couche que la société a déposée à sa surface. Il faut enlever le personnage comme on ferait d’un masque … Ce que donne la société, ce sont des idées toutes faites, des comportements précis, voire des gestes : en somme, une matière. Ce qui tient au caractère, ce sont des formes … Entre les qualités indéfiniment variables que nous offre la vie psychologique, il y a des liaisons constantes.

[…] Pour épuiser tout ce qui fait qu’un homme est « tel » homme, il reste à faire une place aux événements. Cette femme est peut-être une sentimentale, mais c’est aussi – et parfois c’est avant tout – la femme qui a vu mourir entre ses bras un mari qu’elle adorait. Elle est devenue l’être de ce deuil et on ne saurait la comprendre sans en tenir compte. Sans doute est-ce à son caractère qu’est due la persistance tenace de ce souvenir douloureux et son impuissance à le dominer. Mais c’est pourtant cet événement et non un autre qui a fait passer à l’acte ses virtualités[6]. Chacun de nous a ainsi une histoire qui nous a fait ce que nous sommes. Les déterminations essentielles[7] peuvent être plus ou moins communes, mais elles restent toujours générales, même lorsqu’on en découvre une qui n’apparait que dans un seul individu. Les déterminations historiques, au contraire, sont existentielles[8]. Elles sont des faits, liés au temps et à l’espace, qui ne valent que pour un sujet unique : lui seul était là, à tel moment, engagé dans telles difficultés…

Ces couches diverses, qu’on ne distingue que pour mieux comprendre comment elles s’unissent pour former une personnalité, composent la nature de l’homme. Elles ne nous livrent pourtant pas son essence. Derrière cette nature, il y a la liberté qui s’y engage et qui compose avec elle, suivant un mode qui est loin d’être simple.

Gaston Berger, Traité pratique d’analyse du caractère, PUGF, 1950

(info : texte proposé dans l’édition Biblio lycée Hachette)

 

Contraction : Vous résumerez ce texte de Gaston Berger (737 mots) en 185 mots. Une tolérance de +/- 10% est admise : votre travail comptera au moins 167 et au plus 203 mots. Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de la contraction, le nombre de mots qu’elle comporte.

[1] Wattman : conducteur de tramway

[2] rigides

[3] Tendon rotulien : partie de l’articulation du genou qui, quand on le frappe, provoque le réflexe d’allonger la jambe.

[4] Dirigisme : système économique où l’Etat assume une grande part de contrôle.

[5] Intéressés : attachés à leur intérêt personnel

[6] Virtualités : potentialités, possibilités

[7] Essentielles : qui concernent l’essence, la nature propre de la personne, son tempérament.

[8] Existentielles : qui concernent les circonstances de l’existence de chacun.

Première techno : correction du commentaire du texte de Giono

Pour un commentaire en Première technologique, l’idéal est de faire au brouillon deux tableaux d’étude, un par axe proposé.

Des fêtes familiales mémorables

Citation Analyse Interprétation
L3 « à chaque instant »

L6 « le messager avait toujours l’ordre »

 

CC de temps

Adverbe de fréquence

Ces indices supposent que l’action a lieu fréquemment. Les regroupements familiaux des petits-enfants sont fréquents et initiés par Mme Tim.
L8 « des fêtes à n’en plus finir » à « tonnerre » l12

 

Passage descriptif

Enumération

Emploi de pluriels

La description des fêtes familiales insiste sur la variété des activités : « goûters, promenades, jeux, bamboulas »

Cette variété et l’emploi des pluriels suggèrent encore une fois que les fêtes se répètent souvent.

L8 à 12

Dans le labyrinthe, dans le parc, sur les terrasses, dans les grands combles du château »

Nbx CC de lieu Le passage descriptif insiste aussi sur la variété des lieux de fête.
« les planchers grondaient … comme un lointain tonnerre » l12

 

Comparaison

 

Comparer le bruit des enfants au tonnerre permet de mettre en valeur les proportions des fêtes.
« on revienne » l13 ; « on était » l15…

 

Emploi de l’indéfini « on » Le narrateur évoque les regards extérieurs. Tous ceux qui passent près du château de Mme Tim profitent du spectacle. Les fêtes sont divertissantes aussi vues de l’extérieur.
L23 « on l’aurait toute voulue »

 

Emploi de l’indéfini

Conditionnel passé

Le narrateur évoque ici un désir des témoins des fêtes, l’envie de profiter aussi de cette femme hors du commun.
L25 « en se relevant sur la pointe des pieds et en passant la tête par-dessus la haie »

 

CC de moyen Le narrateur s’englobe dans un groupe de spectateurs extérieurs, qui est prêt à épier pour assister aux fêtes.
« C’était à voir ! » Exclamation finale Cette expression souligne l’importance des fêtes : elles sont un divertissement pour les enfants qui les vivent mais aussi pour les témoins extérieurs qui les regardent.

 

Un personnage hors du commun

Citation Analyse Interprétation
Mme Tim était abondamment grand-mère. L1

 

Emploi étonnant de l’adverbe Cette phrase annonce que Mme Tim a de nbx petits-enfants (6 de sa fille aînée) mais on comprend aussi qu’elle va jouer son rôle de grand-mère avec largesse.
L7 « de tout ramasser »

 

 

 

 

Pronom et verbes renvoyant à des objets = chosification (réification) des enfants Mme Tim semble considérer ses petits-enfants comme des objets qu’elle manipule à son gré.
L17-18 Mme Tim était toujours la tambour-major.

 

métaphore Comparer Mme Tim à un Tambour-major souligne un de ses traits de caractère : c’est un personnage qui régente tout, contrôle tout ; elle est au centre des fêtes.
L19 à 21 Elle était vêtue à l’opulente d’une robe de bure, avec des fonds énormes qui se plissaient et se déplissaient autour d’elle à chaque pas, le long de son corps de statue.

Elle avait du corsage.

Image de la « statue »

Description vestimentaire

Champ lexical de l’abondance

C’est une femme qui prend bcp de place, par sa corpulence que ses vêtements augmentent, en plus de par son caractère.
L22 « une cuve d’enfants »

« une grappe dans chaque main »

 

Métaphore du métier de vigneron

Chosification des enfants

Les enfants sont comparés à des grappes de raisin dont s’occupe Mme Tim. On trouve ici encore l’idée d’abondance avec l’image du vin, mais aussi l’association du personnage à une déesse (le dieu du vin)
« dans chaque main » l22

« autour d’elle » l23

« derrière elle » l24

« au milieu d’un en-cas l26 / « à droite » l27

« à gauche » l29

 

Nbx CC de lieu Mme Tim apparait comme un personnage central, entourée de ses petits-enfants et de ses serviteurs.
« messager » l6

« laquais portant » l27

« domestique femme portant » l30

« Mme Tim distribuant » l26

Désignation des autres personnages par leur fonction plus que par leur nom (donné entre parenthèses)

Verbes d’action

Les autres personnages sont secondaires et ne sont là que pour accompagner et aider Mme Tim. C’est elle qui fait les actions principales, notamment qui nourrit les enfants (« distribuant »).

 

A partir des éléments repérés dans le texte, on cherche les idées à développer dans chaque axe. Cela permet de construire un plan.

Des paragraphes possibles pour chaque axe = un plan :

I Des fêtes familiales mémorables

– Des fêtes fréquentes

– Des fêtes variées et abondantes

– Des fêtes mémorables aussi pour les spectateurs extérieurs

 

II Un personnage hors du commun

– un personnage central (placé au centre et qui prend de la place physiquement)

– une femme qui en impose (elle régente tout)

– un personnage étonnant (elle chosifie ses petits-enfants)

 

Problématique :

On cherche une question qui permettra de guider notre commentaire.

Comment Giono souligne-t-il l’importance de Mme Tim dans ce passage ?

ou bien : Que veut mettre en valeur Giono dans ce passage ?

Une fois qu’on a son étude, son plan et sa problématique au brouillon (travail d’environ une heure trente ou une heure quarante-cinq), on commence à rédiger directement sur sa copie.

Rédaction

Dans de nombreux romans, les auteurs cherchent à mettre en valeur l’un de leurs personnages, à travers leur description et leurs actions. Cet extrait du roman Un roi sans divertissement de Jean Giono, paru en 1947, évoque le personnage de Mme Tim. Nous nous demanderons comment Giono souligne l’importance de cette femme dans ce passage. Nous verrons d’abord à quel point les fêtes que Mme Tim organise pour ses petits-enfants sont mémorables, puis nous montrerons combien cette femme est un personnage hors du commun.

Nous voyons tout d’abord l’importance de Mme Tim à travers les fêtes auxquelles elle convie ses petits-enfants. Ces fêtes sont présentées comme fréquentes, elles apparaissent comme une habitude, presque un mode de vie de Mme Tim. Le deuxième paragraphe du texte aux lignes 3 à 7 suggère bien cette idée. L’emploi du complément circonstanciel de temps « à chaque instant » ligne 3 et de l’adverbe « toujours » ligne 6 suggère bien que les fêtes se produisent tout le temps. Le parallélisme de la structure « sur les chemins … de Saint-Baudille » avec l’opposition des verbes « descendaient » et « montaient » permet d’insister sur les allées et venues des familles qui très souvent voyagent jusque chez Mme Tim. L’auteur insiste donc bien sur la fréquence de ces fêtes qu’organise la grand-mère.

Giono souligne aussi l’abondance et la grande variété de ces festivités. Dans un passage descriptif aux lignes 8 à 12, il énumère les différentes activités qui constituent ces événements : « des goûters, des promenades, des jeux, des bamboulas ». On voit bien que Mme Tim cherche à occuper ses invités et à les surprendre en proposant des nouveautés d’une fois sur l’autre. L’auteur multiplie aussi les compléments de lieux « dans le labyrinthe » l8, « dans le parc » et « sur les terrasses » l9, « dans les grands combles du château » l11. En proposant un lieu différent pour chaque activité, il montre à quel point Mme Tim cherche à varier la forme des fêtes. L’expression ligne 12 « les planchers grondaient … comme un lointain tonnerre » compare le bruit des enfants qui courent au grondement de l’orage. Cela évoque l’ampleur des festivités. On voit donc bien que les réunions de famille proposées au château sont abondantes et d’une grande variété.

Votre travail est entièrement rédigé. Mettez en valeur les paragraphes grâce aux alinéas et passages à la ligne.

L’introduction contient une amorce, une présentation du texte, un énoncé de la problématique et une annonce du plan.

Chaque paragraphe contient une phrase d’annonce de l’idée, puis un développement contenant des citations analysées et interprétées et enfin une phrase qui rappelle l’idée qui vient d’être développée.

Première Techno : texte d’entrainement au commentaire

Vous ferez un commentaire littéraire de ce texte en vous aidant des pistes suivantes : Des fêtes familiales mémorables / Un personnage hors du commun.

 

Extrait du roman Un Roi sans divertissement, de Jean Giono, 1947

Mme Tim est la femme du châtelain de Saint Baudille. Autour d’elle s’organisent des fêtes familiales dont le narrateur garde le souvenir.

[…] Mme Tim était abondamment grand-mère. Les filles occupaient aussi des situations dans les plaines, en bas autour.

A chaque instant, sur les chemins qui descendaient de Saint-Baudille on voyait partir le messager et, sur les chemins qui montaient à Saint-Baudille, on voyait monter ensuite des cargaisons de nourrices et d’enfants. L’aînée à elle seule en avait six. Le messager de Mme Tim avait toujours l’ordre de faire le tour des trois ménages et de tout ramasser.

C’étaient, alors, des fêtes à n’en plus finir : des goûters dans le labyrinthe de buis[1] ; des promenades à dos de mulets dans le parc ; des jeux sur les terrasses et, en cas de pluie, pour calmer le fourmillement de jambes de tout ce petit monde, des sortes de bamboulas[2] dans les grands combles[3] du château dont les planchers grondaient alors de courses et de sauts, comme un lointain tonnerre.

Quand l’occasion s’en présentait, soit qu’on revienne de Mens (dont la route passe en bordure d’un coin de parc), soit que ce fût pendant une journée d’automne, au retour d’une petite partie de chasse au lièvre, c’est-à-dire quand on était sur les crêtes qui dominent le labyrinthe de buis et les terrasses, on ne manquait pas de regarder tous ces amusements. D’autant que Mme Tim était toujours la tambour-major[4].

Elle était vêtue à l’opulente d’une robe de bure[5], avec des fonds[6] énormes qui se plissaient et se déplissaient autour d’elle à chaque pas, le long de son corps de statue. Elle avait du corsage et elle l’agrémentait de jabots de linon[7]. A la voir au milieu de cette cuve d’enfants dont elle tenait une grappe dans chaque main, pendant que les autres giclaient autour d’elle, on l’aurait toute voulue. Derrière elle, les nourrices portaient encore les derniers-nés dans des cocons blancs. Ou bien, en se relevant sur la pointe des pieds et en passant la tête par-dessus la haie, on la surprenait au milieu d’un en-cas champêtre, distribuant des parts de gâteaux et des verres de sirop, encadrée, à droite, d’un laquais (qui était le fils Onésiphore de Prébois) vêtu de bleu, portant le tonnelet d’orangeade et, à gauche, d’une domestique femme (qui était la petite fille de la vieille Nanette d’Avers), vêtue de zinzolins[8] et de linge blanc, portant le panier à pâtisserie. C’était à voir !

 

[1] Buis : arbuste.

[2] Bamboula : fête.

[3] Combles : espaces compris entre le dernier étage de la demeure et le toit.

[4] Tambour-major : grade militaire (sous-officier qui commande les tambours et les clairons d’un régiment) donné ici, de façon plaisante, à Mme Tim qui commande tout.

[5] Bure : étoffe de laine brune.

[6] Des fonds : partie arrière du vêtement, correspondant au siège

[7] Jabots de linon : ornements de tissu qui s’étalent sur la poitrine.

[8] Zinzolins : tissus d’un violet rougeâtre.

Spleen de Baudelaire, exemple d’explication linéaire

Pendant la première partie de l’oral, vous développez une explication linéaire d’un texte.

Pour cela, vous commencez par lire le texte, puis vous le présentez dans une introduction avant d’en faire une explication qui suit l’ordre du texte. Vous terminez par une conclusion dans laquelle vous répondez rapidement à la question posée en introduction.

Vous enchainerez en répondant à la question de grammaire qui vous aura été proposée.

Vous trouverez ci-dessous un exemple à partir du poème « Spleen » de Baudelaire.

Tout d’abord la lecture et l’introduction :

 

Puis le début de l’explication :

 

Et enfin un exemple de conclusion :

Lectures cursives sur science et fiction : nouvelles d’Asimov

Vous pouvez lire la nouvelle « Artiste de lumière » de Isaac Asimov en cliquant ici, ou l’écouter ci-dessous :

 

Vous pouvez lire la nouvelle « Le robot qui rêvait » de Isaac Asimov en cliquant ici, ou l’écouter ci-dessous :

 

Vous pouvez lire la nouvelle « Sally » de Isaac Asimov en cliquant ici 

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