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2nde : Ronsard Quand vous serez bien vieille

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,

Assise auprès du feu, dévidant et filant,

Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :

Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.

Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,

Déjà sous le labeur à demi sommeillant,

Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant,

Bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serai sous la terre et fantôme sans os :

Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :

Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.

Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :

Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1578

Premier temps :

– lecture silencieuse

– explication du vocabulaire demandé

– Vos réactions face à cette lecture

– de quoi parle l’auteur ? Quelles sont ses intentions ?

Puis mise en commun des points de vue et des découvertes.

Deuxième temps :

– repérage de procédés d’écriture (versification, images, temps, pronoms…)

 

> Etudier un texte, qu’est-ce que cela veut dire ?

 

= Expliquer le sens du texte, même l’implicite (ce qui n’est pas dit mais sous-entendu !) en s’appuyant sur son analyse.

On prouve que le sens qu’on propose est exact en citant des passages qu’on analyse.

Une bonne explication contient des citations, de l’analyse et de l’interprétation.

Exemple : Par l’emploi d’impératifs « vivez, attendez, cueillez » aux vers 13 et 14, Ronsard invite Hélène à profiter du temps présent.

 

Comment cite-t-on ?

– Entre guillemets

– en recopiant très exactement le texte

– en précisant la ligne ou le vers

Exemple : Par l’emploi d’impératifs « vivez, attendez, cueillez » aux vers 13 et 14, Ronsard invite Hélène à profiter du temps présent.

 

Pour étudier le texte de Ronsard, quelques pistes :

Quelle image Ronsard offre-t-il d’Hélène ?

Quelle image propose-t-il de lui-même ?

Quelle est la morale proposée à la fin ?

Derrière cette morale, quelle invitation Ronsard fait-il à Hélène ?

 

Voici quelques éléments d’étude qui reprennent ce qui a été évoqué en classe. Vous y retrouverez une interprétation du texte, qui s’appuie sur des citations analysées.

 

Ronsard commence son texte en s’adressant directement à une femme, puisqu’il emploie le pronom personnel « vous » au vers 1.

 

En multipliant les compléments circonstanciels, le poète pose un cadre, un décor. Les compléments de lieu « auprès du feu » au vers 2, de temps « au soir » au vers 1, de moyen « à la chandelle » au vers 1 et de manière « dévidant et filant » au vers 2 permettent au lecteur d’imaginer dans quelle situation se trouve la femme à qui s’adresse le poète.

 

Ronsard évoque un avenir peu agréable pour Hélène, sa vieillesse, au vers 1, grâce à l’adverbe insistant « bien » dans l’expression « bien vieille ». Il utilise aussi l’image du « soir » pour faire penser à la dernière période de la vie et celle de la « chandelle », pour rappeler que le souffle de la vie est aussi fragile que la lumière d’une bougie.

 

Au vers 3 il souligne à quel point Hélène pensera à lui de manière élogieuse, en associant ses créations « mes vers » à un complément très valorisant « vous émerveillant ».

 

Le vers 4 est du discours direct annoncé par le verbe de parole « Direz » du vers 3. Ce vers rapporte une parole prononcée par Hélène. Le lecteur y perçoit la nostalgie et le regret ressentis par cette femme qui repense à une époque passée et perdue. En effet elle parle au passé : « célébrait, étais» sont à l’imparfait. Elle évoque donc un temps révolu « du temps que j’étais belle ».

 

La strophe suivante complète le décor et la mise en situation, grâce à l’apparition de la servante au vers 5 « vous n’aurez servante… ».  Cette servante permet au poète de se mettre en valeur puisqu’il imagine ce personnage qui se réveille, rien qu’en entendant prononcer le nom de Ronsard. La structure complexe, avec la double négation « vous n’aurez servante » au vers 5 et « ne s’aille réveillant » au vers 7, souligne cette idée. Le poète cherche donc à donner une image très valorisante de lui-même.

 

Au vers 8 le vocabulaire mélioratif « bénissant, louange » est associé à Hélène « votre nom ». Le poète veut montrer que grâce à lui et ses poèmes, Hélène continuera d’être appréciée malgré la fuite du temps. Le poète par ses poèmes a ce pouvoir d’arrêter le temps, ce qui transparait derrière l’emploi de l’adjectif « immortelle ».

 

Dans ces deux premiers quatrains, Ronsard oppose donc une vision assez désagréable d’une Hélène vieillie à une image très valorisante de lui-même.

 

Au début du premier tercet, Ronsard s’imagine déjà mort lorsque Hélène sera vieille. Cela suggère leur différence d’âge. Il parle de lui à la première personne « je » au vers 9 et évoque sa mort grâce à deux images « sous la terre » et « fantôme sans os ».

L’évocation de sa mort se poursuit au vers suivant, vers 10, avec une image qui fait référence au royaume des morts de l’antiquité gréco-romaine « les ombres myrteux ».

 

Ronsard oppose une vision calme de lui-même : « je prendrai mon repos » au vers 10 à une vision désagréable d’Hélène au vers 11 avec l’emploi d’un groupe nominal péjoratif « une vieille accroupie » mis en valeur en fin de strophe et de vers.

 

Le vers 12 oppose, grâce au jeu des déterminants possessifs, le sentiment de Ronsard « mon amour » à la réaction d’Hélène « votre fier dédain ».

 

Par l’emploi d’impératifs « vivez, attendez, cueillez » aux vers 13 et 14, Ronsard invite Hélène à profiter du temps présent. En évoquant le présent « aujourd’hui » vers 14 et l’avenir « demain » vers 13, le poète souligne la fuite du temps irrémédiable et incite au carpe diem. Il clôt son poème vers 14 sur l’image des « roses de la vie ». La vie est courte, tout comme les roses qui se fanent vite.

 


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