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HLP Les expressions de la sensibilité 1 Interprétation de « Roman » de Rimbaud

Question d’interprétation : Quelle vision de la sensibilité adolescente ce poème donne-t-il ?

Poème « Roman » de Arthur Rimbaud,

publié dans les Cahiers de Douai, 1870 – Parties I et II

I
On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
– Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
– On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits – la ville n’est pas loin –
A des parfums de vigne et des parfums de bière…

II
– Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche…

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! – On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête…
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête…
 

Pistes de lecture :

1 Lisez le texte et notez vos impressions

2 A quoi renvoie « on » ? Quel est l’effet produit ?

3 Quels sont les lieux évoqués ? Et le moment ?

4 Relevez les expressions des sensations, puis des sentiments.

5 Trouvez des éléments qui montrent qu’ « on n’est pas sérieux à 17 ans ».

 

Ce travail était proposé dans le manuel Humanités, Littérature, Philosophie de Terminale, chez … ; la correction proposée ci-dessous n’engage que moi

 

2 A quoi renvoie « on » ? Quel est l’effet produit ?

On = pronom indéfini = le poète + d’autres personnes, tous ceux qui ont 17 ans

> pas de lyrisme direct à la 1ère personne > un certain recul par rapport à ses propos

crée une universalité, 1ère phrase comme une maxime ou un proverbe. Au présent de vérité générale

 

3 Quels sont les lieux évoqués ? Et le moment ?

Les cafés, la promenade, la ville pas loin, la présence de la nature mais dans une grande simplicité : la promenade se limite aux tilleuls

Une nuit de juin aux vers 13, 2, 10/11

> un retour vers la nature, mais épisodique, inhabituel « un soir », mais sans s’éloigner de la ville (on est loin du lyrisme des romantiques), banalité des lieux et des descriptions

 

4 Relevez les expressions des sensations, puis des sentiments.

Les sensations :

Vue Ouïe Toucher Odorat Goût
Eclatants

Verts

Azur sombre

On aperçoit

Blanche

 

Tapageurs

bruits

Air si doux

Chiffon

Doux frissons

Aux lèvres un baiser

Sentent bon

Parfums de vigne et parfums de bière

Bock

Limonade

champagne

> très nombreuses sensations, tous les sens en éveil > étourdissement des sens

Les sentiments

V2/3 « foin de «  + exclamation > agacement

V5 exclamation + répétition de « bon » > bien-être

V13 exclamation double > prise de conscience de lui-même

+ griserie avec champ lexical de l’ivresse « bock ; bière ; champagne ; griser ; monte à la tête ; divague »

V15/16 « palpite comme une petite bête » : voc et comparaison qui renvoient à la notion de mouvement et de vie > sentiment profond d’être vivant, en rapport au monde

état d’ivresse non par l’alcool mais par excès de sensations, par la conscience d’être vivant.

 

5 Trouvez des éléments qui montrent qu’ « on n’est pas sérieux à 17 ans ».

V2 : « foin des bocks » > inconstance, changement d’avis

– on se laisse facilement distraire « on divague »

– on est un peu moqueur : Rimbaud casse la vision poétique du monde (lyrisme) par des références plus triviales « bocks, bière », le ciel n’est qu’un chiffon…

 

Réponse à la question sous forme de 3 paragraphes :

– une conscience particulière à soi et au monde (cf. 2,3,5 )

– des sensations à l’excès (Cf. 4)

– des sentiments à fleur de peau (Cf. 4)

 

Pour compléter, ci-dessous le poème complet de Arthur Rimbaud, publié dans les Cahiers de Douai, 1870

Roman

I
On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
– Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
– On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits – la ville n’est pas loin –
A des parfums de vigne et des parfums de bière…

II
– Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon
D’azur sombre, encadré d’une petite branche,
Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond
Avec de doux frissons, petite et toute blanche…

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! – On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête…
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête…

III
Le coeur fou robinsonne à travers les romans,
– Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,
Passe une demoiselle aux petits airs charmants,
Sous l’ombre du faux col effrayant de son père…

Et, comme elle vous trouve immensément naïf,
Tout en faisant trotter ses petites bottines,
Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif…
– Sur vos lèvres alors meurent les cavatines…

IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août.
Vous êtes amoureux. – Vos sonnets La font rire.
Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.
– Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire !…

– Ce soir-là…, – vous rentrez aux cafés éclatants,
Vous demandez des bocks ou de la limonade…
– On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.


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