Oct 25 2022

Temporada 2022

Publié par Giraldillo dans Non classé      

Pour commencer, côté bétail, la confirmation que La Quinta est dans un grand moment. Les pupilles des frères Conradi ont triomphé à peu près partout mais les meilleurs moments ont eu lieu en Arles avec deux vueltas, à Santander où Hurón a été gracié et surtout à Dax avec deux vueltas et l’indulto de Sardinero. On retiendra aussi une bonne corrida de Baltasar Ibán à Vic et celle de Pedraza à Mont de Marsan ainsi qu’un bon lot de los Maños chez eux. Dans un autre style, Victoriano del Río fournit des toros à faena, à Madrid notamment (trois Grandes Portes) pour toreros capables d’en tirer la quintessence. Après le coup de poker cérétan de l’an passé, Reta donne de l’émotion à Estella dans une corrida d’un autre temps où Santero se détache et permet au torisme le plus intransigeant de se revigorer.

Pour la temporada française, un clair triomphateur : Daniel Luque qui s’est aussi hissé sur le podium ibérique mais sans remplir les arènes. Séville et Dax (dans son solo puis en septembre) auront été ses faits d’armes les plus marquants mais il a aussi obtenu un trophée d’un victorino à Valence avant de triompher pleinement en Arles (4 oreilles et une queue) ou à Mont de Marsan.

Le torero qui surprend le plus, avec ses 25 ans d’alternative, c’est Morante qui a eu la volonté de toréer comme à la belle époque, ses 100 corridas, avec fraîcheur, parce qu’il torée avec plaisir, en baissant son cachet pour défendre son art et face à des encastes variés (peut-être une prise de conscience tardive), le tout avec une maîtrise que seules donnent des années au sommet et bien-sûr la verve qu’on lui connaît. Quand d’autres pérorent, lui s’exprime avec puissance dans un savant mélange de sagesse et de passion, toujours selon son humeur, recréant des images d’un autre temps en imprimant sa personnalité. Tout un cours de sévillanisme qui surgit le mieux in situ, chez lui, dans le temple du toreo où il s’est vidé par deux fois cette saison, remplissant nos rétines d’étoiles car son toreo n’est pas de ce monde, c’est une succession de marbres auxquels il insuffle non pas la vie mais la sienne propre comme s’il était lui-même sa Galatée et comme pour faire sienne la phrases de José Tomás (dont les deux événements à guichet fermé ne sont qu’autant d’anecdotes et dont on aimerait également que propos et faits coïncident plus), à savoir que pour celui qui s’habille de lumières, « Vivre sans toréer, ce n’est pas vivre ». Pour ses grands jours, aucune rivalité possible. Les autres toreros n’ont plus qu’à dire : « Eteins et on s’en va ». Ces jours-là, il donne tout, il en va de sa raison de vivre, de sa vie même, qu’il met en jeu pour se recréer dans la suerte, se sentir éternel quelques instants alors qu’il est au bord de tout perdre mais sans héroïsme dévoyé, sans témérité ostentatoire, juste par offrande à l’idée d’une beauté absolue. Mais bien-sûr on peut s’en passer, tout cela n’est pas si important. Comme l’écrivait Sartre, la nature peut tout aussi bien se passer de l’homme. Tout peut être relativisé, jusqu’à ne plus rien laisser, ni la vie et bien-sûr ni la mort, l’un n’allant pas sans l’autre, nous autres qui la ritualisons l’avons bien compris.

Redescendons sur terre après ce panégyrique, le numéro un du toreo, celui qui triomphe le plus souvent et qui plus est de manière incontestable, c’est bien Roca Rey. Le jeune péruvien a gagné en maturité sans perdre de cette fougue et de ce don de soi qui font se remplir les arènes. Lui frôle parfois la témérité et parvient à émouvoir par le côté tragique quand la voie de l’esthétisme se ferme. Ses prestations les plus marquantes ont eu lieu à Séville, à Pampelune, à Bilbao surtout et à Madrid mais la liste de ses triomphes n’en finit plus.

La confirmation de la saison s’appelle Tomás Rufo qui s’offre les deux Grandes Portes les plus improbables : Séville et Madrid, pour sa première saison complète. Parviendra-t-il à rivaliser avec le Roi du toreo? Si c’était le cas, ce serait un nouvel âge d’or qui se dessinerait mais nous n’en sommes pas là. La révélation de cette année a pour nom Ángel Téllez, dans un toreo pur, parfait, de face et à la corne opposée qui le projette au premier plan. L’Absent, ou presque, sur blessure, j’ai nommé Emilio de Justo, a semblet-il fait des émules et on ne peut que se féliciter de ce retour au classicisme. L’autre révélation c’est Leo Valadez qui pourrait être le grand torero dont l’afición mexicaine a besoin.

Ensuite il y a beaucoup de déceptions, des demi-triomphes sporadiques au sens où, à la fin de la saison, il ne reste plus rien dans les mémoires, ou si peu, de toreros qui ont plus donné dans le passé et qui empêchent encore le renouvellement des générations. Mais cette profession est d’une grande dureté et une fatigue passagère ne présage pas pour d’autres d’un déclin définitif. Malgré quelques faenas réussies, Talavante est une des grandes déceptions. C’est un retour en demi-teinte. Après un début de saison inespéré, El Juli a fait son train-train, un peu comme Manzanares ou Perera, ce dernier peinant plus à rentrer dans les ferias. Urdiales, Ureña ou Ferrera n’ont pas été à la hauteur non plus de leurs dernières saisons même s’ils donnent des tardes intéressantes de-ci de-là. Marín est un très bon torero mais il émeut peu, comme Lorenzo mais un ton en-dessous. Aguado et Ortega malgré les oppotunités et leurs qualités intrinsèques n’ont pas brillé.

Il y a aussi des toreros qui peu à peu gravissent des échelons et qui un jour peuvent exploser : Garrido ou Colombo entre autres.

Chez les Français, Leal reste le plus en vue même s’il n’a pas été reconduit dans certaines ferias où il avait pourtant triomphé dans le passé. On a permis à Clemente de se faire une place et il ne s’en est pas privé. Dufau a triomphé à Mont de Marsan et Salenc à Bayonne, notamment. El Rafi et Canton ont aussi eu leur moment.

Parmi les spécialistes des fers les plus âpres, certains toreros ont du mal à garder le rythme et il y a eu de véritables déroutes que nous passerons sous silence. Les spécialistes les plus en vue restent les toreros éprouvés : Gómez del Pilar (deux fois une oreille à Madrid), López Chaves, Alberto Lamelas, Sánchez Vara, Javier Cortés et encore et toujours Manuel Escribano et Rafaelillo pour un retour gagnant. Pinar, irrégulier, a brillé à Béziers face aux miuras. Une des seules « nouveautés » de la saison est Adrián de Torres qui a surgi à Cenicientos.

En novilladas, le Mexicain Fonseca a fait le plein avant de prendre l’alternative puis ont pris le relais une génération de toreros prometteurs qui, espérons-le, vont mettre à la porte ces vieux consuls qui vivent assez confortablement de leurs rentes : Martínez, Alarcón, Molina, Hernández mais aussi Peseiro vu à Céret face une brave novillada d’Alejandro Vázquez. Chez les français, Yon Lamothe a pleinement confirmé sa saison passée et c’est en Espagne qu’il devra triompher l’an prochain pour se placer sur une rampe de lancement. Solalito reste un espoir qui apprend son métier.

S’il fallait décerner un prix aux quadrilles, celui au meilleur picador reviendrait sans doute à Oscar Bernal et celui du meilleur banderillero à Fernando Sánchez. Mention spéciale à la carrière de José Antonio Carretero : chapeau.

L’année 2022 sent aussi le roussi pour nous, pauvres malades barbares que nous sommes. Mexico a fermé ses portes, la Colombie toute entière devrait suivre et la France met la question sur la table même si les arènes font le plein et que le numéro de corridas reste stable. En Espagne, la saison a été bonne dans le circuit majeur mais les arènes mineures ouvrent de moins en moins leurs portes. Le public serait-il fatigué de spectacles peu sérieux ? Le modèle de Villaseca de la Sagra ou celui des aficionados des Tres puyazos à San Agustín de Guadalix est celui qu’il faut suivre, l’exemple français en somme. Cocorico (mais pas trop).


Oct 12 2021

Temporada 2021

Publié par Giraldillo dans Non classé      

La saison n’aura vraiment commencé qu’au mois de juin mais au bout du compte un parfum de normalité se respire à nouveau. Malgré une concentration des spectacles sur trois mois et demi les chiffres atteignent presque ceux d’avant-crise, en France du moins où la jauge a disparu à la mi-septembre pour la feria du Riz. Cela a été possible grâce aux efforts de tous mais il est certain que quelques uns y auront laissé des plumes : difficile de rentrer dans ses frais avec les restrictions imposées, d’autant plus que beaucoup d’aficionados vieillissants, même vaccinés, ont préféré la sécurité d’un fauteuil douillet devant des corridas à huit euros le mois qu’un long déplacement et des gradins inconfortables pour un billet de 50 l’unité. Il est vrai que les cinémas ou les théâtres vivent la même chose.

Bref, cette saison atypique a un leader inattendu, le fantasque Morante qui s’est montré plus en verve que ces dix dernières années réunies et qu’on préfère muleta en main que dans des prises de position politiques qui sont loin de nous servir. Ses meilleures faenas ont eu lieu à Jerez, Linares, Alcalá de Henares et Mérida en plus de celle de Séville où il a montré sa facette passionnée, à corps perdu mais basée sur une technique éprouvée. En toute fin de saison il triomphe également à Jaén. Bien-sûr il lui arrive de retomber dans ses travers comme dans son solo du Puerto face aux toros de Prieto de la Cal mais si on pouvait craindre le pire face aux miuras, il s’en est sorti suffisamment  bien pour que ce geste figure en bonne place dans son CV. Ce qui est cependant remarquable cette saison ce sont ces oreilles isolées coupées en y croyant là où en d’autres temps rien ne se serait passé comme à Madrid face à un toro de Alcurrucén avec beaucoup de « transmission ».

Celui qui était attendu, Roca Rey, après une année blanche, est apparu moins fringant, parfois vulgaire mais toujours aussi courageux et capable mais irrégulier, gestionnaire parfois : une saison de reprise sans doute et le constat qu’il lui reste malgré tout beaucoup à apprendre.

L’ancien numéro un, El Juli bien-sûr, est un puits de science mais s’il ne l’a jamais mise au service de l’art (pas vraiment de la lidia non plus, sauf à ses débuts) il l’utilise désormais pour réduire le danger au maximum tel Lagartijo ou Guerrita à la fin de leurs carrières. Il est toutefois une marque déposée et ses lumières brillent encore pour certains voire pour lui-même quand il arrive à se motiver et se rappelle qui il a été. Même à ces moments là, ce n’est pas une insulte de dire qu’il n’enthousiasme pas un amoureux du toreo.

C’est tout le contraire pour le véritable triomphateur de la saison, j’ai nommé Emilio De Justo, qui s’est définitivement hissé au plus haut par un toreo de pureté et de vérité face à du bétail de différents encastes et dans des arènes de diverses sensibilités. En France c’est à nouveau à Dax qu’il est le plus convaincant avant de conquérir l’amphithéâtre arlésien. Il a aussi triomphé pleinement à Almería, Cuenca, Santander ou Salamanque.

Le meilleur représentant du classicisme, Diego Urdiales, s’est lui finalement pleinement imposé à Séville après Bilbao ou Madrid les années précédentes. Ceux qui peuvent en dire autant ne sont pas très nombreux.

Daniel Luque n’a pas encore complètement explosé mais cela ne saurait tarder tant il est devenu régulier et engagé. Il maintient son cartel en France grâce à ses deux triomphes dacquois et un à Bayonne et obtient des succès importants au Puerto ou à Gijón (pour la dernière feria sans doute avant un changement de municipalité) avant de couper une oreille de poids à Madrid.

Un autre torero continue à avancer pour lequel on pouvait craindre qu’il ne s’agisse que d’un feu de paille (même pour ceux qui le suivons depuis sa confirmation, il y a 5 ans) : c’est Juan Ortega, capable d’une pureté cristalline qui ne ressemble qu’à elle-même. Il est enfin reconnu dans son coin du sud : Jerez , El Puerto et Séville.

L’autre torero andalou, par les origines et les manières, qui est en verve, Pablo Aguado, plus naturel mais aussi plus léger, a connu pour l’instant un destin bien différent, choyé chez lui d’où il a été projeté, il a dû être opéré du genou et n’a pas pu montrer tout l’étendue d’un talent qui a besoin de mûrir mais celui-ci a éclaté sporadiquement de-ci de-là, comme à Arles, El Puerto ou Ronda.

Manzanares a quant à lui progressé à la cape et il s’est montré plus engagé que de coutume, au moins dans les arènes importantes, comme en témoignent les trois oreilles obtenues à Séville en autant de corridas. En France aussi il a récolté quelques triomphes, comme à Béziers ou Nîmes, montrant qu’il voulait se maintenir en première ligne malgré la poussée de la concurrence.

Parmi les jeunes, le plus en vu reste Marín qui sort par la Grande Porte madrilène le 12 octobre en essorillant un toro de Alcurrucén.

D’autres ont connu une saison plus anodine ou moins fracassante que ces derniers temps. Ferrera avait misé gros mais ne réussit complètement son pari qu’à Mont de Marsan même s’il signe une excellent faena à Nîmes bien qu’il obtienne un trophée d’un sobrero de Pallarés offert en septième position après une corrida décevante d’Adolfo Martín. Pour ce qui est de Ureña, il touche du poil à Séville avant de s’abandonner une nouvelle fois à Madrid mais avec moins de succès. Perera n’est plus une nouveauté mais il reste le torero dominateur que l’on connaît quoique devant des toros qui demandent peu à l’être. Dommage.

La révélation de l’année s’appelle Tomás Rufo lui qui a donné un bel aperçu de la dimension qu’il peut atteindre dès son alternative à Valladolid.

Parmi les autres grands, José Tomás reste aux abonnés absents et Ponce a pris un peu de repos après avoir pris sur ses épaules, tel Atlas, le poids de la temporada précédente. Talavante s’est rappelé à notre bon souvenir pour une occasion unique, en Arles (empochant sans doute le plus gros chèque de la saison, à guichet fermé).

Parmi les spécialistes des fers âpres, Chaves se maintient, Del Pilar gagne des positions et Lamelas confirme sa disposition à Mont de Marsan et à Saint-Martin de Crau. Ecribano surtout, avec un franc succès à Séville, mais aussi Chacón, ont connu de meilleurs moments mais ils s’accrochent pour continuer à exister dans des corridas qui usent même les cuirs les mieux tannés. Il y aussi Cortés, le jeune Castaño, Damián de son prénom, Pinar et surtout Serrano qui poursuit son ascension à base de volonté.

Chez les Français, El Rafi a pris une alternative heureuse avant de s’imposer à Nîmes puis Solera est devenu également matador en pays arlésien avec un franc succès.

D’autres donnent des coups de heurtoir pour ne pas être oubliés : Leal bien-sûr, deux fois Consul avant de triompher pleinement à Bayonne, mais aussi Younès et Salenc sans oublier Dufau.

Chez les novilleros, Solalito a fait une saison régulière alors que Montero a globalement  déçu mais c’est Parejo qui a fait une entrée remarquée dans l’escalafón inférieur comme Lamothe mais aussi Tristan.

En Espagne, des Mexicains ont brillé comme Aguilar ou Fonseca, ce dernier triomphateur à Villaseca et dans le Nord auxquels il faut opposer la jeune génération ibérique comme le protégé de Padilla, Manuel Perera, vainqueur ex-aequo du circuit du Nord (une réussite de la FTL sur laquelle il faudra revenir), irréprochable de  responsabilité et présent aux moments clés (deux fois une oreille à Séville) malgré qu’il ait été durement châtié en début saison et les gagnants des autres circuits régionaux : Martínez en Andalousie ou Diosleguarde en Castille et Léon mais aussi à Madrid.

Côté bétail, Pedraza a encore de beaux restes malgré sa recherche d’une meilleure noblesse, La Quinta a sorti la corrida de l’année à Dax et Miura a renoué avec ses origines à Sanlúcar. En novilladas, Cebada Gago a sorti une bonne novillada à Villaseca et Raso de Portillo à Vic. Citons aussi un fer ostracisé  par les figuras mais qui n’a rien perdu de son allant : Torrealta, notamment à Santander.


Juil 6 2021

Au pays des toros (41)

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Jusqu’à présent, tous les articles de cette rubrique avait été consacrés à des arènes espagnoles pittoresques mais il en est une au Portugal qui mérite d’y figurer dans la mesure où elle se trouve à la frontière et y pratique la corrida à pied avec mise à mort et ce de manière légale, à titre dérogatoire, depuis 2002 : il s’agit de Barrancos, dans l’Alentejo, près d’Olivenza.

Non loin de là se trouve un village au charme fou et aux arènes sises dans la cour de son château comme cela se fait aussi beaucoup de l’autre côté de la frontière, en Estrémadure : Monsaraz

Voir aussi les articles 36 ou 2 dans la même rubrique.


Sep 12 2020

Au pays des toros (40)

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Dans le centre historique de Saint-Sébastien, la Parte Vieja, se trouve la Place de la Constitution, située à l’endroit de l’ancienne Plaza Nueva qui avait été inaugurée en 1723 par une corrida. La place actuelle, où se trouvait l’ancienne mairie, de style néo-classique, date de 1817, reconstruite après l’incendie provoqué par les troupes anglo-portugaises dans le cadre  de la guerre d’Indépendance contre l’occupant français. Elle fut rebaptisée sous son appellation actuelle pendant les trois années de la période libérale du général Riego, entre 1820 et 1823, en honneur de la Constitution de Cadix de 1813 qui fut également proclamée dans la belle ville balnéaire de la côte basque. Aujourd’hui encore, on peut voir les numéros des loges de corrida sur ses balcons.

Plaza de la Constitución

Elle fut en concurrence avec les arènes en bois de San Martín dès 1851 (6 000 spectateurs), remplacées en 1876 par celles d’Atocha (10 000 spectateurs). Les arènes qui ont duré le plus longtemps sont celles de El Chofre, à l’est de la baie de La Concha, près d’une plage aujourd’hui prisée des surfeurs. L’affiche de l’inauguration du 9 août 1903 porte les noms de Mazzantini, Bombita, Montes (en substitution de Reverte) et Lagartijo Chico avec neuf toros de Ibarra. Sa capacité était de 14 000 places et elle fonctionna jusqu’en 1973.

Plaza de toros de El Chofre

Les actuelles arènes, situées sur les hauteurs d’Illumbe, sont aussi modernes qu’impersonnelles avec leur toit ouvrant donnant l’impression d’être dans une piscine quand il est refermé. Elle furent inaugurées le 11 août 1998 par Manzanares, Ponce et Rivera Ordóñez avec des toros de Torrestrella et comptent 11 000 sièges.


Août 1 2020

Au pays des toros (39)

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Il existe dans la province de Malaga une ville qui fut jadis un petit village dont il reste encore quelques rues mais qui partagé entre la localité d’origine sur son promontoire et la zone balnéaire a aujourd’hui plus de 80 000 habitants, un tiers venant de l’étranger bien que nul ne les qualifierait de migrants vu le prix du mètre carré. Il s’agit de Mijas où le toro fut longtemps un emblème avec ses encierros dans le village à côté de l’âne-taxi.

Sur les hauteurs de la partie historique se trouvent ses charmantes arènes inaugurées en 1900 puis ré-inaugurées en 1977 après leur restauration. L’arène elle même a une forme presque rectangulaire et sa capacité tourne autour des 500 personnes. Il fut un temps où il s’agissait d’une plaza de temporada avec des affiches tous les dimanches mais aujourd’hui il n’y a le plus souvent que des novilladas sans picadors tronquées pour touristes à des tarifs prohibitifs qui ont toutes les chances de dégoûter à tout jamais le public cosmopolite de la tauromachie. C’est là où l’on regrette le laisser-aller actuel de la part des autirités et on se prend à regretter le temps où l’on dépendait du Ministère de l’Intérieur. Elle a été la propriété du torero Antonio José Galán jusqu’à sa mort en 2001.

La Costa del Sol, outre La Malagueta, possède cinq autres plazas (seulement deux sont à ce jour actives) : Estepona (blanches également mais plus récentes: inaugurées en 1971 par Dominguín, Miguelín et Paquirri avec une corrida au moins en juillet), Marbella (sur le point de rouvrir après cinq ans de travaux qui fut inaugurée en 1964 par Pedrés, Camino et El Cordobés puis ré-inaugurées en 1997), Fuengirola (capacité inférieure de moitié aux précédentes, ouvertes en 62 et qui célèbrent une corrida début août),Benalmádena dans un état lamentable et, pour finir cet itinéraire d’ouest en est, celles de Torremolinos (nouvelles arènes comparables en taille aux deux précédentes inaugurées en 2003 par Conde, Morante et Vega mais qui ces dernières années a subi l’anti-taurinisme de ses dirigeants municipaux).

« El huevo » de Estepona


Mai 5 2020

Dámaso Gómez nous a quittés

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Le « Lion de Chamberí », son quartier de Madrid, s’est éteint à 90 printemps ce 2 mai 2020, jour de la Communauté de Madrid en mémoire de la rébellion contre l’envahisseur français. Né le 1er avril 1930, il était un parangon de torisme : un spécialiste des corridas dures surtout à Madrid, en affrontant en particulier miuras et victorinos. C’est un toro de ce dernier élevage qui lui permit d’atteindre la gloire d’un triomphe madrilène estival en 1971. En activité de 1953 à 1981, année où il a toréé sa dernière corrida dans sa Salamanque adoptive, il a été durement châtié par les toros.

Après une oreille à Madrid pour sa présentation comme novillero en 1950, comme tant d’autres, il connut une longue traversée du désert après son alternative barcelonaise, un 25 mai, dans une affiche prestigieuse avec Julio Aparicio comme parrain et Manolo Vázquez comme témoin. Il avait pourtant confirmé son doctorat dès le 6 juin 54 des mains de Rafael Ortega mais il dut attendre 1966 dans une corrida de Miura pour commencer à être reconnu chez lui.

C’était un torero capable et impassible qui banderillait « à l’intérieur » avec une certaine témérité et toréait à la naturelle avec le plus grand naturel. Son desplante en tenant les cornes à deux mains étaient aussi l’une de ses marques de fabrique. Il a coupé un total de 9 oreilles dans la capitale des Espagne et donné 19 tours de piste dont les 2 de sa confirmation.


Avr 2 2020

La monnaie

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Il y a dans le jargon taurin un certain nombre d’expressions faisant référence à la numismatique. Ne parle-t-on pas souvent des deux faces de la monnaie, cara o cruz, pour évoquer les pôles du destin, la face pour la gloire et le côté pile (la croix en espagnol, signe d’un châtiment expiatoire) pour les vents contraires, la blessure ou l’échec ? On dit aussi fréquemment qu’il faut lancer la monnaie, donner sa chance au toro, c’est-à-dire s’exposer, lui donner l’avantage en se mettant dans le terrain périlleux qui ne lui donne pas d’autre choix que d’attaquer ou de se défendre, soit montrer sa vraie nature et par là-même réaliser le toreo puis faire aller la faena a más si tant est que le toro réagisse favorablement. Ce lancement de monnaie exprime le moment crucial, celui de l’incertitude, l’acmé de la faena en fait, où il faut parier sur le toro pour le « mettre dans le panier », sans quoi il ne pourra pas être dominé.

            Ceci-dit je vais maintenant utiliser l’image de la monnaie pour tout autre chose : pour l’attribution des trophées, en prenant une pièce d’un euro pour une oreille et une autre de deux pour le double trophée. Pour un président de corridas qui se respecte, il y a bien-sûr des critères concernant le travail du matador en relation avec la charge du toro qui peuvent correspondre à l’un ou l’autre de ces prix mais dans les faits l’appréciation n’est pas aussi nette : on est par exemple souvent à la limite du trophée qui finit par tomber avec l’aide du public.

            Dans le patinage artistique, les jurés ont des notations très précises avec décimales. Je ne prétends absolument pas qu’il faille faire pareil mais je voudrais utiliser la comparaison pour poser la question sur le niveau d’exigence minimum requis pour l’attribution d’un trophée. Admettons qu’un euro (pour que ma réflexion soit plus concrète qu’une note abstraite) soit la valeur idéale pour une oreille (tout effort mérite une récompense, pécuniaire, en nature ou symbolique), peut-on arrondir dès 85 ou 90 centimes ? Et dans ce cas 85 centimes ont-il la même valeur qu’1€70, c’est-à-dire le double ? Je prends des cas un peu extrêmes mais dans les faits on voit des oreilles avec des valeurs très variables qui donnent quelquefois le sentiment de deux poids deux mesures mais ce n’est pas parce qu’on a une idée précise de la valeur d’un euro qu’on ne va pas être confronté à une réalité qui s’impose au-delà de nos représentations.

            Admettons qu’au premier toro de la corrida un torero soit arrivé à une valeur cumulée de 85 centimes : malgré la pétition apparemment majoritaire du public, le président exigeant refuse le trophée de manière antiréglementaire mais se réfugie derrière l’idée d’une épée quelque peu défectueuse. Au deuxième toro, un matador classique qui respecte les canons sans ostentations ni fioritures obtient une note virtuelle de 1€10 (ou 11/20 pour les tenants du système vigésimal) selon le président qui lui accorde l’appendice malgré des mouchoirs en petit nombre (on imagine la bronca). Au troisième toro, le plus jeune du cartel fait une prestation remarquée valant mettons 1€80 et la pétition est unanime ; les deux oreilles tombent même s’il manque un petit quelque chose.

            Dans la deuxième partie de cette course hors du commun, le matador le plus ancien, piqué au vif, réalise un effort malgré un animal assez quelconque et obtient à nouveau un 85 sur cent. Malgré une pétition plus minoritaire qu’au premier, peut-on imaginer l’attribution d’un trophée compensatoire pour l’ensemble de l’après-midi ? J’observe qu’à Madrid c’est parfois le cas, les exigences étant supérieures au premier qu’au second. A chacun de voir : 1 est-il la valeur idéale ou minimale ? La question est là car si c’est le premier cas et que le président est quelqu’un d’exigeant il peut peut-être, en se justifiant sur l’ensemble de la course, faire un effort de générosité. Je poursuis ; au cinquième, le matador réalise une prestation intéressante, sans être transcendante (à 0,90) qui passe totalement inaperçue pour la plus grande partie du public et le président préfère ne pas attribuer de trophée considérant les circonstances et la récompense attribuée précédemment. Pour le dernier, j’imagine deux scénarios : le torero réalise une prestation comparable à la faena du quatrième avec une demande de la part du public assez comparable, c’est-à-dire maigre et le président, pour ne pas verser dans le triomphalisme refuse l’octroi du trophée eu égard encore à la prestation d’ensemble, suffisamment bien rémunérée. Pour la deuxième option, le torero manque complètement de torería est utilise le descabello depuis de burladero : dans un  cas comme celui-là, la sortie a hombros ne devrait-elle pas pouvoir être refusée malgré les deux oreilles coupées ? Bien-sûr, nul règlement n’évoque cela.

            Certains verrons dans cette réflexion un certain laxisme mais force est de constater que les discours et les faits ne se rejoignent pas toujours. Exigence n’est pas intransigeance.

 

 

 


Fév 28 2020

Au pays des toros (38)

Publié par Giraldillo dans Non classé      

On limite souvent l’activité taurine au Pays Basque aux capitales provinciales que sont Bilbao, Saint-Sébastien et Vitoria mais on a vu qu’il existait des arènes à Trucios (Au pays des toros 31) et Orduña, patrie du regretté Iván Fandiño, en Biscaye, en plus de celles, plus célèbres, d’Azpeitia (9), dans la province de Guipuzcoa où nous restons aujourd’hui, d’abord à Cestona ou Zestoa où on va s’arrêter brièvement.

Comme dans beaucoup d’autres endroits de la péninsule ibérique, la place du village, plaza de los Fueros, se transforme pour les fêtes annuelles, début septembre, et ce depuis 1670, en arènes dont la capacité se situe autour des 2000 places.

Peut-être verrons-nous prochainement, après la fin des travaux prévue en 2020, le retour des toros dans les magnifiques arènes de Tolosa. Espérons-le.

 


Déc 22 2019

Bonnes fêtes

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Marina Heredia, La Gran Faena : « el toreo empezaría en el ruedo de asserrín de aquella carpintería. […] el torerillo divino ensayaba su faena […] La Virgen tenía sin darse cuenta en su mano un nevado pañuelo de presidenta. […]  Mejor que no supiera que su Hijo moriría en un ruedo de madera. Moriría par darnos una barrera de sol. […] No en vano, entre tinieblas, mató a volapié de luz, a la muerte aquel torero. » (pur blasphème païen-taurin dans cette métaphore déguisée de christianisme).

On parle parfois à propos de notre Passion de religion immanente, refermée sur le cercle de l’arène où nos grands-prêtres, comme ceux de Mithra, célèbrent le rite du sacrifice du toro, mais où, sous-jacentes, sont également présentes des forces invisibles : les duendes, personnages telluriques sortis du monde souterrain, l’Ange venu du ciel et tout notre Panthéon de martyrs, à commencer par le mythe Gallito dont on commémorera le 16 mai prochain le centenaire de la mort en attendant toujours sa résurrection sous la forme d’un nouvel enfant prodige.


Déc 1 2019

El Cid matatoros

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Manuel Jesús Cid, alias “EL CID” s’en va : rétrospective d’une carrière.

          Ce Paco Camino du XXIe siècle s’est incontestablement fait un nom durant ses vingt ans d’alternative à partir d’une capacité remarquable et surtout d’un poignet gauche exceptionnel. Torero de Madrid, il y a perdu un certain nombre de triomphes à l’épée mais maintenant qu’on a un regard sur l’ensemble de sa carrière on peut dire qu’il a manqué d’ambition ou de personnalité au moment où il aurait pu devenir un torero d’époque. Son toreo de qualité ne s’est jamais départi d’une certaine froideur et c’est ce qui a empêché Séville de se livrer pleinement à lui malgré son concept classique et sévillan, ses 4 Portes du Prince et ses 23 oreilles.

         Il est né à Salteras, près de la capitale andalouse, le 10 mars 1974. Le 2 mai 1999 il coupe un trophée pour sa présentation comme novillero dans les arènes de la Maestranza, cinq après ses débuts avec picadors.

         L’année suivante, il prend l’alternative à Madrid des mains de David Luguillano et en présence de Finito de Córdoba le 23 avril 2000 avec le toro Gracioso de José Vázquez, avant de recevoir un grave coup de corne dans ces mêmes arènes qui deviendront les siennes, bien plus que celles de sa ville natale.

         Spécialiste des corridas dures durant ses premières années de matador, il acquiert la catégorie de figura en 2005 en sortant par deux fois en triomphe des arènes de Séville, le 27 mars, Dimanche de Résurrection puis le 7 avril, cette fois avec des toros de Victorino Martín, avant d’en fairede même à Madrid le 3 juin avec le même fer.

         En 2006, il ouvre à nouveau la Grande Porte de Las Ventas le 22 mai puis obtient sa troisième Porte du Prince le 23 septembre pour son encerrona qui se solde par un bilan de 4 trophées (deux d’un victorino).

         Il est dans la meilleure partie de sa carrière et les triomphes s’enchaînent l’année suivante : triomphe sévillan le 19 avril, à nouveau avec les toros du A couronné, puis trois autres oreilles à Pampelune et quatre à Bilbao (deux du cinquième) pour son encerrona avec les toros du « Cateto », qui lui doivent tant. La saison se clôt avec un nouvel appendice pour la feria de San Miguel.

El Cid lors de sa geste basque : libération de la tension après

l’intensité de la solitude épique

La saison 2008 débute bien avec une oreille de plus à la Maestranza à Pâques puis se poursuite avec une grande faena à Madrid avec un toro de El Pilar même si c’est d’un victorino qu’il obtient une oreille.

         Le déclin du Cid commence en 2009 et même s’il se maintiendra dans les ferias pendant 10 ans il ne sera plus que l’ombre de lui-même. Il reçoit cette année là un coup de corne à la cuisse à Pampelune puis une autre à Navalvarnero au mois de septembre.

         L’année 2010 fait renaître l’espoir, à Madrid et à Pampelune et la saison suivante est meilleure faisant penser à un torero retrouvé : il coupe une oreille à Séville à la fois pour la feria d’Avril puis pour celle de San Miguel et aussi à Madrid et à Bilbao.

         Il faut attendre le 4 octobre 2013 pour le voir réaliser une grande faena à Madrid mais son talent d’Achille aux aciers, qui avait retardé son ascension dans les premières années de sa carrière, l’empêche de triompher. En 2014 il coupe une oreille d’un victorino à Bilbao, des toros qu’il torée de moins en moins puis échoue dans un 6 contre 1 madrilène en 2015 face à des toros de ce fer.

         Les dernières années sont encore un cran en-dessous sauf la toute dernière où le torero fait honneur à son nom surtout dans la deuxième partie de la temporada : oreille à Séville pour sa despedida, vuelta à Madrid et double trophée à Saragosse.