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Figaro, Figaro, Figaro….! Droit de cuissage: réalité ou mythe?

Posted by on 19 janvier 2015

Le « droit de cuissage »: quand mythe et histoire s’entremêlent.

Définition: 

Il semblerait que le seigneur médiéval possédait le droit de passer la première nuit de noces avec l’épouse de ses sujets et de ses vassaux.

Analyses historiques:
Peu de sources sur ce « droit », entre mythe, légende, fantasme et réalité historique. Il est mentionné au XVIIIè par le philosophe Voltaire dans son Essai sur les moeurs. Ah, quand Voltaire déblatère! Il lui arrivait de ne pas toujours dire le vrai.

Les historiens s’accordent aujourd’hui à montrer que ce prétendu « droit » n’en fut pas un au Moyen-Age, et qu’il fut instrumentalisé au service de penseurs, au XVIIIè et XIXè siècles, pour dénoncer l’obscurantisme des temps médiévaux en contraste avec les lumières de la période moderne. 
Quid de Beaumarchais dans Le Mariage de Figaro? Voici l’extrait du fameux monologue de Figaro, violente diatribe à l’égard de son maître autoritaire, qui convoite la future épousée:
FIGARO, seul, se promenant dans l’obscurité, dit du ton le plus sombre :
« Ô femme ! femme ! femme ! créature faible et décevante!… nul animal créé ne peut manquer à son instinct: le tien est-il donc de tromper ?… Après m’avoir obstinément refusé quand je l’en pressais devant sa maîtresse; à l’instant qu’elle me donne sa parole, au milieu même de la cérémonie … Il riait en lisant, le perfide! et moi comme un benêt
… Non, monsieur le Comte, vous ne l’aurez pas… vous ne l’aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie !… Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour 
tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. »
Cependant, comme le rappelle la chercheuse au CNRS Geneviève Fraisse, que ce droit n’ait pas existé légalement ne doit pas masquer la domination subie par les femmes et les plus faibles exercée par les puissants au Moyen-Age, comme en d’autres temps. D’ailleurs, le journaliste catholique Louis Veuillot, qui se frotta à cette querelle au XIXè, ne niait pas les abus d’autorité qui se sont produits à un moment ou à un autre, dans la société féodale, mais contestait ce « droit » fantôme qui n’avait aucune assise juridique. Si ce ne fut pas un droit, l’usage en est pourtant attesté, des seigneurs furent même condamnés pour abus de pouvoir. La querelle de savoir si le « droit de cuissage » exista au Moyen- Age fit rage longtemps encore…
Pour aller plus loin:
Excellent article, en ligne, de Geneviève Fraisse sur ce « droit » qui fait encore débat parmi les  chercheurs: 
Marie-Victoire Louis, Le Droit de cuissage, France, 1860-1930, Editions de l’atelier, 1994
Alain Boureau, Le Droit de cuissage, la fabrication d’un mythe, XIIIe-XXe siècle, Albin Michel, 1995
Guy Breton,  Les Beaux Mensonges de l’histoire, chap. 4, « Le droit de cuissage », Le Pré aux Clercs, 1999
Louis Veuillot, Le Droit du seigneur au Moyen Age, troisième édition, Paris, Bruxelles, 1878 (réédité à L’Harmattan, Paris, 2009.)
Dictionnaires
  • Étymol. et Hist. 1756 droit de cuissage (Voltaire, Essai sur les mœurs, 51 ds Littré); cf. 1577 (Du Verdier, Div. leçons, p. 96 ds La Curne). Dér. de cuisse*; suff. -age*. Coutume qui conférait aux seigneurs du Moyen Âge le droit de passer une jambe nue dans le lit de la mariée ou, dans quelques localités, de coucher avec la femme d’un vassal ou d’un serf la première nuit des noces (ce droit, qui pouvait être racheté à prix d’argent, s’est changé en un impôt sur le mariage).Synon. droit de jambage. Dictionnaire CNRTL
  • 1721 – «En Angleterre il n’y avoit que les femmes de condition sèrve qui fûssent sujettes au droit de marquette. Selon Papon et Boërius ce droit a été en usage en France.» Dict. univ. de Trévoux , (s.v. marquette) – TGLF
  • 1764 – «Cuissage ou culage. Droits de prélibation, de marquette, etc.» Voltaire, Dict. philos., in Oeuvres complètes de Voltaire, I, 275 (Aux Bureaux du siècle, 1867) – A.Ré.

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