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Sarraute et les TROPISMES

Nathalie Sarraute emploie très tôt ce terme de « tropisme » dans son oeuvre littéraire, dès 1932, année où elle commence à rédiger son premier roman intitulé, au pluriel, Tropismes. D’où vient ce mot et quels en sont les sens dans l’oeuvre de Sarraute?

EN BIOLOGIE
? Tropisme (du grec ??????) signifie la tendance, la manière, la conduite d’un organisme à croître (surtout d’une plante) dans une direction donnée, par exemple vers le bas ou vers la lumière. Réaction d’orientation ou de locomotion orientée d’un organisme végétal ou de certains animaux, causée par des agents physiques ou chimiques.
Beaucoup d’insectes libres ? chenilles, papillons, mouches, pucerons ? sont (…) assujettis à des tropismes. Si l’on place des chenilles du papillon Porthesia dans un long tube de verre, et qu’on dispose ce tube de manière que son axe se trouve perpendiculaire au plan d’une fenêtre éclairée, on verra bientôt toutes les chenilles se rassembler à l’extrémité du tube (…) la plus proche de la fenêtre (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 85).
? Réaction d’orientation des végétaux et des animaux fixés. L’organisme vivant ne peut pas (…) se soustraire à l’influence [des réactions purement machinales] (…). De ces mouvements forcés ? ou tropismes ?, nous trouvons un exemple chez le polype (…). Cet animal (…) courbe toujours sa tige du côté où arrivent les rayons lumineux (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 85).
? Tropisme positif. Tropisme qui se traduit par une réaction d’orientation en direction du stimulus. Tropisme négatif. Tropisme qui se traduit par une réaction d’éloignement.
? En partic. Tendance intrinsèque d’un organisme végétal à développer sa croissance dans la direction d’une excitation extérieure.

– Les facteurs extérieurs engendrant les différentes formes de tropismes sont d’origines variées : lumière (phototropisme), pesanteur (gravitropisme, géotropisme), eau, différences de potentiel, contact (thigmotropisme), …

B. ? Au figuré. Force irrésistible et inconsciente qui pousse quelqu’un à agir d’une façon déterminée; comportement réflexe.

Chez Nathalie Sarraute: qu’est-ce que le tropisme?

André Gide emploie ce mot en 1914 dans le sens d’une force obscure, inconsciente qui pousse à agir d’une certaine façon.
Nathalie Sarraute définit ainsi le mot « tropisme »:

« mouvements indéfinissables qui glissent très rapidement aux limites de la conscience ; ils sont à l’origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu’il est possible de définir ». Elle utilise le terme « tropisme » pour décrire un sentiment fugace, bref, intense mais inexpliqué.
Plusieurs de ces oeuvres font référence à cette étude du tropisme: préface de l’essai L’Ere du soupçon (essai qui théorise le mouvement du Nouveau Roman), dans son roman autobiographique Enfance où elle fait part au lecteur d’une décomposition de mouvements imperceptibles et inexplicables pour mieux en rendre compte aux autres, et surtout dans son roman Tropismes, publié en 1939, où elle le définit comme une « réaction psychologique élémentaire peu exprimable ».

Extrait de la préface de L’Ere du soupçon:
« J’ai commencé à écrire Tropismes en 1932. Les textes qui composaient ce premier ouvrage étaient l’expression spontanée d’impressions très vives, et leur forme était aussi spontanée et naturelle que les impressions auxquelles elles donnaient vie.
Je me suis aperçue en travaillant que ces impressions étaient produites par certains mouvements, certaines actions intérieures sur lesquelles mon attention s’était fixée depuis longtemps. En fait, depuis mon enfance.
Ce sont des mouvements indéfinissables qui glissent très rapidement aux limites de notre conscience; ils sont à l’origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver, et qu’il est possible de définir. Ils me paraissaient et me paraissent encore constituer la source secrète de notre existence… »


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