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Evolution du genre théâtral

Le THEATRE livre souvent une morale en jetant sous les yeux du spectateur les désordres du monde et les errements des héros en proie aux vices, à la passion amoureuse, et confrontés à l’ordre du monde: le théâtre, de tout temps, cherche à comprendre l’homme, à questionner notre rapport au monde et à la société. Néanmoins, le genre théâtral a évolué au fil des siècles. C’est ce que vous allez étudier maintenant : les codes et les styles dramatiques du XVIIè à nos jours.

I- Le théâtre classique :

? XVIIè:

? DS LES TRAGICOMÉDIES de Corneille: honneur et amour s’affrontent, tjrs en contradiction mais fin heureuse , comme dans Le Cid: mariage de Rodrigue et Chimène. C’est l’héroïsme qui triomphe, et les valeurs aristocratiques défendues alors, d’honneur et de raison. L’amour, les passions, sont en quelque sorte domptés et deviennent raisonnables à la fin. Cf dénouement de Cinna: l’empereur Auguste a découvert la trahison de Cinna qui complote pour l’abattre et pourtant il lui pardonne, au comble de l’héroïsme. Corneille cherche à susciter l’admiration plus que la crainte et la pitié, ds l’âme du spectateur.
Dc dénouement heureux qui surmonte les conflits, le héros traverse un long chemin de misère et de malheur avant d’accéder à la grandeur.

Définissez bien le dilemme cornélien *, noeud de toutes les intrigues des tragédies de Corneille.

Ex: célèbre tirade de Rodrigue, Le Cid, I, 6
« En cet affront mon père est l’offensé,
Et l’offenseur le père de Chimène! »

Le chiasme illustre ici le dilemme qui enserre le héros: le conflit des familles s’oppose à l’amour des deux enfants, Rodrigue et Chimène, et scelle le tragique.

? Ds les TRAGEDIES CLASSIQUES: Phèdre, Iphigénie, Britannicus…de Racine = destin tragique des héros; nous montre le drame de la condition humaine à travers l’étude de la passion amoureuse aux prises avec la fatalité. On y voit souvent des amours contrariées, non partagées qui vont créer les conditions du tragique.
Cf sort final de Phèdre qui s’empoisonne après la mort d’Hippolyte, sacrifié par son père sous le coup de la colère, et le suicide d’Oenone pour avoir menti et manipulé sa maîtresse, voulant certes la protéger.

Phèdre et la chaîne des amours non partagées:

Thésée aime Phèdre qui aime Hippolyte qui aime Aricie (elle-même qui aime Hippolyte, seul amour partagé, mais un obstacle majeur s’oppose à leur union, Aricie est la prisonnière de Thésée, car héritière de la famille ennemie, à laquelle Thésée voue une haine ancestrale).

? Ds LES COMEDIES CLASSIQUES: la comédie ou la farce grossit souvent les traits des personnages et en exagère les défauts. La comédie de moeurs, plus sérieuse, fait la satire de son temps comme dans Dom Juan, Tartuffe ou le Misanthrope de Molière. Le dénouement est toujours heureux, même s’il est forcé et peu vraisemblable parfois, ou plus nuancé comme dans celui du Misanthrope.

DISTINGUEZ BIEN les codes de la tragédie et de la comédie classiques: classes sociales représentées, règles classiques d’écriture (3 unités, les bienséances et la vraisemblance), thèmes abordés et dénouement. 

? XVIIIè:

? DS LE THÉÂTRE DE MARIVAUX: il donne son nom au « marivaudage »* = propos recherché et subtil dans l’analyse des sentiments. Auj = svt péj, langage affecté et maniéré.

– recherche la vérité psychologique des personnages et par-là, essaie de saisir l’amour naissant et les intermittences* du coeur (les variations et fluctuations des sentiments amoureux)
Utilise svt le déguisement et le masque pour accéder à cette vérité des coeurs comme ds Le Jeu de l’amour et du hasard. Cette manipulation n’est pas sans conséquence et souligne le mépris lié aux préjugés de classe, bien peu fondé. Le dénouement démasque et met à jour la vérité de chacun.
Marivaux va jusqu’à remettre en cause l’ordre établi dans L’île des esclaves, inversant les rôles du maître et du valet avec humour: suscite évidemment une réflexion morale sur les inégalités sociales

– L’amour naît d’une lutte avec des obstacles extérieurs ou intérieurs qu’il faut surmonter: dans Le Jeu de l’amour et du hasard, Dorante a trop d’amour-propre pour s’avouer qu’il aime une suivante (en réalité, Sylvia, aristocrate déguisée en suivante). Dans Le Triomphe de l’amour, c’est la peur d’aimer qui freine Léontine.

? DS LE THÉÂTRE DE BEAUMARCHAIS:

« Je m’empresse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer » Figaro dans Le Barbier de Séville, I, 2

On a parlé de théâtre pré-révolutionnaire, du fait de la proximité temporelles des pièces de Beaumarchais avec 1789, mais surtout en raison des thèmes abordés: le valet y est impertinent et critique à l’égard de son maître: Figaro n’hésite pas à dénoncer les privilèges injustifiés de son maître Almaviva, aristocrate de l’Ancien Régime. Cf Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro. Un théâtre dans la veine satirique des philosophes des Lumières!

Beaumarchais, héritier de Voltaire, pamphlétaire* de génie, donne à la comédie une place dans le combat philosophique en affirmant « le théâtre est un géant qui blesse à mort tout ce qu’il frappe ».

Il luttera toujours pour la liberté politique et la liberté artistique, utilisant l’insolant Figaro comme porte parole de ses luttes, dénonçant abus sociaux et politiques.

 MOTS CLES = les 3 unités, la vraisemblance, la bienséance, la comédie, la tragédie, la tragi-comédie, la passion, la fatalité, le dilemme cornélien, le marivaudage, les intermittences du coeur, la vérité psychologique, la relation maître-valet, la comédie de moeurs, un théâtre satirique, pamphlétaire


 II- LE DRAME ROMANTIQUE* : XIXè

– Remise en cause des règles classiques : revendique une totale liberté de ton et de style. Influencé par le théâtre de Shakespeare (17ème siècle élisabéthain), qu’on redécouvre à Paris en ce début du XIXè sur les scènes théâtrales.
ex: alexandrins déconstruits et disloqués dans Hernani, mélange du sublime* (héroïsme, registre tragique) et du grotesque* (vulgarité, registre comique)
– Dans la préface de Cromwell, Victor Hugo livre un art poétique*un manifeste*– du drame romantique! La nouveauté de ce théâtre réside dans:

  • la dénonciation des 3 unités, artificielles (unité de temps, lieu et action) « l’action encadrée de force dans les vingt-quatre heures, est aussi ridicule qu’encadrée dans le vestibule » , « gardons nous de confondre l’unité avec la simplicité d’action… L’unité d’ensemble ne répudie en aucune façon les actions secondaires sur lesquelles doit s’appuyer l’action principale. »
  • l’irréalisme des intrigues ou des caractères du théâtre classique
  • un jeu et une scène qui rendent compte de la vérité une et multiple de la nature et de la nature humaine: « Le théâtre est un point d’optique. Tout ce qui existe dans le monde, dans l’histoire, dans la vie, dans l’homme, tout doit et peut s’y réfléchir, mais sous la baguette magique de l’art. »
  • une langue plus naturelle, qui exclut le vers classique jugé rigide et artificiel: « nous voudrions un vers libre, franc, loyal, osant tout dire sans pruderie, tout exprimer sans recherche; passant d’une naturelle allure de la comédie à la tragédie,  du sublime au grotesque »
  • le nécessaire engagement du poète au côté du peuple, en marche vers la vérité et la liberté. Mission moralisatrice et civilisatrice assignée au drame romantique! Le dramaturge « se sait responsable, et il ne veut pas que cette foule puisse lui demander un jour compte de ce qu’il lui aura enseigné. Le poète aussi a charge d’âmes. Il ne faut pas que la multitude sorte du théâtre sans emporter avec elle quelque moralité profonde et austère »
  • le mélange des tons et des genres = don César dans Ruy Blas de Victor Hugo, grand d’Espagne mais bouffon encanaillé/ Lorenzo dans Lorenzaccio de Musset, prêt à utiliser le meurtre pour arriver à des fins pourtant louables = abattre le tyran.
  • l’importance donnée à l’Histoire = peindre ds sa totalité la réalité des choses, des êtres et de l’histoire et la transfiguration des êtres et des choses: le héros doit s’épanouir et trouver sa voie. Ainsi, Hugo fait dire à Hernani, le célèbre proscrit, amoureux et révolté « Je suis une force qui va ».

– Relisez la scène d’exposition d’Hernani de Victor Hugo:
La Bataille d’hernani (lire ici la description enflammée qu’en fait Théophile Gautier) opposa les jeunes auteurs romantiques partisans d’une plus grande liberté formelle et les auteurs classiques, tenants des théories anciennes. Cette pièce est emblématique de son temps car elle applique cette liberté revendiquée de ton et de style. Dès les premiers vers, le public des « crânes académiques et classiques », comme les décrit Théophile Gautier, présent à la première, fut scandalisé par l’irrespect des bienséances et du vers classique malmené! Voyez plutôt comment les 4 premiers alexandrins sont disloqués:

ACTE 1
Une chambre à coucher. La nuit. Une lampe sur la table.

Scène première

DONA JOSEFA DUARTE, vieille ; en noir, avec le corps de sa jupe cousu de jais, à la mode d’Isabelle-la-Catholique,  DON CARLOS

DONA JOSEFA, seule.

Elle ferme les rideaux cramoisis de la fenêtre et met en ordre quelques fauteuils. On frappe à une petite porte dérobée à droite. Elle écoute. On frappe un second coup.

Serait-ce déjà lui ?

Un nouveau coup.

C’est bien à l’escalier (12)

Dérobé.

Un quatrième coup.

 Vite, ouvrons !

Elle ouvre la petite porte masquée. Entre Don Carlos, le manteau sur le nez et le chapeau sur les yeux. Bonjour, beau chevalier. (12)

Elle l’introduit. Il écarte son manteau et laisse voir un riche costume de velours et de soie, à la mode castillane de 1519. Elle le regarde sous le nez et recule étonnée.

Quoi, seigneur Hernani, ce n’est pas vous ! – Main forte ! (12)
Au feu !

DON CARLOS, lui saisissant le bras.

                  Deux mots de plus, duègne, vous êtes morte ! » (12)

 

DRAMES ROMANTIQUES à lire: Musset Les Caprices de Marianne Lorenzaccio; Vigny Chatterton; Hugo Hernani, Ruy blas

MOTS CLES: le sublime, le grotesque, un art poétique, un manifeste, un héros romantique, un drame, la bataille d’Hernani


 III- XXè-XXIè: LA MODERNITÉ THÉÂTRALE

Diversité des tendances théâtrales, remise en cause des règles classiques :

? LE « VAUDEVILLE », fin XIXè-XXè, joué sur les boulevards parisiens au même titre que les mélodrames et les théâtres de foire, populaires. C’est de là que vient la dénomination « théâtre de boulevard ».

Dans la veine de la comédie de moeurs, le vaudeville compte des auteurs célèbres, Feydeau, Labiche, Courteline: théâtre qui repose sur des intrigues légères, grivoises*, aux rebondissements fréquents, fondés sur un comique de situation. Met en scène la bourgeoisie et ses intrigues de coeur, des amants dans les placards qui côtoient des maris jaloux mais infidèles.

Célèbre citation qui définit le genre « Ciel, mon mari! ».

? THÉÂTRE DE LA SUBVERSION début XXè, va à l’encontre du théâtre naturaliste* avec Alfred Jarry, Dada, Maeterlinck.

Jarry: parodie dans son célèbre Ubu roi, en 1894, la tragédie de Shakespeare, Hamlet, où toutes les valeurs sont inversées. C’est un bourgeois grossier et poltron, Ubu, qui s’empare du pouvoir et des biens de tous ses sujets par des méthodes autoritaires: la machine à décerveler, la pompe à phynance… Comique déjanté, verbal tout autant que scénique, qui valut la reconnaissance des surréalistes à Jarry. Remise en cause des dogmes et des valeurs établis.

Jarry inspira les surréalistes dans les années 1920 et le théâtre de l’absurde, dans les années 1950.

Le nom de son personnage est resté dans l’adjectif « ubuesque », pour désigner une situation grotesque et insolite

Dada: fondateur du mouvement Dada, en révolte contre l’ordre bourgeois, tout début du XXè, remet en cause les fondements de la société, à travers une liberté de langage nouvelle; précurseur du surréalisme. Plus d’infos: http://lewebpedagogique.com/littlfip/le-surrealisme/

Maeterlinck: poète et dramaturge symboliste belge, fin XIXè, renouvelle le genre dramatique avec un théâtre de l’âme: l’action doit suggérer les attitudes de l’âme face au destin, dans un jeu stylisé, aux antipodes du réalisme.

Pelléas et Mélisande 1892

? THÉÂTRE DE L’ABSURDE années 50: Ionesco, Beckett


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