La naissance du surréalisme: le courant Dada, un courant de la « provoc »
Fondé en 1916 à Zurich, le courant Dada regroupe le poète Tristan Tzara, l’écrivain Hugo Ball et le scutpeur Hans Arp. Dada est un mot trouvé par hasard dans le dictionnaire, qui n’évoquait rien aux artistes du mouvement, c’est pourquoi ils le choisissent comme nom de baptême, car leur courant se fonde sur la contestation.
- dénoncent les horreurs de la première guerre mondiale
- remettent en cause les valeurs morales bourgeoises jugées responsables du conflit
- veulent l’abolition des frontières entre les peuples et les arts
- ont un goût prononcé pour la provocation au service de la subversion
- organisent des spectacles burlesques qui scandalisent les spectateurs
Rejoignent le courant Dada, par-delà les frontières, les peintres Picabia, Duchamp, Ernst, le photographe Man Ray et les futurs fondateurs du mouvement surréalistes, les écrivains français Breton, Aragon, Soupault.
Le refus, en bloc, du système, la contestation permanente, la révolte comme seule finalité en lassent certains qui veulent, au contraire, revendiquer un projet collectif, une entreprise nouvelle au service des hommes: c’est la naissance, en 1922 du mouvement surréaliste.
En savoir plus:
- « Tristan Tzara, l’homo poeticus »: La vie et l’oeuvre de TRISTAN TZARA sur France Culture
- Dadaisme en ligne
INFLUENCE MAJEURE:
Le poète incompris et maudit LAUTREAMONT
Dans les Chants de Maldoror , il inaugure la formule « Beau comme…. »
« Il est beau comme la rétractabilité des serres des oiseaux rapaces, ou encore comme l’incertitude des mouvements musculaires dans les plaies des parties molles de la région cervicale postérieure; ou plutôt, comme ce piège à rat perpétuel toujours retendu par l’animal pris, qui peut prendre seul des rongeurs indéfiniment, et fonctionner même caché sous la paille; et surtout, comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie » Chant VI
Cette formule est destinée à provoquer, selon l’auteur, « un sentiment de remarquable stupéfaction »
C’est là le point de départ de la démarche surréaliste: chercher de l’insolite, des images nouvelles issues de rencontres stupéfiantes des mots entre eux.
Breton, Signe ascendant, 1947 « Pour moi, la seule évidence au monde, est commandée par le rapport spontané, extralucide, insolent qui s’établit, dans certaines conditions, entre telle chose et telle autre que le sens commun retiendrait de confronter«
Artistes du mouvement surréaliste dans les années 20.
MOTS D’ORDRE DU SURREALISME:
Définition selon Breton: Manifeste du Surréalisme 1924
« SURREALISME, n.m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation, esthétique ou morale.«
« Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques, et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie«
- le surréalisme n’est pas une école littéraire mais un mouvement d’artistes au but commun: changer la vie en changeant le rapport à la réalité
- le surréalisme n’a pas pour but d’échapper au réel mais cherche, au contraire, à allier le réel et le rêve, à agrandir la réalité en y introduisant le merveilleux. Ce qu’on nomme la surréalité.
- il cherche à se libérer de toutes les contraintes: artistiques, culturelles et sociales
- il crée donc un nouveau langage, privilégiant les associations inattendues, les effets de surprise: recourt à l’écriture sous hypnose, à l’écriture automatique en quête d’une parole innovante, celle du rêve et de l’inconscient.
- entremêle les arts: photographie, littérature, cinéma, sculpture, peinture surréalistes se nourrissent les uns les autres. Ainsi, Breton dans son roman Nadja, colle à la place des descriptions, jugées inutiles, des photographies.
En savoir plus: Surréalisme au Centre Pompidou
Ce photomontage paraît dans le dernier numéro de La Révolution surréaliste, en décembre 1929: seize photomatons montrant chacun un membre du groupe surréaliste, les yeux clos. Dans un texte publié en 2001 dans la revue Mélusine, « Réalisme surréalisme », Henri Béhar explicite les enjeux de ce montage. Selon lui, il « établit une association entre le rêve, la femme et la forêt qui deviennent les voies d’accès au surréel. Le rêve est l’expression du monde intérieur de l’homme, la forêt est la réalité énigmatique, la femme étant l’érotisme et le mystère ».