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REALISME XIXè


Le REALISME est un mouvement culturel et artistique du XIXè siècle: né vers les années 1830, en pleine période romantique* puisque Victor Hugo joue cette même année le drame romantique Hernani qui va déclencher une célèbre bataille littéraire, et pas que…! On s’étripe littéralement dans la salle. 

Certains artistes ne se retrouvent plus dans l’exaltation personnelle des sentiments, le lyrisme exacerbé, l’introspection, la puissance de l’imagination et de la sensibilité tels que les pratiquent les artistes romantiques. (RDV sur la page « Romantisme »)

En réaction à cette sensibilité romantique, dominante depuis la fin du XVIIIè en Europe, des artistes vont se tourner vers une autre esthétique, celle de l’observation du réel, et chercher à le transcrire le plus fidèlement possible: c’est la naissance de l’école réaliste. 

  • En effet, 1830, c’est aussi l’année de publication du Rouge et le noir de Stendhal, aux thèmes encore très romantiques (l’auto-analyse et l’exaltation des sentiments du jeune héros, Julien Sorel, sont au coeur de ce roman d’apprentissage). Cependant, Stendhal aborde la société de son temps, la Monarchie de Juillet, à travers le destin d’un jeune provincial modeste, qui cherche à sortir de sa condition, par une étude très détaillée des classes sociales qui classe son oeuvre parmi les réalistes.
  • Balzac, le grand génie du réalisme avec Flaubert, commence la publication des romans de sa Comédie humaine* dans les années 1830: Eugénie Grandet 1833, Le Père Goriot* que nous étudierons cette année en 1835, Les Illusions perdues en 1839… immense fresque de la vie provinciale et de la vie parisienne qu’il poursuivra jusque dans les années 1850. Elle a pu compter jusqu’à 145 titres!
  • Flaubert publie en 1856 son célèbre roman, Madame Bovary, sous-titré « moeurs de province »: un procès retentissant lui est fait en 1857 pour immoralité! Il conte la vie de province, au XIXè, d’une jeune femme qui s’ennuie de la routine bourgeoise auprès de son époux, le médecin Charles Bovary, et se jette dans les aventures extra-conjugales dans l’espoir de rencontrer l’âme soeur, de vivre pleinement son rêve de vie romanesque. Flaubert, avec son ironie toute personnelle, fait la critique d’un certain romantisme, mièvre et déconnecté du réel, qui recherche refuge dans l’imagination et l’idéal inaccessible des peintures romanesques.

LE REALISME PAR SES ARTISTES

Musee d’Orsay 1875 

Raboteurs de parquet de CAILLEBOTTE 1875

Une des premières représentations du monde ouvrier urbain qui choqua par son réalisme. « Sujet vulgaire » selon la critique bourgeoise de l’époque, il fut loué par Zola en 1876 pour sa modernité, malgré sa facture très classique empruntée à l’antiquité grecque, comme le torse nu des raboteurs.

Excellente analyse du tableau ici: Emissions Les Regardeurs sur Caillebotte

  • Gustave COURBET, peintre réaliste, définit ainsi la mission de l’artiste

    « Etre à même de traduire les moeurs, les idées, l’aspect de mon époque, selon mon appréciation, être non seulement un peintre mais encore un homme, en un mot, faire de l’art vivant, tel est mon but. »

Voici ce qu’un visiteur de l’Exposition universelle de 1855 affirma à propos du tableau de Courbet, Les Casseurs de pierre (1849) « On prie Monsieur Courbet de vouloir bien faire raccommoder la chemise et laver les pieds à ses casseurs de pierre. »  Et PAN! sur le bec… ce n’était pas gagné pour ces jeunes peintres novateurs!

Les casseurs de pierre, Gustave Courbet, 1849 Tableau détruit lors de la 2nd guerre mondiale

  • STENDHAL: Le Rouge et le noir, livre II, 1830

« Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l’homme qui porte le miroir dans sa hôte sera par vous accusé d’être immoral! Son miroir montre la fange et vous accusez le miroir! Accusez bien plutôt le grand chemin où est le bourbier, et plus encore l’inspecteur des routes qui laisse l’eau croupir et le bourbier se former. »

  • Honoré de BALZAC: avant-propos de La Comédie Humaine, 1842

« La société française allait être l’historien, je ne devais être que le secrétaire. En dressant l’inventaire des vices et des vertus, en rassemblant les principaux faits des passions, en peignant les caractères… peut-être pouvais-je arriver à écrire l’histoire oubliée par tant d’historiens, celle des moeurs. »

« L’immensité d’un plan qui embrasse à la fois l’histoire et la critique de la Société, l’analyse de ses maux et la discussion de ses principes, m’autorise, je crois, à donner à mon ouvrage le titre sous lequel il parait aujourd’hui : La Comédie humaine ».

  • Louis-Edmond DURANTY, romancier et critique d’art, dans Le Réalisme 1856 (il est le cofondateur de la revue Réalisme, avec Champfleury, aux côtés duquel il défendra la nouvelle école réaliste en littérature et les impressionnistes en peinture)

« Le réalisme conclut à la reproduction exacte, complète, sincère du milieu social de l’époque où l’on vit. Soit que l’écrivain aille de lui-même chercher les sujets d’observation ou qu’ils viennent s’offrir naturellement à lui, qu’il entreprenne de peindre la société entière, ou qu’il se borne à son petit coin personnel,  il faut qu’il ne déforme rien. »

ORIGINES DU REALISME

  • Un mot à la connotation péjorative! Il apparaît en 1826 dans la revue Le Mercure de France et désigne des artistes ayant la volonté de « faire vrai », cherchant l’illusion de la réalité, la plus vraisemblable possible.

  • Tout d’abord, on juge l’art « réaliste » banal et laid dans sa volonté de reproduire le réel sans l’idéaliser. Les sujets choisis, la vie ordinaire des gens du peuple, sont eux aussi jugés « ignobles » et peu dignes d’intérêt artistiqueCe fut le cas du tableau de Courbet, Un enterrement à Ornans (1849-50), où le peintre reproduit, sans les embellir, les notables et petites gens d’une ville de province sur un panneau immense, comme s’il s’agissait d’un grand événement historique. Pied de nez à la tradition qui considérait digne d’être peintes des « scènes de genre » comme les grandes batailles, ou la mort de gens célèbres! 

Un enterrement à Ornans, Gustave Courbet, 1849-50

  • Mais un critique d’art, Champfleury, va assumer ce terme insultant de réalisme, pour en tirer un programme artistique et politique: les artistes réalistes, selon lui, sont novateurs et en phase avec leur temps quand il représentent avec fidélité et exactitude le réel sans chercher à l’embellir, ni à faire la morale. Cet art permet de célébrer la dignité du peuple, jusque là peu considéré en art.

Quelle est la nouveauté de l’esthétique réaliste?

  • L’observation précise du réel: des sujets nouveaux comme la banalité de la vie quotidienne, les gens ordinaires, du peuple qui n’étaient pas considérés auparavant comme des objets artistiques

  • La description des moeurs, des idées, de l’aspect du monde contemporain à travers l’étude détaillée des classes sociales: toutes les catégories sont représentées, du monde paysan, du monde ouvrier, des employés de maison à la petite bourgeoisie de province, sans oublier les classes privilégiées des grands bourgeois ou des aristocrates. Les champs lexicaux du corps, du caractère apportent des précisions sur les personnages.

Flaubert décrit ainsi l’ennui de la vie de province dans Madame Bovary, il cherche à transcrire fidèlement les moeurs de province. Le thème de l’adultère d’Emma Bovary provoqua un scandale et un procès retentissant pour atteinte aux bonnes moeurs en 1857!

  • Les sujets tabous deviennent des thèmes possibles: la mort, la sexualité, la maladie, la misère de la condition humaine
  • Le genre du roman triomphe et connaît à cette époque un âge d’or: il permet d’étudier, grâce à son cadre spatio-temporel, la société et ses classes sociales, de même que le genre de la nouvelle.
  • Le roman réaliste privilégie la narration à la troisième personne du singulier car le romancier refuse l’épanchement des sentiments personnels- comme auparavant dans le Romantisme- et veut être un observateur « objectif » de la société. Il varie les points de vue- ou focalisation- pour nous faire connaître les pensées et les sentiments des personnages: alterne point de vue omniscient et point de vue interne.
  • Mais cette objectivité ne doit pas faire oublier que les auteurs interviennent souvent dans leur oeuvre et formulent des jugements sur le monde et leurs personnages, avec ironie souvent: Flaubert se moque des provinciaux dans Madame Bovary, de même Stendhal dans Le Rouge et le noir.