Rien, ici n’est à la mesure de l’homme

Jeudi 19 janvier 2017

Chère Maylis de Kérangal,

J’ai  3 de vos livres: Corniche Kennedy, Réparer les Vivants, Tangente vers l’Est. Vous y donnez votre vision de l’adolescence, de nous les jeunes et cela m’a beaucoup plu, vous avez voulu à chaque fois nous représenter de façon réelle, nous représenter tels que nous sommes avec notre naïveté et notre insouciance face à la vie mais aussi avec notre envie de liberté et d’aventure.
Les adolescents que vous décrivez, sont souvent en groupe mixte et nombreux. De plus ils partagent  des valeurs communes, des désirs communs. Cependant, dans Tangente vers l’Est vous vous focalisez sur un seul personnage, Aliocha. Dans tous vos textes vous donnez une vision sociale et ethnographique de ces jeunes adolescents. En effet, vos personnages ont des conditions de vie troublées: dans Corniche Kennedy, les jeunes sont livrés à eux-mêmes, dans Réparer les Vivants , Simon Limbres avait tout mais est victime d’un accident de la route et meurt , enfin dans Tangente vers l’Est , Aliocha n’a pas de mère, ni d’argent, il est contraint de partir au service militaire.
Ce qui m’a plu aussi c’est l’importance des lieux dans vos œuvres . Ils caractérisent la personnalité des adolescents,de  par leur situation. Dans Corniche Kennedy et Réparer les Vivants les lieux sont entre terre et mer, on voit alors votre intention de montrer le besoin de liberté des adolescents. Pour vous, les lieux sont très importants , on le voit facilement, puisque vous prenez énormément de temps à nous les décrire. Enfin, par vos romans ,on peut y voir votre idée de faire passer un message, certains  lieux  expriment l’enfermement social, par exemple.
Mais un livre m’a particulièrement attiré, c’est Tangente vers l’Est. C’est avec ce livre que j’ai ressenti le plus d’émotions. La tristesse et la peine quand vous nous parlez d’Aliocha, personnage perdu et seul. Le suspense est présent tout au long de l’histoire, ce qui donne envie de lire plus, de continuer jusqu’au bout . J’ai essayé de comprendre la signification du titre. Tangente signifie le fait d’esquiver un fait, un événement, de se tirer d’affaire habilement.  Dans le roman, Aliocha part pour le service militaire, il y est obligé. De plus, « vers l’est » évoque la destination du train, la Transsibérien, qu’emprunte  Aliocha pour son service militaire. Une phrase a retenu mon attention
« mais cette nuit-là ne saurait se peupler de rêves humains, Aliocha le sait aussi, rien ici n’est à la mesure de l’homme, rien de familier ne saurait l’y accueillir, c’est même cela qui le terrorise, cette poche continentale à l’intérieur du continent, cette enclave qui aurait l’immensité pour frontière, cet espace fini mais sans bord… ».
Ici ce passage présente Aliocha une personnage perdu, qui ne sait plus où il en est. Il est dans ce nouvel espace, cette nouvelle atmosphère et cela est inquiétant. Enfin on remarque un oxymore à la fin de cette phrase  » cet espace fini mais sans bord » le mot « fini » contraire à « sans bord ». Pourquoi ?
Beaucoup d’émotions fortes dans vos histoires.
Cordialement,
Emma.

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