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BTS : documents de synthèse sur les souffrances des musiciens

Documents piochés sur Internet

Document 1 Soulager les souffrances des musiciens

Avec des gestes répétitifs, la pratique musicale est souvent une mise en contrainte du corps. Certains musiciens souffrent de troubles, notamment musculosquelettiques. L’ergothérapeute Viviane Bussmann s’est spécialisée dans leur prise en charge.

La recherche de performance et l’entraînement intensif ont mis leur corps à rude épreuve. Ils jouent sous infiltration ou carburent aux antidouleurs. On ne parle pas de sportifs mais de musiciens.

Car les pathologies liées à leur art sont nombreuses, avec notamment des troubles musculosquelettiques (TMS). A Bulle, une ergothérapeute, Viviane Bussmann, s’est spécialisée dans le traitement ou la prévention de ces dysfonctionnements.

Convaincue qu’une prise en charge spécifique est nécessaire, cette spécialiste de la main a suivi, en France, une formation complémentaire de médecine des arts. Elle a aussi adhéré à l’Association suisse de médecine pour musiciens, créée à Berne en 1997.

Le bouche-à-oreille
Informés par le bouche-à-oreille ou par une recherche internet, les instrumentistes viennent la consulter de leur propre chef. «Professionnels, étudiants en musique, membres de fanfares, chacun vient avec son instrument. Je l’observe attentivement jouer et je cherche par quel bout empoigner le problème.» Elle s’intéresse également à ce qui a déjà été entrepris.

Maxence Léonard, 20 ans, joue du violoncelle depuis l’âge de 5 ans. L’habitant d’Etagnières a souffert de douleurs récurrentes dans le bras et l’épaule. «J’ai entendu parler de Viviane Bussmann dans une émission de radio.» Alors suivi par une chiropraticienne, il a obtenu une ordonnance médicale pour travailler avec l’ergothérapeute bulloise.

Des fous de performance
«J’ai compris que mes problèmes étaient dus à un défaut de position des épaules et à un manque de relâchement.» Après plus de dix séances, ses douleurs se sont estompées. Trop tard. «Je n’ai réussi ni à entrer à la Haute Ecole de musique de Lausanne en classe de violoncelle ni à passer mon certificat. Je n’avais pas pu m’entraîner suffisamment.» Il joue toujours du violoncelle, de la basse et de la guitare, mais s’est orienté vers des études de chant.

«Je suis consciente de demander aux musiciens un investissement important, note Viviane Bussmann. Changer la position du coude ou de l’épaule modifie des repères proprioceptifs acquis de longue date. Il est donc primordial que le musicien se sente tout de suite mieux dans son corps et retrouve le plaisir de jouer.» A terme, pratiquement tous jugent que leur son s’est amélioré, avec davantage de volume ou de rondeur.

«Ils doivent aussi accepter de diminuer, au moins temporairement, leur charge de travail. Ce n’est pas toujours possible, car certains arrivent dans l’urgence. Du genre : “J’ai un mal de chien et les Fêtes musicales de Bulle dans deux semaines.”»

Dans une étude, effectuée auprès de 56 orchestres internationaux, la moitié des musiciens présentaient des douleurs pendant le jeu. «Certains musiciens ne pensent pas à leur corps, alors qu’il est la base de la pratique d’un instrument», déplore Viviane Bussmann.

Considérée comme normale, la douleur ne les alerte pas. Même les problèmes fonctionnels sont minimisés. «Les musiciens professionnels sont des fous de performance, des fous de précision et des fous de travail, constate la thérapeute. Si leur jeu se détériore, ils mettent ça sur un manque d’entraînement. Leur premier réflexe est d’augmenter la dose de travail.»

Un sujet tabou
Le surmenage musculaire et nerveux peut conduire à une dystonie de fonction, appelée aussi crampe du musicien. «Le cerveau s’embrouille et le trouble devient neurologique. Certains gestes techniques spécifiques ne peuvent plus être accomplis et c’est parfois irrémédiable.»

Des années peuvent aussi se passer avant que les interprètes ne consultent. «Ils préfèrent taire leurs maux. Un climat d’intense compétition règne dans ce milieu. Parler de ses troubles, c’est risquer d’être mis à l’écart ou de manquer un contrat. Jouer sous antidouleur ou sous infiltration n’est pas rare.»

Alexander et Feldenkrais
Les professeurs de musique sont, de plus en plus, conscients des risques physiques. Certains utilisent la sophrologie ou des méthodes qui permettent de prendre conscience de son corps, comme celles de Feldenkrais ou d’Alexander. «Je connais, par exemple, une enseignante de flûte qui applique cette dernière technique pour elle-même, explique Viviane Bussmann. Mais l’enseigner à ses élèves ne va pas de soi. Les gens paient pour trente minutes de cours de musique. Peu acceptent de prendre dix minutes pour faire de la gym.»

«Un rythme plus naturel»

Selon Laurent Gendre, directeur de l’Orchestre de chambre fribourgeois (OCF), «il arrive que des musiciens se retrouvent en congé maladie, parfois de longue durée». Mais ce n’est pas un sujet de discussion courant au sein de la formation. En plus de corriger leur geste, l’ergothérapeute Viviane Bussmann rend les musiciens attentifs à leur hygiène de vie : hydratation suffisante, progressivité de l’action et respect de temps de pauses. «Dans les orchestres, beaucoup de choses se sont améliorées pour arriver à un rythme plus naturel», souligne Laurent Gendre. Des règles limitent, par exemple, la durée des répétitions – trois heures le matin et deux heures et demie l’après-midi, en horaire continu, à l’OCF. «En tant que directeur, je ne vais pas utiliser chaque minute de leur présence, simplement parce que cela fait partie du contrat.» Il souligne également que la situation financière des interprètes s’est améliorée. «Il y a quelques décennies, la plupart des musiciens d’orchestre devaient enseigner entre les répétitions. Aujourd’hui, ils peuvent généralement vivre de leurs salaires.»

Par Xavier Schaller, La Gruyère, le journal du sud fribourgeois, 15/03/16   https://www.lagruyere.ch/2016/11/soulager-les-souffrances-des-musiciens.html

 

Document 2 La Clinique du Musicien : quand la pratique artistique génère de la douleur

C’est un lieu unique en France : à Paris, la Clinique du Musicien et de la performance musicale prend en charge les pathologies physiques et mentales des musiciens qu’ils soient amateurs ou professionnels. Illustration avec les membres de l’Orchestre de l’Opéra de Paris.

Créée en 2003, la Clinique du Musicien regroupe des kinésithérapeutes qui sont tous des mélomanes avertis, ayant chacun un instrument de prédilection. Marc Papillon, que l’on voit dans le reportage, (et qui a étudié la contrebasse tout en poursuivant des études de design et d’ergonomie de l’instrument de musique) se concentre sur les instruments à vents et à cordes tandis que son collègue Florian Chrétien s’intéresse aux instruments dits « extrêmes » comme la guitare électrique ou la batterie. Face à des musiciens qui s’entraînent comme des athlètes de haut-niveau, à raison de 8 à 10 heures par jour, ces spécialistes travaillent à la fois sur les pathologies corporelles et sur celles des affects : le stress, l’échec, le trac mais aussi le succès. Deux pôles ont donc été créés : l’un dédié aux troubles musculosquelettiques, l’autre à la psychologie de la performance. Une prise en charge qui apparaît essentielle quand on regarde les chiffres : en région Rhône-Alpes par exemple, une étude a montré que 60% des musiciens ont dû interrompre leur activité musicale du fait de problèmes médicaux, pour la plupart centrés sur la main et le membre supérieur, ainsi que sur la colonne vertébrale. D’où le rôle de la prévention qui doit aussi insister sur les changements de mentalité. Pour le musicien (mais cela s’applique aussi à d’autres professions), jouer dans la souffrance est normal, cela fait même partie des choses qu’on lui a enseignées. Certains jouent jusqu’à l’extrême limite avant de consulter, une fois que la douleur devient insupportable. Une attitude qui complique et rallonge la durée du traitement. Et le retour du musicien vers son instrument.

franceinfo Culture – France Télévisions Publié le 06/12/2016 06:30  https://www.francetvinfo.fr/culture/musique/opera/la-clinique-du-musicien-quand-la-pratique-artistique-genere-de-la-douleur_3374047.html

 

Document 3 Instrument… de torture ?

Les variations Goldberg de J.S.Bach réunissent une série de morceaux pour clavecin. Dans son roman qui porte le même titre, Nancy Huston, écrivaine canadienne, dépeint les relations, états d’âme et ressentis de la trentaine d’amis réunis par l’instrumentiste Liliane, tandis qu’elle leur joue les variations. Cet extrait nous plonge dans les pensées de Liliane au moment où elle va commencer son récital.

Ici, j’ai un supplice à endurer. Le public, même très privé, me guette. Et le clavecin, je sais très bien, au fond, de quoi c’est l’instrument. De torture. C’est une roue à laquelle je suis attachée. Est-ce que je parviendrai à soutenir cette tension pendant une heure et demie ? Voilà ce qu’ils se demandent en se taisant ou en se mouchant, ou en se croisant et se décroisant les jambes. Il y a un corps humain, vivant, présent, faillible, qui s’est mis en face de quelques pages de papier à musique. Le tout est de savoir si le corps s’égarera du chemin tracé par les pages. Car cette musique est transcendante : elle a existé avant ma naissance, elle subsistera après ma mort. Me voilà, aujourd’hui – et volontairement – , aux prises avec elle. Mais elle est tout autant ma victime à moi. Parce que « à elle », ce n’est justement pas ces pages recouvertes de petites taches noires. La vraie musique dépend de moi pour exister ici. Je peux l’esquinter, je peux l’ébrécher, je peux la fracasser … et je ne le veux pas. Ainsi, nous luttons ensemble, dans la bataille la plus délicate du monde. Cette combinaison particulière de sons, c’est un immense lustre fragile qui tinte sous mes doigts : si je déroge ne serait-ce qu’une fraction de seconde, j’en casse un morceau ; si je ralentis intempestivement, l’éclat ternit. Je porte le lustre, et ce n’est pas son poids qui rend le fardeau si terrible, c’est son absence de poids, son caractère absolument ténu. Car je le porte non pas à travers l’espace mais à travers le temps.

La musique, est-ce que c’est pour eux un « passe-temps » ?

Est-ce que c’est pour eux une « perte » de temps ?

Et est-ce qu’ils se rendent compte qu’ils vieillissent en m’écoutant ?

Extrait de Les Variations Goldberg, de Nancy Huston, acte Sud 2016, dans De la musique avant toute chose p110, chez Flammarion, Etonnants classiques

 

Document 4 Douleurs chez les musiciens

Le squelette mis à rude épreuve

Chaque année, nombreux sont les musiciens de tous âges obligés d’interrompre, parfois définitivement leur pratique musicale du fait d’un problème de santé en relation avec leur pratique. On estime que trois musiciens d’orchestre sur quatre souffrent d’affections diverses d’origine professionnelle pendant leur carrière [2]. Ainsi il semble que la pratique musicale, source de tant de plaisir, de bonheur, soit aussi responsable de beaucoup de souffrances. D’après une étude [3] auprès de 56 orchestres internationaux, 50 % des musiciens présentent des douleurs pendant le jeu et 83% estiment que leur enseignement ne les a pas préparés à la contrainte physique et psychique de la performance scénique. Au sein du Conservatoire de Göteborg (Suède), 89 % des étudiants en musique indiquent avaient expérimenté dans les douze derniers mois un phénomène douloureux [4]. La cause des douleurs est alors attribuée à leur activité musicale pour 49% des hommes et 53% des femmes. Ces douleurs sont de plus considérées comme un obstacle à la performance scénique par 44% des élèves.
Peu de pratiques instrumentales sont en fait dénuées de symptomatologie douloureuses tant le geste est répétitif et spécialisé.

« La contrebasse est la revanche du siècle. C’est l’instrument type de l’époque. Elle fait souffrir mais je reste fidèle à cette bonne boîte », indique Joëlle Léandre [Le monde, 9 janvier, 1998]. La contrebasse, comme tous les instruments, met en contrainte l’appareil musculosquelettique. La main et le membre supérieur sont les premiers instruments de l’artiste pour la plupart des instruments en dehors des instruments à vent ; ils seront aussi les premiers exposés. « Je n’avais jamais eu, reconnaissait Cortot, la main du bon Dieu. A force de travail, je réussis à améliorer mon outil Car il s’agit bien d’un outil. La perfection de la main du musicien n’a d’égale que sa fragilité.
Le trouble le plus fréquemment rencontré chez le musicien est le syndrome de surmenage. On distingue le syndrome de surmenage spécifique représenté par les affections tendineuses (tendinopathies) et le syndrome de surmenage non spécifique (syndrome douloureux non spécifique)

Rédacteur Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®, sur le site Médecinedesarts  https://www.medecine-des-arts.com/fr/la-douleur-chez-le-musicien.html


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